lundi 15 juillet 2019 - par Dr. salem alketbi

Pleurer sur l’accord nucléaire en ruine

JPEG

Il ne reste plus rien de l’accord nucléaire conclu entre le groupe P5+1 et les mollahs iraniens en 2015 autres que son nom. Par son manque d’exhaustivité de tous les sujets de préoccupation dans les relations régionales et internationales de l’Iran, cet accord est en soi erroné, tronqué et dénaturé.

Maintenant, il vient d’être bafoué par une déclaration officielle défiant la volonté du reste des parties et des forces internationales qui ont adhéré jusqu’à la fin de cet accord.

Il y a quelques jours, le président iranien Hassan Rouhani a déclaré que son pays avait réduit ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire conformément à ses termes. Il a appelé l’UE à assumer sa responsabilité dans le maintien de l’accord.

Si ses propos sont corrects d’un point de vue du droit, cela indique une mauvaise formulation des termes de l’accord depuis le départ. En effet, les pays européens signataires de l’accord sont encore loin de comprendre les intentions du régime iranien.

Le président Rouhani et son régime ont récemment parlé d’une «  démarche terroriste et d’une guerre économique  » menée par les Etats-Unis, de «  bombardement  » et de «  frappes  » économiques.

Ils sont dans une véritable guerre, les mollahs. Ils estiment que si le régime se lance dans une guerre militaire, il risque d’avoir un fardeau moins lourd que les effets de cette guerre économique dévastatrice sur son avenir et ses chances de continuer à gouverner dans le proche avenir.

C’est peut-être ce que le président iranien voulait dire lorsqu’il a averti, lors de son récent échange avec le président français Macron, que «  la poursuite de cette guerre économique entraînerait d’autres menaces dans la région et dans le monde.  »

Le régime iranien a largement réussi à jouer sur les différends entre les signataires internationaux P5 + 1 d’une part, entre les pays européens concernés entre eux d’une autre part, et tous ces partis - sauf la Grande-Bretagne et les États-Unis - d’une troisième part.

Face à ces divergences, il n’est pas étrange que le President francais Macron ait le sentiment que les mesures européennes pour pallier le retrait américain n’ont pas été efficaces et réussies. Il n’est pas étrange non plus qu’il a averti que la rupture de l’accord sera un échec pour tous et un pas regrettable.

Rien d’étonnant aussi à ce que la diplomatie britannique accompagne toutes ses déclarations et réactions des violations flagrantes de l’accord par l’Iran d’une affirmation de son engagement en faveur de l’accord et de son application jusqu’à la fin.

En fait, il ne s’agit pas tant d’un succès diplomatique iranien que d’un échec de la diplomatie des autres parties à parvenir à un consensus, même minimal, sur le traitement de la «  situation iranienne.  »

L’utilisation collective des outils de pression est très faible et ainsi peu efficace. Il n’y a pas de message international collectif unifié ni de consensus au sein de la communauté internationale.

La diplomatie iranienne arrive facilement à exploiter les divergences existantes. Elle joue sur les conflits d’intérêts stratégiques et fait appel aux fortes divisions entre certaines puissances internationales, comme c’est le cas pour la Chine et les États-Unis.

Les États-Unis portent également une grande part de responsabilité dans la situation pour ce qui est de traiter la violation flagrante des principes et des règles du droit international par les iraniens. On ne peut pas dégager la diplomatie américaine de toute responsabilité dans le défi iranien lancé à la communauté internationale.

Le régime iranien ne comprend pas seulement le langage de la «  carotte.  » Ce langage se fait comprendre par les États qui sont soucieux des intérêts de leur peuple et qui cherchent à sortir des crises. Mais il y a des régimes qui se nourrissent de crises, comme le régime iranien, qui se nourrit des tensions et des guerres qu’il fait éclater depuis qu’il a fait son apparition en 1979.

Dans un tel état révolutionnaire, les crises assurent la survie.

La crise garantit à ses dirigeants d’éviter la responsabilité devant le peuple et qu’on oublie la question évidente sur le retour de la richesse pétrolière et gazière au citoyens. Un tel régime ne peut être tenté par la modernité ni par le maintien de relations normales avec les Etats-Unis.

Il n’obéit que s’il perçoit un danger pour lui et ses dirigeants. Ce que l’histoire nous a appris dans le Golfe, c’est que le régime iranien ne comprend que le langage de la force.

En se rappelant comment le régime iranien a coopéré et a offert son soutien à l’armée américaine lors de la guerre en Irak et en Afghanistan, on se rend bien compte de la mentalité du régime des mollahs.

Dans la situation iranienne, le bâton ne doit pas se séparer de la carotte, mais la précéder, comme les expériences du passé le rappellent. Agiter un bâton n’est pas forcément une décision de guerre. Ce que le bâton permet d’obtenir n’est pas souvent obtenu par la négociation.

Le message de la force n’est compris que par ceux qui la craignent. Peu importe le rodomontade survenu récemment, quand les mollahs ont compris que la Maison-Blanche n’était pas prête à utiliser ou même agiter le bâton.

Il faut maintenant que les puissances mondiales réagissent aux données de la crise et qu’elles répondent aux exigences de la paix et de la sécurité mondiales. Sinon, on ne pourra que pleurer sur l’accord nucléaire en ruine et regarder les iraniens continuer leurs provocations, leur entêtement et leur arrogance.



8 réactions


  • pierrot pierrot 15 juillet 2019 17:44

    Mais non, le traité nucléaire signé à Vienne le 15 juillet 2015 est encore valide, seul les USA l’ont dénoncé sans apporter aucun justificatif sérieux

    Les autres partenaires : Russie, Chine, France, Royaume Uni, Allemagne ainsi que l’Iran le considèrent comme pertinent et applicable sur les 10 prochaines années.

    La diplomatie de Trump est incompréhensible et dangereuse car elle encourage, en réalité, l’Iran à poursuivre sa politique d’obtention de l’arme nucléaire alors que Trump souhaiterait le contraire, va comprendre !

    J’observe cependant que la réaction de l’Iran est très limitée (augmentation légère du stock d’uranium et du stock d’eau lourde ainsi que le dépassement de l’isotope 235 (fissile) à 4,5 % au lieu de 3,67 % reste bien dans le domaine usuel des combustibles civils (comme en France).


    • Traroth Traroth 16 juillet 2019 14:32

      @pierrot
      En réalité, les Iraniens ont annoncé une stratégie de pression sur les autres partenaires de l’accord : ils abandonneront un nouvel aspect de l’accord tous les 60 jours tant que les autres pays (les Européens, en l’occurrence) continueront à appliquer la politique étasunienne.


  • jako jako 15 juillet 2019 17:44

    L’accord est en ruine ? suite à quoi ? à qui ?


    • pierrot pierrot 15 juillet 2019 17:46

      @jako
      Bonjour, il n’est pas « en ruine » mais menacé par l’intransigeance de Trump mais je pense qu’il ne s’agit que de bluffe de Trump pour obtenir plus de votants US.


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 15 juillet 2019 17:50

    L’accord de Vienne sur le nucléaire a été signé à Vienne, en Autriche, le 14 juillet 2015, par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ( États-Unis, Russie, Chine,France et le Royaume-Uni) ) auxquels s’est ajoutée l’Allemagne, ainsi que l’Union européenne et l’Iran. Cet accord-cadre avait pour but de contrôler le programme nucléaire iranien et de faire lever les sanctions économiques qui touchaient le pays.

    Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon y voyait le signe d’une meilleure coopération internationale sur les problèmes de sécurité au Moyen-Orient. La seule voix discordante était Israël. Début 2017, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a validé les engagements iraniens et donné son feu vert à la levée des sanctions.

    Mais le 8 mai 2018, le président américain Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne ainsi que le « niveau le plus élevé de sanctions économiques possibles » contre l’Iran. Les autres signataires ont déploré cette décision, mais la raison du plus fort est toujours la meilleure, et cet article est tellement du côté du plus fort qu’il réécrit l’histoire à sa façon.

    Faut pas se gêner.

    On peut même se demander porquoi éprouver le besoin de se justifier !

    Y a qu’à faire comme à Hiroshima en 1945. Merde alors !


  • phan 16 juillet 2019 09:02
    Donald Trump aurait voulu aider l’Arabie Saoudite à se doter de la bombe atomique. C’est un rapport parlementaire qui accuse l’administration.

    Mohamed Ben Salman est un jeune dictateur qui agit sur des coups de tête, mais il n’est pas une brute, loin de là  ; il connaît les faiblesses des hommes et a décidé d’exploiter celles de ses partenaires américains, qui sont, depuis deux ans, le président des États-Unis, Donald Trump, et son gendre-conseiller, Jared Kushner.
    Avec le premier, MBS a utilisé la flatterie et fait miroiter l’achat ou la promesse d’achat d’armes américaines par dizaines de milliards de dollars, et l’investissement ou la promesse d’investissement, toujours aux États-Unis, de dizaines d’autres milliards. Quant à Jared Kushner, le prince héritier saoudien dit lui-même qu’« il l’a mis dans sa poche ». Il passe en tout cas tous les mois de longues soirées en tête-à-tête avec lui dans la capitale saoudienne et répond positivement à ses besoins, y compris, semble-t-il, d’argent.
    Mohamed Ben Salman a dit à l’un et à l’autre que l’Arabie saoudite était prête à passer commande à l’entreprise américaine Westinghouse de quarante réacteurs nucléaires. Elle en aurait besoin dans les dix ans pour produire de l’électricité. Et il lui en faut dans l’immédiat deux unités.
    Lorsque l’Irak, puis l’Iran, ont fait installer un ou deux réacteurs nucléaires, on s’est étonné de voir des pays riches en pétrole se tourner vers l’uranium et on en a déduit, à juste titre, que l’un et l’autre voulaient passer du réacteur à la bombe. Il semble cependant que ni Donald Trump ni Jared Kushner n’aient soulevé d’objection à la fourniture de ces réacteurs à l’Arabie saoudite.
    De l’argent a-t-il circulé, comme on l’insinue, pour faciliter cette énorme transaction  ? L’actionnaire principal de Westinghouse, Brookfield Asset Management, a-t-il compensé (ou récompensé) Jared Kushner en louant à long terme son immeuble de New York et en lui versant d’avance plus de 1 milliard de dollars pour cette location  ?

    Il est incroyable que ces motherfuckers ont détruit l’accord nucléaire iranien de non-prolifération de 2015 d’une part et, de l’autre, sont prêts à vendre des secrets atomiques à Riyad faisant courir un danger certain pour le monde afin de s’enrichir personnellement.

    Pour rappel, les 15 parmi les 19 pirates de l’air sont saoudiens selon la VO, aucun mollah a pris Lolita Express d’Epstein, par contre Ehud Barak et un certain prince saoudien l’ont pris. 


  • Traroth Traroth 16 juillet 2019 14:30

    Article de pure propagande, faisant l’impasse sur le retrait étasunien de l’accord pour essayer de faire porter le chapeau de son possible échec (qui n’est pas encore acté) aux Iraniens. Des « analystes politiques » comme ça, j’en fais un tous les matins...


Réagir