Pleurer sur l’accord nucléaire en ruine
Il ne reste plus rien de l’accord nucléaire conclu entre le groupe P5+1 et les mollahs iraniens en 2015 autres que son nom. Par son manque d’exhaustivité de tous les sujets de préoccupation dans les relations régionales et internationales de l’Iran, cet accord est en soi erroné, tronqué et dénaturé.
Maintenant, il vient d’être bafoué par une déclaration officielle défiant la volonté du reste des parties et des forces internationales qui ont adhéré jusqu’à la fin de cet accord.
Il y a quelques jours, le président iranien Hassan Rouhani a déclaré que son pays avait réduit ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire conformément à ses termes. Il a appelé l’UE à assumer sa responsabilité dans le maintien de l’accord.
Si ses propos sont corrects d’un point de vue du droit, cela indique une mauvaise formulation des termes de l’accord depuis le départ. En effet, les pays européens signataires de l’accord sont encore loin de comprendre les intentions du régime iranien.
Le président Rouhani et son régime ont récemment parlé d’une « démarche terroriste et d’une guerre économique » menée par les Etats-Unis, de « bombardement » et de « frappes » économiques.
Ils sont dans une véritable guerre, les mollahs. Ils estiment que si le régime se lance dans une guerre militaire, il risque d’avoir un fardeau moins lourd que les effets de cette guerre économique dévastatrice sur son avenir et ses chances de continuer à gouverner dans le proche avenir.
C’est peut-être ce que le président iranien voulait dire lorsqu’il a averti, lors de son récent échange avec le président français Macron, que « la poursuite de cette guerre économique entraînerait d’autres menaces dans la région et dans le monde. »
Le régime iranien a largement réussi à jouer sur les différends entre les signataires internationaux P5 + 1 d’une part, entre les pays européens concernés entre eux d’une autre part, et tous ces partis - sauf la Grande-Bretagne et les États-Unis - d’une troisième part.
Face à ces divergences, il n’est pas étrange que le President francais Macron ait le sentiment que les mesures européennes pour pallier le retrait américain n’ont pas été efficaces et réussies. Il n’est pas étrange non plus qu’il a averti que la rupture de l’accord sera un échec pour tous et un pas regrettable.
Rien d’étonnant aussi à ce que la diplomatie britannique accompagne toutes ses déclarations et réactions des violations flagrantes de l’accord par l’Iran d’une affirmation de son engagement en faveur de l’accord et de son application jusqu’à la fin.
En fait, il ne s’agit pas tant d’un succès diplomatique iranien que d’un échec de la diplomatie des autres parties à parvenir à un consensus, même minimal, sur le traitement de la « situation iranienne. »
L’utilisation collective des outils de pression est très faible et ainsi peu efficace. Il n’y a pas de message international collectif unifié ni de consensus au sein de la communauté internationale.
La diplomatie iranienne arrive facilement à exploiter les divergences existantes. Elle joue sur les conflits d’intérêts stratégiques et fait appel aux fortes divisions entre certaines puissances internationales, comme c’est le cas pour la Chine et les États-Unis.
Les États-Unis portent également une grande part de responsabilité dans la situation pour ce qui est de traiter la violation flagrante des principes et des règles du droit international par les iraniens. On ne peut pas dégager la diplomatie américaine de toute responsabilité dans le défi iranien lancé à la communauté internationale.
Le régime iranien ne comprend pas seulement le langage de la « carotte. » Ce langage se fait comprendre par les États qui sont soucieux des intérêts de leur peuple et qui cherchent à sortir des crises. Mais il y a des régimes qui se nourrissent de crises, comme le régime iranien, qui se nourrit des tensions et des guerres qu’il fait éclater depuis qu’il a fait son apparition en 1979.
Dans un tel état révolutionnaire, les crises assurent la survie.
La crise garantit à ses dirigeants d’éviter la responsabilité devant le peuple et qu’on oublie la question évidente sur le retour de la richesse pétrolière et gazière au citoyens. Un tel régime ne peut être tenté par la modernité ni par le maintien de relations normales avec les Etats-Unis.
Il n’obéit que s’il perçoit un danger pour lui et ses dirigeants. Ce que l’histoire nous a appris dans le Golfe, c’est que le régime iranien ne comprend que le langage de la force.
En se rappelant comment le régime iranien a coopéré et a offert son soutien à l’armée américaine lors de la guerre en Irak et en Afghanistan, on se rend bien compte de la mentalité du régime des mollahs.
Dans la situation iranienne, le bâton ne doit pas se séparer de la carotte, mais la précéder, comme les expériences du passé le rappellent. Agiter un bâton n’est pas forcément une décision de guerre. Ce que le bâton permet d’obtenir n’est pas souvent obtenu par la négociation.
Le message de la force n’est compris que par ceux qui la craignent. Peu importe le rodomontade survenu récemment, quand les mollahs ont compris que la Maison-Blanche n’était pas prête à utiliser ou même agiter le bâton.
Il faut maintenant que les puissances mondiales réagissent aux données de la crise et qu’elles répondent aux exigences de la paix et de la sécurité mondiales. Sinon, on ne pourra que pleurer sur l’accord nucléaire en ruine et regarder les iraniens continuer leurs provocations, leur entêtement et leur arrogance.