Portraits troublants : Gianni MOTTI, l’artiste du « happening » qui n’a pas d’oeuvre à vendre...

Au Palais de l'Athénée, à Genève, vient de se tenir une exposition de Gianni Motti.

Gianni MOTTI

L’artiste activiste qui n’a pas d’oeuvre à vendre...

Dans cette magnifique salle d'exposition, où l'inauguration de son exposition a réuni tout le gratin genevois, Gianni Motti n'exposait que 7 bottes de paille, surmontées d'un croix en bois habillée en costumes noirs et chapeaux melon. Au fond de la salle, une dizaines de figurants engagés pour le vernissage, crânes rasés et vêtements sombres, avaient pour consigne de jouer les comploteurs, tout en "snobant" toutes les personnalités présentes.

Attaquer les banques au coeur de Genève, capitale de la finance mondiale : c'est du vrai Gianni Motti.

A-t-il "crucifié" ces banquiers ? La botte de paille symbolisait t-elle le travail fondamental des travailleurs de la terre, qui ont permis à des multinationales tentaculaires de prospérer ? Mystère, chacun se pose des questions, personne n'y répond.

Il y a reçu le Prix de la Société des arts de Genève (50.000 CHf).

Ce personnage extrêmement sympathique, atypique, n'a pas d’œuvres à vous vendre. Ses œuvres, sont des "Events", ou des "Happenings" le plus souvent subversifs, toujours éphémères. Gianni Motti ne crée pas d’objets. Il intervient dans la réalité, la transforme, l’infiltre, la manipule, la revendique. Son œuvre, il la construit la plupart du temps en dehors du champ de l’art : dans la vie.

Né en Italie en 1958, cet artiste activiste, est le grain de sable qui fait dérailler momentanément la machine. Ses gestes sont ironiques, dérisoires, souvent absurdes, toujours malins. ainsi, il peut s'introduire à une séance de l'ONU en se jouant des services de sécurité, sur le cours pendant un match à Roland-Garros, sur une pelouse pendant à la fin d'un match...

Ses œuvres, afférent à la "philosophie visuelle", attaquent de manière subtile des symboles de notre société, le dernier ayant été le système bancaire :

Lors d'une exposition lui étant dédiée à Marne-La-Vallée, il a converti la totalité du budget de l’exposition en billets de 1 dollar, lancés depuis la coursive vers l’espace d’exposition du rez-de-chaussée, vide et blanc, où ils s’éparpillent de manière aléatoire. Matérialiser les dollars qui s’évaporent chaque jour, jouer la transparence face à l’opacité des banques, rendre visible le budget d’une exposition, ridicule en comparaison des milliards que brassent (et perdent) chaque jour les milieux financiers, étalage d’argent, autant de pistes pour une œuvre qui n’est rien d’autre que son budget de production.

Au final, l’argent sera reversé sur le compte du centre d’art : l’exposition n’aura rien coûté... (à part quelques cheveux gris à la comptabilité, qui va devoir trouver à quoi imputer cet argent subitement gagné).

Une précédente exposition à la Galerie Perrotin, à Paris, n'était déjà composée que de billets de 1 $, suspendus à des cordes à linge, tapissant le plafond d'une salle absolument blanche. Attaque frontale de la monnaie américaine ? Symbole du blanchiment de l'argent sale ?

Comme toujours, Gianni laisse ses visiteurs dans le flou des questions qu'ils se posent.

En ces temps de crise de l’économie et des valeurs, quand tout se monnaie, mais qu’il n’y a plus d’argent, Motti fait acte de gratuité.

En conclusion, Gianni Motti vous offre un carton d'invitation à sa "prochaine oeuvre" : l'éclipse du soleil en 2081. Cette invitation rappelle à tout un chacun, banquier ou non, son égalité avec autrui face au temps qui passe, et qui nous dépasse.

Gilles SONDEREGGER

Gianni MOTTI

Provocation ouverte contre la finance au coeur de Genève... : Gianni MOTTI a mis la finance sur la paille !

Gianni MOTTI

Oeuvre éphémère imposant la réflexion sur la surpopulation carcérale...

Gianni MOTTI

Infiltré dans une conférence de l’ONU malgré un service de sécurité soi-disant efficace...

Gianni MOTTI vous invite...

...à la prochaine éclipse du soleil : belle leçon sur la relativité du temps, et l’égalité entre les plus riches et les plus pauvres devant le temps qui passe.