samedi 19 décembre 2020 - par Roland Gérard

Pour sortir avec sa classe … livres utiles

Avec « Emmener les enfants dehors »[1] c’est une praticienne qui prend la parole et toutes celles et tous ceux qui pratiquent l’éducation dehors et vont lire ce livre vont s’y retrouver. Active au GRAINE Poitou-Charentes et au Réseau Ecole et Nature depuis des années qu’il faut compter en dizaines, on connait bien Crystèle Ferjou… Elle va son chemin avec détermination, lucidité et douceur depuis le début de sa carrière comme animatrice environnement, puis professeure des écoles et maintenant conseillère pédagogique. Elle est du nombre des trop rares personnes en notre pays à incarner ce trait d’union tellement utile entre le monde de l’animation nature et celui de l’Education nationale.

Des enfants heureux

C’est le livre d’une personne optimiste que je referme et cette personne nous met en confiance : « quand on fait la classe à l’extérieur, tous les enfants veulent aller à l’école – ce qui est en soi un véritable exploit » Bravo merci, oui tout le monde va confirmer cela, les enfants sont heureux de sortir et du coup deviennent enthousiastes pour un tas d’apprentissages.

Une « pratique soutenue par le gouvernement »… mais pas encore en France

Ce n’est pas inutile de resituer où se trouve notre pays sur ce sujet de l’école dehors par rapport aux autres. Oui nous sommes très en retard sur un grand nombre de pays européens, en particulier les pays du nord. « En Ecosse, les bénéfices de l’apprentissage dehors pour les enfants ont été validés par l’institution et cette pratique est soutenu par le gouvernement. »

Maria Montessori déjà le savait

La pédagogue italienne disait : « Qu’ils courent dehors quand il pleut, qu’ils enlèvent leurs souliers quand ils trouvent un peu d’eau, et quand l’herbe des prés est humide de rosée, laisser leurs pieds nus la fouler : qu’ils reposent paisiblement quand un arbre les invite à dormir à son ombre. » On ne saurait mieux dire aujourd’hui. De nombreuses études confirment aujourd’hui cette intuition. C’est le syndrome de manque de nature qu’ensemble nous devons toutes et tous combattre. Cela nous rapproche de l’approche sensorielle et du jeu libre qui sont de plus en plus pratiqués aujourd’hui. « Permettre le jeu libre c’est l’inverse de ce qu’apprennent les enseignants. On ne part plus du programme ou des activités préparées mais de l’enfant… en se mettant à l’écoute de l’enfant, on pourra rebondir et faire des propositions adaptées. »

Tristes cours de récrée…

« En France, les cours de récréation sont dans leur immense majorité pensées pour faciliter le travail de l’adulte, et non pour répondre aux besoins des enfants. Elles sont donc très « pauvres » en biodiversité, y compris en milieu rural… ». Un mouvement de transformation des cours de récré a lieu en ce moment. Des responsables de ville se rendent comptent que les cours de récré pourraient devenir des îlots de fraicheur pour habitants du quartier lors des canicules à venir. Belle occasion pour que les cours s’ouvrent et se transforment écologiquement et socialement.

Peur que les enfants ne fuguent.

Il y a de multiples freins qui font que le nombre d’enseignant.e.s à sortir en pleine nature est très faible. On n’y aurait pas pensé tout de suite mais la peur que les enfants prennent la fuite pendant une sortie dans la nature est bien présente chez des enseignant.e.s. Seules des formations peuvent aider les enseignant.e.es à surmonter ces peurs. Des formations qui doivent aussi aider tout le personnel éducatif à se connecter à la nature. Nous savons que les enfants se connectent d’autant plus facilement à la nature quand les enseignant.e.s le sont eux-mêmes.

Les maires ont des terrains…

En trois lignes Crystèle nous fait part d’un aspect très encourageant de son expérience : « En quelques années, je suis passée par plusieurs écoles, dans les villages ou en plein centre ville, et j’ai à chaque fois semé un jardin. Et si le terrain de l’école était trop exigu, j’allais voir le maire pour trouver un endroit de nature. En cela fonctionnait.  » Cela, c’est rassurant, montre que c’est possible de trouver une solution. On peut aussi sans hésiter faire appel aux parents et à toute autre personne de bonne volonté. Dans les quartiers, dans les villages, des milliers de français souhaitent aujourd’hui que les enfants sortent, ils sont des alliés potentiels pour les enseignant.e.s.

Art et nature

Crystèle qui est conseillère pédagogique en arts plastiques, nous montre combien l’art et le développement de l’imaginaire ont un rôle clé à jouer dans le combat pour l’environnement qui est aussi un combat pour la citoyenneté. « La nature inscrit immédiatement les enfants dans un lieu « merveilleux ». Ils pénètrent en forêt comme ils rentrent dans une histoire, ou même une salle de cinéma, avec les fauteuils en velours rouge… » Elle convoque Gérard Garouste : l’art est « un levier citoyen et non un luxe ou une fin en soi  », Schiller : « Seule l’éducation esthétique ouvre le chemin d’une éducation pleinement accompli… c’est par la beauté qu’on s’achemine vers la liberté… »

Deux autres livres sur le sujet

« L’enfant dans la nature » [2] est aussi un livre encourageant qui montre qu’une « révolution verte de l’éducation est bien en marche » tout le monde aujourd’hui doit avoir conscience qu’un « environnement complexe pour les enfants est un élément clé pour le développement et les apprentissages ». « Cultiver la relation enfant-nature… de l’éloignement à l’alliance »[3] livre plus politique qui pose que les humains font partie de la communauté des vivants. « renouer notre interdépendance sur et avec la Terre… » est précisément un projet politique. On y apprend « qu’un quart des moins de 19 ans ne quittent pas leur domicile durant les vacances scolaire  » Nos sociétés ont encore un immense chemin à parcourir pour rendre les enfants à la vie. C’est en mettant les enfants au contact des autres vivants qu’on les rend vivants… Une seule chose à faire : sortir.

 

 

[1] Crystèle Ferjou avec Moïna Fauchier-Delavigne Ed Robert Laffont

[2] Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier-Delavigne Ed Fayard

[3] Anne-Louise Nesme Ed Chronique sociale



6 réactions


  • Abou Antoun Abou Antoun 19 décembre 2020 19:19

    Oui excellente idée, détruisons les écoles et les salles de classe. La nature, la rue, ya que ça de vrai.

    Mais, chers enfants, faussez immédiatement compagnie à votre maîtresse emmerdeuse, rabat-joie avec ses discours. J’en ai vu au marché avec leur troupeau c’est affligeant. Lancez-vous seuls ou avec quelques copains.

    Prenez contact avec la vraie vie, faites vous des amis parmi les dealers, voyez des putes de près. Tous ont tellement de choses à vous dire.

    Et puis ne vous dégonflez pas ! Un coup de bigo à vos parents, un manuel de survie et on passe la nuit en forêt. L’idéal serait dans les Pyrénées avec les ours ou dans les Alpes avec les loups

    Ya quand même quelques points qui interpellent. L’école de la Nature était la seule pour l’homme préhistorique. Il a quand même été long à décoller.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 19 décembre 2020 19:35

      @Philippe Huysmans

      Sur Tahiti par un vieux pêcheur ...fleuraison des flamboyants ...le vent va tourner...ce sera bon pour la pêche .


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 19 décembre 2020 19:57

      @Philippe Huysmans

      non . Simplement c’était le beau père d’un pote . Il parlait très peu français. Il pouvait aller pêcher au large a des bornes seul sur sa pirogue. Chapeau !


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 19 décembre 2020 20:20

      @Philippe Huysmans

      Et je fais fais pas du new Hemingway. en Polynésie hors Papeete il y en avait plein comme ça. Lui et sa famille sont originaires de la presqu’île de Tahiti.


    • Abou Antoun Abou Antoun 20 décembre 2020 13:51

      @Philippe Huysmans
      On voit où ça mène. Perso j’aurais largement préféré vivre il y a 10.000 ans dans une tribu amérindienne
      Mais c’est encore possible aujourd’hui !
      Joignez le geste à la parole, cessez de rêver. La forêt amazonienne vous attend en Guyane Française.
      Vous pouvez partager la vie des indiens à Awala Yalimapo (quoique ce site côtier soit assez perverti par le tourisme).
      Si vous êtes un peu plus aventureux optez pour Saint-Elie 200 habitants (la plupart illégaux) sur 6000 km2.
      Maintenant pour réaliser votre fantasme, rien de mieux que les Tulmuc-Humac, là les hélicos de la protection civile ne viendront pas vous chercher même en cas de mauvaise rencontre avec un jaguar.
      Ah la vie sauvage, ya que ça de vrai.


  • Clark Kent Séraphin Lampion 20 décembre 2020 09:10

    « Je tiens pour principes certains du bonheur qu’il faut préférer les avantages de la nature à tous ceux de la fortune. »

    « Les hommes ne veulent connaître que l’histoire des grands et des rois, qui ne sert à personne. »

    Bernardin de Saint-Pierre - Paul et Virginie

    Les mythes des enfants de la nature sont des versions laïques de celui du paradis perdu.

    La société dans laquelle ils sont supposés vivre semble être parfaite et chaque jour de leur vie est un vrai bonheur, loin des grandes métropoles comme au jardin d’Eden ne ressemblant à rien de ce que l’on connaît. L’homme n’essaierait plus de dompter la nature et de la « pervertir » mais s’y adapterait.

    Paul et Virginie étaient contemporains de Fourier et des grands utopistes.

    Il en faut !


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