mardi 18 janvier 2011 - par Eric Kaminski

Pour une diplomatie réaliste des droits de l’Homme : les exemples de la Tunisie et de la Chine

La promotion des droits de l’Homme par la diplomatie n’est plus à la mode dans le pays qui se vante d’être le premier à les avoir formulés. L’instrumentalisation du poste de secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux droits de l’Homme en vue d’autres fins n’y est pas pour rien. La France se prive pourtant ainsi d’un aspect fondamental de sa politique étrangère, sur lequel elle est souvent attendue, tant pis pour son image et sa crédibilité ! Et l’objectif de l’ONU n’est-il pas la promotion de la paix et la prévention des conflits, dont le respect des droits de l’Homme est considéré comme une condition nécessaire ?

Ce texte n'a pas la prétention de justifier l'idée absurde que toute la politique étrangère devrait être au service de la promotion à marche forcée de la démocratie : la dernière décennie au Moyen-orient suffit à montrer les errances des néo-conservateurs américains. Au contraire, il vise à rappeler que la participation de tous les individus à une même humanité et l'interdépendance des pays accrue par la mondialisation commandent de prendre en compte la dignité humaine dans tous les aspects de la diplomatie, n'en déplaisent aux nombreux cyniques qui peuplent le Quai d'Orsay et de manière générale les plus haux niveaux de l'Etat.

La diplomatie du gouvernement est une politique de “grands garçons”, qualifiée à tort de « Realpolitik », qui gèrent les relations de la France avec les autres pays comme une partie d'échecs, jeu à somme nulle. Elle n'est orientée que vers la défense des intérêts de court terme, à l'image de la politique générale du gouvernement et encourage les dérives autoritaires du Président Ben Ali et la politique d'agression généralisée de la Chine. Le premier nous garantit de rester le partenaire économique principal de la Tunisie et la seconde nous préserve de son courroux, aux terribles conséquences supposées du fait de son statut de deuxième -et peut-être bientôt première- puissance retrouvée.

Cette logique est pourtant erronée, et ce pour deux raisons. La première est fondamentale mais elle est aussi la plus contestée par nos soit-disants “réalistes”. Elle repose en effet sur une croyance, soutenue par l'état actuel de la connaissance scientifique : l'unicité de la race humaine ; et le principe politique en découlant d'égale dignité des individus, dans leur diversité. De cette reconnaissance, il est possible de déduire la faculté universelle d'indignation, joliment valorisée récemment par Stéphane Hessel1, face à ce qui ne respecte pas le propre de l'humain : ce propre de l'humain est appelé créativité dans d'autres textes (cf. http://ekaminski.blog.lemonde.fr/) : la capacité de l'être humain à se créer lui-même et à modeler son environnement, dans le respect universel de cette même faculté chez Autrui. Ce principe d'universalité fonde la responsabilité de protéger Autrui quand sa dignité, c'est-à-dire son humanité, liberté créatrice, est menacée.

Laissons de côté ce raisonnement que certains feignent de ne pas comprendre pour mieux protéger leurs intérêts électoraux, d'appartenance (de classe sociale, religieuse etc.) ou même financiers. Il est en effet possible de répondre aux cyniques sur leur propre terrain en démontrant l'intérêt bien compris de la France à promouvoir le respect des droits de l'Homme.

Dans un pays comme la Tunisie où le regime politique était extrêmement fragile depuis des années, notre intérêt de long terme aurait exigé de nos diplomates prudents de construire une relation de confiance avec la société civile dans sa diversité pour préparer une éventuelle alternance. Après le renversement de Ben Ali, il est loin d'être évident qu'un nouveau gouvernement plus ouvert se tourne amicalement vers la France. Rappelons que les principaux représentants de cette société civile aussi courageuse que maltraitée ont été black-listés par l'ambassade française, y compris des personnes aussi respectables que Khémaïs Chammari. Qu'adviendra-t-il de nos relations commerciales ? Il sera également plus difficile, en l'absence de relation de confiance, d'accompagner ce nouveau gouvernement vers un régime démocratique et stable autrement qu'en formant les forces de police.

En Chine, le non-respect des droits de l'Homme joue doublement contre les intérêts français. A court terme, les entreprises hexagonales souffrent de discrimination, de vol de technologies et ne peuvent faire respecter leurs droits, souvent reconnus das la loi chinoise, devant des tribunaux impartiaux2.

A plus long terme, l'absence de liberté d'expression empêche le pouvoir pékinois d'avoir pleinement connaissance de la gravité de la situation dans le pays, tant au niveau politique qu'économique. N'oublions que de nombreux économistes soulignent la fragilité de la croissance chinoise, carctéristique des pays en développement, du fait des déséquilibres grandissants engendrés (fabuleux écarts de richesse, investissements improductifs, dettes des gouvernements locaux, bilans pourris des banques etc.).

L'absence de moyens d'expression, au-delà des blogs dans une certaine mesure, crée également une frustration dans la population. Encore limitée, elle est déjà palpable, notamment dans ces blogs, et elle explosera aux premiers signes de difficultés économiques. En dépit des apparences et surtout de l'échelle, la situation chinoise est peu différente dans ses fondamentaux de celle de l'Indonésie en 1997, plus récemment de l'Iran (où l'on est passé près d'un changement de régime spontané) ou aujourd'hui de la Tunisie. Dans ce dernier pays, la population a atteint un niveau général d'éducation et de maturité politique très élevé, qui fait encore défaut à une majorité de la population chinoise. Il est cependant peu probable que la Chine puisse échapper à cette évolution : le peuple, qui s'exprime déjà sous la forme de dizaines de milliers de mouvements sociaux par an, n'aura d'autre choix que le recours à la violence pour se faire écouter. Or, pour en revenir à la France, l'interdépendance économique mondiale ne peut faire que redouter une crise politico-économique à l'échelle de la Chine. Nos autorités ne rendent service ni à la Chine ni au monde en évitant de s'exprimer sur Liu Xiaobo.

Certains, impressionnés par la puissance économique et militaire de la Chine, qui tient plus à la dynamique qu'aux structures actuelles, pensent la tâche irréaliste. C'est pourtant le monde qui est concerné par les risques d'instabilité, comme l'humanité par les droits fondamentaux : il serait malvenu de s'arrêter à ce rapport de force, dont nos “réalistes” savent si bien jouer. Face à une Chine qui n'est pas encore aussi puissante qu'elle veut le faire croire, une réponse non-agressive mais aussi coordonnée que possible entre les pays concernés devrait permettre de rétablir un équilibre nécessaire au bien-être de tous.

Evidemment ces derniers arguments, s'ils laissent de côté les principes fondamentaux évoqués plus haut, exigent tout de même de penser à long terme et donc à faire preuve d'imagination ou de solidarité, y compris avec les générations futures. C'est peut-être trop demander à nos “réalistes” qui devront alors confesser leur limites intellectuelles ou avouer leurs intérêts matériels à évacuer la question des droits de l'Homme. Bêtise ou égoïsme, lequel de ces deux principes guide le mieux notre diplomatie ? Le débat est ouvert !

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1Indignez-vous, Stéphaine Hessel, 2010, Indigène éditions
2Le cas de Danone et de Wahaha suffira à convaincre les plus sceptiques.


1 réactions


  • hamza 19 janvier 2011 01:01

    @auteur
    votre article est tellement confus que je ne puis m’empêcher de vous le signaler, avec l’espoir que la prochaine fois vous fassiez un minimum d’effort pour clarifier vos raisonnements après avoir bien entendu procédé à quelques vérifications et démêlages de vos arguments. Mais, soyons indulgents et applaudissons votre courage, lequel courage vous avait sans doute fait défaut lors que vous étiez sur les bancs d’école pour suivre notamment les cours de maths et d’histoire. Applaudissons aussi votre réussite d’avoir fait transpirer entre les lignes votre ressentiment vis-à-vis de la chine, ce qui a éclipsé, au nez et à la barbe des 60% de lecteurs qui ont voté positivement, le chapelet de perles, de taille pourtant assez appréciable, qui reliait de bout en bout chacune des phrases de votre article.


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