samedi 14 mai 2016 - par oscar fortin

Pour une Église multipolaire et multicentrique

Le temps des pouvoirs impériaux, tant politique que religieux, semble tirer à sa fin. Déjà, sur le plan politique, nous assistons à cette grande confrontation entre les tenants d’un monde multipolaire et multicentrique ,que sont les pays MEMBRES du BRICS, et les tenants d’un monde unipolaire et uni centrique, que sont les États-Unis et ses alliés de l’OTAN.

Sur le plan religieux, l’Église catholique, dont le pouvoir impérial trouve sa source d’inspiration dans le pouvoir impérial politique, se voit confrontée également à ce questionnement d’une gouvernance impériale versus une gouvernance décentralisée et multipolaire. Il faut reconnaître que la présence et l’action du pape François ouvrent les portes à ce questionnement. En réponse à une lettre toute récente du grand théologien Hans Kung qui lui demandait d’ouvrir un débat sur l’infaillibilité papale, le pape François lui aurait répondu qu’il partageait cette même préoccupation. De toute évidence, l’image de ce dernier ne nous renvoie pas à celle d’un pape tout-puissant et infaillible, mais plutôt à celle d’un pape, serviteur et faillible. Ne proclame-t-il pas à qui veut l’entendre qu’il est surtout un pécheur ? « Qui suis-je pour juger ? » répondait-il aux journalistes qui l’interrogeaient dans l’avion, à son retour du Brésil, sur la question de l’homosexualité.

L’Église, comme institution et communauté de foi, entre dans une phase qui va au-delà des réformes cosmétiques qui visent à la faire apparaître plus transparente, plus attentive aux préoccupations des temps que nous vivons. Les changements qui l’attendent portent sur les structures mêmes du pouvoir que le Vatican, la Curie romaine, les Évêques s’approprient, en exclusivité, pour diriger la vie des chrétiens à travers le monde.

Pour peu qu’on s’y attarde, le message de Jésus, relaté dans les Évangiles, et celui de Paul de Tarse, exprimé dans ses lettres aux diverses communautés chrétiennes, nous révèlent que l’exclusivité réclamée de certains pouvoirs par les autorités ecclésiales, ne leur sont pas exclusifs. Il en est ainsi, entre autres, pour le pouvoir de lier et de délier.

L’Évangéliste Mathieu met en relief les deux autorités, dans l’Église, qui disposent de ce pouvoir de lier et de délier. Si on nous a surtout parlé de l’autorité de Pierre (Mt.16, 18-19), il n’en fut pas de même pour l’autorité des communautés chrétiennes qui disposent également de ce pouvoir (Mt.18, 15-18).

Le contexte de la transmission par Jésus aux communautés chrétiennes (Église) de ce pouvoir de lier et de délier est celui des relations d’entraide et de corrections mutuelles qui doivent exister entre les membres de ces communautés.

« Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S`il t`écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s`il ne t`écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l`affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S`il refuse de les écouter, dis-le à l`Église ; et s`il refuse aussi d`écouter l`Église, qu`il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

Ce pouvoir de l’Église, communauté de foi et de vie, est tout aussi réel que celui de Pierre, fondement de cette communauté de foi et de vie. Même si ce pouvoir n’a pas été mis en relief par les institutions ecclésiales, il est bien là et rappelle aux hiérarchies ecclésiales qu’ils n’ont pas l’exclusivité du pouvoir de Dieu, pas plus d’ailleurs de celui de l’Esprit saint. Sur ce dernier point, il importe de lire et de relire l’apôtre Paul dans sa lettre aux Éphésiens.

« A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun ; à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit ; à tel autre la puissance d'opérer des miracles ; à tel autre la prophétie ; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. » (1Cor.12, 7-11) Vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toute manière vers Celui qui est la Tête, le Christ, » Éphésien 4, 11-15

L’image du corps utilisée par Paul illustre bien la réalité fondamentale de l’Église dont le Ressuscité est toujours la Tête et l’Esprit saint, l’âme qui transforme chaque membre les rendant complémentaires les uns avec les autres dans cette grande mission de l’avènement du Règne du Père sur la terre comme dans les cieux. Un Corps, multicentrique et multipolaire par ses membres, le tout ordonné et animé par le Christ qui en est toujours la Tête bien vivante et l’Esprit saint qui en est le mouvement. L’un et l’autre sont irremplaçables et agissent sans devoir demander la permission à qui que ce soit.

Ephésiens 2:20-21 ^

Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire.

En lui tout l`édifice, bien coordonné, s`élève pour être un temple saint dans le Seigneur.

Il est intéressant de relever dans ce texte la place des prophètes, tout aussi importante que celles des apôtres. Si ces derniers ont occupé dans la hiérarchie ecclésiale tout l’espace consenti aux successeurs des apôtres, il n’en fut pas de même pour les successeurs des prophètes mis à l’écart de ce pouvoir ecclésial. Ils en sont plus souvent que moins les victimes de ce pouvoir.

QUE CONCLURE ?

Le temps où les autorités ecclésiales se réservaient l’exclusivité de certains pouvoirs est périmé. L’Église comporte deux composantes irremplaçables que sont le Christ ressuscité, Tête de l’Église, et l’Esprit saint qui en est le moteur de vie. Ils sont au cœur de l’Église depuis ses origines jusqu’à nos jours. Le pape, comme chef de l’Église n’est pas là pour se substituer ou pour remplacer le Christ, Tête de l’Église, pas plus d’ailleurs pour remplacer l’Esprit saint. L’Église demeure cette communauté de croyants qui témoigne de Jésus de Nazareth et qui agit dans le monde par l’action de l’Esprit saint lequel distribue ses dons comme bon il l’entend pour qu’advienne le règne du Père sur terre comme au ciel.

Les reproches que Jésus s’est permis de relever contre le Sanhédrin et les grands prêtres (Mt.23) sont les mêmes que nous pouvons formuler contre le Vatican et ceux qui y règnent en roi et maître. Ces derniers font partie d’un pouvoir maintes fois complice des pouvoirs impériaux de conquêtes et de domination. Le livre de l’Apocalypse en parle comme d’une grande prostituée (Ap.17).

Déjà, au temps des prophètes de l’A.T., cette tricherie était perçue et dénoncée, mais la conscience des peuples ne s’en était pas encore approprié pour l’éliminer complètement.

« Ainsi parle l'Éternel : pratiquez la justice et l'équité ; délivrez l'opprimé des mains de l'oppresseur ; ne maltraitez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve ; n'usez pas de violence, et ne répandez point de sang innocent dans ce lieu. » (Jér.22 :3)

Un retour au langage des prophètes de l’Ancien Testament ne peut que redonner vigueur aux véritables artisans de la justice et de la paix dans le monde.

Pour conclure, il est évident que tous les sacrements de l’Église doivent être repensés et articulés dans la perspective d’une Église multipolaire et multicentrique sous la gouverne du Ressuscité et de son Esprit.

« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » Mt.18,20

 

Oscar Fortin

Le 14 mai 2016 :

http://humanisme.blogspot.com



41 réactions


  • Donbar 14 mai 2016 21:46

    La réponse à la question de Sarcastelle est attendue avec encore plus de curiosité que d’impatience, Oscar.


    • Donbar 14 mai 2016 22:35

      @Donbar
      Desideratum rédigé pendant la réponse d’Oscar Fortin (bien décevante je dois dire ; on est là à mille lieues de la libre pensée).


  • Osis Oxi gene. 15 mai 2016 08:13


    Un libre penseur superstitieux qui fait du prosélytisme...

    Il faut de tout pour faire un monde.


  • Arnes Arnes 15 mai 2016 09:08

    @ oscar fortin


    Bravo, vous avez presque réinventé le protestantisme, il vous suffit juste de virer le pape, ses évêques déguisés en drag queens et le tour est joué.
    « Sola fide, sola scriptura » : Seule la foi, seule l’écriture.

  • Le p’tit Charles 15 mai 2016 09:16

    Les religions sont le CANCER de l’humanité..serait p’être temps de s’en rendre compte.. ?


  • Jo.Di Jo.Di 15 mai 2016 09:33

     
    Le premier droit individuel acquis par le bobo, dans sa belle villa romaine, fut la liberté religieuse, sa liberté intérieure comme dit Luther.
     
    N’étant plus citoyen mais bobo, trop attaché à son or et ses orgies, délaissant la Cité, il devint esclave du Tyran. Bobo adopta la religion individualiste, de déni du réel impie, du salut individuel dans l’arrière monde, celle de son esclave tant semblable.
     
    Sa religion relevant fondamentalement du privé, elle sacralisa le privé, au final, sécularisée elle sacralisa le droitdelhommisme et sa propriété privée. Ainsi le Féodal muta en Capital.
     
    Au passage bobo y gagna la fin de l’Absolutisme de l’Ordre chrétien, pour le capitalisme. Le paysan y perdit les communaux de l’Eglise, captées par les grands propriétaires bourgeois. Puis l’ouvrier gaulliste vit la privatisation des sociétés d’État remplacées par Uber.
     


  • César Castique César Castique 15 mai 2016 10:45

    « Pour une Église multipolaire et multicentrique... »



    Le polythéisme n’est pas loin...

    • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 11:11

      @César Castique : Il y a toujours les trois personnes dans la sainte Trinité dont l’une, le Fils, s’est fait l’un des nôtres pour faire de cette humanité, une divinité. Comme dit St-Paul dans les Actes des apôtres nous faisons dorénavant partie de la race de Dieu. "Actes 17:29 ^
      Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l`or, à de l`argent, ou à de la pierre, sculptés par l`art et l`industrie de l`homme.


      Ce sont là des paroles très fortes.

    • philouie 15 mai 2016 11:13

      @oscar fortin
      nous faisons dorénavant partie de la race de Dieu.
      Tous les crimes chrétiens sont contenus dans cette parole : idéalisation de l’homme = diabolisation de l’autre = meurtres en série.


    • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 11:18

      @philouie : je ne comprends vraiment pas le sens de vos propos. Dans les paroles de Paul il s’agit de l’Humanité entière qui fait partie de la race de Dieu, dont Jésus, le ressuscité, est le premier né. Relisez attentivement le chapitre 17 des Actes des apôtres pour en saisir son véritable sens.


      Avec tout mon respect

    • philouie 15 mai 2016 11:26

      @oscar fortin
      Toute l’humanité ? mais je parle bien d’idéalisation de l’homme et non d’idéalisation des catholiques.
      C’est Pascal qui nous en a donné la formule : qui veut faire l’ange faire la bête.
      Le narcissisme, c’est à dire le fait de se prendre pour Dieu, dont vous trouverez un portrait dans la bible en la personne de Haman, est le pire danger pour l’être humain.
      Il faut bien comprendre qu’en Dieu, il n’y a pas de place pour l’autre, ce qui a pour conséquence que le narcissisme va avec le refus de l’altérité.
      D’ailleurs, si l’on y réfléchit un peu, le centralisme de l’église n’est-il pas, dans le fond, qu’un simple refus de l’altérité.


    • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 11:54

      @philouie : Je respecte votre point de vue, mais je ne le partage pas. Le monothéisme auquel vous vous référez et qui ne laisse pas de place à l’autre, n’est pas celui de Jésus avec son Père et l’Esprit saint. 

      Actes 17:31 ^
      parce qu`il (Dieu le Père) a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l`homme qu`il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts...

    • philouie 15 mai 2016 12:13

      @oscar fortin
      je comprends que vous ne partagiez pas mes croyances, sans quoi vous ne seriez pas chrétien.
      Je vous souhaite un saint dimanche de pentecôte.


    • César Castique César Castique 15 mai 2016 12:27

      @oscar fortin

      «  : Il y a toujours les trois personnes dans la sainte Trinité... »


      Ce n’était pas du tout cela que j’évoquais, mais la marche vers une Eglise multipolaire et multicentrique, devrait aboutir à une religion multi-Jéhovahs adaptés chacun à des aspirations et à des besoins locaux.

    • chantecler chantecler 15 mai 2016 12:34

      @oscar fortin et aux autres ....
      Vraiment j’ai du mal à comprendre vos points de vue ...
      Les croyances de par nature irrationnelles me semblent des survivances de temps lointains où l’on craignait par exemple que le ciel ne vous tombe sur la tête , les misères et famines , les mystères de l’au delà , le sens de la mort et enfin du stade de la pensée magique inhérent au développement de l’enfant ...
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9e_magique


    • César Castique César Castique 15 mai 2016 15:03

      @chantecler


      « Les croyances de par nature irrationnelles me semblent des survivances de temps lointains... »


      Et alors ? Il y a des choses qui sont inhérentes à la nature humaine et qui ne disparaîtront qu’avec elle. L’irrationalité fait partie de ces choses. 


      Certains le nient parce que cela ne cadre pas avec l’image qu’ils se font d’eux-mêmes, de l’humanité et de son devenir, mais cela aussi est tout à fait irrationnel.

    • Ouallonsnous ? 16 mai 2016 11:54

      @oscar fortin

      Je pense que lorsque vous ferez la différence entre vos croyances et la réalité concrète, vous ne nous sortirez plus d’articles de cette eau argumentés d’arguments de l’imaginaire des aliénés des religions !


  • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 10:58

    @roman_garev : Bonjour et merci pour votre commentaire. Si vous lisez bien mon texte vous verrez que je parle bien de l’Église catholique, du pape François, de Hans Kung et du pouvoir hiérarchique que l’on retrouve dans le Vatican. Je fais même un certain parallèle entre le Sanhédrin et le Vatican. Quant à l’intention recherchée, elle n’a rien à voir avec quelques prétentions d’unir des Églises mais de découvrir et reconnaitre les communautés de vie et de foi qui oeuvrent et témoignent du message évangélique dans notre monde. L’Église comme Corps vivant a de multiples membres aux multiples fonctions qui trouvent leur cohésion dans l’Esprit qui distribue ses dons comme bon il l’entend et dans le Ressuscité qui en est la Tête et la pierre angulaire.


    En somme, par cet article j’ouvre la porte à une discussion sur une réorganisation structurelle de l’Église qui prenne en compte cette réalité des pouvoirs dont disposent déjà la multitude des communautés de personnes qui oeuvrent dans le sens des Évangiles et qui répondent aux attentes du monde contemporain. Nous n’en sommes plus à des hiérarchies formatées en pouvoir impérial dont le centre est le Vatican comme Siège de Pierre et comme État. Il faut retrouver la diversité des sociétés et des pouvoirs qui en émergent.

    Je n’ai pas la prétention d’avoir le dernier mot sur cette question qui aborde de façon différente l’exercice des pouvoirs par les communautés.elles-mêmes. En un sens, l’Église catholique comme institution doit s’ouvrir à ces pouvoirs qu’ont les communautés chrétiennes pour s’organiser et agir en fonction des appels dont elles sont porteuses. 

    Merci pour votre intervention et bonne journée

  • philouie 15 mai 2016 11:11

    ce voeux me semble irréaliste tant que sera maintenu la croyance en la divinité de jésus, puisque c’est sur cette croyance là que repose la hierarchie religieuse mise en place par l’église.
    Jésus Christ est le fondateur à travers Pierre de cette église à travers laquel, Saint Paul nous l’explique, l’autorité se transmet depuis le pape vers l’homme du commet à travers les évèques et les prêtres, représentant de Dieu sur terre.
    Ce que vous souhaitez voir advenir existe et ça s’appelle l’Islam.


    • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 11:29

      @philouie : Je m’excuse, mais la hiérarchie religieuse ne repose en rien sur la divinité je Jésus. Ce dernier s’est fait le serviteur des serviteurs et plutôt critique de ceux qui se donne des airs de grandeur et de puissance. Relisez les Évangiles et méditez quelque peu cette sortie de Jésus contre les grands prêtres, les docteurs de la loi et les pharisiens que vous trouverez au chapitre 23 de l’Évangéliste Mathieu. Les premières communautés chrétiennes n’avaient rien de la centralisation structurelle de l’Église que nous avons aujourd’hui. Paul qui n’avait pas connu Jésus, n’avait pas fréquenté les apôtres surgit tout d’un coup comme un témoin du Christ. Les apôtres l’ont reconnu dans la force de son témoignage et dans ses lettres aux diverses communautés. Il a même mis à l’épreuve l’autorité de Pierre sur les aliments à manger et ceux à ne pas manger, comme c’était le cas dans les communautés juives de l’époque....


      Avec tout mon respect

    • philouie 15 mai 2016 11:47

      @oscar fortin
      c’est chez Saint Paul dont on peut dire qu’il est le créateur théologique du christianisme :
      Ephésiens :
      20 Il l’a déployée en Christ, en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes,

      21 au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir.
      22 Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise,
      23 qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.

    • Pascal L 15 mai 2016 12:06

      @philouie
      « Ce que vous souhaitez voir advenir existe et ça s’appelle l’Islam »

      Ce qui est dit dans le Coran sur le Christ ne correspond pas du tout à ce qui est dit dans les Evangiles. Le problème, c’est que Mohammad ne connaissait l’enseignement du Christ qu’au travers l’évangile aux Nazaréens et ce document a été détruit par les Musulmans eux-même. Pourquoi ? En tout cas, lorsqu’il est fait allusion aux Chrétiens dans le Coran, il s’agit plutôt des Judéo-Nazaréens qui n’existent plus aujourd’hui. Lisez-donc les Evangiles de la tradition des apôtres, l’enseignement y est très simple et il n’y a aucune incohérence. Beaucoup d’Imans qui ont travaillé sur la possible manipulation de ces textes nous disent aujourd’hui que cette manipulation n’a pas pu se faire. Relisez également le Coran, non pour l’apprendre par cœur, mais pour le comprendre.

      Par ailleurs, l’accès direct au Christ est assez simple aujourd’hui pour un Chrétien. Il n’est pas nécessaire de faire des exercices spirituels complexes pour qu’il nous montre son amour et nous réponde. je ne pense pas que les Musulmans aient la même facilité d’accès à Mohammad. Pourquoi quitter le Christ qui est la liberté pour Mohammad qui est la soumission ?
      Aujourd’hui, je lis le Coran avec ma liberté pour le comprendre et franchement, il n’est pas possible que je me convertisse à l’Islam. Je rencontre par contre souvent d’anciens Musulmans qui ont rencontré le Christ dans leurs prières et ont demandé ensuite le baptême chrétien.

    • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 12:07

      @philouie : la puissance dont il est question n’en est pas une de domination. Cette puissance qui transcende toutes les autres s’est révéler dans l’humanité en la personne de Jésus qui s’est fait proches des humbles de la terre, des pécheurs, des exclus tout en se révélant d’une fermeté face aux hypocrites, aux manipulateurs, aux grands et puissants de ce monde. Sa puissance se révèle dans la croix qu’il porte pour vaincre tous les maux qui défigurent le visage humain d’une humanité créé à son image et ressemblance. Pour découvrir le véritable pouvoir de Dieu, il faut revenir à Jésus. Le règne du Père n’est pas de se monde, en sous entendu de ces puissances de conquêtes et de domination, de ces grandeurs hiérarchiques qui n’existent que par l’esclavitude et la dépendance de milliers de personnes. Dans l’Apocalypse, nous voyons un Dieu qui est au milieu de son peuple et qui essuie les larmes et console les affligés...


      Apocalypse 21:3 ^
      Et j`entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.

      Apocalypse 21:4 ^
      Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n`y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.

    • Pascal L 15 mai 2016 12:49

      @philouie
      « au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance »

      Comme le dit Oscar Fortin, le royaume du Christ n’est pas dans notre monde. Il ne vous empêchera pas de faire quoi que ce soit sur cette terre.
      Par contre, pour aller dans son monde, le Christ nous demande de faire le choix de l’amour, le seul qui garantisse le passage. Ce choix doit être fait dans notre vie ici, de peur de ne pas reconnaître cet amour une fois décédé. Donc tous ceux qui font ici le choix de la domination, du pouvoir ne pourront plus continuer dans cette voie dans son royaume et même s’ils sont Chrétiens. 
      L’évangile de Luc est très clair sur la paternité du pouvoir (ch4, 5-7) "Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »


    • Pascal L 15 mai 2016 19:48

      @OMAR
      « le musulman n’était pas aussi libre, jamais il n’aurait demandé le baptême chrétien »

      C’est vrai qu’il s’agit d’une question de conviction et de foi, mais dans la banlieue française où j’habite, les musulmanes qui ne portent pas le voile dans les citées subissent d’énormes pression de la part de leur communauté, alors pour ceux que se convertissent, il y a aussi des menaces de mort et elles sont faites au nom de l’Islam. Il faut vraiment être très solide pour résister. Il est tout à fait possible que votre foi personnelle ne vous conduise pas dans cette direction et c’est tout à votre honneur, mais du côté de chez moi, cette attitude devient très minoritaire. Il est aussi vrai qu’on ne peut pas porter de jugement sur la valeur d’une religion en regardant vivre ses coreligionnaires. J’essai donc de comprendre en lisant les textes fondateurs et les études scientifiques sur le sujet.

      Musulman se traduit par soumis, ce n’est pas moi qui l’ai inventé. Dans l’Araméen plus ancien ce mot voulait dire « s’en remettre à ». Qui a fait le changement de sens ? Cette soumission vous interdit d’étudier le Coran pour le contextualiser et le comprendre. Il ne me semble pas que c’est faire un affront à Dieu que d’essayer de le comprendre. 
      Les Chrétiens et les Juifs ont fait ce travail sur la Bible et ce qu’ils ont trouvé décoiffe pas mal. Il faut lire par exemple le livre « la Bible dévoilée » d’Israël Finkelstein. La correction des erreurs de la Bible permet de mieux comprendre Dieu, ce n’est pas un frein à la foi. La Bible comme les Evangiles ne sont pas considérés comme la parole de Dieu, mais comme des témoignages écrits par des hommes donc faillibles et parfois avec des arrières pensées.
      Ce travail que vous ne voulez pas faire sur le Coran, des Chrétiens le font. Lisez par exemple « Le messie et son prophète » d’Edouard-Marie Gallez qui décrit en détail le contexte pré-islamique et l’avénement de l’Islam. La science nous indique par exemple que Mohammad n’a pas vécu à la Mecque, mais dans le nord de la Syrie et que les Chrétiens décrits dans le Coran sont en fait des Judéo-Nazaréens qui étaient considérés comme hérétiques par les Juifs et les Chrétiens et dont une bonne partie de leur foi se retrouve dans l’Islam. D’autres études scientifiques avec la théorie des codes ont établi que le nombre de rédacteurs du Coran se situe entre 30 et 50... On ne peut pas toujours cacher ses sources, elles finissent toujours par ressortir et la mondialisation fait qu’il n’est plus possible d’effacer ce qui ne l’a pas été. Il faudra vivre avec.

    • Pascal L 16 mai 2016 11:05

      @OMAR

      « ceux qui, par milliers, embrassent l’Islam »
      Effectivement, ce mouvement existe, je le nierai pas, mais personnellement, je ne tirerai pas de fierté de la qualité de la foi de ces nouvelles recrues. Je connais personnellement 2 cas. Le premier, c’était une obligation pour pouvoir se marier (où est la liberté religieuse ?) et le deuxième est déjà revenu vers l’Eglise Catholique. 
      Il n’est pas nécessaire de connaître le Coran et l’Islam pour se convertir, les déconvenues arrivent plus tard alors que pour devenir Catholique, il est demandé 2 ans de formation et de discernement, ce qui permet de tester la qualité de la foi des postulants, le baptême n’étant pas toujours proposé à la fin.
      L’Islam peut trouver sa place en France, mais ne peut pas se développer, car chez nous l’analyse critique est culturellement bien développée. Cette capacité à analyser se tourne depuis peu vers les fondement de l’Islam et ce que l’on découvre pourrait bien remettre votre propre foi en cause si vous ne réfléchissez pas plus loin que par l’acceptation simple de la tradition.

      Aujourd’hui, les musulmans qui se tournent vers le Christianisme sont également des milliers, beaucoup se cachent pour ne pas faire face à la répression, mais pas tous. Il y a suffisamment de témoignages sur Youtube pour vous faire une idée.
      A ces conversions en France, il faut ajouter les conversions des Kabyles en Algérie qui sont également des milliers. Il y a peut-être aussi pour les Kabyles une réaction à l’envahisseur arabe, ceux-ci sont restés nettement plus longtemps que les colonisateurs français... 
      Toujours est-il que malgré les menaces, l’Islam commence à reculer sur ses propres terres. Il faut sans doute aussi y voir un effet de la radicalisation d’une partie du monde islamique qui n’est pas suivie par une majorité de la population. Plus je m’intéresse à L’Islam, plus je pense qu’il n’est pas possible de résister au radicalisme en restant Musulman. Tout ce qui est en rapport avec la tolérance et la non violence est situé dans quelques recueils de Hadith et dans la tradition. Le Coran ne montre que de la violence au premier degré, surtout avec la doctrine de l’abrogation. Dans ces conditions, il n’est guère facile de faire une réponse théologique au radicalisme. 
      En fait, pour progresser, il faut ramener toutes les paroles du Coran dans le contexte où elles ont été prononcées. Beaucoup de ces paroles sont des commentaires à mettre en face de situations décrites dans la Bible. Le problèmes est que les références bibliques n’apparaissent pas dans le Coran et la contextualisation est difficile à faire, mais cette approche change radicalement l’interprétation que l’on peut faire du Coran. Il est nécessaire que les Musulmans s’emparent eux-même de ce travail pour rester crédibles.

    • Pascal L 16 mai 2016 12:39

      @OMAR
      Gutenberg n’est arrivé qu’au XIVème siècle, donc les Evangiles ont été recopiés pendant 15 siècles, ce qui est la durée d’existence du Coran. Or nous savons que les Evangiles n’ont pas été déformés car nous disposons de versions du premier siècle, y compris en araméen qui était la langue du Christ pour l’Evangile de Matthieu. Il n’y a pas de divergences majeure entre les 4 évangiles alors qu’ils ont été créés dans des lieux et des contextes différents. Le fait d’avoir des versions écrite dans la langue originale nous permet de peaufiner encore les traductions.


      Quand au rapport entre l’Islam et la science, ce n’est pas toujours simple. Il y a eu dans l’histoire de l’Islam des moments où la science a pu se développer et des moments d’obscurantisme, d’ailleurs comme pour les Chrétiens. J’estime que l’obscurantisme a pour objet principal le contrôle du pouvoir et est plus un effet du pouvoir que de la religion et seule la séparation du pouvoir et de la religion permet à la religion d’y échapper (mais pas au pouvoir).

       Je m’intéresse beaucoup à la facture des instruments de musique et j’ai pu lire une traduction du manuscrit des frères Banû Mûsa sur les instruments de musique automatiques mus par l’hydraulique. Ce document a bien été écrit sous la domination musulmane à Byzance, mais le document n’est connu que par une copie sans les schémas, le document original ayant aussi été détruit par les Musulmans. J’ai eu l’occasion de reconstituer des schémas manquants en m’inspirant des travaux de Ctésibios d’Alexandrie au IIIème siècle avant notre ère. Cette filiation grecque est ainsi très importante dans le développement de la science des arabes. Sans le travail de Ctésibios, le travail des frères Banû Mûsa était impossible. Il n’est pas possible d’affirmer que les recherches des Grecs étaient en fait des recherches faites beaucoup plus tard par les Musulmans, car les travaux de Ctésibios étaient connus à Rome au premier siècle et il y a de nombreux témoignages.

      Par ailleurs, quelques scientifiques comme le Dr Bechir Gorki ou le Dr Maurice Bucaille ont affirmé que le Coran contenait des affirmations scientifiques qui ne pouvaient pas être connues à l’époque, mais une analyse simple montre que cela ne tient pas.

    • philouie 16 mai 2016 16:49

      @oscar fortin
      la puissance dont il est question n’en est pas une de domination.

      D’une part ce n’est pas ce que dit Saint Paul qui parle, lui, bien de domination, mais l’église, quand elle devient impérial , et c’est cette église là, qui subsiste aujourd’hui, est bien une église de domination.
      pour rappel, ces loi qui imposèrent le christianisme :
       

      Code de l’empereur Justinien

      Livre Premier, titre premier : de la souveraine Trinité, de la Foi catholique, et des dépenses d’en disputer publiquement.

      "Nous voulons que tous les peuples qui vivent sous notre empire, embrassent la religion que l’apôtre Saint Pierre a transmise aux Romains, comme il le dit lui-même ; celle que professent le pontife Damasse et Pierre, évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique, c’est-à-dire qu’ils croient,selon la discipline et la doctrine évangélique, à l’égale divinité, sous une seule personne, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, renfermés dans la Sainte-Trinité.

      §1 Nous ordonnons à tous ceux qui suivront cette loi de prendre le nom de catholiques chrétiens ; quant aux autres, que nous regardons comme fous et insensés, nous les déclarons infâmes, comme coupables d’hérésie et outre la vengeance divine qu’ils ont à craindre, ils seront punis selon la haine que le ciel nous porte à leur vouer.

      2 Qu’on ne souffre point que les hérétiques s’assemblent en quelques lieux, et qu’il ne leur soit fourni aucune occasion d’exercer la démence de leur espritendurci. ; que tout le monde sache que si des gens de cette espèce ont ob tenu quelque faveur d’un rescrit spécial arraché par la fraude, ce rescrit est nul.

      Qu’on interdise à toute espèce d’hérétiques la faculté de tenir des assemblées illicites ;
      que partout, le souverain nom d’un Dieu unique soit célébré ;
      que l’on observe la foi de Nicée transmise par nos pères, et la divine religion confirmée par le témoignage et une pratique constante, qui doit à jamais durer.

      §1 Celui-ci croit à la foi de Nicée, et est vrai chrétien, qui croit au Dieu tout-puissant et au Christ, fils de Dieu, sous une seule personne, Dieu de Dieu,la lumière de la lumière ; au Saint-Esprit que nous attendons, que nous recevons du souverain père des choses et que nous n’espérons jamais vainement ; celui qui a dans lui le sentiment d’une foi pure et qui croit la Trinité en une seule substance indivisible, que les fidèles ont fort bien nommé par ce mot grec « omousios ». Ces choses n’exigent pas que nous les prouvions davantage. On doit les respecter.

      §2 Que ceux qui n’ont point cette croyance cessent de donner le nom de la vraie religion à leurs erreurs, qu’ils soient désignés par celui de leurs sectes et que l’entrée des églises leur soient rigoureusement interdite ; et, si parce que nous leur défendons de tenir des assemblées illicites dans la ville, ils tentent quelque mouvement séditieux, nous ordonnons qu’ils soient repoussés des murs de la ville avec la plus grande rigueur, et nous commandons que toutes les églises, en quelque endroit du monde qu’elles soient situées, soient rendues aux évêques orthodoxes qui suivent la foi de Nicée.


    • oscar fortin oscar fortin 16 mai 2016 16:56

      @philouie : Si vous avez bien lu mon texte vous constaterez que nos perceptions de l’Église vaticane actuelle se recoupent très bien. Merci de me l’exprimer à votre façon.


      Bonne journée à vous

    • philouie 16 mai 2016 17:03

      @Pascal L
      Pourquoi quitter le Christ qui est la liberté pour Mohammad qui est la soumission  ?
       
      je ne sais de quelle liberté vous parlez mais c’est bien le Christ qui a eut cette parole « que Ta Volonté soi faite » montrant par là la même soumission qu’avait Abraham envers le Dieu Tout Puissant.
      La liberté, évidement que tout le monde est pour la liberté. La liberté est un principe du vivant qui fait que le vivant est toujours en voie d’expansion, qu’il cherche a étendre son emprise dès qu’un espace lui est propice, c’est la pulsion moteur de vie..
      Appliquer à l’être humain, c’est de cette liberté que découle la guerre de tous contre tous, aussi, les religions ont inventé en remède la loi. La loi qui limite la pulsion, qui la cadre et qui permet la jouissance partagée entre humains. L’islam, c’est l’obéissance à la loi pour une jouissance partagée.
      Le christianisme, et pire encore dans son dernier avatar qui est l’humanisme athée, met l’accent non pas sur la loi, mais sur le désir et ce faisant libère la pulsion.
      Le christianisme, la religion d’amour, est le vrai responsable des crimes de l’occident, en cela qui laisse croire à l’homme qu’il est Dieu sur terre, qu’il est le Tout Puissant en personne.


    • philouie 16 mai 2016 17:07

      @oscar fortin
      Sauf que vous croyez qu’elle puisse être réformé, alors que je crois, moi, qu’elle est viciée dans le dogme : Elle est construire sur un vaste mensonge, celui de la divinité de Jésus.


    • oscar fortin oscar fortin 16 mai 2016 17:34

      @philouie : Là vous ajoutez un autre élément dont vous n’avez pas fait mention dans votre commentaire précédent : celui de la divinité du Christ qui est pour vous un grand mensonge à la source de toutes les déviations. Sur ce dernier point, il s’agit d’un débat théologique à ne plus finir... Jésus lui-même n’a pas voulu entrer dans ces débats. À ces apôtres et disciples qui le questionnaient il a tout simplement dit ; si vous ne croyez pas en mes paroles croyez à tout le moins dans ce que je fais. Pour lui les actions concrètes ne prêtent pas aux mêmes ambiguïtés que les paroles et les grandes discussions que nous pouvons faire. Ce sont ces dernières qui donnent de la crédibilité aux premières.


      Jean 14:11 ^
      Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; croyez du moins à cause de ces oeuvres.

    • philouie 16 mai 2016 18:52

      @oscar fortin
      Lorsque je parlais d’idéalisation de l’homme, c’est bien par la déification de Jésus qu’elle a lieu.
      D’après ce que j’en sais les premiers chrétiens étaient divisées sur la question et c’est le pouvoir impérial qui a faite en sorte que ne reste que cette croyance.
      De mon point de vue, le centralisme de l’église découle, pour les raisons que j’ai déjà évoquées, de la divinité de Jésus.
      Si l’on compare l’église catholique et l’Islam, on a dans un premier cas une structure pyramidale dont le somet unique détient son pouvoir directement de Dieu par l’intermédiaire du Christ.
      En Islam, la structure n’est plus pyramidal mais horizontale : sa forme naturelle est la mosaïque.
      En Islam, le coeur de l’Islam est l’individu dans une relation sans intermédiaire avec la divinité. Ce qui fait le liant de cette multitude est le Coran, comme parole unique de la divinité à laquelle tous adhère. Mais il n’y a pas de chef qui puisse prétendre avoir obtenu de Dieu un quelconque pouvoir. Si un tel chef se présentait il devrait être mis à mort.


    • Pascal L 16 mai 2016 21:00

      @philouie
      « que Ta Volonté soit faite »

      C’est exactement là que Matthieu dans son évangile écrit en Araméen utilise la racine qui a donné le mot Islam, mais le sens en est sensiblement différent. Il faut comprendre « je m’en remet à toi » et non « je me soumet à toi ». A ce moment là, Jésus n’est plus maître de son destin car il va mourrir. Il ne peut plus exécuter des ordres comme une personne soumise et ce n’est pas Dieu qui va le tuer ; la seule chose qu’il peut encore demander à Dieu, c’est qu’il fasse ce qu’il a promis.

      Vous faites un contre-sens classique à propos du mot amour qui est très pauvre en Français. Les Grecs ont quatre mots différents pour exprimer l’amour, dont Eros pour l’amour physique, philia pour l’amitié ou l’amour social, Storgê pour l’amour familial et Agapè pour l’amour inconditionnel. C’est bien ce mot d’Agapè dont il est question pour l’amour de Dieu et cela n’a rien à voir avec la jouissance ou le désir (Eros). La langue arabe possède bien un mot équivalent à Agapè, mais il n’est jamais utilisé dans le Coran et cette notion de l’amour est inconnue des Musulmans. Pourtant, toute la révélation de Dieu dans la Bible tourne autour de cette notion. La spiritualité Chrétienne est axée sur la découverte de Dieu qui se rend sensible par cet amour. Lorsque vous rencontrez Dieu, vous vous sentez envahi par une sensation agréable de chaleur. Lorsque vous avez rencontré Dieu, votre personnalité se transforme et vous n’avez plus besoin de lois pour aimer (Agapè) et respecter votre prochain (au sens de toute l’humanité). Le Christ n’a donné qu’une seule loi qui de fait englobe toutes les autres : Aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous aime. Cette seule loi est suffisante pour limiter les pulsions. On ne peut pas juger d’une religion au comportement de ceux qui s’en revendiquent et cela vaut aussi pour l’Islam.

      Le Coran ne dévoile pas Dieu. Il est donc impossible de savoir s’il est amour. Cette absence ne permet pas d’établir une filiation directe entre le Judaïsme/Christianisme et l’Islam bien que le Coran fait sans cesse des allusions à la Bible. De même, le « Isa » du Coran ne peut pas être compris comme étant le « Jésus » des évangiles.

      « en cela qui laisse croire à l’homme qu’il est Dieu sur terre »
      Cette croyance est celle de beaucoup de religions comme le Bouddhisme, l’Hindouisme, l’Occultisme, le spiritisme... mais n’est absolument pas chrétienne. La relation d’amour ne serait pas possible si l’homme était Dieu, car ce serait du narcissisme.

    • philouie 17 mai 2016 14:50

      @Pascal L
      je réponds ici seulement sur l’amour.
      L’islam n’est pas une religion d’amour, c’est une religion de justice, la raison a cela, c’est « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. »
      Pour ma part, je reprends à mon compte la thèse d’Ibn Arabi sur l’Amour Universel. Il ancre sa thèse dans un hadith ( apocryphe pour les musulmans orthodoxes) qui dit « j’ai aimé être connu aussi j’ai crée le monde » Ainsi, l’amour est le véhicule de la connaissance qui relie Créateur et créatures en vertu duquel Il aime Ses créatures et Ses créatures L’aime en retour.
      Cet amour est universel et équanime.
      Cet Amour est universel et Ibn Arabi le nomme « Désir d’union ».
      Qu’il soit universel signifie qu’il baigne toute chose et qu’il n’existe pas d’autre forme d’amour que celle-ci. Ainsi lorsqu’un homme aime l’argent, ou une femme, c’est en vertu de cet amour universel.Aimer l’argent, c’est de l’amour divin mais perverti, c’est à dire dirigé vers un mauvais objet. Le seul objet véritable de tout amour devant être Dieu Lui Même et rien d’autre en dehors de Lui. Ainsi que l’affirme le Coran « Votre Seigneurie a décrété que vous n’adoreriez que Lui », signifiant par là, à la fois que le Créateur est l’objet de tout amour et qu’il n’est pas possible d’aimer en dehors de l’amour divin.
      Le deuxième point est que l’amour divin est équanime, ce qui signifie que Dieu aime chacune de ses créatures du même amour : que cela soit l’être humain ou le virus du sida : Dieu aime d’un même amour, indifférencié, l’abbé Pierre et Marc Dutrou.
      A ce stade nous comprenons que l’Amour Divin, bien qu’étant une composante essentielle ne notre condition de créature, en cela qu’il est le ciment qui nous unis, pose le problème de la différenciation qui est ce qui produit notre diversité et notre singularité.
      Nous humains, n’aimons pas l’homme comme le virus du sida, pas plus que nous traitons sur un pied d’égalité l’Abbé Pierre et Marc Dutrou ou encore que nous considérons l’amour de l’argent comme illégitime, alors que l’amour pour notre femme est la plus belle expression de cet amour divin qui baigne le monde.
      C’est la première difficulté, le fait que l’Amour Divin soit indifférencié et que notre condition de créature nous pousse à la différenciation.
      La deuxième difficulté est lié au narcissisme, c’est à dire à l’égo. On comprend que celui qui aime l’argent, n’aime pas l’argent pour l’argent mais l’argent pour ce que l’argent dit de lui. Il est riche, il est puissant. Il en est de même de l’amour d’une femme, que nous pouvons aimer pour elle même mais que nous pouvons aimer pour ce qu’elle renvoie à nous même : elle est belle, veut dire que je possède une belle femme et sa beauté flatte mon ego. etc...
      Il y a dans l’Evangile un passage qui traite de cette dificulté, c’est celui dans lequel on trouve : « Quand tu fais l’aumône que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite ».
      Le narcissisme est une tromperie des autres mais également une tromperie de soi, c’est à dire que nous même sommes bien incapable de démêler dans nos actes de ce qui relève de l’amour désintéressé ou du narcissisme.
      Face à ces difficultés qu’elle est la réponse de l’Islam et du Coran ?
      « Votre Seigneurie a décrété que vous n’adoreriez que Lui » Oui mais c’est quoi n’adorer que Dieu ?
      Adorer Dieu, c’est faire le bien.
      En réalité Dieu ne nous commande pas de faire l’aumône par amour, il nous commande de faire l’aumone. Il ne nous demande pas d’aimer les orphelins, Il nous demande de faire le sacrifice de nos biens. La vérité est qu’importe nos intentions, l’amour divin se manifeste lorsque nous faisons le bien, mieux, lorsque nous faisons le bien, nous permettons à l’amour divin de se déployer de sorte que cet amour nous irradie. SI nous n’aimons pas les orphelins à qui nous faisons sacrifice de nos biens, nous les aimerons parce que nous avons fait ce don.


    • Pascal L 18 mai 2016 00:55

      @philouie
      Intéressante et belle théologie de l’amour, mais avec une vision assez différente de la vision chrétienne.

      Pour les Chrétiens, l’amour et la miséricorde passe avant la loi et de toutes façons, la seule loi est un commandement à aimer. Si Dieu aime toute l’humanité, il pardonne à tous. Et s’il pardonne, le jugement n’a pas de sens. En fait de jugement, c’est nous qui acceptons ou refusons l’amour de Dieu. Si nous n’avons pas été capable d’aimer sur cette terre, comment allons nous accepter l’amour de Dieu dans une autre vie ? Si notre cœur est plein de haine, ne pouvons-nous faire autrement que de haïr Dieu et nous exclure nous-même du salut ? Pour les Chrétiens, le salut est proposé à tous, quel que soit sa religion. Seule notre capacité à aimer peut faire la différence.
      La spiritualité Chrétienne est tournée vers l’amour. Cet amour nous permet d’approcher le Christ, nous soutient dans nos gestes quotidiens d’amour et nous prépare à faire le choix de l’amour le moment venu.

      « il nous commande de faire l’aumône » 
      De même, pour les Chrétiens, l’amour passe avant l’aumône. Quand on aime quelqu’un, on fait tout ce qu’on peut faire pour l’aider. Il ne s’agit pas forcément d’un don en argent, le soutien peut trouver toute forme que l’on juge appropriée face à la situation. Mère Theresa n’avait pas d’argent, mais ce qu’elle a donné avait infiniment plus de valeur. Il faut penser la pauvreté au sens des Béatitudes (Matthieu 5, 1-11), les formes de pauvreté sont multiples.
      "Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ?  » (Luc 11, 11-12)


    • philouie 18 mai 2016 11:00

      @Pascal L
      Bonjour,
      Dieu étant immuable, rien de nos actes ne peuvent lui faire plaisir ou déplaisir. Dieu est indifférent aux affaires des hommes et son jugement n’a rien de personnel mais consiste simplement en l’application de Sa Loi : ce sont nos actes qui nous jugent.
      « Si vous faites le bien, vous le faites à vous-mêmes ; et si vous faites le mal, vous le faites à vous [aussi] » Coran : 17-7
      Si l’on s’interroge sur la question de l’amour, on voit que le problème est celui de l’altruisme et de l’égotisme, c’est à dire du narcissisme.
      Dans le cas de l’égotisme, ce qui motive nos actes, c’est l’image que nous avons de nous même : nous agissons pour que cette image ne soit pas écornée : nous faisons le bien pour être bien vu, nous sommes responsable pour être respecté, notre main gauche jubile de ce que fait notre main droite. On peut dire que nos actes sont pervertis par le narcissisme.
      Dans la cas de l’altruisme, nos actes sont uniquement motivés par la nécessité de l’instant permettant à l’Amour Divin d’agir sans entrave, non pas de nous même, mais selon la Volonté Divine qui veut le Bien pour chacune de Ses créatures.
      Cela signifie que le but de la vie spirituelle est de combattre le narcissisme, d’atteindre le détachement.
      Nous ne sommes pas responsable de notre narcissisme, celui-ci se construit dans la plus petite enfance et peut correspondre à ce que les chrétiens nomment le péché originel. Nous n’en sommes pas responsable mais nous pouvons lutter contre, nous pouvons cultiver le détachement. Ainsi l’aumône ne consiste pas seulement à donner mais consiste aussi à ce détaché de son bien. On donne pour apprendre à perdre.
      Aussi je connais la tirade de Saint Paul, et son « si tu n’as pas la charité tu n’as rien », sauf que Saint Paul met la charrue avant les bœufs, l’amour n’est pas quelque chose qui se décrète, qui se commande, c’est quelque chose qui nait de lui-même lorsque l’attachement disparait. L’Amour est donc un don de Dieu qui ne devient effectif que lorsque nous lui laissons sa libre expression. Il n’est pas possible d’aimer par simple décision sauf à singer l’amour et en faire quelque chose de pervers. Il faut rompre avec ses attachement pour que l’amour naisse de lui-même.


    • Pascal L 19 mai 2016 14:05

      @philouie
      « Dieu étant immuable, rien de nos actes ne peuvent lui faire plaisir ou déplaisir »

      Dieu ne se révèle pas dans le Coran, mais vous savez tout de même qui est Dieu ! Comment faites-vous ? Peut-on lui associer la notion de plaisir ? 
      En fait, on peut se poser la question de l’utilisation du verbe aimer dans le Coran. Celui-ci est utilisé pour indiquer que appréciation, comme quand je dit que je préfère la couleur bleue. Est-ce que cela pourrait sous entendre une notion de plaisir ? Où est-ce l’utilisation d’une langue humaine qui crée une approximation ?

      « Si l’on s’interroge sur la question de l’amour, on voit que le problème est celui de l’altruisme et de l’égotisme, c’est à dire du narcissisme »
      On peut associer altruisme au mot grec « Agapè » et égotisme ou narcissisme à « Eros », mais il me semble qu’il n’y a pas de vraie équivalence pour l’altruisme parce que l’altruisme peut se pratiquer sans amour pour des raisons de construction religieuse ou philosophique.

      « la Volonté Divine qui veut le Bien pour chacune de Ses créatures » Comment définir le Bien ? La santé, la richesse ? En est-on si sûr ?
      Pour les Chrétiens, la seule fin possible pour Dieu est le salut par l’Amour et non par la loi. Il me semble que pour un Chrétien, le Bien doit se définir dans cette perspective.

      « ce que les chrétiens nomment le péché originel » 
      J’ai personnellement une définition tout à fait différente du péché originel. Pour moi, la découverte de l’existence Dieu ne peut constituer un péché en soi, car Dieu pouvait ne pas se révéler. Mais cette découverte entraîne l’idée qu’il y a des limites à notre toute puissance. La transgression des limites constitue le péché. Le péché originel est à l’origine du péché, mais n’est pas un péché.

      « Ainsi l’aumône ne consiste pas seulement à donner mais consiste aussi à se détacher de son bien »
      Cette idée de détachement est plus bouddhiste que Chrétienne. L’amour n’est pas le détachement. L’argent n’est qu’un outil qui doit être utilisé avec discernement. Si un détachement doit avoir lieu, c’est sans doute de tout ce qui éloigne de l’amour : égoïsme...

      « sauf que Saint Paul met la charrue avant les bœufs, l’amour n’est pas quelque chose qui se décrète, qui se commande, c’est quelque chose qui nait de lui-même lorsque l’attachement disparait »
      St Paul ne met pas la charrue avant les bœufs. L’amour ne se décrète peut-être pas, mais c’est la condition du salut et nous disposons des outil pour le trouver. Donc faire la Charité sans l’amour n’a pas de sens pour les Chrétiens. Le Christ est prêt à nous inonder d’amour si nous lui demandons avec sincérité. Il peut aussi mettre des conditions (du genre vider nos placards de leurs cadavres ou se réconcilier), mais dans ce cas il peut être explicite. Il n’aime pas beaucoup les démons, donc si vous pratiquez la magie, la voyance, le magnétisme... il vaut mieux se débarrasser de ça, mais il peut aider.

      Vous n’arrivez pas à placer la loi après l’amour parce que c’est contraire à tout ce qu’on vous a enseigné. Nous touchons du doigt l’originalité et la spécificité profonde du Christianisme, mais c’est aussi ce qui fait le gouffre entre l’Islam et le Christianisme. Pour un Chrétien, l’amour est naturel, d’autant plus que la seule loi connu est une demande d’amour. Cette loi englobe toutes les autres dans la mesure où l’amour implique un comportement respectueux et que cet amour n’est pas limité à un groupe restreint de personnes.



  • Pascal L 15 mai 2016 11:25

    Il n’y a qu’un seul enseignement du Christ et une multitude de chemins vers le Christ. Il me semble que l’unité des Chrétiens doit être préservée autour de l’enseignement et cette unité doit être préservée dans le respect de la diversité. Chaque division est une plaie ouverte dans le Christianisme. Le spectacle du St Sépulcre à Jérusalem est une honte pour tous les Chrétiens. 

    J’attends de mon évêque qu’il me donne un enseignement adapté à notre époque dans la continuité de l’enseignement du Christ et non des ordres. Je n’ai d’ailleurs jamais reçu d’ordre de lui, alors que je participe pleinement à la vie de l’Eglise Catholique. Je suis parfois exaspéré par la bureaucratie, mais c’est un garde-fous qui peut être contourné avec intelligence.
    Les dogmes ne sont pas immuables, ils peuvent être modifiés, mais c’est le consensus qui est la règle, justement pour préserver l’unité. Il faut parfois plus d’un siècle entre la première expression d’un changement et son application effective.

    • oscar fortin oscar fortin 15 mai 2016 11:39

      @Pascal L« Merci beaucoup pour votre intervention qui donne matière à la réflexion et à des questionnements. Jésus dans son invective contre les pharisiens et les docteurs de la loi a ces propos : vous avez oublié l’essentiel qu’est la justice, l’aide aux nécessiteux et la bonne foi. Ce trouve que cette expression de la ’bonne foi » en dit long. Nous avons tous des expériences qui nous ont mis en contact avec des personnes de bonne foi et d’autres de mauvaise foi. Je pense qu’il faut être ouvert à toute personne de bonne foi, indépendamment de ses croyances, de sa race, de son statut social etc. être des personnes de bonne foi ,c’est déjà toucher à l’essentiel.


      Bonne journée et encore une fois merci pour votre commentaire.

    • Pascal L 15 mai 2016 12:20

      @oscar fortin
      Merci pour la réponse. 

      Il n’est pas toujours facile de juger de la pertinence d’une religion en observant ses adeptes. Nous sommes tous faillibles et avons du mal à suivre l’enseignement du Christ jusqu’au bout. Gandhi disait qu’il se serait converti au Christianisme, si les Chrétiens qu’il connaissait se comportaient en Chrétiens les jours de semaine... Comme le Christ pardonne, nous devons aussi beaucoup pardonner.

      Par contre, nous pouvons trouver chez les Chrétiens des personnes qui vivent pleinement l’enseignement du Christ. Nous ne pouvons juger de la pertinence du Christianisme en regardant Louis XIV, Napoléon... qui se disaient Chrétiens. Il vaut mieux observer la vie de St François, Ste Thérèse... Le statut même de saint n’est pas une garantie, ce statut a parfois été accordé pour des raisons politiques.

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