Pour vous, poètes musulmans des origines, qui était donc Mahomet ?
Plutôt qu'un individu, Mahomet n'aurait-il pas été le nom d'un conseil... un conseil dont les scribes auraient raconté l'histoire comme s'il s'agissait de celle d'un homme/individu... plus précisément, le nom de celui qui présidait le conseil ?... Il faudrait donc comprendre que lorsque celui-ci était tué - car, au combat, le Prophète marchait toujours en tête - il pouvait "ressusciter" dans un autre membre du conseil. Voilà pourquoi son visage était voilé.
Le fait que cette idée de conseil se retrouve dans les enluminures du palais de Topkapi d'Istambul montre que cette interprétation avait perduré dans un milieu cultivé restreint alors qu'elle s'était perdue dans le peuple. On y voit un conseil musulman de sept membres aux visages presque semblables dont un, trônant, est voilé, lequel s'entretient avec des moines en présence de l'ange Gabriel.
L'erreur des docteurs de l'islam n'est donc pas celle qu'explique l'historienne Françoise Micheau dans son "Islam, jalons pour une nouvelle histoire",
elle est d'avoir fait de Mahomet un être sacré intouchable et vénéré alors que les fondateurs voulaient que ne soient sacrés qu'Allah et sa parole...
... Le "conseil" Mahomet n'avait que neuf ans lorsqu'il accompagna, avec son oncle Abou Thalib, une grande caravane qui se rendait en Syrie. Accompagner une caravane, cela signifie, où la prendre en charge, ou en assurer la sécurité pendant tout son déplacement. Abou Thalib, c'est un groupe de sept hommes expérimentés. Mahomet, c'est un groupe de sept hommes qui ne l'est pas encore. Ces hommes sont l'élite de La Mecque. Voyageant de caravansérail en caravansérail, normalement cultivés, ils sont au courant de ce qui se discute dans les monastères après le concile très contesté de Nicée où l'empereur Constantin imposa, en 325, un christ-homme qui est venu.
Le moine Bahira - en haut, à droite - sortit à la rencontre de la caravane. J'interprète : les moines sortirent du monastère syrien de Bosra à la rencontre de Mahomet. Voici enfin Celui que les Ecritures ont annoncé !, déclarèrent-ils,... Le voilà, celui qui sera le dernier prophète de Dieu ! Or, ces moines détenaient un très vieux livre. Ce très vieux livre, cela ne peut être que la Bible, les évangiles, notamment celui de Luc qui commence avec l'ange Gabriel.
Quel est le nom de ce monastère ? Réponse facile : Gabriel ! les moines l'ont placé sous la protection de cet ange... ange ou constellation ? Qui conseille et renseigne Mahomet au cours de son ministère ? Réponse : Gabriel, autrement dit le monastère, autrement dit les moines. Qui est Khadidja ? la bourgeoisie mecquoise qui fait du commerce. Qui est Hind ? une population minoritaire contestataire venue d'Hira, ou de son monastère de Hind, et dont le représentant est Abou Sofyan, adversaire de Mahomet.
Un Livre à deux volets.
Contrairement à ce qu'écrit l'historienne Françoise Micheau dans ses articles et ouvrages, non seulement la biographie de Mahomet est possible mais elle est indispensable pour en comprendre les débuts. La prédication d'Abou Becker et des premiers disciples n'a aucun sens si elle ne s'accompagnait pas, un, de la vie du Prophète, deux, d'un Coran. La conquête par les armes ne pouvait aller de pair qu'avec celle des esprits et des coeurs. La logique veut que les moines de Bahira aient conseillé aux fondateurs de l'islam de suivre le même processus qu'avaient suivi leurs prédécesseurs pour diffuser leurs "révélations". Le livre de Luc, par exemple, nous est parvenu avec deux volets, l'évangile de Luc et les Actes des Apôtres.
Les versets du Coran étant des versets révélés, l'explication logique est qu'ils descendaient dans les consciences lorsque les membres du conseil se réunissaient. Après avoir fait le tri, le conseil se mettait d'accord pour la version définitive et le scribe consignait le verset dans le Livre. C'est Omar qui avait la meilleure inspiration.
Se reférant à l'historiographie shi'ite, Françoise Micheau écrit que la désignation d'Abou Becker pour succéder à Mahomet fut un véritable "coup d'Etat" pour écarter Ali du pouvoir (p.161). Cela confirme que la Sira de Tabari est bien celle qu'Abou Becker prêchait car il y est désigné aux dépens d'Ali. Elle écrit par ailleurs qu'Abou Becker (632-634) chargea Zayd ibn Thâbit, l'un des scribes du Prophète, de transcrire ces matériaux, oraux ou déjà écrits, sur des feuilles (p.105). Cela confirme, un, que des scribes mettaient bien par écrit les versets qui descendaient du ciel dans le conseil Mahomet, deux, que c'était le Coran originel qu'Abou Becker prêchait.
En conclusion, Françoise Micheau écrit : tous les chercheurs s'accordent à considérer qu'une inflexion majeure se situe à la fin du VII ème siècle... émergence d'un islam jusque-là informel pour ne pas dire inexistant... ???
Je pense différemment. L'islam est né avec Mahomet, dans la plénitude de sa religion. Son fer de lance fut un livre à deux volets : la Sira et le Coran. De même que la société laïque s'est dotée d'un code civil, la conquête musulmane s'est obligatoirement accompagnée de la mise en place d'un code pour que fonctionne la "nouvelle société". En cela, les fondateurs n'ont fait que suivre la tradition, notamment essénienne. Je cite : Il s'ensuit que c'est le grand prêtre Simon qui, après avoir été visité par Dieu, a planté la racine de cette plantation qui se réclame d'une nouvelle alliance. C'est lui qui a établi les textes de fondation sur la base d'un Livre de méditation à deux volets : le texte de ben Sira pour le peuple ordinaire, le règlement de la future communauté (le rouleau de la Règle) pour les plus ardents. Et s'il était demandé à ces derniers de s'organiser en groupes... (cf mon article Agoravox du 26/08/2020, les Esséniens sont parmi nous, le diable se mord la queue et la ministre rit)
Autre exemple de livre de prédication à deux volets : le livre de Jacques cité par Origène composé du protévangile et de l'épître de Jacques, l'évangile de Mathieu accompagné de l'épître aux Hébreux...
Ce texte est un extrait de mon article publié sur Agoravox, le 9 août 2013.......J'espérais alors que les philosophes allaient enfin assumer leur responsabilité et tenir la promesse faite jadis par Luc Ferry et André Comte-Sponvile dans leur ouvrage "La sagesse des Modernes" : un, quitter l'enfance de l'humanité, deux, éclairer le chemin ; c'était clair et évident. Le temps était venu pour la société humaine de prendre conscience que rien ne descendait du ciel et que tout pouvait s'expliquer historiquement.
Mais que font donc les philosophes ? Luc Ferry s'est engagé dans un dialogue laborieux pour essayer de sauver du christianisme ce qui peut être sauvé. Il ne sait que penser de mes écrits tandis qu'André Comte-Sponvile estime qu'il n'est pas compétent pour en juger. Quant à Michel Onfray, il n'a pas le temps de lire les livres que je lui ai envoyés.
Il est difficile de se faire entendre quand on ne fait pas partie de la communauté dite scientifique... Après le refus par les maisons d'édition de mon manuscrit "Le Prophète au visage voilé" - sous prétexte que d'autres biographies ont été déjà publiées - il ne me reste qu'Agoravox pour continuer à prêcher dans le désert.
90 ans, lettre d'outre-tombe, 28/04/2023.