vendredi 30 août 2013 - par Coeur de la Beauce

Pourquoi a-t-on saboté l’enseignement secondaire ? De l’intérêt du collège unique...

Tout cela a commencé avec la réforme Haby il y a quelques décennies déjà... et s'est achevé avec le "nouveau collège" du ministre Bayrou dans les années 90. "On" a bâti un moule bien pratique pour le système comme je vais tenter de vous le démontrer (et que vous compléterez de vos commentaires).

Autrefois, après les lois Ferry sur l'obligation scolaire et jusqu'à la Vème république l'enseignement secondaire avait un double rôle : former des citoyens d'une part et de futurs travailleurs d'autre part. La sélection était omniprésente, de l'entrée en 6ème à la sortie du collège, non par sadisme mais pour permettre à chacun de s'orienter vers la voie qui lui convenait. Car l'espèce humaine est ainsi faite, les enfants dès la maternelle montrent leurs possibilités et leurs limites. Nous sommes concrets ou abstraits, en théorie... les "concrets" privilégient l'action et les activités manuelles, les "abstraits" la réflexion et les activités intellectuelles. Ceux (les meilleurs) qui synthétisent les deux tendances deviennent ingénieur, médecin ou architecte. L'école se doit de repérer tôt les capacités de ses têtes blondes... mais comme toujours les faux philanthropes cyniques sont passés par là pour remettre en cause la nature, mais comme nous allons le voir cela était calculé...

Pour simplifier si comme moi vous êtes nés au début des années 70 vous êtes entrés en 6ème puis avaient subi deux barrages sélectifs avant d'atteindre le lycée général (la fin de la classe de 5ème et celle de 3ème). Au lycée, rebelotte : orientation en fin de seconde puis direction le bacho... or tout a changé.

Depuis la réforme Bayrou le collège est vraiment "unique" : on en prend pour quatre ans ferme quand on y entre, pas d'orientation avant la 3ème... et tant pis si le gamin galère à l'école depuis la maternelle et souhaite au fond de lui-même aller voir autre chose... il doit malgré tout se faire formater (je ne choisis pas ce verbe par hasard). Les conséquences vous les connaissez tous : chahut, incivilités, profs malmenés etc. mais peut-on reprocher à un gosse de 15 ans en phobie scolaire de mettre le boxon quand on l'oblige à suivre des cours dont il n'a rien à faire ?

Et nous en arrivons au fond du problème, une question d'argent comme toujours. Orienter en fin de 5ème et payer une formation professionnelle au gamin en question cela coûte plus cher que deux ans supplémentaires au collège où il finira pré-délinquant. En lycée pro, avant Bayrou, il fallait financer le matériel et les machines des "4ème techno" destinés aux métiers manuels. Des tartuffes vous diront que ces filières étaient des fabriques à chômeurs... quels hypocrites ! Autour de nous tous les lauréats d'un CAP ou d'un BEP trouvaient du boulot sans problème... souvenez-vous de cet ex-pote de collège qui du haut de son CAP de chauffagiste vous narguait le vendredi soir quand vous étiez étudiant, lui avait de "l'oseille" pas vous ; il travaillait à 20 ans quand vous vous inquiètiez pour votre avenir à la fac. Les métiers manuels seraient en crise ? Fadaises, ce sont ceux qui manquent de main d'oeuvre. Après tout est une question de revalorisation de ces métiers et d'attractivité...

Mais revenons à la réforme Bayrou qui a achevé le collège de la république. Le mauvais esprit que je suis estime qu'elle fut bien cogitée. Economique : l'école garde les "mauvais élèves"le plus longtemps possible... et tant pis si autant de mômes finissent désocialisés à 17 ans, pensez-vous que cela chagrine les princes qui nous dominent du haut de leurs quartiers protégés de la petite délinquance ? D'ailleurs tous les Philippe Meyrieu et autres charlatans qui ont cautionné intellectuellement cette réforme ne résident pas dans les ZEP... 

Et puis ami internaute il faut bien réalisé une chose : le collège où les caids font la loi devient une excellente école de futurs consommateurs bien cons : on respecte le voyou, on s'habille et on parle comme lui, on se pense plus et on se conformise... tout le contraire d'un univers de formation de citoyens libres. C'est que le système libéral n'aime pas les rebelles. Un rebelle réfléchit et se cultive au lieu de consommer, d'acheter des fringues moches et de manger de la matière fécale vendue dans les grandes surfaces, seuls magasins en actvités dans les cités HLM. Il faut bien quatre ans (merci M.Bayrou) pour formater un soumis au système qui apprendra à la boucler. Celui qui apprendra ses leçons, prendra la parole en classe, respectera ses profs sera puni par les caids qui le corrigeront pour son intelligence et son impertinence : seul un "bouffon" pourrait préferer Mozart au rappeur Booba...

J'extrapole ? Que quelqu'un nous explique en quoi le fait de fabriquer des voyous et des consommateurs bovins est "démocratique" (sauf si on considère que la démocratie est indissociable du capitalisme) ? Il n'y a jamais eu de sélection dans notre système scolaire, mais des orientations pour permettre à chacun de se trouver une voie et laisser les élèves "abstraits" décris plus haut progresser en paix. Un collège n'est ni une garderie ni un hôpital psychiatrique, encore moins une prison diurne... c'est un lieu de transmission de savoirs pour devenir libre dans sa tête. Cela tout le monde l'a oublié.

Pour conclure vous remarquerez que la réforme Bayrou est entrée en vigueur en même temps que le passage à l'euro et la suppression des frontières : vive le libéralisme ! Devenons compétitifs, consommons et respectons les caids des banques et de la finance : vos enfants auront quatre ans pour comprendre cela au collège...



8 réactions


  • jef88 jef88 30 août 2013 11:31

    de l’entrée en 6ème à la sortie du collège, non par sadisme mais pour permettre à chacun de s’orienter vers la voie qui lui convenait.

    Cela c’est la théorie !
    pour ceux qui comme moi sont nés dans les années 40 il n’y avait pas vraiment de choix !
    un fils d’ouvrier devenait ........ ouvrier !
    un fil de cadre devenait cadre etc.....
    j’ai eu de la chance : le directeur de l’école a « ordonné » à mes parents de me laisser aller en 6ème....
    il a d’ailleurs poussé également quelques copains !
    sinon pour nous la voie royale c’était le CAP, puis vers 25 ans se mettre à son compte........


    • ottomatic 31 août 2013 11:35

      Détrompez vous jef88, la situation est encore pire que celle des années 40 ! Les statistiques sont encore pire actuellement.

      Il y a 2 axe qui ont menés a la situation actuelle :
      - l’égalitarisme de gauche :
      Nos amis de la gauche socialiste n’ont eu de cesse de faire des modification dans l’enseignement pour casser « le fils d’agriculteur fera comme son père » : changer souvent les méthodes de manière à ce que les parents ne puissent plus aider leur gamin à faire leur devoir (regardez comment on apprends la division à l’école primaire de nos jour, même avec un BAC+5 vous ne comprendrez pas la méthode utilisé !!! Maintenant y a même plus de devoir d’ailleurs) dans l’idée de ne pas favoriser ceux dont les parents sont cultivés.

      - la volonté de privatiser l’éducation : directive de l’OCDE des années 80 ou 90 ou il est marqué noir sur blanc que dans le but de privatiser l’éducation au non du sacrosaint libéralisme, il faudra d’abord montrer l’inefficacité du modèle publique en mettant en place une dégradation lente mais continue des programmes scolaires et des exigences qui vont avec.

      Le résultat de tout ceci est l’horreur actuelle : hausse carabiné de l’illettrisme, 15 à 20 % des bacheliers qui ne maitrisent même pas la lecture, inculture franche et crasse... 1/3 des gosses de 6ième ne savent pas lire (statistique faites par une amie prof sur plus de 120 élèves d’un collège de province pourtant bien connu pour obtenir de bon résultats il y a plus de 10 ans déja), un niveau catastrophique qui s’en ressens dans le cursus universitaire (la licence correspond quasiment au niveau du BAC d’il y a 20 ans...)
      Et cerise sur le gâteaux, c’est qu’aux final, ce qui fait la différence entre les gosses maintenant, c’est la capacité des parents à payer des acadomia et autres organismes de soutient scolaire.
      Une fois encore nous suivons le modèle américain... et ça continue avec l’éducation supérieur qui est en train d’être pulvérisé par le PS (pour ça qu’on vous balance l’histoire du voile à l’université, ca permet de cacher les reste) pour devenir un modèle où seul les très très riches pourront faire des études supérieurs.

      Au final c’est un certain retour au moyen âge :
      - les pauvres doivent juste maitriser le minimum pour être capable de lire le prix sur une étiquette et dépourvu d’esprit critique...
      - les riches ont un accès privilégié à la connaissance et donc au pouvoir

  • tf1Goupie 30 août 2013 13:26

    Vous cherchez les mauvais coupables : ce sont les syndicats enseignants qui se battent pour maintenir le collège unique.

    Le BAC pour tous qu’ils disent ces cons ideolatres.

    Maintenant vous qui êtes dans la maison allez les convaincre de leur connerie au lieu d’accuser le liberalisme, ou Bayrou ou je ne sais quel ministre.


    • Coeur de la Beauce Fabien Bonaparte 30 août 2013 21:52

      Je leur en parle depuis longtemps ; mais je vous recommande d’aller vous aussi leur en toucher un mot... au fait, Bayrou n’a jamais été syndicaliste. Quant au libéralisme il est en effet la raison d’être du « collège unique ».


    • tf1Goupie 31 août 2013 10:53

      « Quant au libéralisme il est en effet la raison d’être du « collège unique ». »

      Belle déclaration idéologique fondée sur rien.

      Alors les pays comme l’Allemagne qui n’ont pas le collège unique ne sont pas libéraux ? Ils sont quoi ?
      Et les syndicats sont donc les défenseurs du libéralisme ?
      N’importe quoi ! Mais c’est tellement tentant de faire appel à de théories politico-scientistes qui donnent des réponses simples.

      Je ne comprends pas votre remarque sur Bayrou : je n’ai pas dit qu’il était syndicaliste


    • Coeur de la Beauce Fabien Bonaparte 31 août 2013 11:25

      Je parle de fabriques de consommateurs donc de bons libéraux au sens où ils dépenseront avant de réfléchir et de se cultiver... Pour ce qui est de Bayrou c’est lui qui a « réformé » le collège à la fin des années 90, il est donc responsable de ce qui a suivi...

      Maintenant je vous avouerai que le vrai libéralisme aurait de bons côtés dans le domaine scolaire, d’abord pour les profs dont le statut de fonctionnaire est un carcan... libéralisme= liberté de recruter pour les proviseurs et surtout liberté de postuler pour les profs... mais cette logique que vous défendez sûrement est irréaliste : Qui irez enseigner dans les pires coins de banlieue ? De plus les chefs d’établissement accepteraient-ils de devenir des DRH ? Peu probable...

    • tf1Goupie 31 août 2013 15:48

      D’abord le collège unique date de 1975 donc rien à voir avec Bayrou et le liberalisme qui n’était pas encore en vogue à l’époque.

      Mais aucun ministre n’ira provoquer de front les syndicats et ceux-ci luttent pour préserver le collège unique (sont-ils libéraux ?).

      Quant à votre lubie du liberalisme, très ancrée chez nombre d’enseignants qui se plaisent à voir en permanence une main « occulte » s’abbattant sur l’école, elle est dénuée de toute réalité palpable. D’ailleurs vous ne répondez pas sur le contre-exemple allemand.

      Où voyez-vous dans le collège unique cette soi-disant fabrique de « bons consommateurs » ? aujourd’hui le collège unique fabrique surtout l’échec et donc de la délinquance.

      Bref ce besoin viscéral de voir des objectifs politiques partout c’est une des gangrènes qui polluent la réflexion sur l’avenir de l’école. La réalité est beaucoup plus complexe que ça.
      Faites un effort : sortez de ces de ces réflexes pavloviens qui pourrissent le monde enseignant.


  • soi même 31 août 2013 11:01

    Il y a un film qui anticipe bien la question Metropolis de Friz lang.
    Un peuple cultiver est un peuple qui est va de l’avant ,un peuple lobotomisé est un peuple de serf, c’est dans la logique des préférence du choix économique de ce moment d’avoir des gens qui ne vont pas au delà de ce que l’on attend d’eux. savoir lire et écouter les ordres sans remettre en causse l’ordre établie. c’est la hantise de ce qui nous gouvernent, de garder la main coute te coute.
     


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