mardi 9 novembre 2010 - par Paul Villach

Pourquoi les syndicats battent-ils en retraite sur les retraites ?

Le spectacle offert par les directions syndicales après deux mois de manifestations puissantes et répétées  contre la contre-réforme des retraites, est déconcertant. Comment abandonner au beau milieu d’un combat qui a obtenu selon des sondages le soutien des deux tiers de la population française, sous prétexte que la loi de contre-réforme des retraites a été adoptée par le Parlement ?

Un crédit retrouvé dilapidé ?
 
Le crédit que les syndicats ont partiellement retrouvé au cours de ce mouvement, n’est-il pas déjà dilapidé quand on entend le leader de la CFDT estimer qu’il faut maintenant passer à autre chose et demander au patronat, comme il l’a fait au cours de l’émission « Mots croisés » sur France 2, le 25 octobre dernier, d’ouvrir une « négociation sur l’emploi des jeunes et des seniors ». La patronne du Médef qu’il avait en face de lui, a, on pense bien, tout de suite saisi la perche, trop contente de voir enfin se diviser un mouvement contre la loi sur les retraites qui commençait à inquiéter par son ampleur et sa détermination ?
 
À quelle logique un responsable syndical obéit-il quand il propose d’entamer un nouveau combat sans même avoir mené celui en cours à son terme ? Ne court-il pas le risque de ne plus être pris au sérieux d’abord par ceux qui se sont mobilisés vainement et par un patronat qui n’aime rien tant qu’un syndicat battu pour discuter ? Se lance-t-on dans un mouvement qui a mobilisé tant de monde sur une telle durée, sans se donner pour but le retrait de la contre-réforme dénoncée ou au moins l’ouverture de négociations qui n’ont jamais eu lieu ? Sinon à quoi bon, sauf à montrer qu’on n’a fait que semblant et poursuivi d’autres objectifs ? 
 
Le secrétaire général de la CFDT ne souffrait-il pas déjà de discrédit après son ralliement à la réforme des retraites de 2003, seul contre les autres syndicats ? On se souvient qu’il en était venu, mardi 20 novembre 2007 vers 16 h 30, à devoir quitter la manifestation en courant sous la protection de ses gardes du corps, hué par un groupe de manifestants aux cris de « Chérèque avec les patrons ! », « Sarkozy-Chérèque même combat ! », « Chérèque, pas de couteau dans le dos ! », « Chérèque au gouvernement ! ». Ils ne lui pardonnaient pas d’avoir déjà à l’époque appelé les cheminots à mettre fin à leur grève contre la réforme des régimes spéciaux (1).
 
Manifestations syndicales et Carnaval
 
On en viendrait à se demander si le rôle d’un syndicat, selon la CFDT, ne se limite plus qu’à être le Gentil Organisateur spécialisé de séances rituelles périodiques de décompression sociale, comme il y en a eu dans l’Histoire, avec des manifestations festives où l’on se promène grimé et hilare en cortège, brandissant ballons, banderoles, et pancartes : on s’époumone, on bat le tambour et le pavé, on souffle dans la trompette, on brocarde le pouvoir avec un humour corrosif, avant de reprendre sagement comme avant le travail, le coeur purgé pour un temps de sa révolte et de ses rancoeurs.
 
C’était le rôle joué par les Saturnales à Rome à la mi-décembre, au solstice d’hiver, où les esclaves commandaient à leurs maîtres qui les servaient à table. Le Carnaval médiéval avait une fonction comparable de purge psycho-sociale : pendant quelques jours, était permis ce qui était interdit le reste de l’année, comme brocarder les maîtres devant lesquels on s’agenouillait. N’est-ce pas à quoi risquent de se réduire ces deux mois de manifestations répétées auxquelles les directions syndicales mettent un terme en n’ayant obtenu ni retrait de la contre-réforme des retraites ni ouverture de négociations ? 
 
La leçon de Mai 1968 ?
 
On suppose que ces directions syndicales sont conscientes de ce danger qui ne peut être couru que pour en éviter un plus grand. Est-ce une leçon de l’Histoire de mai 1968 qui les met en garde ? On sait qu’après les grèves qui ont bloqué le pays plusieurs semaines, sous la pression de leur base qu’ils ne contrôlaient pas, les élections législatives décidées par le Général de Gaulle, alors président de la République, par une dissolution de l’Assemblée nationale, ont été celles de la peur en envoyant à la fin juin siéger une « majorité introuvable » de Droite. Est-ce donc pour éviter une répétition de l’expérience avec des ingrédients comparables que les directions syndicales cherchent à mettre fin au mouvement, soucieuses de ne pas compromettre les chances d’une nouvelle majorité en 2012 qui ouvrirait les négociations refusées jusqu’ici ?
 
C’est un pari qui peut être tenté, mais il est risqué. C’est en tout cas la seule raison convaincante qu’on souhaite retenir pour expliquer un désengagement déconcertant que, dans l’attente, les directions syndicales risquent de payer d’un discrédit accru. Paul Villach 
 
(1) Paul Villach, « Chérèque fuit en courant une manifestation syndicale : image symbolique du conflit ?  » AgoraVox, 21 novembre 2007.


24 réactions


  • docdory docdory 9 novembre 2010 11:54

    Cher Paul Villach

    Ne croyez-vous pas que tout simplement, la base ne pouvait plus suivre faute d’argent ?
    La plupart des salariés ont des quantités de crédits à rembourser et finissent leurs mois dans le rouge sur le compte en banque.
    Pour eux, au delà d’une semaine de grève, ils doivent renoncer aux cadeaux de Noël pour les enfants, aux prochaines vacances, aux lunettes du petit qui doivent être changées, au traitement orthodontique de la grande, etc ...
    Je pense que tout simplement, les syndicats ont « pris le pouls » de leur base , et se sont rendus compte que celle-ci ne pouvait plus, financièrement, continuer cette grève . L’argent est le nerf de la guerre, et de la grève également !

    • sisyphe sisyphe 9 novembre 2010 12:30

      Entièrement d’accord avec ce commentaire de docdory. 


      Bien joli de fustiger les syndicats du haut de son olympe, quand on se permet d’ignorer ce que coûte une grève, à ceux qui la pratiquent...

      Le nombre de syndiqués est, en France, le plus bas d’Europe (8% dans la fonction publique, 5% dans le privé) ; et ce n’est pas « l’assentiment » d’une majorité de Français à ce mouvement, qui lui aura permis d’empêcher le vote de cette loi scélérate par un parlement aux ordres du Medef et des représentants des puissances financières au pouvoir. 

      Le seul responsable de cette fin (provisoire) du mouvement est le gouvernement et ses députés godillots aux ordres ; c’est plutôt de ce côté là qu’il aurait fallu apporter un éclairage. 

      Mais les Français n’en sont pas dupes, et cette pseudo victoire à la Pyrrhus ne manquera pas de rebondissements. Si ce n’est dans les urnes, ce sera dans la rue, et d’une façon beaucoup moins contrôlée que par les syndicats. 

    • Paul Villach Paul Villach 9 novembre 2010 12:50

      @ Cher Docdory

      Je crois que vous avez raison aussi. Mais alors pourquoi avoir lancé une action aussi déterminée pour l’abandonner en rase campagne ? À quoi sert l’Histoire des grèves passées ? Paul Villach


    • docdory docdory 9 novembre 2010 13:58

      @ Paul Villach


      Je me demande si les grèves ne sont pas soumises à la théorie des jeux. En principe , un jeu est avantageux si l’espérance mathématique des gains est supérieure à l’espérance mathématique des pertes ( l’espérance mathématique étant le produit du gain prévu par la règle du jeu par sa probabilité de survenue ) .
      En fait, le cerveau humain ne suit pas la froide logique mathématique de la théorie des jeux, c’est ce qui explique le succès de jeux par définition désavantageux tels que le loto ou les machines à sous au casino. L’espérance mathématique de gagner au loto est très largement inférieure à celle de perdre, mais il y a une composante qui échappe à la logique, c’est l’espoir : l’idée de faire un gain énorme qui dispense de travailler pour le restant de ses jours est tellement alléchante qu’elle oblitère la froide logique de la rationalité qui nous dit que c’est la Française des jeux qui ramasse en réalité le jackpot .
      Pour ce qui est des grèves actuelles, il était clair dès le départ qu’il n’y avait qu’une chance infime pour que le gouvernement cède : l’espérance mathématique des pertes était égale à celle du nombre de jours de grève multiplié par le salaire quotidien , multiplié par le nombre de grévistes, alors que l’espérance mathématique des gains ( maintien de la retraite à soixante ans multipliée par la probabilité que le gouvernement cède ) était quasi-nulle .
      Le moteur psychologique de la grève , dans ce cas de figure, n’était pas tant l’espoir que la colère. Mais celle-ci a un prix , qui a été payé par les grévistes tant que ça leur a été possible .

    • docdory docdory 9 novembre 2010 14:02

      Pour ce qui est des fins de mois difficiles des salariés, elles sont devenues telles depuis deux ou trois ans que la fréquentation des cabinets médicaux par les salariés diminue dramatiquement à partir du 20 du mois, alors qu’elle reste constante pour les riches pour lesquels ces dépenses sont minimes, et pour les allocataires de la CMU et le l’AME, lesquels sont dispensés d’avance des frais médicaux.


    • Paul Villach Paul Villach 9 novembre 2010 14:17

      @ Cher Docdory,

      Votre analyse à la lumière de la théorie des jeux est intéressante.

      Mais j’en reviens à l’Histoire : il est établi que la grève est une arme à double tranchant. Son coût frappe autant le gréviste lui-même sinon plus que le patron visé. 

      Est-ce que les grévinettes de 24 heures ont fini par faire oublier cette évidence ? On ne se lance pas dans une grève dure si l’enjeu ne vaut pas la chandelle.

      J’entends vos arguments sur la gène qui frappe nombre de salariés, mais l’Histoire montre des grèves menées par des salariés aussi démunis, sinon plus.

      Et puis, il n’y a pas que la grève classique. Il existe aussi la grève du zèle qui présente l’avantage de perturber le service en respectant scrupuleusement les règles de sécurité et les consignes ; elle présente l’avantage de ne pas exposer à une retenue de salaire. Paul Villach


    • docdory docdory 9 novembre 2010 14:48

      Effectivement, la grève du zèle est une arme sous-utilisée .

      Néanmoins , c’est une arme à double tranchant : en effet, le fait que le respect strict des procédures paralyse un service montre que de nombreuses réglementations sont présentes à titre décoratif, pour se donner bonne conscience ou servir un lobby , et sont mélangées à d’autre dont le suivi est vital pour des raisons de sécurité ou autres.
      Dans le domaine qui est le mien, il existe des réglementations décoratives comme l’accessibilité aux handicapés des cabinets médicaux . Certes , c’est une intention louable, mais le fait est que cette réglementation n’a jamais pu être appliquée : le gouvernement s’est rendu compte que son application stricte contraindrait à la fermeture immédiate de 90 % des cabinets médicaux en ville !
      Une grève du zèle entraînant une paralysie de certains services publics entraînerait à coup sûr le vote de « déréglementations », dont l’expérience montre qu’elles se font rarement dans l’intérêt des salariés ...

    • lagabe 9 novembre 2010 15:07

      finalement vive la droite car les jours de grève ne sont plus payés enfin :)


    • Paul Villach Paul Villach 9 novembre 2010 15:56

      @ Cher Docdory

      J’ai expérimenté la grève du zèle et l’ai même organisée lorsque, entre 1979 et 1985, j’enseignais au Lycée Descartes d’Alger, appartenant au réseau de l’Office universitaire et Culturel Français pour l’Algérie et relevant du Ministère des Affaires étrangères français.

      Le lycée pourtant rermarquable avec villa mauresque et pavillons divers, sis dans un splendide parc plantés de pins, de magnolias et de bambous, au-dessus de l’aile gauche du théâtre qu’offre la baie d’Alger quand on arrive par bateau, était mal entretenu par l’administration française : fils électriques dénudés, plafonds écaillés incertains, fenêtres descellées, tables et chaises bancales, etc. Au surplus, le droit n’était pas ce qui préoccupait cette administration.

      Les lieux avaient été, je crois, le siège du Gouvernement provisoire du Général de Gaulle à Alger.

      Nous observions rigoureusement les règles de sécurité et les consignes :
      1- on n’entrait pas dans une classe où la sécurité de l’élève était menacée : après relevés des risques, on s’en allait donc en procession avec sa classe en faire la déclaration auprès de l’intendante.
      2- On vérifiait ensuite minutieusement l’identité de chaque élève, des fois qu’un intrus se serait introduit.
      3- On remplissait alors consciencieusement le cahier de texte avec des pleins et des déliés avant de commencer le cours. Il ne restait plus ensuite beaucoup de temps sur une heure pour faire ce cours.
      4- Le clou du spectacle était l’interclasse : une circulaire ancienne obligeait chaque professeur qui restait responsable de ses élèves (article 1384 du Code Civil) à ne les quitter qu’une fois confiés au professeur suivant.
       imaginez le cirque pour peu qu’un professeur parte conduire ses propres élèves dans une autre classe, d’où le professeur est lui-même parti pour en faire autant. On attendait longtemps devant une classe !

      La grève du zèle était en plus une école d’humour ! Je l’ai raconté dans un livre : « Un blâme académique flatteur ». Paul Villach


  • ZEN ZEN 9 novembre 2010 13:36

    Paul,
    Les syndicats n’ont pas lancé l’action
    Une actions syndicale de cette ampleur ne marche pas comme ça...
    Il ont pour partie accompagné un mouvement profond qui se préparait depuis longtemps et qui n’est pas retombé, loin de là. C’est d’ailleurs étonnant que le mouvement ne fut pas impopulaire comme à d’autres occasions, dans les milieux les plus concernés, malgré toutes les gênes provoquées..
    Si on fait le bilan de tous les travailleurs qui avaient de bonnes raisons d’être partants, mais qui ne pouvaient (se) manifester sans risquer de perdre leur travail (intérimaires, intermittents, stagiaires et précaires en tous genres, qui constituent un masse de plus en plus importante), le mouvement aurait pu prendre un autre cours...
    Le combat n’est pas terminé sur d’autres terrains...Il y a trop d’exaspérations.


    • Paul Villach Paul Villach 9 novembre 2010 14:20

      @ Zen

      Je suis d’accord avec vous sur la préexistence d’une profonde exaspération. Paul Villach


    • Mathilda 9 novembre 2010 20:31

      « Les syndicats n’ont pas lancé l’action
      Une actions syndicale de cette ampleur ne marche pas comme ça...
      Il ont pour partie accompagné un mouvement profond qui se préparait depuis longtemps ... »

      « Un mouvement profond qui se préparait depuis longtemps ».
      Pourquoi ce mouvement ne s’est-il pas déclaré avant alors ? Pourquoi ce mouvement a-t-il attendu si longtemps, pour exploser pile poil un mois après que la presse nationale a décidé à l’unanimité de dégommer Sarkozy ?
      Pourquoi le secteur public explose-t-il toujours de façon aussi massive lorsque c’est la droite qui est pouvoir, et se tait-il proportionnellement quand le PS est aux commandes ?

      Vous ne m’ôterez pas de l’idée que les Français attendent systématiquement que ce soit une autorité (médiatique, syndicale, politique) qui reconnaisse publiquement leur frustration, pour qu’ils daignent se regarder mutuellement les uns les autres et s’unissent entre eux...sous une banderole de puissant syndicat. 


  • zototo 9 novembre 2010 14:54

    Bon article !


    Si les syndicats avaient réellement voulue s’opposer à cette reforme, c’était pas bien difficile. Il suffisait d’aller manifester devant l’assemblé nationale et de mettre la pression...

    Cette réforme aurai disparue instantanément...

    Seulement c’est mal connaître « nos » dirigeants syndicaux qui appartienne au même loge « frére la truelle » que la classe dirigeante...

  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 9 novembre 2010 15:33

    . « C’est en tout cas la seule raison convaincante qu’on souhaite retenir pour expliquer un désengagement déconcertant que, dans l’attente, les directions syndicales risquent de payer d’un discrédit accru. »


    Il suffit de se dire que cette raison est suffisante et, sauf à vouloir une révolte du type mai 68 que vous savez impossible en situation de crise et de chômage de masse, la seule issue ne peut être que politique, à savoir électorale comme le PS et les autres formations dze gauche en ont fait la promesse et ce n’est certainement pas le rôle des syndicats de poursuivre le combat sur un plan politique dont ils ne sont pas directement responsables et qu’ils ne maîtrisent pas.
     
    La proposition de négociation de la CFDT n’est ni nouvelle, ni illogique : c’est le chômage de masse, particulièrement des jeunes et des seniors qui engage le problème de l’équilibre des régimes de retraites.C’est le rôle des syndicats de défendre les salariés et en particuliers des plus défavorisés face à l’emploi ; la question des retraites en découle et non l’inverse.


    • docdory docdory 9 novembre 2010 16:19

      @ Sylvain Reboul

      Seriez-vous naïf ? Croyez-vous un seul instant que la gauche ( Martine Aubry ou DSK ), une fois au pouvoir, remettra la retraite à 60 ans ??? 
      Elle fera ce que tout nouvel élu fait dans ce genre de circonstances, et fera ce genre de déclaration : « en raison de la gestion calamiteuse du précédent gouvernement ( au sujet de laquelle bien entendu nous allons faire un audit ) , il n’est pas possible pour l’instant, compte tenu de la dette laissée par nos prédécesseurs, de rétablir la retraite à 60 ans, il faut attendre pour cela une embellie économique que notre gestion , guidée par le seul souci de l’intérêt public, ne manquera pas de faire naïtre dans notre pays » . Exit la retraite à 60 ans ...
      On fait le pari ?

    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 9 novembre 2010 17:06

      Je prétends en effet qu’elle n’a pas intérêt à trahir cette promesse formelle, trahison qui serait pour elle un suicide politique, d’autant qu’il y a d’autres alternatives à sa disposition.


      Ce n’est pas être naïf que de raisonner en terme d’intérêt objectif, c’est être réaliste. Le rapport des forces sera tel qu’elle ne peut et ne pourra plus revenir en arrière et elle le sait. Même si Ségolène Royal lui a un peu forcé le bras, elle a consenti, au regard de ce rapport des forces, à maintenir la liberté de partir à la retraite à 60ans. Elle ne pouvait plus et ne peut plus se dérober, sauf à perdre tout crédit. Et le crédit en politique est essentiel surtout pour elle qui aura tant besoin des syndicats pour gouverner ; on l’a vu(e) à propos des 35 heures.

  • fifilafiloche fifilafiloche 9 novembre 2010 16:53

    Les syndicats sont impuissant face à une situation qu’ils ont eux même créé. La réalité comptable n’est pas infiniment soluble dans les égoismes corporatistes, il y a un moment où la réalité devient incontournable.


    On souhaiterait que nos syndicats aient compris, comme dans les démocraties d’Europe du Nord, que la solution aux déficits chroniques ne se trouve pas dans les bruits de casserole et la prise en otage des populations moins protégées, mais dans le pragmatisme et la recherche de l’intérêt de tous. Il n’est de l’intérêt de personne, si ce n’est quelques grandes fortunes à l’abri des cataclysmes, que les conditions de financement de notre dette se dégradent au point, humiliation suprème, de demander un rééchelonnement de son remboursement. Un déclassement brutal de notre crédibilité qui nous ferait passer de puissance économique moyenne à économie sous assistance.

    Les syndicats n’ont rien pu rogner sur l’os de la dépense publique parce que l’os est dépourvu de viande et de moelle, on ne peut que s’y casser les dents.

  • 1984 9 novembre 2010 18:19

    Voilà c’est fini.
    Ils sont descendus dans la rue et c’était beau !
    Ils se sont fait gazer, tabasser, ficher, juger et c’était révoltant !
    Les syndicats ont dit ; ” Les gars, faut reprendre le boulot !
    Alors ils l’ont repris. Et c’est désespérant !

    La police a-t-on dit, infiltre les manifs. Rien de nouveau sous les chemtrails.
    Mais la police fait mieux, elle organise les manifs !
    La meilleure des polices porte des brassards CGT, CFDT, FO, ETC
    Elle est peut-être bien payée pour ça.
    Elle leur fait faire un petit tour, leur fait croire au grand soir.
    Alors ils y croient, ils la veulent leur révolution !
    ils sacrifient leur fric pour un peu de liberté et c’est beau

    Les gars, faut reprendre le boulot ! ” leur dit un délégué, un “camarade”,
    les poches peut-être un peu plus pleines des caisses de l’IUMM.

    Et c’est désespéré(e)s qu’ils retournent en enfer.

    http://www.mediapart.fr/journal/france/280408/revelations-sur-la-caisse-noire-de-l-uimm

    http://fire-spirit.tumblr.com/


  • G.BORDES 9 novembre 2010 23:26

    Cher Paul,

    Pourquoi battre en retraite ? (au passage le jeu de mot était un peu téléphoné vous nous avez habitué à mieux). « À quelle logique un responsable syndical obéit-il quand il propose d’entamer un nouveau combat sans même avoir mené celui en cours à son terme ? »

    Toute la source du problème s’il en est un vient de la loi du 20 aout 2008.

    Je m’explique : Cette loi portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail a institué un critère d’audience pour déterminer la représentativité des syndicats, élément essentiel de leur action puisque c’est cette représentativité qui leur permet de désigner des délégués syndicaux en entreprise, au niveau branche ou au niveau national interprofessionnel. Jusqu’alors, la représentativité était attribuée par un arrêté ministériel et les syndicats ne jouaient pas « leur vie » durant les élections professionnelles qui ont lieu tous les quatre ans.

    Or depuis la loi de 2008, c’est le cas. Chaque jour, des élections ont lieu dans les entreprises et des syndicats jusqu’alors représentatifs perdent leur représentativité (principalement FO et CFTC). Or, si c’est fâcheux au niveau de l’entreprise, les conséquences vont être dramatiques au niveau branche ou national interprofessionnel puisque que le 22 aout 2012 (date d’entrée en vigueur de la loi plus quatre ans, c’est-à-dire délai au terme duquel toutes les entreprises auront connues des élections professionnelles et auront donc pu faire connaitre les résultats), les résultats des élections professionnelles en entreprises seront additionnés au niveaux des branches et au niveau national interprofessionnel. Et à ces deux niveaux, les syndicats qui ne dépasseront pas la barre des 8 % ne seront plus représentatifs et ne pourront donc plus mener de négociations. Or les premiers résultats dans les entreprises montrent que FO et la CFTC ont du souci à se faire. Pour ce qui est de la CGT et la CFDT, s’ils sont assurés de passer les 8%, leur objectif est de passer un autre palier, celui des 30% leur permettant de signer SEULS une convention ou accord collectif (un accord ou convention collectif étant valide s’il est signé par des syndicats représentant au moins 30% en voix et ne souffrant pas de l’opposition de syndicats représentant 50 %)

    La réforme des retraites a donc été une aubaine pour ces syndicats qui doivent faire leur « promotion », ils doivent plus que jamais montrer leur force et les actions qu’ils mènent pour préserver les droits des salariés (pour faire cours, jusqu’en aout 2012, ils sont un peu en campagne permanente). Et je crois sincèrement que s’il n’y avait pas eu le contexte de la loi de 2008, il y aurait certes des frictions, quelques manifestations, mais rien de comparable à ce que nous avons vécu.

    Alors, pourquoi s’arrêter en si bon chemin alors même que l’opinion publique est en leur faveur ?

    Tout simplement parce qu’à deux maux, ils choisissent le moindre (du moins c’est le cas de la CFDT). Les grèves et manifestations ont été une véritable démonstration de force leur redonnant du crédit (vous l’avez fort bien relevé vous-même dans votre article).

    Seulement, plus on avance, et moins la situation semble favorable pour les syndicats. Continuer le mouvement et s’exposer à un échec (ce qui semble être l’issue puisque le Conseil Constitutionnel a validé la conformité de la loi à la Constitution à l’exception de quelques dispositions sans rapport avec la réforme (c’est d’ailleurs la raison de la censure)) serait un terrible revers pour les syndicats. Battre en retraite maintenant, en est certes un aussi, mais un moindre : « rassemblons nos forces, d’autres combats nous attendent ».

    Les syndicats le comprennent  bien, ils sont en train de perdre la bataille, et Chérèque, en bon stratège tente de limiter les dégâts. En effet, en se retirant maintenant, il reste sur l’impressionnante démonstration de la puissance de rassemblement dont il a été l’un des meneurs. Les autres, qui veulent se battre jusqu’à la mort entrainent dans l’échec qui se profile les salariés qui les suivent confiants.

    Et dans ce contexte de campagne permanant pour les syndicats, la décision de Chérèque ne me parait pas dénuée d’une certaine logique voire d’une certaine sagesse.

    Cordialement,

    @ Sylvain Reboul

    Vous avez écrit : « Je prétends en effet qu’elle n’a pas intérêt à trahir cette promesse formelle, trahison qui serait pour elle un suicide politique »

    Je ne pense pas qu’elle ait plus intérêt à la tenir. On nous a répété que la raison de la nécessité de la réforme était que les actifs n’étaient pas assez nombreux pour payer les retraites du fait du Papy Boom (je schématise, pardonnez moi le raccourci mais il commence à se faire tard).

    Or le Papy Boom, on sait qu’il va arriver depuis le Baby Boom !!!

    C’est-à-dire que concrètement, on savait ce qui allait se passer dès les années 50. Et depuis la gauche, comme la droite n’ont rien fait. Il a fallu attendre les années 90 pour que la retraite commence à être réformée. Pourtant encore une fois, gauche comme droite ont été au pouvoir.

    Je ne pense donc que Martine Aubry tiendra sa promesse. Elle a juste joué son rôle d’opposition, rôle dans lequel excelle le parti socialiste par ailleurs.

    Cordialement,

    Grégory

    Ps : Permettez-moi d’abuser encore un peu de votre patience et d’ajouter que nous avons là entrevue seulement la partie émergée de l’iceberg. Car ces « Papy Boomer » ne vont pas se contenter de profiter de leur retraite jusqu’à vieillir assez et s’éteindre paisiblement. Malheureusement, nombre d’entre eux nécessiteront des soins l’âge avançant : hospitalisations, lunettes, consultation chez les diverses spécialistes, remboursement des médicaments devant être pris quotidiennement etc.

    La partie émergée, véritable bombe, c’est la future réforme sur l’assurance maladie. Car la différence majeure entre la retraite et l’assurance maladie, c’est que la retraite, c’est un évènement certain. Tandis que la maladie… Et même un évènement certain comme la retraite, nous n’avons pas été capable de réformer progressivement pour surmonter la difficulté, alors l’assurance maladie, événement des plus incertains… Voila de quoi nous rassurer, les syndicats feront bientôt redescendre les français dans la rue, très bientôt n’en doutons pas. 




    • Paul Villach Paul Villach 10 novembre 2010 10:51

      @ Cher Grégory

      Merci de votre contribution intéressante. Je partage volontiers votre analyse des répercussions de la loi sur la représentativité syndicale. Je pensais à ces autres objectifs, quand je sous-entends dans l’article que les syndicats ont peut-être fait semblant.

      Il reste que ce n’est pas en accumulant les échecs qu’on attire du monde. Et Chérèque que vous qualifier de bon stratège, a à son palmarès, dans le droit fil de l’héritage de son père, un lourd passif.
      Mais, c’est vrai, on a les syndicats que la majorité tolère... Paul Villach


  • apopi apopi 10 novembre 2010 08:20

     Les syndicats sont la soupape de sécurité de l’ UMPS, on fait promener quelques fonctionnaires en faisant beaucoup de bruit, rajoutez y des écoliers pour faire bonne mesure et le tour est joué. Nous venons encore d’en avoir une preuve éclatante. Ou étaient les travailleurs du privé durant les manifestations de ces derniers jours ? En train de bosser, comme d’habitude, pourtant ce sont eux les plus durement touchés par cette réforme inique, mais dans le privé, et plus que jamais, aucune sécurité de l’emploi alors les gréves on les regarde à la télé le soir.

     N’oublions pas non plus qu’en mai 68 ce sont les mêmes syndicats qui ont sifflé la fin de la récréation avant que la situation ne devienne incontrôlable.

     A mon humble avis si la situation doit changer un jour dans notre beau pays, gare à « l’avalanche » style 1789 et là personne ne contrôlera plus rien.


  • kéké02360 10 novembre 2010 10:14

    Plus rien à attendre des syndicats depuis longtemps , ils n’ont aucune légitimité vu les voix qu’ils obtiennent en comparaison du nombre d’actifs, mais bon tout çà est << sans intérêt >> maintenant !!! ... qu’ils continuent à gérer leurs actions smiley

    La CFDT a toujours négocié la longueur de la corde pour nous pendre ....

    En fait SHREK est un jaune, il peut donc retourner dans son marais.

    C’est pas étonnant qu’au MEDEF il le surnomme NotaBénêt  :->


  • Traroth Traroth 10 novembre 2010 10:39

    Les dégâts de la « fluidification »...


  • Superyoyo 10 novembre 2010 11:21

    Continuer pour quoi faire ?
    Ce gouvernement ne cèdera pas.
    Dans une bagarre, il en faut toujours un plus intelligent que l’autre pour que ça s’arrête.
    Le plus important est fait : le message est passé comme quoi cette réforme est
    - injuste
    - inneficace
    - passée sans concertation
    On en reparlera quand tout ça sera avéré


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