vendredi 1er mars 2019 - par Hamed

Présidentielle 2019, marches et pouvoir. Pourquoi l’Algérie dépassera la crise et en sortira plus forte ? Un modèle pour le monde arabe ?

Deuxième partie

 

 Ce qui se passe aujourd’hui, en Algérie, est absolument magnifique. C’est vrai que tout le monde a peur, à commencer par le pouvoir. Et c’est tout à fait normal que le pouvoir politique ne comprend pas. Tellement il a été habitué à l’inertie de l’histoire du peuple algérien qui, au départ, a tellement investi dans les slogans islamistes du Front islamique du Salut, à la fin des années 1980 et début des années 1990, puis se trouvent pris entre deux feux durant la décennie noire qui a suivi l’interruption du processus électoral en janvier 1992. Et, pour avoir voté FIS, il s’est trouvé « châtié » par ce même FIS qu’il a élevé au-dessus du pouvoir en lui donnant son suffrage, en votant pour lui. Il a payé chèrement le prix. Ensuite, durant la guerre civile, il a cherché la protection du pouvoir, la protection des forces armées algériennes issues de l’ANP dont le sigle ne trompe pas. Une ANP ou Armée nationale populaire. Une armée qui depuis la guerre de libération de 1954 à 1962 et que l’on dit digne héritière de l’Armée Nationale de Libération (ALN) ne peut être que nationale et populaire.

 

Donc, on ne peut croire que, durant ces jours de crises, qui sont politiques, et économiques, sociales, générationnelles, et on ne peut croire que la gérontocratie algérienne qui préside à la destinée de l’Algérie est hostile à sa jeunesse, à ses enfants faudrait-il dire. Donc, au contraire, n’en déplaise à nos dirigeants du pouvoir qui voit cette jeunesse s’interposer entre le pouvoir et l’opposition et demander son dû légitime, cette jeunesse qui veut vivre son existence, qui ne veut pas mourir de ne rien faire, sans emploi, sans objectif dans sa vie, et se demande même pourquoi elle existe. Alors que tous ses horizons sont fermés. Elle n’a que du durant l’enfance, l’école primaire, l’adolescence l’enseignement moyen, et passer le baccalauréat ensuite à 17-18 ans, et pour ceux qui réussissent quatre à sept années d’études supérieures. Terminées leur études, cette jeunesse se trouve livrée à elle-même.

 

Les seuls créneaux qui marchent et dont le recrutement est très limité sont les emplois publics (ministères, collectivités locales, banques, armées, police, etc.) et les emplois privés tout aussi limités. Un ministre algérien parle de 500 000 de jeunes algériens qui viennent en tant que demandeurs d’emplois chaque année sur le marché du travail.

 

Et les diplômés qu’ils soient ingénieur, médecin, licencié, master et qui se comptent par milliers, ou centaines de milliers au chômage et ne s’en sortent que par la débrouille ou au petit bonheur la chance, est-ce normal ? Est-ce la faute à l’État algérien ? Est-ce la faute à quelqu’un ? Il est difficile de dire que c’est la faute à l’État, à Bouteflika, au système politique, à ceux qui ont volé et détourné des milliards, à l’époque d’Abdelhamid Brahimi, l’ancien Premier ministre du temps de Chadli, qui parlait de 26 milliards de dollars détournés par des personnalités de l’État ou du privé à l’étranger. Mais que faire comment moraliser le système ? Et la gabegie aujourd’hui, pratiquement la corruption à grande échelle, etc. Que faire ? Et l’État ne peut rien faire car la situation est très complexe, il n’y a pas de bague magique. Notre pays, l’Algérie, malgré de grandes avancées, reste encore un pays sous-développé. On le pare de ce sobriquet que lui donnent les Occidentaux « pays en voie de développement », mais où est la voie de développement si on ne construit que ce qui apparaît le plus facile comme les routes, les autoroutes, les ponts, certes c’est important , mais on ne voit nulle part des investissements, une politique de création d’emplois par des investissements économique porteurs.

 

Précisément, depuis les lois de la concorde et la réconciliation, promulguées par le président Abdelaziz Bouteflika, d’ailleurs commencé déjà par le président Liamine Zéroual par la loi sur la « Rahma  » (le Pardon), la situation n’a guère évolué sur le plan économique. Peut-on en vouloir à Bouteflika ou au système ? Ce n’est pas lui chercher des excuses, c’est tout simplement que nos décideurs que ce soit du gouvernement, du système financier jusqu’à la Banque centrale d’Algérie qui a la haute main sur toutes les opérations financières en national et en international, ou aux dirigeants du FLN et ses prolongements, « tout le monde navigue à vue, tout le monde n’ont regard que sur le prix du baril de pétrole.  » S’il baisse ou s’il remonte. Tout le système politique algérien est accro aux hydrocarbures. Comme s’il n’existe aucune possibilité de développement, étant le système anesthésié par le pétrole. Le pétrole est devenu une relique divine, comme si Dieu nous dit « il faut vous en tenir au pétrole, et faire vos lois de finance chaque années sur la base d’un prix de du baril de pétrole selon la conjoncture. »

 

Non, Dieu n’a pas dit de se remettre uniquement au prix du baril de pétrole et de faire des lois de finance annuelles répartissant les recettes fiscales issues du pétrole et fiscale ordinaires et dépensée entre les différents secteurs de l’État. Aucune prospection ne se voit et un système économique et financier léthargique et monotone qui se reproduit année après année. On construit des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux, on achète du matériel militaire, on dote nos forces armées, etc., mais toujours de la donne pétrolière. Et cela depuis 57 ans. Une situation qui doit changer et c’est là le problème. Où est la réflexion pour bondir, sortir de la prison où nous a mis le pétrole ? Le pétrole est une richesse que nous a octroyé le Bon Dieu pour que nous puissions survivre les jours difficiles, mais les autres jours de bonne croissance Il nous dit et nous devons L’entendre, je vous ai donné des corps, des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des cerveaux avec le pouvoir de penser, faîtes en sorte de trouver des solutions à votre pays, des solutions à votre jeunesse.

 

Il peut même dire, au peuple algérien, à son gouvernement, ceci : « Croyez-vous que vous êtes sortis de la guerre civile par vous-mêmes ? Par vos forces armées ? Par les contingents de l’ANP constitués d’une grande partie de la jeunesse algérienne qui a fait face aux hordes terroristes ? Dieu nous dira certainement que c’est moi qui a créé en vous l’unité dans vos rangs, entre le peuple qui a voté FIS mais qui l’a combattu ensuite avec son armée nationale et populaire. C’est Dieu qui a tenu en respect les velléités étrangères qui avaient voulu à l’époque briser le peuple algérien, qui a voulu éclater la nation algérienne comme elles ont tenté de le faire en Syrie et ailleurs.  »

 

Il est certain que Dieu est avec la cause juste, et il est avec le peuple algérien, et avec tous les peuples de la Terre. Nous sommes sa Création, et Dieu ne peut pas ne pas nous aimer. Mais il veut que nous nous développions et cela l’Algérie est en retard. Or, aujourd’hui, l’Algérie se trouve à un rendez-vous majeur avec son destin.

 

Et pour comprendre les forces en jeu qui se jouent en Algérie, d’abord le premier, mais ce premier est à l’échelle humaine, je laisserais le « premier absolu » ensuite pour la compréhension de la dynamique en cours en Algérie.

 

Tout d’abord la population algérienne, comment est-elle constituée ? Selon l’APS, « Sous l’hypothèse que le rythme de croissance de l’année 2017 se maintiendrait pour l’année 2018, l’ONS prévoit une population résidente totale de 43,4 millions au 1er janvier 2019.  » Au 1er janvier 2018, sa population était de 42,2 millions d’habitants (chiffres officiels APS)

 

Pour ce qui concerne les tranches d’âge. L’APS donne les informations suivantes. « Pour ce qui concerne les tranches d’âge de la population, il est constaté que les moins de 25 ans ont été de 18,76 millions d’individus, soit 45% de la population globale.  » (1)

 

Ce qui veut dire que 18,76 millions d’Algériens sont nés en 1994. Ce qui signifie qu’ils n’étaient pas nés avec le début de la guerre civile en 1992. De même, lit-on sur le document de l’APS « La population des moins de 30 ans a été de 22,48 millions, soit 54% de la population globale. » Ce qui signifie que cette population n’a commencé à naître qu’en 1990. Et même en 1984, par exemple, au début de la guerre civile, ceux nés en 1984 n’avaient que six à huit ans donc ne pouvaient pas bien comprendre les enjeux de la guerre civile.

 

Depuis 2000, la population algérienne a augmenté de 13 millions d’habitants. Donc 13 millions sont totalement étrangers des problèmes passés de l’Algérie. Pourquoi ces chiffres ? Simplement pour montrer le décalage de la perception du pouvoir sur les enjeux aujourd’hui. Il se trouve malgré lui à mener une politique à contre-courant des enjeux d’aujourd’hui puisque l’aveuglement est là, et il n’en est pas conscient, et « se trouve obligé d'aller contre son époque parce qu'il vit dans la virtualité d'une époque passée. »

 

Le deuxième problème, ce sont les réserves de change. En quatre ans, elles ont fondu de plus de la moitié qu’elles étaient en 2014. Moins de 80 milliards de dollars. « Et les réserves de change qui diminuent chaque année et dans trois années ou quatre, l’Algérie pourra-t-elle payer ses fonctionnaires, ses salariés ? Et la situation économique ? Reviendra-t-on aux bons pour le café, la semoule, l’huile, etc., et des dessous de table pour un bidon de 5 litres d’huile, ou un kilo de café.  »

 

C’est dire que tout a changé aujourd’hui. On n’est plus au boom du pétrole des années 2000 avec les guerres qu’a menées l’administration Bush contre l’Irak et l’Afghanistan. Et grâce aux déficits commerciaux et américains entre 4 et 7 % du PIB, le prix du baril de pétrole s’est envolé parce que la hausse du prix de pétrole permet de pondérer les émissions monétaires américaines pour financer leurs déficits et donc leurs dépenses de guerre. Et on ne doit pas perdre de vue que le pétrole vendu par les pays d’OPEP notamment arabes est facturé en dollar que seule la Banque centrale américaine peut émettre. Et elle émet des liquidités en dollars contre des richesses et donc finance ses importations non couvertes par les exportations. Aujourd’hui le déficit commercial et courant américain se situe autour de 2 %. Et les États-Unis remettent en cause les excédents commerciaux de la Chine. Donc d’autres freins à venir, et le prix du pétrole demeurera certainement dans la fourchette que l’on connaît aujourd’hui et pendant longtemps.

 

Donc le duo démographie explosive et réserves de change en berne ne laisse que peu d’issue pour le pouvoir pour trouver d’issue pour sortir de la crise économique rampante aujourd’hui. Et surtout l’absence d’investissements économiques porteurs. Surtout que l’on sait que les entreprises publiques sont pour la plupart déficitaires et donc à la charge de l’Etat. Quant aux entreprises productives privées, elles sont pour la plupart cantonnées dans des créneaux comme l’agroalimentaire, ou d’autres créneaux, dans l’industrie légère, à peine visible et bien sûr l’agriculture, la construction et le commerce qui absorbent plus ou moins de la main-d’œuvre. Mais il n’existe pas une réelle industrie florissante comme en Indonésie, en Malaisie, et pourtant tous ces pays ont été colonisés, et ont accédé à l’indépendance après la Seconde Guerre mondiale. Entre 1945 et le début des années 1960, la plupart des pays sont devenus indépendants.

 

Évidemment, le monde arabe est un peu particulier parce que dès le début il était divisé en deux tendances, les pays progressistes arabes alignés à l’Union soviétique et les pays monarchiques arabes alignés à l’Occident. Ces pays arabes ont fait les frais de la Guerre froide et des guerres avec l’État d’Israël, implanté en Palestine. Une situation qui jusqu’à aujourd’hui reste encore négative puisqu’ils se trouvent pris en otage entre les deux pôles de puissance, d’un côté l’Occident qui déstabilise le monde arabe pour le dominer et dominer ses richesses pétrolières de l’autre la Russie et la Chine aident les pays arabes qui lui sont fidèles. Et qui paient la facture ? Ce sont les peuples, et surtout leurs jeunesse comme on le voit aujourd’hui avec ceux qui prennent la mer pour rejoindre l’Europe au péril de leur vie, et ceux qui végètent parce qu’ils n’ont pas d’horizons.

Et évidements leurs gouvernements et la classe politique affairés dans la lutte pour le pouvoir oublient totalement qu’ils sont à la tête de leurs peuples. Les peuples tant ils sont absents sur la scène politique hormis quelques émeutes vites réprimées apparaissent comme des choses, des bouches à nourrir. Et c’est un peu ce qui s’est passé en Algérie. Comme on l’a écrit dans la première partie de cette analyse. « L’Editorial du journal ne peut être plus clair, avait-on dit à l’époque, quant à la situation de passivité qui prévaut sur le plan des préparatifs de la présidentielle à venir. Tout le monde s’interrogeait sur ce paradoxe qui au lieu de susciter une dynamique, un engouement sur les défis et enjeux qui attendent l’Algérie, en 2019, c’est plutôt une pause politique, une attente de quelque événement qui laisserait entrevoir les cartes susceptibles d’être jouables pour ceux qui aspirent à présider un jour l’Algérie.

Eh bien, il faut le dire, « l’attente est terminée, le suspense est levé. » Dimanche 10 février, juste après le show du FLN le vendredi, l’APS annonce : « M.Bouteflika prévoit dans son message d'initier « dès cette année », s’il est élu, une conférence nationale inclusive qui aurait pour objectif l’élaboration d’une « plateforme politique, économique et sociale », voire « proposer un enrichissement de la Constitution ». (2)

Et la réponse à laquelle le pouvoir ne s’est pas attendu, il ne l’a pas eu de l’opposition, mais du peuple, de cette jeunesse qui constitue le futur de l’Algérie. Non pas qu’elle n’aime pas son président Abdelaziz Bouteflika, elle n’a pas accepté qu’un homme gravement malade, ne parle pas, ne marche pas, paraissant très peu sur la scène publique, recevant rarement des personnalités étrangères, vivant dans un lieu médicalisé, soit utilisé parce que, n’arrivant pas à s’entendre, le pouvoir annonce la reconduction de Bouteflika pour un cinquième mandat. Et arrive les grandes manifestations populaires dans toutes les principales villes d’Algérie, le 22 février 2019. Le pouvoir n’arrive pas à croire, et des manifestations qui se sont tenues avec un mot d’ordre impérieux pour tous « pacifique  ». Et les manifestations ont continué durant toute la semaine et une autre est prévue aujourd’hui, le vendredi 1er mars 2019.

 

Que peut-on dire de ces manifestations ? Viennent-elles des réseaux sociaux, et donc d’Internet ? Oui, mais les réseaux sociaux, et internet, c’est le progrès ? Et qui crée le progrès ? C’est l’homme, cela est certain ? Mais le progrès est créé par la pensée de l’homme. Et l’homme n’est rien sans pensée. L’homme peut-il savoir d’où lui vient sa pensée ? L’homme sensé sait qu’il n’est rien sur terre, un être créé et une pensée qui lui a été donné par une Instance divine. Dès lors, s’il y a des appels anonymes « pour manifester », il faut d’abord se dire pourquoi dans les années 1980, il n’y avait pas d’Internet ni des réseaux sociaux, ni plus de 20 millions d’Algériens nés à partir de cette date. Cela signifie que 43 millions d’habitants pour un pays dépendant que des hydrocarbures vont de pair avec les progrès du monde, surtout avec les réseaux sociaux et Internet.

 

Le monde d’aujourd’hui n’est pas le monde d’hier. Le monde d'hier relève de l’histoire. Dès lors, ce n’est pas l’appel des réseaux sociaux qui sont à l’origine des manifestations mais Celui qui a rendu possible ces manifestations spontanés. En effet, si Celui qui a créé tout n’avait pas voulu de manifestations, combien même des appels anonymes auraient été émis, ils n’auraient eu aucun effet. Mais, rappelons-nous ce qui s’est passé en 1989, avec l'avènement du multipartisme. Il y a eu des heurts sanglants, lors des émeutes d’octobre 1988. C’était un véritable progrès pour l’Algérie, premier pays arabe à adopter la démocratie, malheureusement, le peuple algérien en a payé le prix. Et pourtant, il n’y avait pas de réseaux sociaux, ni d’Interner. Là encore, un progrès pour la nation algérienne. Et il faut encore dire que si le peuple avait peur, il ne se serait pas soulevé. Mais s’il s’est soulevé et a affronter les chars, c’est que Dieu était avec lui. Et grâce au sacrifice du peuple, la démocratie a été gagnée.

 

De même, en novembre 1954, une poignée d’hommes ont lancé une insurrection contre une des puissances mondiales et un des plus grands empires coloniaux. Et le peuple algérien s’est soulevé à la suite de cette poignée, et malgré les sacrifices de plus d’un million de morts s’est libéré du diktat colonial de la France.

 

Et c’est là, où il faut dire que le peuple algérien n’est pas seul dans son combat pour la liberté, la dignité et ses aspirations légitimes. Il a Dieu avec lui, Allah le tout puissant, maître de tout l’univers. Et cela dit sans aucune religiosité excessive ou bigoterie. Les êtres humains, qu’ils acceptent ou non, ne sont que des créatures qu’Allah a mis, a peuplé la Terre. C’est une vérité si simple. Qui peut dire quand il va mourir ? Par maladie, par mort violente, etc. ? Qui peut dire que je suis moi en totalité ? Que je me suis créé par mes propres mains ? Ces mains qui lui appartiennent certes mais lui ont été donnés, et construites progressivement ainsi que tout son corps dans le ventre de sa mère.

Donc, en revenant à ce qui se passe aujourd’hui ? Que va-t-il arriver au peuple algérien à travers ses manifestations ? Quelles seront les réactions du pouvoir ? Quelles seront les issues de crise ? Pour avoir une vision objective, énonçons « les 3 scénarios du chercheur et académicien américain Tahir Kilavuz qui estime, dans une tribune publiée dans le très sérieux Washington Post, que l’option du cinquième mandat en Algérie est moins dangereuse et moins coûteuse pour le pays que celle de la désignation d’un autre candidat qui diviserait durablement et dangereusement le système. »

 

Trois scénarios pour une sortie de crise

Enfin, l’auteur imagine trois scénarios pour une sortie à la crise : le premier est un nouveau candidat pour remplacer Bouteflika. « Comme ce serait une réponse directe aux demandes des manifestants, analyse-t-il, un nouveau candidat pourrait résoudre le problème. Cependant, il y a deux risques à prendre en considération. D’un côté, cela peut à nouveau entraîner des divisions internes au régime. D’autre part, il pourrait s’avérer plus difficile de convaincre les personnes d’un autre candidat. Sans compter que les masses populaires pourraient avoir la même réaction envers ce nouveau candidat. »

Le deuxième scénario est l’intervention de l’armée et une répression totale. Le chercheur explique : « Le régime peut avoir recours à la répression totale et aux arrestations (…) pour empêcher de nouvelles manifestations. Les manifestations étant à un stade précoce, il est possible d’y mettre fin avec des mesures énergiques. Toutefois, cela risque de transformer un mouvement de protestation aux revendications limitées en un vaste mouvement anti-régime. »

Dans la troisième hypothèse : le régime peut autoriser des manifestations contrôlées jusqu’à ce que les tensions s’apaisent. « D’une part, le régime pourrait faire preuve d’un certain durcissement en contrôlant Internet et en réprimant de manière limitée les manifestations, comme on l’a vu lors des manifestations de dimanche. D’autre part, cela pourrait faire des concessions limitées ou acheter des leaders potentiels des manifestations. »

Ce troisième scénario est similaire à la stratégie utilisée en 2011 contre les mouvements de protestation. Mais, pour l’auteur, il existe deux différences. « Premièrement, en 2011, Bouteflika est passé à la télévision nationale et a promis des réformes pour absorber les pressions. Aujourd’hui, on ne sait pas quelles réformes peuvent être promises face à une demande de remplacement de Bouteflika. Deuxièmement, le régime a épuisé ses ressources pour pouvoir augmenter les salaires, baisser le coût des importations de denrées alimentaires et subventionner certains produits de base afin de mettre fin rapidement aux manifestations à l’époque », conclut le chercheur.  » (3)

Tout d’abord, le chercheur raisonne froidement sur la situation sociopolitique de la nation algérienne, et à la lumière de la crise du cinquième mandat. Il ne prend pas en compte l’histoire du peuple algérien à travers ses sacrifices tout au long de son histoire, à travers son histoire de peuple libre qui n’a jamais été englobé dans une monarchie. Et pourtant les monarchies n’en manquent pas en Afrique du Nord. Au Maroc, en Égypte et en Lybie, elles ont existé mais pas en Algérie. Toute puissance entrée par la force est ressortie par la force. Donc c’est un peuple difficile et qui tient à sa dignité, et ce n’est pas pour rien que la France a lutté pendant sept ans et demi, avec un million de pieds noirs sur les 9,5 millions que comptaient l’Algérie de population, à cette époque, et a fini par sortir.

 

D’autre part, ce chercheur oublie que c’est grâce au peupla algérien que l’ANP a pu mettre en échec l’insurrection armée islamiste. Le peuple avait tranché au profit de son armée constitué dans sa grande partie par la jeunesse algérienne. Ce chercheur n’a pas pris en compte qu’en 1998, avec les crises asiatiques, russes et brésiliennes qui se sont succédé, le prix du baril de pétrole a atteint le fond, à moins de 10 dollars. Et c’est ce qui explique le départ de Liamine Zéroual et son remplacement par Abdelaziz Bouteflika, censé ramener de l’argent des pétromonarchies pour aider l’Algérie à sortir de crise. Et probablement les pétromonarchies auraient imposé des conditions, par exemple, la fin de la démocratie, et du multipartisme. Sinon pas d’argent pour l’Algérie, et la guerre civile aurait recommencé si le pétrole était resté très bas.

 

Mais Dieu, Allah le tout puissant était là, le prix du baril de pétrole était reparti à la hausse dès 1999 à 14 dollars, et en 2000 à 36 dollars, puis à 70, 80, 90, jusqu’à 147 dollars le baril à l’été 2008, au plus haut de la crise financière. Il est évident qu’un existe un ordre métaphysique du monde que nous ne comprenons pas, ou que si nous le comprenions qu’on regarde le hasard et la nécessité comme l’écrit le prix Nobel Jacques Monod, il y a un prédéterminisme à tout, ce qui en clair signifie la main de Dieu dans tout ce que fait l’homme.

 

Aussi revenons aux scénarios du chercheur et académicien américain. Le premier, il est très juste, c’est le remplacement de Bouteflika, le pouvoir ne peut aller contre les manifestations générales de tout le peuple algérien. Tout d’abord, il n’est pas fou d’aller à son suicide. Aller contre le peuple est allé à son propre suicide. Aujourd’hui, il n’y a pas de division au sein du peuple, ni régions ni partis. Tout le peuple est uni. Que peut faire le pouvoir face au peuple ? Rien ! Sinon à répondre aux aspirations des masses populaires.

Le deuxième scénario du chercheur américain. Lintervention de l’armée et une répression totale. Impossible. Le pouvoir peut le penser. Mais écraser les manifestations par un déluge de feu met l’État hors de tout. Il devient aliéné. Il ne peut massacrer le peuple d’autant plus qu’une grande partie des forces armées est constitué de la jeunesse algérienne. La situation en Égypte qui a vu les islamistes massacrés par les forces armées égyptiennes ne peut être comparée à ce qui se passe aujourd’hui en Algérie. La répression en Égypte rappelle la situation des années 1990 en Algérie lorsque l’État algérien était confronté au FIS.

Le troisième scénario comme le dit le chercheur américain est similaire à la stratégie utilisée en 2011 contre les mouvements de protestation. Comme pour l’auteur, avec la crise financière, le pouvoir n’a pas de ressources pour acheter la paix sociale.

Donc, pour résumer tout ce qui peut apparaître en puissance, et le scénario le plus plausible que le pouvoir va suivre est de voir venir. Évidemment, il va espérer que les marches pacifiques vont s’essouffler, ce qui n’est guère réaliste, il est clair qu’elles vont continuer. Le plus probable, le pouvoir va non seulement éviter les dérapages, mais tenter de dialoguer. Pour les dérapages, il y aura toujours mais certainement mesurés, très circonscrits. Le pouvoir va certainement lâcher du lest. Même proposer un autre candidat à la place de Bouteflika sera difficile. Sera-t-il accepté par la population ? Et cela aussi tient à la région d’origine du candidat, ce qui risque de compliquer la situation.

La seule issue est après avoir écarté un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, qui lui est très malade et, dans le fond, n’a rien à voir puisqu’il a été imposé par le pouvoir, et il ne pouvait parler au peuple, est de « dialoguer avec l’opposition, et d’essayer de désigner un candidat du consensus, et que les élections soient reportées avec pour base l’acceptation que les élections soient transparentes ». 

Il est évident qu’il y aura un péril pour de nombreuses personnalités politiques qui vont certainement se trouver dans un siège éjectable. Mais est-ce mieux une politique d’apaisement et la reconnaissance de l’existence politique de la jeunesse algérienne et une sortie de crise par le haut avec l’accord de tous ou un déluge de feu sur le peuple qui ne pourrait jamais pardonner à ce massacre. Et Dieu, Allah le Tout Puissant à qui revient le dernier mot laissera-t-il cette situation du peuple algérien sans sens, livrée à toutes les forces du mal.

Non, la réponse est non. Dieu, Allah par lequel nous existons et grâce au souffle de vie qu’il met dans nos corps et dans nos pensées, nous nous remettons à Lui, à son Ordre et auquel sont assujettis tous les hommes et femmes de la Terre. 

Aussi dans cette foi que l’on a en Dieu, Allah le tout puissant, que l’on clôt la deuxième partie de l’analyse sur l’Algérie, et dire que « l’Algérie sortira victorieuse de la crise dans laquelle elle est. Un président sera élu, et il apaisera le peuple algérien. Et il n’y a pas d’autres scénarios.  » L’Algérie restera en droite ligne dans tous ses combats qu’elle a menés contre l’adversité dans toute son histoire, et luttera contre le clientélisme, la corruption, les richesses qui se construisent sur le dos du peuple algérien et donnera espoir à sa jeunesse. L’Algérie, par ce défi, sera un modèle de démocratie et de bien-être pour les autres peuples arabes.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
www.sens-du-monde.com

 

Première partie de l’analyse parue :

« Election présidentielle 2019. Les « herméneutiques majeures » dans l’histoire de l’Algérie », par Medjdoub Hamed. Le 18 février 2019
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/election-presidentielle-2019-les-212745
http://www.lequotidien-oran.com/

 

Notes :

 

1. « La population algérienne à 42,2 millions d`habitants au 1er janvier 2018  », par l’APS Algérie. 27 juin 2018
www.aps.dz/algerie/75645-la-population-algerienne-a-42-2-millions-d-habitants-au-1...

 

2. « Election présidentielle 2019. Les « herméneutiques majeures » dans l’histoire de l’Algérie », par Medjdoub Hamed. Le 18 février 2019
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/election-presidentielle-2019-les-212745
http://www.lequotidien-oran.com/

 

3. « Un chercheur américain : « L’option du cinquième mandat est un moindre mal », par Algérie patriotique. 28 février 2019
https://www.algeriepatriotique.com/2019/02/28/un-chercheur-americain-loption-du-cinquieme-mandat-est-un-moindre-mal/

 

 




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