Présidentielles 2022 : la France en état de choc ?
L’hebdomadaire Marianne vient de publier dernièrement un sondage selon lequel 80 % des Français seraient réticents voire opposés à un remake du face-à-face Macron/Le Pen pour l’élection présidentielle Je ne sais pas très bien comment il faut l’interpréter ni lequel des deux protagonistes est finalement de trop dans l’équation.
Je me méfie au demeurant des sondages et je me garde bien d’en faire le sel de ma conviction politique d’autant qu’ils pêchent souvent par l’importance que prennent des faits anecdotiques comme, par exemple, les opérations de basse police qui ont conduit au traitement odieux de Mr Mélenchon à l’époque de la malencontreuse et toujours pas justifiée perquisition de son domicile.
À l’époque, les médias aux ordres opportunément prévenus purent ainsi lever le voile sur un aspect de sa vie privée pas infamant en soi et qui était apparemment un secret de polichinelle pour les militants.
La révélation de sa liaison était sans réel intérêt mais elle épiça la campagne de dénigrement exploitant l’épisode tragi-comique ou mélo-dramatique ( je ne sais comment le qualifier ) dans l’escalier de l’immeuble ( « la République, c’est moi ! matraqué jusqu’à plus soif ) où son parti avait ses bureaux et où donc été saisis des fichiers de militants au mépris des lois les plus fondamentales de la liberté d’expression et du secret.
L’anecdote prend alors le dessus sur le concept général : il faut certes y voir un signe de notre époque futile, un facteur auquel intellectuellement je ne peux me résoudre mais qui s’impose au jugement.
La nuit tous les chats sont gris et tout est égal à rien, ce rien qui prétend diriger la France mais qui n’est que de façade car la survie économique du pays est en fait assumée au-delà des océans par des fonds occultes qui y trouvent leur profit.
C’est bien pourquoi bonnet blanc et blanc bonnet sont quasi condamnés à s’affronter dans des joutes sans grand intérêt sinon d’assurer le barnum médiatique construit pour tenir en haleine une population qui se plaît à ses jeux conçus pour donner à la république une façade dorée autant que se peut.
Il n’empêche que dans la médiocrité ambiante, un homme surnage malgré les casseroles médiatiques que je viens d’énoncer, Jean-Luc Mélenchon.
J’ai eu l’occasion dernièrement de visionner une émission sur BFM TV où le chef de la France Insoumise devait affronter Mme Apolline de Malherbe : ce fut un duel de haut niveau surtout dans le chef de l’homme d’état, sa partenaire s’étant trop souvent abaissée - j’imagine pour cause d’Audimat friand de buzz - à des questions vicieuses où le ton persifleur donnait déjà la réponse.
On est ainsi revenu une nouvelle fois sur ce lamentable psychodrame où Mélenchon, perdant ses nerfs et démontrant par là son humanité, a éructé ( c’est ainsi que la séquence a été montée en ignorant tous les tenants et les aboutissants ) à la face d’enquêteurs un peu trop zélés qu’il était « la république », c’est-à-dire intouchable.
Une affirmation formellement indiscutable dès lors qu’en tant qu’élu de la nation, il ne peut être incriminé sauf levée par le parlement de son immunité.
On sait comment la séquence a été exploitée jusqu’à plus soif, détournée de la manière la plus abjecte et a finalement conduit au but recherché, l’effondrement dans l’opinion du courant de la février France Insoumise.
Pour en revenir à un exercice où il est un des rares hommes politiques à exceller, l’interview politique, j’ai rarement vu quelqu’un répondre avec autant de talent et de savoir à des questions dont beaucoup étaient orientées voire souvent ineptes.
On passera sur l’épisode Duhamel, une figure apparemment imposée de l’émission où le vieux briscard a démontré qu’il a définitivement sombré sous le harnais (tant ses questionnements sentaient l’encens, la myrrhe et les parfums d’antan)
On évoquera aussi pour mémoire la mauvaise foi évidente de Mme Eugénie Bastié, autre pitbull invité, une réactionnaire recuite en dépit de son âge dont il n’est pas exagéré de dire que ses raccourcis ethnico-religieux étaient abusifs mais sont le produit d’une idéologie ( où les Musulmans ont pris la place des Juifs revenus en cour ) qui fleure bon l’avant-guerre où les diatribes de Léon Daudet, de Léon Bloy ou de Lucien Rebatet avaient au moins le mérite du talent littéraire dans l’expression de la mauvaise foi.
Ultérieurement Mélenchon a répondu comme il convenait à l’incroyable salmigondis que le Président Macron a cru devoir nous concocter le 19 février à Mulhouse où il s’est senti pousser les ailes de Charles Martel repoussant les cohortes islamistes, épisode de l’épopée française qui est un contre-sens avéré mis en scène pour donner du liant historique à l’unification française. Tout en ayant un service d’ordre et une police incapables de faire respecter la loi comme en atteste cette provocation réussie par une femme entièrement voilée manifestant ainsi son mépris des lois de la République et posant à côté du Président Macron.
Oser parler de séparatisme dans une région qui jouit du privilège concordataire ( la rétribution par l’état des curés, pasteurs et rabbins, un reste de l’occupation prussienne donc un vestige de l’occupation étrangère qui en fait une singularité assez dommageable pour de prétendus défenseurs de la laïcité ) est à tout le moins inconséquent.
Macron en faisant du sous-Le Pen a heurté les convictions de millions de nos concitoyens qui ne sont ni des islamistes, ni des excités au couteau entre les dents mais de banals musulmans de culture à la pratique religieuse souvent peu apparente voire inexistante, bref tous ceux-là que Sarkozy appelait tout aussi sottement les Musulmans d’apparence.
La réponse de Mélenchon à Macron a été un modèle de tolérance et un acte de défense de la vraie laïcité, celle qui tient la religion à l’écart du processus républicain mais qui ne prétend pas dicter aux gens des convictions qui seraient acceptables quand d’autres seraient à proscrire.
Faire croire comme Valérie Pécresse, dans un moment de d’égarement exalté, à un péril islamiste en passe de prendre le pouvoir en France avec de maigres troupes, une inexpérience politique totale et un bagage intellectuel au ras des pâquerettes est pire qu’une erreur une faute.
Même si le sous-entendu est électoraliste et est un appel au peuple pour conforter son courant politique devenu une lamentable copie des thèses du Rassemblement National où se lovent les experts en agit-prop.
Seulement en excluant une frange de la population, beaucoup espèrent pouvoir alimenter d’éventuelles listes ethnico-religieuses aux Municipales, de quoi apporter une confirmation à leurs délires. La politique du pire, direz-vous et vous aurez raison.
C’est donc ce créneau inepte et auquel personne de sensé ne devrait apporter du crédit qui devrait scander la vie politique française jusqu’aux prochaines Présidentielles et déterminer l’avenir de la nation : les défenseurs des droits sociaux n’ont qu’à bien se tenir aux branches pour ne pas être balayés par l’inconséquence d’un électorat abusé par des mirages.
Pour moi et jusqu’à la preuve du contraire, d’un point de vue intellectuel, le seul homme politique à même d’affronter Macron reste Mélenchon, il a la stature d’un chef d’état, il a d’ailleurs démontré lors de l’interview une connaissance de tous les problèmes cruciaux de la France y compris dans un domaine où je ne l’attendais pas, le militaire.
Et c’est bien parce qu’il est le plus grand danger pour Macron que la presse aux ordres le moque, l’enferme dans de sordides querelles qui n’intéressent que les excités du soit-disant grand remplacement islamiste.
Pour certains de ces exaltés ( et à la République en Marche encore bien ) une victoire à Paris de Mme Dati ( ramenée à ses origines et à sa religion présumée ) serait une victoire de l’islamisme, c’est dire les abysses atteint par l’imbécilité militante
Quand règne une telle confusion des idées, il y a tout lieu de craindre un effondrement de la démocratie dans le ridicule.
Une victoire de Marine Le Pen - entourée de sa médiocre garde rapprochée - n’est plus nécessairement du domaine utopique ( c’est une constatation qui me répugne ) même si les Français à l’occasion de sondages dont la fiabilité m’interroge semble l’exclure.
L’heure n’étant manifestement plus à la réflexion mais aux réflexes primaires, le cerveau se laisse dominer par les viscères et, dans un tel contexte, des campagnes électorales aux relents nauséeux risquent de se faire non sur la nécessaire sauvegarde des acquis sociaux ( dont tout le monde semble se désintéresser ) mais sur des querelles médiocres pour s’opposer à un ennemi fantasmagorique de la nation – une, indivisible et homogène ( ce qui ferait rigoler n’importe quel ethnologue ) - un ennemi à la religion et au nom tout trouvés.