Présidentielles 2022 : Pourquoi changer de mauvaises habitudes qui marchent ?
Dans ce qu’est devenu le fonctionnement de nos institutions, la structuration de l’espace politique et médiatique, sommes-nous surpris d’une nouvelle opération de torpillage d’un candidat dans les dernières semaines d’une campagne électorale ?
Qui vise à désorienter ceux qui, bons enfants, aimeraient bien croire que c’est l’honnêteté, le bon sens, le sens civique, le respect du débat démocratique et de l’électeur qui animent la plupart des acteurs politiques. Et bien sûr ceux qui les mettent en scène, les médias à propos desquels pour qui en douterait, il devient difficile de ne pas voir et croire qu’ils sont à la manœuvre et de parti-pris au fur et à mesure que s’approche une échéance électorale.
De qui vouliez-vous que vienne au mieux cette fois-ci le petit scud gardé au chaud pour le bon moment ? Si ce n’est d’un des journaux de l’ambiguïté et de l’ambivalence, ici le parangon du social-libéralisme déguisé comme il se doit en père-la-morale de la social-démocratie dans le vent de l’époque. Posture bien pratique, parce qu’on peut ainsi expliquer à tous, la main sur le cœur, à gauche bien sûr, combien les problèmes sociétaux sont importants et primordiaux et qu’ils transcendent les problèmes économiques et sociaux qui ne relèvent que d’arbitrages circonstanciels et raisonnables. Portés par des gens dévoués et qualifiés dans la bonne compréhension d’une démocratie éclairée. Dont la gouvernance est confiée à des gens compétents qu’il s’agit de respecter en tant que tels sans se laisser égarer dans des notions étroites et réductrices de droite et gauche. Il est vrai que quand des gens croient avoir vu que des gens se disant de gauche ont porté les dossiers et les politiques de la droite, il est urgent de faire preuve de pédagogie. Et donc, inlassablement de donner de doctes leçons à des élèves dont certains sont carrément obtus.
L’exploit du jour consiste à attaquer la droite dans sa version old school pour la disqualifier par KO moral en critiquant des primaires et leurs pauvres péripéties. Comme si personne n’avait vu que cette fois-ci encore, la plupart des acteurs de la classe politique, à défaut d’avoir regardé en face l’obsolescence de nos institutions dont ils continuent de jouer, faute d’affronter leurs responsabilités d’avoir tant suscité tant d’abstentions et de défiance, en sont pour la plupart réduits à recourir à ce subterfuge et ce dopage pour avoir l’air d’être dans le coup et présentables.
N’oublions pas que le premier exploit est venu d’une autre base idéologique qui a lancé un non candidat validé à l’allumage par des sondages truqués puis par le décomptage de son temps de parole de non candidat. Reconnaissons qu’en France, question démocratie, nous sommes forts. Nouvel héros venu pour doper le sparring partner attitré, un peu flageolant, de l’écurie en charge de la perpétuation et du renouvellement du libéralisme et de ses tropismes néolibéraux en réserve.
Quelle histoire ! En fait pas si difficile à comprendre. Programmée pour emmener au second tour une partie des électeurs détournés de la compréhension et de l’évaluation des causes et véritables responsables de leurs colères et mécontentements en vu d’un vote sacrificiel au profit du champion de l’écurie précitée, la créature comme souvent échappe à ses sponsors et finit par se prendre au sérieux et mettre en péril les petits jeux et calculs habituels. Belle mécanique qui a déjà fonctionné de justesse mais fonctionné quand même. Et quand on est dans une logique de sauve-qui-peut, ce n’est pas le moment d’hésiter ni de faire le difficile.
Outre que c’est toujours embêtant un pion qui se prend au jeu et au sérieux, le gros problème c’est que résoudre l’équation des plus ou moins 20% fidèles dès le premier tour sans une voix manquante jamais afin de pousser le champion du système, c’est quasi acquis. Mais que par contre, qualifier le sparring partner attendu avec 3 outsiders qui se prennent au sérieux et s’emballent, cela devient délicat. Cela risque de faire réfléchir un peu ceux dont on a besoin des voix pour le raid habituel, qui pourraient se rendre compte qu’on les manipule. Et cela risque de toute façon de ne pas faire un compte suffisant. Alors, il devient urgent de faire le ménage et de radicaliser un peu le tout. Cela va sentir la poudre et pas que. De sacrées acrobaties convictionnelles sont aussi à prévoir.
Parce que vous imaginez s’il y avait un véritable candidat de gauche au second tour. Et que la démocratie enfin puisse fonctionner normalement. J’ai parlé de poudre mais m’est avis que d’autres odeurs nauséabondes ne manqueront pas d’être mobilisées. Autant le savoir et garder son sang-froid et sa lucidité. Ceux qui auront besoin d’y recourir montreront leur vrai visage, leur mépris des électeurs et la duperie de leurs propositions. A noter et à surveiller.
Autrement, puisque c’est une élection avec un scrutin électoral instrumentalisé par nos politiciens de carrière pour nous disperser et leur permettre de se distribuer et se disputer les places à partir desquelles ils nous conseilleront de bien travailler, de mieux comprendre que ce qu’ils font n’est pas facile et de ne pas prendre au sérieux tout ce qui se raconte dans les campagnes électorales en nous chantant de nouvelles chansons. Peut-être...
Peut-être le moment est-il venu de faire un rassemblement de citoyens de toutes conditions, riches de points de vue, réflexions, expériences, propositions, aspirant à une construction commune forte. Faite d’authentiques débats démocratiques, de recherche de convergences et complémentarités, d’arbitrages et décisions gérées démocratiquement du niveau local au niveau national, d’équité dans l’accès aux responsabilités et aux parcours de formation, à des conditions d’existence dignes pour tous, d'équité dans l'accès à la culture dans toutes ses formes, à la santé, au travail et aux emplois.
Et de mettre un terme à la domination d’élites financières minoritaires qui ont réussi jusqu’ici grâce à des institutions dévoyées et dépassées à se maintenir par un double artifice. Celui de la puissance d’influence conférée par les moyens et les formes médiatiques actuelles, sous leur dominance économique et politique, renforcée par le minimum démocratique actuel leur laissant le champ libre comme jamais.Celui de la fiction d’une fonction présidentielle anachronique qui à l’issue d’une comédie électorale se voit dotée de pouvoirs concentrés comme dans aucun exécutif en Europe, sans réels contre-pouvoirs opposables.
De fait cela commence par une union populaire dans les urnes dès le premier tour. Cela paraît simple mais ce sera difficile. Il faudra du courage et de la volonté et de la lucidité, de la persévérance aussi.Il faudra aussi continuer de se sentir et revendiquer citoyen au-delà des élections. Autrement, pas la peine de se fatiguer, laissons les faire, en nous plaignant ou non. Question de tempérament.
Difficile enfin de ne pas évoquer les événements récents en Ukraine qui signent notre absence d’autonomie en terme de politique étrangère au sein de l’UE et de la possibilité d’en avoir une pour l'UE prise dans les pinces de l’OTAN dont le sens en 2022 n’est pas clairement défini ni pour les peuples européens ni pour leurs classes dirigeantes. Quels sont les intérêts qui font que cette situation perdure ? A-t-on le droit d’en connaître en dehors des vents incertains et hasardeux de la propagande ? Donnons-nous les moyens de la paix et de l’indépendance qui vont ensemble au sein d’une confédération de nations européennes indépendantes et solidaires. C’est un chemin qu’il est plus que temps d’emprunter.
Inutile de dire qu’il faudra rester lucide devant toutes les tentatives d’instrumentalisation que feront certains candidats ainsi que serein sous les sirènes des médias surentraînés par leur accompagnement de la pandémie. Bon courage à tous.