lundi 21 décembre 2020 - par Marc Dugois

Puisse Noël nous faire redécouvrir l’échange vrai

Noël dans la tradition chrétienne est la naissance de celui qui réalise l’échange inoui. Il prend pour lui toutes nos erreurs et les paye par sa crucifixion, et il donne un enseignement qui est le chemin, la vérité et la vie. Ce qui est remarquable, c’est que cet échange, cette communication, est en lien étroit et permanent avec la réflexion et avec l’action. Qui peut dire en lisant les évangiles que le Christ n’échange pas, ne réfléchit pas ou n’agit pas ? Nous célébrons Noël par des cadeaux qui sont aussi des échanges qui se veulent porteurs d’action et de réflexion.

Nous sommes malheureusement aujourd’hui, à l’inverse, dans une civilisation malade fondée sur une survalorisation de l’échange sous toutes ses formes (télévision, téléphone, palabre, transports, radio, internet). Cette survalorisation s’accompagne d’une négligence de la réflexion et d’une insouciance de l’action qui tuent la réalité de l’échange, et le dénature complètement. S’il n’y avait que la négligence de la réflexion, nous ne serions que dans un monde de moutons. S’il n’y avait que l’insouciance de l’action, nous ne serions qu’au café du commerce. Mais en cumulant l’inaction et la distraction, nous entrons allègrement tous ensemble et en tous domaines dans une société du délire fondée sur une communication soit irréfléchie, soit inefficace, cumulant même souvent les deux.

Prenons quelques exemples du délire actuel en l’éclairant du simple bon sens qui veut que l’action, la réflexion et l’échange se nourrissent et se surveillent mutuellement deux à deux.

Observons d’abord que l’échange matériel est fondamentalement différent s’il est à l’intérieur ou à l’extérieur de ce que les Grecs appelaient l’oïkos (qui a donné le préfixe éco) et les Latins la domus : un espace d’entraide où personne n’est inutile ou oublié, mais où le droit du groupe est plus fort que le droit de l’individu car le groupe est au service de tous les individus. C’est encore le cas de la famille, du village ou de la tribu.

A l’intérieur l’échange s’organise autour du donner, du recevoir, du prendre et du rendre qui s’organisent entre eux par simple bon sens et par application de valeurs communes ; rien n’y est simultané. A l’extérieur en revanche, l’échange est troc et n’existe que si deux regards différents en arrivent à préférer au même moment ce que l’autre possède à ce qu’il a lui-même. Les deux types d’échanges n’ont rien à voir, l’un a besoin de la simultanéité par méfiance, l’autre n’en a pas besoin par confiance.

C’est pour se protéger de l’extérieur que les cités, les provinces, les états, les nations, les patries se sont constitués (le correcteur d’orthographe voudrait que j’écrive « constituées » au féminin mais état est masculin et la grammaire française, pourtant féminine, me rappelle malheureusement que « 100.000 femmes et un lézard se sont trouvés au même endroit »). Reprenons.

Toutes ces organisations sociales, qui ont généré les civilisations, ont du mal depuis la nuit des temps à éviter dans l’échange matériel, la double erreur du troc méfiant à l’intérieur et de l’illusion de la confiance à l’extérieur. L’introduction de la monnaie n’a en soi, ni résolu ni compliqué cette difficulté tant qu’elle est restée pendant des siècles le simple constat d’une activité passée intelligente, ce qui était encore le cas de l’or. Mais depuis bientôt 50 ans qu’elle n’est plus en lien avec un passé vérifié mais uniquement avec un futur fantasmé, la monnaie fait croire à des échanges alors qu’il ne s’agit que de combats. On nous refait partout le coup du cheval de Troie.

A l’extérieur la monnaie a fait oublier le troc, ce qui permet à des pays comme l’Allemagne ou la Chine d’avoir des balances commerciales excédentaires, ce qui est une tentative de réduire en esclavage avec leur accord les autres peuples qui ne peuvent payer qu’avec leurs propriétés, avec eux-mêmes ou avec leurs enfants puisque les pays exportateurs ne trouvent rien d’intéressant à prendre dans leurs productions. Ils en arrivent à la finesse suprême de prêter la fausse monnaie qu’ils fabriquent à leurs futurs esclaves pour qu’ils achètent leurs productions et qu’ils ne puissent rembourser qu’en abandonnant d’abord leurs propriétés puis leurs enfants. La charte de La Havane de 1948 empêchait ce scandale esclavagiste. L’OMC et ses dirigeants socialistes en ont fait au contraire un dogme incontournable ou le libre-échange n’est apparemment libre que parce que ce n’est plus un échange du tout « grâce » à la fausse monnaie. Que le socialisme d’un Pascal Lamy ressuscite l’esclavage en faisant croire que c’est pour le bien de l’humanité qui n’est plus pauvre dès qu’elle dépense de la fausse monnaie, interroge !

A l’intérieur la monnaie n’est apparue que lorsque certains individus prenaient et recevaient, tout en oubliant de donner et de rendre. Elle s’est servie du principe de la simultanéité du troc pour forcer les paresseux et les roublards à se bouger et à se rendre utile. Mais cela n’avait de sens que parce que la quantité de monnaie était limitée à la richesse communautaire déjà acquise. Dès l’instant où l’on fait sauter ce verrou avec la monnaie dette, la monnaie numérique ou le revenu universel, l’illusion remplace l’effort dans la résolution des problèmes. La fausse monnaie pléthorique ne sert plus à forcer au travail les individus récalcitrants mais au contraire elle justifie l’inutilité de certains en la faisant rémunérer par ceux qui travaillent. C’est d’abord l’oubli total de l’échange car tout ce qui vit de subventions, reçoit l’argent de tous mais contre quoi l’échange-t-il, si ce n’est une reconnaissance malsaine vis-à-vis des décideurs en mal de clientèle ? La reconnaissance devrait aller à la collectivité si elle le décidalt vraiment mais c’est très rarement le cas. C’est aussi la double peine de ceux qui travaillent, au profit d’une multitude qui, volontairement ou involontairement ne fait rien et n’apporte rien d’autre que ses envies que la fausse monnaie matérialise. Dans quelle catégorie classez-vous Jacques Attali ?

Au niveau économique l’oubli de l’échange est stupéfiant tellement nous nous sommes convaincus que nous étions des dieux capables de créer. Nous créerions des richesses, nous dit-on, alors que nous ne faisons que constater qu’une production est une richesse en l’achetant, c’est à dire en l’échangeant contre de l’argent. C’est l’échange qui constate la richesse et la fausse monnaie de la corne d’abondance imaginaire donne l’illusion de créer autant de fausses richesses que les créateurs de fausse monnaie le décident.

Au niveau intellectuel le pouvoir était habituellement donné, dans les groupes organisés, à des gens qui avaient le sens de l’échange et qui veillaient à ce que chacun soit bien utilisé au mieux de ses capacités, et reçoive bien selon son dû. Là aussi la monnaie dette ou numérique a tout cassé puisque le pouvoir est donné maintenant non à celui qui veille à l’échange généralisé, mais à celui qui a le mieux acheté l’affect du peuple avec la fausse monnaie à laquelle il a accès. Cela donne le pouvoir à des médiocres qui se croient des dieux et qui utilisent la violence légitime qui leur a été confiée pour tenter de rendre réels leurs fantasmes grâce à la multiplication de la fausse monnaie. Ils ont besoin d’infantiliser le peuple en jouant à le respecter comme le faisaient les enfants avec leurs baigneurs en celluloïd. Qui n’a pas reconnu Emmanuel Macron ?

Au niveau spirituel la rareté de la monnaie et le souhait d’utiliser le moins possible la violence légitime régalienne, laissaient à la religion du groupe le soin de définir le beau, le bien et le vrai pour éviter la multiplication des normes, des lois, des interdictions et des obligations. Les échanges se faisaient beaucoup plus naturellement dans un monde où les devoirs venaient de l’intérieur des individus et n’étaient pas imposés de l’extérieur. La stupidité apparemment commode de la laïcité a permis grâce à la fausse monnaie, de multiplier sans fin les contraintes, toutes les interdictions et les obligations imposées. Qui n’a pas reconnu la France où l’on laisse au seul islam la cohérence des interdictions et des obligations venant naturellement de la tradition ? Quelques imbéciles veulent même supprimer la crèche, le sapin de Noël… et le Tour de France ! Le drame n’est pas l’imbécillité mais qu’elle soit portée au pouvoir.

Au niveau moral il faut d’abord se souvenir que les mœurs sont, dans chaque civilisation, son application concrète de sa vision du beau, du bien et du vrai. C’est ce qui coûte le moins cher car il n’est nul besoin pour convaincre, d’ajouter de l’énergie à la tradition que l’éducation transmet partout naturellement. C’est la débauche monétaire qui donne des ailes à toutes les minorités que les Politiques subventionnent avec de l’argent qu’ils n’ont pas. La fausse monnaie crée un échange malsain entre les Politiques et les minorités. Les uns veulent une clientèle, les autres n’acceptent plus d’être minoritaires et veulent être fiers donc conquérants. La débauche monétaire fait croire aux minorités qu’elles ont toutes un avenir radieux.

Devant le constat difficile que la fausse monnaie est à la fois la base et le carburant de tous nos délires, deux réactions apparaissent possibles :

Il y a la réaction de ceux qui ont mis en place par facilité tous ces faux échanges et toute cette fausse monnaie. Ils profitent du coronavirus pour lui coller la responsabilité d’un désastre économique que chacun savait imminent et que le confinement a volontairement brutalement révélé. En maquillant ce confinement en sanitaire, ils se sont dédouanés en détournant la responsabilité du désastre sur un virus dont ils ont fait sur-éclairer la méchanceté. Mais ils s’obstinent dans leur délire et continuent à vouloir tout résoudre avec une énergie monétaire sans source énergétique humaine. Pour eux tous les problèmes se résolvent en débloquant de l’argent inexistant. C’est malheureusement le choix de l’ONU, du FMI, de l’UE, de l’OMC, des banques centrales, tous regroupés à Davos pour le « grand renouveau ». Ce choix est symbolisé chez nous par l’énarchie qui a tout envahi. La plupart des dirigeants de tous pays s’y vautrent par incompétence, veulerie ou arrivisme. Seuls quelques rares dirigeants comme Viktor Orban, Vladimir Poutine ou Donald Trump tentent de résister avec plus ou moins de succès et la moquerie des médias. Il est intéressant de noter que les médias subventionnés appartiennent quasiment tous aux fabricants ou aux propriétaires de la fausse monnaie qui crée tous les faux échanges. Les médias dits « mainstream » ont choisi comme réaction, la fuite en avant.

L’autre réaction tarde à venir mais ne peut que s’imposer par une saine réplique des peuples ou après une déflagration générale. C’est sortir l’échange du délire en le filtrant à nouveau par la réflexion pour revenir à la connaissance, et en le rectifiant à nouveau par l’action pour le rendre tolérant. Connaissance et tolérance sont en effet avec le courage, les trois bases indissociables de l’efficacité. Les gilets jaunes comme les abstentionnistes ont montré que le peuple français souhaite cette autre réaction mais est incapable de la mettre en place. Il n’est pas forcément facile de comprendre que seule la limitation impérative de la quantité de monnaie au regard qu’un peuple porte sur sa richesse, permettra de sortir du délire. C’est quand un peuple est confronté à lui-même et que les faux échappatoires sont fermés, qu’il montre son génie. Qui en 2022 aura les tripes de surmonter les railleries des médias et la violence légitime confisquée, pour donner à la France une chance d’éclairer le monde à nouveau ?

Chaque année Noël nous rappelle que tout est possible, qu’il est une naissance et que la renaissance est ouverte à chacun.



10 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 21 décembre 2020 12:08

    Le veritable Noël est aujourd’hui. Et l’échange vrai je le pratique tous les jours. C’est plutôt à Noël que je dois me forcer et mentir.. Alors, autant éviter ce qui risque d’être faux...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 21 décembre 2020 12:24

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Noël n’est pas un échange, mais un potlatch. Le reste de l’année l’échange vrai, c’est l’offre, la demande et la TVA.


  • Clark Kent Séraphin Lampion 21 décembre 2020 12:23

    Le mythe de l’« échange vrai » est aussi beau que ceux du « bon sauvage » et du « paradis perdu », mais c’est un mythe, comme les deux autres.

    Même dans le troc, les petits malins se taillent la part du lion. Et ça sera comme ça tant que sapiens sera un prédateur. Changer ça est possible, comme il est possible de rendre un lion végétarien mais c’est difficile.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 21 décembre 2020 12:52

      @Séraphin Lampion Désolé, l’échange véritables existe. Mais il faut être sur la même longueur d’onde, comme dans un Opéra,....L’échange vrai, c’est un duo ou une symphonie. Mais comme d’hab avec votre vision matérialiste du monde on est douché. Enfin, ceux qui sont sensibles. Sur Agora, j’ai mon imper. Un véritable échange peut parfois être dans le conflit (il y a toutes les variantes,...). L’échange est vrai quand on est entendu par l’autre et réciproquement. Même parfois par un simple signe ; 


  • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 21 décembre 2020 13:03

    En ce moment au niveau « echange » ça va, virus oblige surement ^^


  • Yann Esteveny 21 décembre 2020 14:39

    Message à Monsieur Marc Dugois,

    Votre texte est intéressant et je vous remercie de son partage.

    Il y a le don mercantile pour l’intérêt et le don oblatif pour servir.

    Notre Seigneur Jésus Christ par le don de Lui-même pour notre salut nous enseigne ce qu’est « donner » dans le sens le plus noble. L’obole au temple

    de la pauvre veuve dont Jésus fit remarquer la générosité d’âme est riche d’enseignement :

    « Jésus, s’étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comment la foule y mettait de l’argent. Plusieurs riches mettaient beaucoup. Il vint aussi une pauvre veuve, elle y mit deux petites pièces, faisant un quart de sou. Alors Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus qu’aucun de ceux qui ont mis dans le tronc ; car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » - Évangile de Marc (Ch. 12, Ve. 41 à 44)

    De la conception partagée du don véritable dépend la qualité de l’échange qui va s’établir entre humains. La qualité d’échange entre humains est perceptible au niveau des marchandises et de la communication. Lorsque cette conception du don véritable est effacée, les marchandises se développent à profusion et tout s’achète. Mais chacun est de plus en plus pauvre !

    Dans le film « Black Robe » réalisé par Bruce Beresford et sorti en 1991, le chef indien reproche justement aux blancs européens de ne pas savoir donner.

    En vous souhaitant d’excellentes fêtes de Noël !


    • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine vraidrapo 23 décembre 2020 09:39

      @Yann Esteveny
      car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

      Peut-être l’inspiratrice de Gates qui annonce léguer 90% de sa fortune aux oeuvres caritatives... ?
      « Léguer » seulement !


    • Yann Esteveny 23 décembre 2020 16:13

      Message à avatar vraidrapo,

      Je vous cite : « Peut-être l’inspiratrice de Gates qui annonce léguer 90% de sa fortune aux oeuvres caritatives... ?  »

      J’en doute. La générosité comme le courage se pratique en silence. Quant à l’exonération fiscale en donnant à ses propres œuvres caritatives, elle rentre dans les standards de la générosité uniquement pour ceux qui n’ont plus de conscience.

      Respectueusement


  • amiaplacidus amiaplacidus 21 décembre 2020 18:56

    Noël n’est que la reprise des très romaines saturnales qui elles mêmes étaient la reprise d’antiques fêtes célébrant le solstice d’hiver, les jours qui recommencent à augmenter.


  • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine vraidrapo 23 décembre 2020 09:36

    Osons reconnaître ce qui saute aux yeux laïcs :

    NOËL C’EST LA FÊTE DES CADEAUX !

    Kif-kif l’Achoura !

    Aujourd’hui dans certains pays officiellement musulmans, l’Achoura a pris des sens différents, comme au Maroc où elle dure deux jours et est plutôt célébrée comme la fête de la Jeunesse et de la Famille.



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