lundi 22 juin 2015 - par Mohamed Belaali

Qu’elle est jolie la république bourgeoise ! (acte 4)

« Le vol est la passion maîtresse de la bourgeoisie, et il faut qu'à tout prix

elle satisfasse sa passion ». Paul Lafargue.

 

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Un premier ministre qui voyage avec ses deux fils aux frais des contribuables, un ancien président de la République condamné en correctionnelle à deux ans de prison avec sursis, un autre ancien président poursuivi par la justice pour une demi-douzaine d'affaires, un ancien ministre de l'intérieur utilise de l'argent public pour ses dépenses privées, un éphémère secrétaire d’État refuse de payer ses impôts, un conseillé du président de la République se fait cirer ses trente paires de chaussures de luxe au château, etc. etc. Il ne s'agit là que du début d'une très longue liste d'hommes sans éthique ni morale politique. Et même ceux parmi ces dirigeants qui sont honnêtes et intègres, sont obligés de laisser faire, montrant ainsi leur impuissance face à un système qui les dépasse.

 

Une seule chose compte pour eux : servir les puissants qui leurs permettent de se servir dans les deniers publics. Leur mépris du peuple n'a d'égal que leur vile soumission aux plus riches. Tous ces hommes corrompus mènent directement et indirectement des politiques de classe qui consistent à confisquer la richesse produite par l'immense majorité pour l'offrir à une minorité de parasites.

Le parti « Socialiste » comme l'UMP (les Républicains aujourd'hui) qui alternent au pouvoir déploient un zèle singulier à servir les puissants : destruction systématique des services publics de l’Éducation, de la Santé, des Transports, de l'Emploi, de la Culture, baisse continue des retraites, précarisation et flexibilisation du marché du travail, démantèlement du Droit du travail, augmentation de la TVA payée essentiellement par les plus démunis, cadeaux fiscaux pour les plus riches, des milliards d'euros octroyés sans contrepartie aucune aux banques et aux grandes entreprises, bref tout pour le capital et les patrons et rien pour le travail et les travailleurs.

 

La rigueur de cette politique d'austérité contraste violemment avec la lâcheté et la misère morale de ceux qui l'appliquent.

La paupérisation de larges franges de la population est la conséquence directe de cette politique économique de classe. Les « socialistes » par exemple qui ont tant promis au peuple, ont plongé le pays en si peu de temps dans la misère et le désespoir ouvrant ainsi la voie à une extrême droite toujours prête à sauter sur le pouvoir pour servir encore mieux les plus riches.

En contrepartie, la classe dominante les laisse se servir dans les fonds publics. Mieux, elle leur offre sa protection judiciaire et politique. Les hommes politiques corrompus sont rarement condamnés. La relaxe et le non lieu restent largement majoritaires et l’inéligibilité rarissime. Les condamnations, lorsqu'elles existent, se résument à des peines symboliques comme la prison avec sursis ou des amendes dérisoires par rapport aux sommes concernées. L'impunité n'est donc pas un sentiment mais une réalité. Mr. Sarkozy, malgré l'impressionnante liste des affaires qui le concernent reste insaisissable par la justice .

La politique, à condition de savoir gérer et servir les intérêts des riches, est un vaste domaine qui offre des possibilités fabuleuses d'enrichissement personnel ou de son organisation en puisant dans l'argent public.

Plus un homme politique est corrompu, plus il a de chances d'être réélu ! Le cas d'Alain Juppé est exemplaire à cet égard. L'ancien premier ministre de Jacques Chirac (1995 /1997) a été condamné en appel le 1er. décembre 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour « prise illégale d'intérêt » c'est à dire qu'il utilisait l'argent public pour rémunérer les militants de son propre parti (RPR à l'époque). Voici un court extrait des attendus justifiant cette condamnation : « Que la nature des faits commis est insupportable au corps social comme contraire à la volonté générale exprimée par la loi ; qu’agissant ainsi, Alain Juppé a, alors qu’il était investi d’un mandat électif public, trompé la confiance du peuple souverain » (1). Malgré cette condamnation, Alain Juppé est réélu en 2006 (élection partielle), en 2008 et en 2014 maire de Bordeaux et à chaque fois dès le premier tour !

Mr. Juppé se prépare maintenant à être président de cette République exemplaire et irréprochable. Mais le cas d'Alain Juppé n'est que l'arbre qui cache la forêt. Les hommes politiques condamnés ou inquiétés par la justice pour des scandales financiers et réélus sont innombrables. La classe dominante qui les nourrit a constamment besoin, pour ses propres intérêts, de ces politiciens corrompus. Elle est capable de produire et de reproduire autant que nécessaire cette catégorie d'hommes et de femmes qui ne reculent devant rien pour la servir.

Aujourd'hui on peut être un homme politique corrompu jusqu'à la moelle épinière et gagner les élections, c'est un trait caractéristique de la démocratie bourgeoise. Mieux, la corruption des hommes politiques est d'autant plus brutale, plus cynique que la République est plus démocratique.

 

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

 

Mohamed Belaali

 

http://www.belaali.com/

 

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(1) http://www1.rfi.fr/actufr/articles/049/article_26255.asp

 



17 réactions


  • jaja jaja 22 juin 2015 10:35

    « Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même. »

    Tout est dit, merci Mohamed pour cet article...


    • eric 22 juin 2015 11:26

      @jaja Peut on nommer cela un article ? C’est une série de copié collé sans aucune réflexion personnelle, aucune interrogation, aucune info nouvelle.

      Ce que l’auteur et quelques autres définissent comme « système capitaliste » n’est pas compatible si on s’en réfère à leurs propres définitions, avec sa propre existence durable....Cela n’a pas l’air de leur poser la moindre question....

      On a vraiment affaire à une sorte d’obscurantisme, ou on définit des forces du mal quasiment divines ( leur "capitalisme à toutes les caractéristique des grandes divinités païennes, omniprésent, omniscient, tout puissant, parfaitement maléfique, etc....) On et au 21 ème siècle les gars, il serait grand temps qu vous sortiez de ces pensées magiques....


    • izarn izarn 22 juin 2015 21:44

      @eric
      Bof le capitalisme au pouvoir ça date du ébut du 19ieme siécle, aprés la mort de Louis XVI et l’Indépendance de la Nouvelle Angleterre (USA)
      C’est pas beaucoup dans la durée...Rome c’est 8 siècles à tout casser.
      Le capitalisme a le temps de disparaitre....Il a rien prouvé.
      Le premier homme dans l’espace c’est un soviètique....
      Un erreur historique, n’est ce pas ? Ca aurait du etre une américain capitaliste, ce serait plus logique, non ? Tous des tares ces cocos russes.
      Ca commence mal pour les capitalos....Se faire topper par les cocos aprés un siècle...
      Meme qu’ils recommencent à nous les casser menus avec Poutine...
      La vie du capitalisme est semées de bugs et de crises...La fin ?
      Moi, comme un rat, je quitte le navire...
      Vous avez le droit de chanter sur le pont supérieur avec les riches :
      « Save our saoul », pardon « Save our souls »...


  • César Castique César Castique 22 juin 2015 11:51

    « ...et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. »



    C’est exactement comme les chagrins d’amour. Quand il y aura eu la révolution, il n’y aura plus personne d’assez méchant pour faire souffrir quelqu’un d’autre.


    C’est pas possible, ces Bolchos ! 


    Dans cinquante pays ont été mises en oeuvre autant d’« expériences socialistes », et Il n’y en pas une qui puisse servir de vitrine pour le reste de la planète. Pas une !


    Si l’autre abruti a vraiment dit que la religion est l’opium du peuple, aujourd’hui, il devrait convenir avec moi que le communisme est sa méthadone.

    • izarn izarn 22 juin 2015 21:50

      @César Castique
      Ben si...La Chine.
      Plus 7% de PIB....C’est quand meme mieux que l’Allemagne avec +0,8% non ?
      Je ne parle meme pas de la France MEDEF...Ca ferait trop mal !


    • César Castique César Castique 22 juin 2015 23:04

      @izarn


      « Ben si...La Chine. »

      IIs ne doivent plus être très nombreux, ceux qui considèrent que la Chine a un régime communiste, et que ses travailleurs sont « émancipés » comme ils disent.

      « Plus 7% de PIB....C’est quand meme mieux que l’Allemagne avec +0,8% non ? »

      Ce n’est pas très significatif. Les Chinois partent de très bas et ils ont une main d’oeuvre pléthorique qui absorbe une partie de la production. Sauf erreur de ma part, l’agriculture représente encore 40 % des emplois.

      Et cela se traduit par des écarts faramineux en termes de PIB/hab. En monnaie constante, il était de 3’583 dollars pour la Chine, en 2013 contre 38’292 pour l’Allemagne. 

  • Robert GIL Robert GIL 22 juin 2015 12:00

    L’Etat tel qu’il est, est l’Etat de la grande bourgeoisie, et il ne s’en laissera jamais déposséder. Les conquêtes, toutes les conquêtes, s’obtiendront par la lutte des classes consciente et agissante. Et en définitive se posera inéluctablement la question du renversement du capitalisme, car c’est tout cela qu’il faut changer : les structures républicaines et l’organisation sociale, les deux à la fois, non par les urnes, mais dans la rue. Et, s’il le faut, en opposant la violence populaire à la violence réactionnaire.

    D’après YAPADAXAN


    • eric 22 juin 2015 12:26

      @Robert GIL
      Ouai, serrez vos petits poings humides, indignez vous, pendant ce temps, au moins, vous ne pensez pas à mal...


    • izarn izarn 22 juin 2015 22:03

      Jésus (Christus), qui pensait trés mal a dit :
      Un capitaliste qui veut aller au royaume de Dieu, c’est comme un chameau qui veut passer par le chat d’une aiguille...(Celle d’Adam Smith, of course. Pauvre mec qui n’a jamais lu l’Evangile. Mais bon, chez les pasteurs anglicans, c’est normal ! Par rapport à un curé, le pasteur est un type qui baise, bien sur mais avec une femme en burka...Chérie, tu mets ton costume de plongée ce soir ?)


  • Spartacus Lequidam Spartacus 22 juin 2015 12:28

    Que vient faire la critique du capitalisme sur de l’état-connivence et le corporatisme ???


    Le capitalisme ne demande pas à l’état et les politiciens d’intervenir, ce sont les politiciens et le socialisme qui prétend que l’interventionnisme d’état sert la communauté....

    Le corporatisme, la connivence d’état,c’est justement la totale inverse du capitalisme ..
    Le capitalisme c’est la destruction créatrice et le renouvellement. 

    Il faut être décalé pour croire que la différence de « classe » se fait entre patrons et salariés. 
    La différence sociétale se fait entre corporations protégées de l’état et bénéficiaires de l’intervention de l’état et la société civile non représentée par des corporations. 

    • eric 22 juin 2015 12:39

      @Spartacus

      Non ! C’est un reliquat d’analyse marxisante Spartacus !

      La différence se fait entre bénéficiaires et contributeurs net à la dépense publique.

      Mon beauf est dans la finance et roule sur l’or, ma sœur est dans les médias et vend très bien ses livres et émissions. Avec trois gosses, quotient familial, habitant dans le centre de Paris, ils payent pas mal d’impôts, mais, leur école du coin, c’est le lycée Henry IV, leurs impôts locaux sont inférieurs à ceux des banlieues dortoir de Paris, leurs hôpital du coin, c’est la salpétrière, leurs transports en commun sont financés par toute la France ( RATP) et leur degré d’équipement en tous genre, entre autre culturels sont sans équivalent dans le pays et peut être dans le monde.

      Au total, ils payent beaucoup, mais ils en ont pour leur argent.

      Oui, ils sont privilégiés par l’État bureaucratique pour toutes sortes de raisons politiques, et oui, dans leur milieux, à Paris, cela vote pas mal pour les représentant de l’État bureaucratique socialiste. En revanche, ils ne sont pas formellement dans des corporations protégées.


    • Auxi 22 juin 2015 15:52

      @Spartagugusse


      Spartagugusse, au coin ! Et ce soir, au lit et sans dîner ! Je t’avais prévenu, et le docteur aussi.

    • Robert GIL Robert GIL 22 juin 2015 16:31

      @Spartacus
      Le patronat et les actionnaires ne veulent pas que l’État intervienne dans leurs affaires, par contre eux ne se gênent pas pour intervenir dans les affaires de l’État.

      On nous dit que les patrons ne font pas 35H, eux ! Faut dire qu’un patron, dès qu’il se lève, il se considère au boulot ; quand il se brosse les dents le matin, quand il déjeune avec sa secrétaire, qu’il va au théâtre avec un client, ou qu’il assiste à un match de tennis avec un fournisseur il est au travail ! Et quand il passe un weekend sur un yacht ou une semaine aux Seychelles c’est pour réfléchir à une nouvelle stratégie de développement. D’ailleurs il est au travail 24 Heures sur 24 car l’appartement qu’il occupe dans le 16ème, et la voiture dans laquelle il se déplace comme le chauffeur est payé par l’entreprise....
      .
      Voir :
      CRISE DE CROISSANCE


  • foufouille foufouille 22 juin 2015 15:07

    missile scud : un scandale est le PCF qui vire des squatteurs d’un immeuble de bureau vide en vente.


  • Aristide Aristide 22 juin 2015 15:31

    Quelque soit le système politique, il existe des hommes corrompus. La corruption tient au pouvoir, que cela soit le bourgeois, le politique élu, le responsable de parti, ... Tous ceux qui disposent d’ une parcelle de pouvoir sont soumis à la tentation de la corruption.


    De l’ABS au petit geste pour un ami, faire sauter des pv, passer un dossier au dessus de la pile, embaucher un fils de, ... il existe partout et en tout lieu et a toute époque un usage du pouvoir pour autre chose que pour le bien commun, l’entreprise, ...

    On peut essayer de faire porter au seul système capitaliste cette tare bien humaine, mais est il vraiment utile de le croire ? C’est vrai que cela serait assez dommageable de faire la Révolution pour s’apercevoir que l’on a remplacé le bourgeois ou le banquier par le responsable de parti ou le délégué politique et que malgré tout cela, cela continue à ronronner et que les courtisans de toute nature attendent toujours un retour à leur allégeance.

  • Auxi 22 juin 2015 15:55

    @Mohamed : quelqu’un qui a lu et compris Paul Lafargue est immanquablement quelqu’un de bien. Cordiales salutations à toi, et au plaisir de te lire à nouveau.


  • TREKKOTAZ TREKKOTAZ 22 juin 2015 22:27

    Bravo Mr Belaali, en effet tous pourris, des ordures soumises intégralement au capitalisme et aux multinationales(armement, ogm, santé, alimentation,prostitution, drogues,....), qui génocideraient les 95% de la population pour ne pas renoncer à leurs doses de cocaïne et de prostituées, ce n’ est qu’ un triste constat de la réalité probante.


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