lundi 8 avril 2019 - par Michel J. Cuny

Quand le pot de terre français fait face à la dame de fer allemande…

 

Qu’est-ce donc que le « modèle allemand » évoqué par Alexandre Mirlicourtois à propos de l’évolution suivie par la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, et dont il paraît que la France va devoir s’inspirer si elle ne veut pas plonger dans l’abîme qui s’ouvre devant elle depuis que la crise financière de 2007-2008 a éclaté ?

Sur un ton plus ou moins patelin, il nous dit tout d’abord ceci à propos de ces quatre pays :
« Bénéficiant déjà d’un avantage coût ultra-favorable, ils pratiquent la déflation salariale à marche forcée pour renforcer cet atout et pour être encore plus compétitif. »

Ce qui veut dire que les rapports de classe y étaient, depuis plus ou moins longtemps, extrêmement favorables au capital face au travail, dans la mesure où celui-ci ne savait plus à quel saint se vouer sur le territoire national… Ce n’est pas le lieu de reprendre l’histoire de ces quatre peuples depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais, pour les trois derniers cités, il est bien certain que toute une partie de leurs bras n’ont alors trouvé de salut qu’à immigrer… en France plus particulièrement… À l’inverse, celle-ci a vu sa population locale prendre l’ascenseur social dans lequel elle a fini par emporter les enfants de certains des nouveaux arrivants…

Tout ceci survenait dans un pays très marqué par la ligne de développement plus ou moins définie dans le bref programme du Conseil National de la Résistance (15 mars 1944), mais surtout par la présence massive d’un parti communiste très organisé, très nombreux, et d’une influence qui a mis très longtemps à se démentir… Le capital n’y avait-il pas, pour autant, la part belle ? En tout cas, il est bien certain qu’il a réussi à faire peu à peu le ménage dans le système institutionnel, de sorte qu’au tournant décidé, sous la contrainte, par François Mitterrand en 1983-1984, tout a commencé à basculer franchement dans le sens des intérêts anglo-saxons les plus affirmés… et sans qu’il fût possible d’y rien opposer.

Comment enfoncer le clou, aujourd’hui, de l’effondrement nécessaire du monde du travail en France ? En lui appliquant, donc, ce « modèle allemand » dont Alexandre Mirlicourtois nous redonne la recette qui paraît avoir très bien fonctionné dans la zone Sud de l’Europe :


« Comme dans le cas allemand, c’est en cassant leur demande intérieure et en augmentant leur capacité à exporter que ces pays comptent rétablir leurs équilibres extérieurs et leurs comptes publics. »

Adieu veau, vache, cochon, couvée, dans la belle France des années que voici venir ?… Difficile de l’imaginer, et pourtant, ne croirait-on pas qu’elle y est déjà, au pain sec et à l’eau ?… Et pendant ce temps, il y en a d’autres qui courent très vite et depuis quelques années déjà. C’est bien ce que nous dit Alexandre Mirlicourtois :
« Les Allemands et les pays du Nord se sont rapidement adaptés à l’euro en améliorant leur compétitivité et en prenant des positions fortes sur les produits haut de gamme. Les pays du Sud s’adaptent à leur tour et font ce qu’ils savent faire. Etre moins chères dans la zone euro ou comme l’Italie se battre sur des niches. Quant à la France, elle n’a encore rien décidé. »

Serait-ce qu’elle attendrait que la décision vienne de Berlin sans que cela se dise tout haut ?… De fait, cela n’a besoin ni d’être dit, ni même d’être décidé… C’est déjà dit et déjà décidé. Et cela s’appelle l’Europe.

Mais, en ce qui nous concerne, peut-être disposons-nous de suffisamment de documents pour suivre les développements intervenus depuis 1945… si pas même au-delà… Et aider à parer à la catastrophe qui s’annonce désormais comme à peu près irrémédiable… sauf, pour les Françaises et les Français, à s’armer de tout le courage et de toute l’intelligence possibles.

Or, nous voici maintenant en présence de la vidéo publiée sur Xerfi Canal (https://www.xerficanal.com/) le 12 mai 2012, c’est-à-dire tout juste une semaine après l’élection du nouveau président de la république… Alexandre Mirlicourtois l’a intitulée : « François Hollande face à la dame d’acier : le tournant franco-allemand »

Aussitôt, nous recevons la première vague en pleine face tout en découvrant qu’elle est également adressée au Sarkozy :
« En se rendant à Berlin, François Hollande va-t-il prendre lui aussi le chemin de Canossa, comme l’a fait son prédécesseur avec Angela Merkel. Car ne nous y trompons pas : derrière le soi-disant couple franco-allemand, la France s’est en réalité pour l’essentiel alignée sur les positions allemandes, au détriment de ses intérêts économiques nationaux. »

Que nous réserve donc la suite du propos d’Alexandre Mirlicourtois  ? Avouons que nous sommes très impatients, très impatientes, de la découvrir…

NB. Cet article est le dix-huitième d'une série...
« L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? »
Pour revenir au document n° 1, cliquer ici



4 réactions


  • acab2 8 avril 2019 13:13

    « Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes ! »

    On s’occupe de macron, occupez vous de merkel.


    • sylvain sylvain 8 avril 2019 15:11

      @acab2

      qui s’occupe de merkel  ? Quand les gouvernements ont des politiques de puissance efficaces, qu’ils gagnent, leurs « peuple » les soutient quelque soient les manières qu’ils ont utilisés pour gagner . Les allemands semblent très contents de leurs élites, et pour que ça change ils faudraient qu’ils perdent .
      Les européens ne sont pas un peuple, encore moins l’humanité, et tant que c’est comme ça ce sera :
      « la guerre entre les peuples, la paix entre les classes »


    • pierrot pierrot 9 avril 2019 10:14

      @sylvain
      Votre remarque me semble assez vrai : les Allemands soutiennent leur élites sous réserve qu’ils « gagnent » (réalisme, efficacité allemandes), un peu comme au football.


  • MagicBuster 8 avril 2019 13:40

    C’est plutôt le tupperWare contre le pot de biere


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