samedi 29 octobre 2016 - par Hamed

Qui sera le nouveau président américain ? Pourquoi, après les élections, le monde se dirigera vers une nouvelle crise économique grave ?

 Peut-on penser un instant que Donald Trump ne sera pas président ? Oui, c’est dans l’ordre du possible. Mais alors s’il n’est pas élu, pourquoi cette campagne présidentielle américaine houleuse, folle ? Peut-on croire qu’Hillary Clinton élue présidente des États-Unis mettra fin à cette campagne trouble et complexe. Une campagne qui se termine en queue de poisson, avec quelque chose d’inachevé tant les enjeux sont considérables dans cette élection. On peut même dire que les États-Unis sont à la croisée des chemins.

Ce n’est pas pour discréditer Hillary Clinton, mais si elle est élue, c’est que l’Amérique risque de péricliter dans cette situation de naviguer à vue, et le système qui la régit reste toujours agrippé aux forces politiques, économiques, géostratégiques qui ne rapportent plus ou très peu, elles ne font qu’étirer une corde qui aujourd’hui apparaît de plus en plus fragile. Et il y a Donald Trump, un candidat qui dénonce un système corrompu, truqué et honteux.

Donc, quel sens aura cette élection ? Et comment ce Trump anti-système qui après avoir battu ses rivaux républicains est en challenge avec la candidate démocrate, Hillary Clinton, pour le poste de la magistrature suprême américaine. Si elle sera élue, elle sera la première femme à accéder à cette fonction suprême. Et pourquoi pas ? Barack Obama, un afro-américain, est bien devenu président des États-Unis, et a exercé cette fonction durant deux mandats (2009-2016). Si c’est le cas, une femme présidente, l’Amérique aura toujours à nous surprendre.

 

  1. Une campagne présidentielle houleuse en Amérique

 

 Il semble cependant que les élections ne vont pas se dérouler comme l’annoncent tous les sondages qui font d’Hillary Clinton, la grande favorite du 8 novembre 2016 ? En effet, sinon pourquoi tout ce vacarme médiatique sur Donald Trump ces dernières semaines, à moins d’un mois avant la ligne d’arrivée ? Cette dénonciation massive de femme qui accuse le candidat non favori d’attouchements et d’agressions sexuels malgré le démenti catégorique de l’intéressé. Tout s’est joué sur la publication à la mi-octobre 2016 d’une vidéo de 2005 dans laquelle Donald Trump s’est vanté d'un comportement relevant du harcèlement sexuel, et usant de mots d'une grande vulgarité. Le candidat s'est ensuite excusé d'avoir tenu ces propos, affirmant qu'il « s'agissait de discussions de vestiaire » et qu'il ne s'était jamais comporté de la sorte.

Malgré ces dénégations, des femmes comme Jessica Leeds et Rachel Crooks ont maintenu leurs accusations et ont confiés leurs témoignages au New York Time sur des attouchements sexuels dont elles n'avaient jamais fait part publiquement auparavant. Outre le témoignage de ces deux femmes, il y a celui de Temple Taggart, de Mindy McGillivray, de Cassandra Searles, de Natasha Stoynoff, et même une autre plaignante qui l’accuse de l’avoir violée en 1994, alors qu'elle était âgée de seulement 13 ans. (1)

Que dénotent ces accusations contre Donald Trump de dernière minute si proche du jour du destin pour les deux candidats, et aussi pour l’Amérique ? Et le monde, tant l’influence de l’Amérique, il faut le reconnaître, est grande sur le monde ? Simplement que cette campagne de dénigrement montre les craintes réelles de voir Donald Trump remporter les élections. Et pourquoi ces accusations n’ont pas été divulguées auparavant ? Etaient-elles ignorées ? Et elles surviennent au dernier moment, et surtout que des grands journaux comme le New York Time colportent ces accusations, sans contrôler la véracité des faits reprochés au candidat républicain.

Et le problème c’est que même dans son propre camp, Donald Trump est malmené pour ces accusations, alors que les républicains sont censés le soutenir. Paul Ryan, un poids lourd du parti républicain, il est président de la Chambre des représentants, se dit « écœuré », par les propos dégradants sur les femmes tenus par M. Trump dans la vidéo de 2005. Le chef républicain annonce qu’il abandonne tout espoir de reconquérir la Maison Blanche avec Donald Trump et qu’il cherche avant tout à sauver la majorité au Congrès, qui sera renouvelé le même jour que la présidentielle. (2) Alors que normalement, vu les enjeux, il aurait dû soutenir le candidat et que ce n’était qu’un « débat de vestiaire » comme l’a affirmé le candidat républicain aux élections présidentielles. Une posture qui est très loin dc l’« affaire Monica Lewinsky » ou de « Monicagate » qui a défrayé la chronique à l’époque, et pourtant le Congrès américain a bloqué la procédure de destitution (impeachment). Il est évident qu’une cabale, au plus des sphères dirigeantes, est monté contre Donald Trump qui a annoncé qu’il va changer le système en Américain et faire regagner la place de la grande Amérique. Comme il l’a écrit dans son livre « Crippled America : How to Make America Great Again (L'Amérique estropiée : comment rendre sa grandeur à l'Amérique) publié au moment même où le milliardaire dans l’immobilier a fait un début de campagne exceptionnel depuis l'annonce de sa candidature cet été, est au coude-à-coude dans les sondages avec son principal adversaire côté républicain, le neurochirurgien retraité Ben Carson. » (3)
 

Plusieurs centaines de partisans venus des quatre coins des États-Unis s'étaient rassemblés en fin de matinée à la tour Trump, à New York, où l'ancienne vedette de la télé-réalité tenait une séance de dédicaces pour son livre, « qui se vend comme des petits pains », selon lui.

Et Donald Trump lance devant les caméras : « Je pense que je vais être investi et gagner la Maison-Blanche. Je pense que battre Hillary Clinton (candidate démocrate à la présidentielle) va être facile, car ses antécédents sont tellement mauvais. » Il y a à la fois la crédulité, la franchise, la sincérité, la sagacité de l’homme d’affaires, donc autant de traits qui font sa force et touche le public, les électeurs. Il y a cette impression dans ses déclarations qu’il dit ce qu’il pense, sans calcul, avec ses bévues, ses polémiques.
 

Dans sa préface intitulée « Vous devez le croire », il ne revient pas sur ses déclarations-chocs concernant les Mexicains, qu'il avait qualifiés de violeurs et de trafiquants de drogues (les immigrants mexicains illégaux) en début de campagne, ajoutant cette fois que l'immigration clandestine privait les Américains de travail.
 

Il y défend également sa volonté d'ériger un mur le long de la frontière mexicaine, citant comme source d'inspiration la barrière de séparation bâtie par Israël en Cisjordanie, « grandement efficace pour arrêter les terroristes. Donald Trump, sans expliquer comment, appelle aussi à vaincre le groupe djihadiste État islamique, dont les forces, selon lui, « ne pourraient probablement pas remplir le stade des Yankees, à New York. » (3)

Ce sont des déclarations politiques-chocs, populistes, simplistes, mais réelles et terre à terre, qui touchent le public américain.

 

  1. Le « je me battrai pour vous, et je gagnerai pour vous » de Donald Trump

 

  Mais pourquoi cet acharnement du système américain contre ce qu’on dit de Donald Trump ou ce qu’il dit lui-même, l’homme anti-système. Dans un discours (4), le milliardaire lance une violente attaque contre sa rivale, l'accusant d'avoir « transformé le Département d'Etat en fond d'investissement personnel » à son profit, et « d'avoir déstabilisé presque seule le Moyen Orient ».

Il dit : « Cette élection va décider si nous sommes gouvernés par le peuple ou par les politiciens. » Le choix est entre « reprendre le pouvoir aux intérêts spéciaux » qui dictent leurs conditions en politique et en économie avec des résultats catastrophiques pour le peuple, poursuit l'homme d'affaires, ou « leur abandonner les dernières miettes d'indépendance qui nous restent encore  ».

Donald Trump présente l'élection comme un choix entre le « candidat du peuple », c'est à dire lui-même, et sa rivale Hillary Clinton, présentée comme la « candidate d'élites corrompues ». « Le slogan de sa campagne est : je suis avec elle. Laissez-moi vous donner ma réponse : moi, je suis avec vous, le peuple américain », lance-t-il, en appelant avec habileté aux électeurs du sénateur socialiste Bernie Sanders, qui n'a cessé de critiquer les liens de Clinton avec Wall Street et d'appeler une révolution politique contre un système truqué.

Donald Trump souligne qu'il a su construire un business pesant plus de 10 milliards de dollars, parce qu'il a « le talent » pour cela. « Je me présente car je veux rendre ce qu'il m'a donné à ce pays qui a été si bon pour moi », dit-il. Il parle de ce qu'il voit à travers le pays, « des routes qui s'effondrent, des aéroports dilapidés », des villes appauvries. Il dit que les élites ont trahi les ouvriers américains en laissant partir les emplois vers d'autres pays, juste pour servir les intérêts des grandes corporations. Il martèle son opposition à l'idéologie globaliste qui a prévalu sous Bill et Hillary Clinton et conduit à la conclusion d'accords de commerce qui « ont ruiné », dit-il, l'industrie manufacturière américaine. « Nous sommes passés d'une politique d'Américanisme à une politique de Globalisme, qui est en train de détruire la classe moyenne. Nous devons recréer notre industrie manufacturière pour rendre l'Amérique grande et riche à nouveau. » (4)

« Nous pouvons revenir très fort, mais ces problèmes ne pourront être résolus par Hillary Clinton », s'écrie-t-il, citant l'engagement de George Washington et d'Abraham Lincoln en faveur de l'industrie manufacturière américaine, dont « nous avons besoin économiquement mais aussi pour notre moral ». « Les gens qui ont truqué le système ne peuvent être ceux qui vont le réparer », affirme Trump, bien décidé à surfer sur le profond rejet des élites au pouvoir qui traverse le pays. Pour lui, le message d'Hillary « est vieux et fatigué ». « Son message est que cela ne peut pas changer. Mon message est que les choses doivent changer », dit-il, plaidant pour le changement, mais « pas le changement à la Obama, le vrai ! ».

« Des emplois, des emplois ! Des emplois, c'est mon programme, nous devons recréer notre industrie manufacturière pour rendre l'Amérique grande et riche à nouveau », s'écrie-t-il, sous les applaudissements.

Le milliardaire l'accuse d'avoir « transformé le Département d'Etat en fond d'investissement personnel » à son profit, et « d'avoir déstabilisé presque seule le Moyen Orient. L'Etat islamique nous menace aujourd'hui à cause des décisions qu'Hillary Clinton a prises avec le président Obama », a-t-il martelé, fustigeant le retrait militaire d'Irak, le lâchage de Moubarak pendant la révolution égyptienne de 2011, puis la décision d'intervention armée en Libye. » Les accusations que lance le candidat républicain contre elle sont redoutables. (4)

Donald Trump a bien dépeint une Amérique en déclin tout en promettant d’en devenir le sauveur. Il déclare : « Nous devons recréer notre industrie manufacturière pour rendre l'Amérique grande et riche à nouveau. »

Idem à Cleveland, dans son discours devant la convention républicaine réunie à Cleveland.

-  Je vous dis ces mots ce soir : je suis avec vous, je me battrai pour vous, et je gagnerai pour vous.
- Le Retour à la sécurité. « Mon message à vous tous est le suivant : la criminalité et la violence qui affligent aujourd’hui notre pays vont bientôt cesser. À partir du 20 janvier 2017 (date de la prise de fonctions du prochain président américain, après l’élection présidentielle de novembre prochain NDLR), ce sera le retour à la sécurité. »
« Le devoir de base de l’État est de défendre la vie de ses citoyens. Tout gouvernement qui échoue à cela est un gouvernement qui n’est pas digne de diriger. » Evidemment, il vise les immigrés, les réfugiés, les musulmans. (5)

Autre signes notables dans son changement, il parle pour la première fois de la communauté homosexuelle. « Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger la communauté homosexuelle de la violence, de l’oppression et de la haine venue de l’étranger. Et en particulier le terrorisme que, selon lui, Hillary Clinton a contribué à aggraver lorsqu’elle a été secrétaire d’Etat de Barack Obama. L’héritage d’Hillary Clinton c’est la mort, les destructions, le terrorisme et la faiblesse du pouvoir. » (6)

A la convention démocrate, à Philadelphie, contrairement à son rival, Hillary Clinton, veut opposer une image de fraternité au discours clivant de Donald Trump. » L’objectif de la candidate démocrate est de « construire des ponts, pas des murs », tandis qu’à Cleveland, Donald Trump dépeint une Amérique en déclin. Hillary Clinton annonce qu’elle est le camp des solutions, non des problèmes. Une déléguée au micro d’Europe 1, « ce n’est pas l’Amérique « réelle » qui était rassemblée à Cleveland : « Ici vous verrez plus d’Afro-Américains, d’asiatiques et de latinos, bref, Hillary c’est l’espoir et Trump, la haine. » (7)

Que peut-on dire de cette élection présidentielle inédite en 2016, aux États-Unis ? Il est clair que tout ce que dénonce le candidat républicain est bien attesté par les faits. Il démontre simplement que l’Amérique se trouve à un tournant de son histoire. Et c’est un candidat américain, et milliardaire de surcroît, qui le dénonce, prouve simplement que l’Amérique est bien à une croisée des chemins.

 

  1. Le renversement de l’équilibre mondial. La Chine, eldorado pour les délocalisations et IDE des firmes occidentales

 

 Pourquoi l’Amérique est à la croisée des chemins ? En réalité, ce n’est pas seulement l’Amérique, mais tout l’Occident. L’Europe, par exemple, subit encore la crise, et celle-ci n’est toujours pas dépassée.

Et l’élection présidentielle américaine est, aujourd’hui, directement concerné par des enjeux qui se jouent à l’échelle planétaire. Très schématiquement, comment s’est déroulée l’évolution du monde depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ? Elle s’est articulée sur trois axes.

Le premier axe. C’est la reconstruction de l’Europe, du Japon, de l’Union soviétique, de la Chine, enfin bref tous les pays qui ont souffert des destructions de la guerre, la décolonisation du tiers monde. Et tout s’est opéré durant la Guerre froide. Cette reconstruction terminée et la remise à niveau de l’Europe, du Japon, de l’Union soviétique et l’édification des nouveaux États sortis de la domination et de la décolonisation a permis ce qu’on appelle les « Trente Glorieuses ».

Le deuxième axe porte sur les pays asiatiques, notamment le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, la Malaisie et autres pays du sud-est asiatique qui ont profité de l’aide massive des États-Unis dès le début des années 1950. Face au « péril rouge », l’avènement de la Chine communiste en 1949, la montée en puissance de l’URSS et l’échec militaire dans la guerre de Corée (1950-1953), amène les États-Unis, à miser sur leurs alliés asiatiques, en soutenant économiquement et militairement les pays asiatiques alliés : Japon, Taïwan, Corée du Sud, Hong Kong et Singapour… qui se transforment en miracles asiatiques. Cet endiguement du communisme a permis à une partie de l’Asie de devenir des compétiteurs redoutés par l’Occident dans le commerce mondial.

Le troisième axe porte sur les crises monétaires intra-occidentales. Refusant de financer les déficits américains, les pays d’Europe exigeaient des États-Unis la conversion de leurs dollars en or. Ayant perdu une grande partie de leurs stock d’or au profit du reste du monde, en particulier vers les pays d’Europe et le Japon, ne pouvant pas convertir les dollars, les États-Unis mettent fin à la convertibilité du dollar en or. Le système des changes flottants se met progressivement en place, le dollar n’est plus soutenu par les pays alliés, la situation monétaro-financière dérape en Occident et se solde par une forte inflation dans le monde, due à l’excès de liquidités monétaires qu’émettent les grands pays industriels, détenteurs des monnaies internationales. Ce sont les pays du G5, i.e. les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Japon. Ce G5 devient G7, l’Italie et le Canada viennent renforcer le groupe des pays les plus riches du monde. Mais en réalité, c’est le G5 qui prédomine avec ses 5 monnaies internationales (dollar, yen, livre sterling, deutschemark, franc). Les deux krachs pétroliers, dans les années 1970, provoqués par les Américains et non par les Arabes, comme les médias occidentaux veulent le faire croire, va bouleverser l’économie mondiale.

En 1979, le décor est planté, la situation mondiale devient irréversible. Elle oblige la Réserve fédérale américaine (Fed) à mettre fin au processus d’expansion monétaire qui, devenant fortement inflationniste, mettait en danger la devise américaine et le système monétaire international. En augmentant le taux d’intérêt directeur de 10 % à plus de 20 %, et en diminuant les émissions monétaires, la Banque centrale a procédé à un formidable siphonage de la masse de dollars dans le monde. En effet, les investisseurs du monde entier affluent aux États-Unis pour placer leurs capitaux pour bénéficier du haut loyer de l’argent. Une situation qui deviendra extrêmement difficile pour les pays d’Afrique, du bloc Est d’Europe centrale et orientale et de l’Union soviétique, de l’Amérique du Sud et d’une partie de l’Asie. Ces pays qui avaient fortement empruntés grâce à des prêts contractés auprès des banques centrales à de faibles taux d’intérêt mais variables se trouvent brusquement pris dans le piège de l’endettement.

Là encore, la situation va s’articuler en trois axes. Le premier est la crise de l’endettement dans le monde qui s’accompagne par une faible demande mondiale et un excès de l’offre. Ce qui se traduit par des crises économiques à l’échelle planétaire. Ces crises sont évidemment différemment vécues. Pour l’Europe et le Japon, cela se traduit par une contraction de l’appareil industriel et la hausse du chômage. Les économies cependant se maintiennent d’autant plus qu’elles sont bénéficiaires de la crise de l’endettement qui frappe surtout le reste du monde. L’Amérique du Sud, les pays d’Afrique et le bloc socialiste de l’Est sont frappés durement par l’endettement. En 1989 tombe le Mur de Berlin. C’est le début de la fin du bloc socialiste. L’URSS cesse d’exister en décembre 1991. La Yougoslavie suit le processus de déliquescence du système économique socialiste. Les pays arabes, exportateurs de pétrole, sont touchés tardivement par la chute des prix pétroliers dès 1986 (contrechoc pétrolier). C’est le FMI qui viendra, avec ses plans d’ajustement structurel drastiques en échange d’une aide financière, secourir les économies en cessation de paiement. Leur évitant de plonger dans des guerres civiles.

Le deuxième axe, c’est la conversion de l’économie de la Chine en ce qu’on appelle le « socialisme de marché ». La Chine qui obtient le statut de pays le plus favorisé par les États-Unis entame sa fulgurante ascension, dès le début des années 1980. La clause de la nation la plus favorisée (NPF) lui sera accordée aussi par l’Union européenne depuis l’accord bilatéral, en 1982. (8)

Si la crise asiatique va faire des ravages, la Chine sera peu touchée. Sa monnaie, le renminbi du peuple, le yuan, reste toujours pilotée par la Banque centrale de Chine. Les effets du printemps de Pékin seront vite dépassés. Peu endettée, elle va précisément bénéficier du marasme économique mondial et de l’endettement mondial. En effet, tant pour le Japon, pour l’Europe que pour les États-Unis, la Chine va devenir un point de chute pour leurs usines qui ferment par manque de débouchés (excès de l’offre de biens et services sur la demande mondiale). Il était plus rentable pour l’Occident de délocaliser ces entreprises industrielles en Chine que de les fermer, pour profiter du faible coût de la main d’œuvre, des débouchés à la fois de son milliard d’habitants et de la compétitivité qu’offrent les exportations chinoises dans le monde. Le Japon sera le premier pays à délocaliser et à créer des joint-ventures avec des firmes chinoises. Ces dernières vont profiter du transfert technologique japonais. Ces délocalisations seront suivies par l’Europe, les États-Unis, et les pays émergents asiatiques (Taiwan, Corée du Sud…). La Chine deviendra un véritable eldorado pour toutes les firmes multinationales occidentales.

Le G7 n’avait aucune crainte sur l’évolution ultérieure de la Chine qui progressivement montait en puissance. Les Américains pensaient que la Chine évoluera comme le Japon, qui rappelons-le, après avoir longtemps bénéficié d’un yen sous-évalué a dû réévaluer brusquement son yen, sous la pression des pays occidentaux, en 1985 (Accords de Plaza, New York). Le taux de change yen-dollar est resté longtemps fixe de 360 yens pour un dollar jusqu’en novembre 1969. A partir de décembre 1969, il a commencé à s’apprécier pour s’échanger à 188, 394057 yens pour un dollar, en août 1978. Puis il s’est de nouveau déprécié pour atteindre 260, 200188 yens pour un dollar, en février 1985. Après les accords de Plaza, le taux de change yen-dollar va s’apprécier pour atteindre 128, 992193 yens en novembre 1990, et 84,555966 yens en juin 1995. (9)

Depuis la crise immobilière et financière entre 1990 et 1991, le Japon est englué dans une longue crise de déflation, avec des taux d’intérêt nominaux directeurs pratiquement égal à zéro. Précisément, cette perspective fait penser aux Américains et Européens que la Chine pourrait s’essouffler, et qu’après une réévaluation drastique du yuan, elle subir le même sort que le Japon. Sauf que la Chine n’a pas répondu positivement aux demandes répétées américaines et européennes de réévaluer sa monnaie. Le pilotage du taux de change du renminbi avec les autres monnaies internationales reste à l’appréciation de la Banque centrale de Chine. Le yuan certes est devenu une monnaie internationale convertible, jouant aussi comme monnaie de réserve dans les Banques centrales du monde, en particulier, les pays d’Afrique et d’Asie, qui se sont alignés à la politique monétaire chinoise, et constitue aussi, depuis septembre 2016, la cinquième monnaie avec le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling, dans le panier de monnaies dont se sert le FMI pour déterminer les DTS (Droits de tirage spéciaux), mais il ne flotte pas comme les autres monnaies internationales et est toujours encadré par la Banque de Chine. Et c’est là l’avantage de la Chine de disposer d’une arme monétaire redoutable parce qu’elle lui permet d’être protégé des attaques spéculatives extérieurs et lui octroie une parité de combat dans le commerce mondial.

Le Troisième axe, c’est le consensus de Washington, un corpus de réformes censé compléter les programmes d’ajustement déjà appliqués par les institutions financières internationales (B.M. et FMI). L’un des arguments en faveur de ce programme est l’existence d’administrations étatiques pléthoriques et souvent corrompues, dans les pays endettés du reste du monde.

La montée en puissance de grands pays industrialisés hors de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la libéralisation financière et surtout l’interdépendance accrue des économies dans le monde ont amené les décideurs occidentaux à établir, au début des années 1990, un ensemble de règles que tous les pays endettés (pays de l’ex bloc Est, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud) devaient appliquer : rigueur budgétaire, diminution des subventions, réforme fiscale en faveur du capital, libéralisation financière, taux de change compétitifs, privatisation, déréglementation, garantie des droits de propriété. L’existence d’un surplus d’épargne aux États-Unis et en Europe, comme les fonds de pension, permettait leur investissement dans les pays émergents (ou en cours d’industrialisation), qui ont un besoin pressant de financement et dont les rendements sont plus élevés qu’en Occident.

Ces investissements financiers directs étrangers (IDE) qui viennent compléter les délocalisations dans les pays du reste du monde, en voie d’industrialisation, et doper leur compétitivité commerciale et donc les transforment en puissances industrielles émergentes, transforment en revanche les pays occidentaux qui ont délocalisé et financé cette industrialisation en puissances financières rentières. Et c’est là le problème central qui se pose à l’Occident et les difficultés inhérentes à ce processus qui s’est imposé par les nécessités économiques de la conjoncture née de la crise de l’endettement mondial, depuis le début des années 1980. Des pays naguère très endettés comme le Brésil, la Russie, se retrouvent propulsés en puissances émergentes. Mais la palme revient à la Chine depuis sa conversion au socialisme de marché et s’est propulsée, après avoir intégré l’OMC en 2001, en puissance industrielle hors pair, devenant l’atelier du monde, comme le furent les États-Unis, après 1945. La conférence ministérielle qui s'est tenue à Doha (Qatar) du 9 au 14 novembre 2001, et entériné l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce dont ce sera le 143ème membre, fera date dans l’histoire économique mondiale.

 

  1. L’Amérique face à la complexité des défis dans le monde. La Russie poutinienne face à l’hégémonie américaine dans le monde

 

 On comprend dès lors la situation géoéconomique dans le monde. Un Occident en perte de vitesse, les États-Unis comme l’Europe et le Japon, en tant que détenteurs des principales monnaies internationales du monde, n’ont pas d’autre choix que d’émettre des liquidités pour financer l’économie mondiale. Après la révolution des valeurs technologiques dans les années 1990, qui a permis de résorber en partie l’endettement mondial, l’économie mondiale qui était en pleine croissance s’est essoufflée brusquement en 2000, provoquant une récession américaine en 2001. Cet essoufflement de la nouvelle économie vient se compliquer avec les attentats du 11 septembre 2001, qui vont bouleverser l’équilibre économique et géostratégique mondial.

De nouveaux, trois axes vont déterminer les pays occidentaux dans leurs efforts pour renverser globalement la tendance baissière de leurs économies et du rapport de puissance avec le camp adverse, principalement la montée en puissance des pays émergents dont au centre la Chine et la Russie qui va renaître de ses cendres. D’autant plus que le G20 qui s’est constitué, en septembre 1998, donne un nouveau poids aux pays émergents, que le G7 doit désormais tenir compte. D’ailleurs faut-il souligner que le G7 est devenu le G7+1, à partir de 1994, suite à la présence de la Fédération de Russie en marge des réunions du G7, puis, en 1997, devient formellement le G8. La stratégie occidentale d’incorporer la Russie sous Boris Eltsine dans le G8 s’inscrivait dans un processus d’intégration géopolitique dont l’objectif est de renforcer le pôle occidental sur les autres pôles adverses, principalement chinois.

Ceci étant, le premier axe a été la lutte contre le terrorisme islamique, depuis l’attaque terroriste contre le World Trade Center, à New York. L’objectif de cette lutte était triple : 1. Renverser le régime des talibans en Afghanistan, et installer un régime afghan pro-américain. 2. Renverser le régime irakien laïc et installer un régime arabe pro-américain. 3. A l’issue, renverser le régime islamiste iranien, et installer un régime pro-américain. Evidemment, l’objectif principal était regagner une mainmise totale sur les gisements de pétrole du Moyen-Orient. Le monde faut-il rappeler, était unipolaire, depuis la disparition de l’URSS de la scène internationale.

Pour les Américains, la lutte anti-terroriste islamique ne signifiait pas lutter contre des régimes islamistes. Au contraire, ils visent à installer partout dans le monde musulman des régimes islamistes mais alliés. Pour l’Amérique, la stratégie était simple laisser les Musulmans à leur Islam, à leur charia islamique, mais qu’ils restent alliés, soumis pour qu’ils soient soutenus par la puissance américaine. Ce qui leur accorde la prééminence dans la région. Et qu’ils ne cherchent pas à développer l’industrie nucléaire comme l’a dévoilé en 2003, l’Iran, dans son programme d’enrichissement nucléaire.

Le deuxième axe est l’économie américaine. La nouvelle économie étant en perte de vitesse, la forte compétitivité de l’industrie de biens et services de l’Asie et surtout de la Chine ne laisse qu’un créneau porteur, la construction, gros pourvoyeur d’emplois. Ce qui a poussé les autorités monétaires américaines à encourager la construction et pousser le système bancaire américain à faciliter l’octroi des crédits hypothécaires. L’effet de richesse par la hausse de l’immobilier a provoqué l’enrichissement des ménages américains, ce qui a dopé la consommation sur fond d’endettement. Il était probablement pensé qu’après les victoires au Moyen-Orient, les autorités monétaires procèderaient à un dégonflement en douceur de la chaîne de Ponzi qu’ils ont créée. Mais la situation en Irak ayant mal évolué, les forces américaines qui se sont enlisées dans le bourbier irakien n’ont laissé aucune alternative à la Banque centrale américaine que de relever le taux d’intérêt à partir de 2004. C’est ainsi que toutes les formidables liquidités émises pour financer la guerre et l’économie via la chaîne de Ponzi va déclencher la plus grave crise immobilière et financière, depuis 1929. Commencé en 2007, la crise sera à son sommet à l’été 2008.

Evidemment, les déboires pour l’Amérique dans la guerre et la crise qui est survenue ensuite a permis d’enrichir la Chine et le reste du monde, dont la Russie et les pays exportateurs de pétrole, au point qu’il s’est constitué un nouveau pôle de pays émergents à partir de 2008, les 5 pays du BRICS, i.e. le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ces pays disposent des plus grande réserves de change u monde.

Le sauvetage du système bancaire occidental par les formidables injections monétaires opérées par les quatre Banques centrales (États-Unis, zone euro, Angleterre et Japon) dans le cadre de politiques monétaires non conventionnelles ou quantitative easing, pendant sept ans (2008 à 2014) va faire doubler cette masse de réserves de change en dollars, euros, livres sterling et yens. Plus de 8 000 milliards de dollars pour les pays du BRICS. Pour la seule Chine, environ 4000 milliards de dollars. Pour l’Arabie saoudite, entre les bons de Trésor publics, environ 700 milliards de dollars, en 2014, et les avoirs privés, on fait état de 1500 milliards de dollars.

C’est précisément dans cette situation de déséquilibre profond entre l’Occident et le reste du monde détenteur de réserves de change considérables que s’est produit le retournement pétrolier au deuxième semestre 2014. Les États-Unis, ayant résorbé la crise et diminué drastiquement le chômage, passant de 10 % en 2008 à moins de 5,9 %, en septembre 2014, ont mis fin aux quantitative easing. Le prix du pétrole Brent est passé d’un cours de plus de 120 dollars le baril avant l’été 2014 à environ 50 dollars en décembre 2014. En 2015, le Brent a baissé à moins de 40 dollars. Aujourd’hui, il se situe autour de 50 dollars.

Le troisième axe va se jouer sur le plan géostratégique. En effet, les États-Unis et l’OTAN, depuis 2008, ne cesse de reculer dans le monde. Non seulement en Asie centrale (Irak et Afghanistan) où ils ont été tenus en échec, sans gain substantiel compte tenu du coût de la guerre (pertes matérielles et humaines) – un désastre pour la région –, mais aussi dans le Caucase où une guerre a opposé la Russie à la Géorgie soutenu par l’Occident, en août 2008, à l’issue de laquelle la Russie a reconnu la souveraineté de l’Ossétie du Sud. La perte de la province séparatiste l’Ossétie du Sud pour la Géorgie a été un revers magistral pour l’Occident. Il sera suivi, de nouveau, en mars 2014, par un conflit armé avec la Russie, cette fois en Europe orientale. Il se solda par la perte de la Crimée et de Sébastopol pour l’Ukraine, et leur rattachement à la Russie. Là encore un autre nouveau revers dur pour les États-Unis et l’Europe. Au point que la Russie fut exclue du G8 le 24 mars 2014. « Le G8 prévu en juin à Sotchi sera remplacé par un G7 à Bruxelles. » (10)

Un autre revers est de nouveau enregistré par les États-Unis. Cette fois-ci au Moyen-Orient où se trouvent les plus grands gisements de pétrole du monde. Un Moyen-Orient au sein duquel toute la stratégie bâtie sur la lutte contre le terrorisme islamique et, son corollaire, la mise au pas des pays récalcitrants à l’hégémonie américaine, devait assurer un monde unipolaire dominé par les États-Unis. Ce monde a été mis en échec.

Et le summum des revers a été atteint lorsque la Russie s’est lancée, le 30 septembre 2015, par des frappes aériennes contre l’opposition islamiste en Syrie. Il faut rappeler que depuis le Printemps arabe, en 2011, la Syrie est plongée dans une guerre civile extrêmement coûteuse en vies humaines et destructions des villes. En plus, le conflit en Syrie s’est internationalisé devenant le prolongement de la guerre en Irak, pays où le groupe islamique « ad-dawla al-islāmiyya fi-l-iraq wa-sham » (ou l’acronyme Daesh)  a créé un califat en jonction territoriale avec la Syrie.

En juin 2015, la situation militaire en Syrie était tellement préoccupante pour l’armée loyaliste syrienne, pourtant épaulées par le Hezbollah et les forces venues d’Iran, que Damas risquait d’être emportée par les combattants islamistes. C’est ainsi qu’à la demande du président syrien, Bachar al-Assad, la Russie est venu appuyer par les frappes aériennes les forces gouvernementales contre les groupes islamistes appuyés par les États-Unis, l’Europe et les pétromonarchies du Golfe. C’est cette situation de guerre qui prévaut encore aujourd’hui, que la Russie a non seulement perturbé tous les plans européo-américains dans les principaux théâtres de guerre dans le monde, mais les a mis en échec, et de surcroît a enregistré des gains majeurs, géographiquement substantiels tant en Ossétie du Sud, en Crimée, à Sébastopol qu’en Syrie.  

 

  1. Les 5 raisons de Michael Moore que Trump va gagner

 

 C’est, aujourd’hui, dans ce contexte de guerre et de crise économique, pendante à la crise financière de 2008 qui n’est toujours pas résorbée, et pétrolière depuis l’été 2014, que se déroulent les élections présidentielles américaines. Il est certain que l’après 8 novembre 2016, et la prise de fonction du nouveau président américain le 20 janvier 2017 va soit marquer la rupture avec la politique menée par le président démocrate Barack Obama et donc l’Amérique aura à se propulser dans une nouvelle politique dans le monde soit maintenir la politique actuelle poursuivie par le président américain sortant. Mais ce qu’il faut souligner, eu égard aux enjeux, aux échecs et recul de la première puissance du monde, c’est que, quel que soit le président qui sera choisi par les urnes, la situation mondiale va rester conflictuelle, et déteindra très négativement sur l’économie mondiale.

D’autre part, compte tenu des visions des deux candidats qui sont pour ainsi dire diamétralement opposées, on peut affirmer, qu’au-delà des urnes, ce ne seront pas les programmes électoraux de chaque candidat qui vont décider de l’élection présidentielle. Parce que les deux programmes électoraux d’une certaine manière se valent. Trump dit que je vais « rendre la grandeur à l’Amérique » comme il l’a écrit dans son livre de campagne « Crippled America : How to Make America great again » (L’Amérique estropiée : Comment rendre sa grandeur à l’Amérique) ou encore il promet qu’il sera « le meilleur président pour l'emploi que Dieu ait jamais créé »... sans qu’il n’avance de propositions concrète pour réduire le chômage, dont le taux réel selon lui est en fait de 42% (il compte les étudiants, les retraités et les parents au foyer). Ou encore Hillary Clinton fait de la défense des droits de famille un de ses chevaux de bataille, ou propose un salaire minimum de 12 dollars de l’heure alors que le salaire minimal fédéral actuel est de 7,25 dollars l’heure, soit presque le double. Pour cela il faudrait une forte croissance économique alors que les États-Unis enregistrent aujourd’hui des déficits budgétaires et courants conséquents. Et si on les additionne, ils sont à plus de 1000 milliards de dollars, et financés via la planche à billet par les pays du reste du monde. Comme pour la baisse des impôts, ou la diminution drastique des frais d’inscription pour les impôts ou encore la réforme des finances ou taxer les hauts revenus, il est évident que tout dépend comme l’économie va évoluer et cela personne ne le dit. De plus on ne peut oublier qu’Hillary Clinton doit, pour ses propositions, encore tenir compte du Congrès qui est majoritairement républicain. Donc rien n’est donné.

Aussi peut-on considérer que les programmes électoraux certes jouent un rôle dans l’orientation de l’opinion publique mais ils ne sont pas déterminants. Sinon ce serait trop facile, si c’était le meilleur programme électoral qui l’emportait. Les candidats aux élections présidentielles n’ont alors qu’à lisser leurs programmes pour l’emporter, quitte à ne pas le respecter lorsqu’ils sont élus. Et personne ne pourra le leur reprocher parce qu’ils mettront cela sur la crise qui n’a pas été prévue. Comme pour Bush junior ou encore Obama qui bien que son « yes, we can » était présent, la situation économique n’a été retournée que grâce aux formidables liquidités injectées par la Réserve fédérale dans le cadre de trois programmes massifs de quantitative easing et une opération twist, entre 2008 et 2014, et qui ont vu le pétrole et l’or passer pour le premier à plus de 120 dollars le baril, pour le second à un pic de 1900 dollars l’once en 2011. Mais depuis que la Fed a serré le robinet monétaire (fin des QE) 2014, les prix du pétrole se sont dégonflés. Le pétrole Brent est aujourd’hui à moins de 50 dollars. Une remontée depuis la réunion de l’OPEP en septembre 2016 qui est en train de se renverser.

Il est intéressant de comprendre les arguments qu’apporte Michael Moore qui pense que Donald Trump va gagner. (11) Il avance 5 raisons qui se tiennent. Pour la première raison, il dit : « Dans les plus récents sondages, Trump devance Clinton en Pennsylvanie. Et comment se fait-il qu'il soit à égalité avec Clinton en Ohio, après tant d'extravagances et de déclarations à l'emporte-pièce ? C'est sans doute parce qu'il a affirmé (avec raison) qu'Hillary a contribué à détruire la base industrielle de la région en appuyant l'ALÉNA. Trump ne manquera pas d'exploiter ce filon, puisque Clinton appuie également le PTP et de nombreuses autres mesures qui ont provoqué la ruine de ces quatre États.

Durant la primaire du Michigan, Trump a posé devant une usine de Ford et menacé d'imposer un tarif douanier de 35 % sur toutes les voitures fabriquées au Mexique dans le cas où Ford y déménagerait ses activités. Ce discours a plu aux électeurs de la classe ouvrière. Et lorsque Trump a menacé de contraindre Apple à fabriquer ses iPhone aux États-Unis plutôt qu'en Chine, leur cœur a basculé et Trump a remporté une victoire qui aurait dû échoir au gouverneur de l'Ohio John Kasich.

L'arc qui va de Green Bay à Pittsburgh est l'équivalent du centre de l'Angleterre. Ce paysage déprimant d'usines en décrépitude et de villes en sursis est peuplé de travailleurs et de chômeurs qui faisaient autrefois partie de la classe moyenne. Aigris et en colère, ces gens se sont fait duper par la théorie des effets de retombées de l'ère Reagan. Ils ont ensuite été abandonnés par les politiciens démocrates qui, malgré leurs beaux discours, fricotent avec des lobbyistes de Goldman Sachs prêts à leur écrire un beau gros chèque. Voilà donc comment le scénario du Brexit est en train de se reproduire. ­[…] « Cela dit, notre plus grand problème n'est pas Trump mais bien Hillary. Elle est très impopulaire. Près de 70 % des électeurs la considèrent comme malhonnête ou peu fiable. » »

La deuxième raison est aussi éloquente.  « Nos 240 ans de domination masculine risquent de se terminer. Une femme risque de prendre le pouvoir ! Comment en est-on arrivés là, sous notre propre règne ? Nous avons ignoré de trop nombreux avertissements. […] Ce monstre, cette « féminazie » qui - comme le disait si bien Trump – « saigne des yeux et de partout où elle peut saigner » a réussi à s'imposer. Après avoir passé huit ans à nous faire donner des ordres par un homme noir, il faudrait maintenant qu'une femme nous mène par le bout du nez ? Et après ? Il y aura un couple gai à la Maison-Blanche pour les huit années suivantes ? Des transgenres ? Vous voyez bien où tout cela mène. Bientôt, les animaux auront les mêmes droits que les humains et le pays sera dirigé par un hamster. Assez, c'est assez ! »

La troisième raison. « Hillary est un problème en elle-même. Pouvons-nous parler en toute franchise ? En premier lieu, je dois avouer que j'aime bien Hillary Clinton. Je crois qu'elle est la cible de critiques non méritées. Mais après son vote en faveur de la guerre en Irak, j'ai promis de ne plus jamais voter pour elle. Je suis contraint de briser cette promesse aujourd'hui pour éviter qu'un proto-fasciste ne devienne notre commandant en chef. Je crois malheureusement qu'Hillary Clinton va nous entraîner dans d'autres aventures militaires, car elle est un « faucon » perché à droite d'Obama. Mais peut-on confier le bouton de nos bombes nucléaires à Trump le psychopathe ? Poser la question, c'est y répondre. Cela dit, notre plus grand problème n'est pas Trump mais bien Hillary. Elle est très impopulaire. Près de 70 % des électeurs la considèrent comme malhonnête ou peu fiable. Elle représente la vieille manière de faire de la politique, c'est-à-dire l'art de raconter n'importe quoi pour se faire élire, sans égard à quelque principe que ce soit. […]Pas une journée ne passe sans que des milléniaux me disent qu'ils ne l'appuieront pas. Je conviens qu'aucun démocrate ou indépendant ne sera enthousiaste à l'idée de voter pour elle le 8 novembre. La vague suscitée par l'élection d'Obama et la candidature de Sanders ne reviendra pas. Mais au final, l'élection repose sur les gens qui sortent de chez eux pour aller voter, et Trump dispose d'un net avantage à cet effet. »

La quatrième raison. « Les partisans désabusés de Bernie Sanders. Les jeunes n'ont aucune tolérance pour les discours qui sonnent faux. Dans leur esprit, revenir aux années Bush-Clinton est un peu l'équivalent d'utiliser MySpace et d'avoir un téléphone cellulaire gros comme le bras. Les jeunes ne voteront pas davantage pour Trump. Certains voteront pour un candidat indépendant, mais la plupart choisiront tout simplement de rester à la maison. »

La cinquième raison. « Pour conclure, ne sous-estimez pas la capacité des gens à se conduire comme des anarchistes malicieux lorsqu'ils se retrouvent seuls dans l'isoloir. […] Vous pouvez choisir un parti politique, ou écrire Mickey Mouse et Donald Duck sur votre bulletin de vote. C'est pour cette raison que des millions d'Américains en colère seront tentés de voter pour Trump. Ils ne le feront pas parce qu'ils apprécient le personnage ou adhèrent à ses idées, mais tout simplement parce qu'ils le peuvent. Des millions de gens seront tentés de devenir marionnettistes et de choisir Trump dans le seul but de brouiller les cartes et voir ce qui arrivera. Vous souvenez-vous de 1998, année où un lutteur professionnel est devenu gouverneur du Minnesota ? Le Minnesota est l'un des États les plus intelligents du pays, et ses citoyens ont un sens de l'humour assez particulier. Ils n'ont pas élu Jesse Ventura parce qu'ils étaient stupides et croyaient que cet homme était un intellectuel destiné aux plus hautes fonctions politiques. Ils l'ont fait parce qu'ils le pouvaient. Élire Ventura a été leur manière de se moquer d'un système malade. La même chose risque de se produire avec Trump. »
« Un homme m'a interpellé la semaine dernière, lorsque je rentrais à l'hôtel après avoir participé à une émission spéciale de Bill Maher diffusée sur HBO à l'occasion de la convention républicaine : « Mike, nous devons voter pour Trump. Nous DEVONS faire bouger les choses ! » C'était là l'essentiel de sa réflexion. Faire bouger les choses. Le président Trump sera l'homme de la situation, et une grande partie de l'électorat souhaite être aux premières loges pour assister au spectacle. »
 

  1. Qui sera le nouveau président des États-Unis ? Pourquoi, après les élections, le monde se dirigera vers une crise économique grave ?

 

 Tout ce qu’énonce Michael Moore se tient. Oui, ce sentiment de lassitude, d’incompréhension, de prise de conscience des Américains d’un système malade qui gouverne, transparaît dans les mots de Michael Moore. Une réalité vécue, sentie. Comme le dit cet Américain qui interpelle Moore : « Nous devons faire bouger les choses ! Faire bouger les choses. Le président Trump sera l’homme de la situation. »

La question qui se pose pourquoi Trump sera l’homme de la situation et non Hillary Clinton, et ce, au-delà du réquisitoire de Michael Moore ? Pour comprendre l’Amérique, il faut partir de l’aura qu’avait l’Amérique lorsqu’elle avait libéré l’Europe et l’Asie du nazisme et du militarisme japonais en Asie. Son aura était très grande, à l’époque, l’Amérique symbolisait le monde libre. Elle était en quelque sorte la championne des peuples libérés malgré son impérialisme qui était ensuite notoire. Mais le fait qu’elle luttait contre le totalitarisme communiste (guerre en Corée, au Vietnam), ou qu’elle menait une politique de deux poids deux mesures dans le conflit israélo-palestinien, pouvait encore faire passer cet impérialisme dans le cadre de la guerre froide. D’ailleurs la guerre du Vietnam a porté un coup dur à cette image de championne du monde libre héritée par le Deuxième Conflit mondial.

Mais là où tout commence à se casser pour la superpuissance, c’est lorsqu’elle mène une politique impérialiste agressive directe à partir de la fin des années 1980. Profitant de l’éclatement de l’URSS, la guerre froide terminée, à la tête d’une coalition internationale, elle entre en guerre, au Moyen-Orient, contre l’Irak. Une annexion du Koweït par l’Irak qu’elle a fomentée ainsi que la guerre qui a suivie pour la faire passer pour une puissance libératrice au service des peuples. Alors qu’en fait, l’Amérique visait à dominer le monde. Même le concept de « guerre chirurgicale » avec le « zéro mort », alors que le camp adverse subissait des centaines de milliers de morts entre combattants et innocents. Plus d’innocents, de vieillards, de femmes, d’enfants tués par les bombardements que de combattants.

La guerre terminée, c’est l’embargo de 12 années qui a suivi contre l’Irak, provoquant la mort de 500 000 à 1 million d’enfants selon les Nations unies, et des frappes aériennes quasiment quotidiennes, à la fin des années d’embargo.

Où est la mansuétude, l’humanisme, la morale chrétienne de la première puissance du monde ? Les régimes politiques, démocrates et républicains, qui se suivent ne les différencient guère de Bush père à Bill Clinton, puis de Bush fils à Barack Obama, l’Amérique reste englué dans les guerres directement ou indirectement contre le reste du monde, en particulier contre le monde musulman.

Lorsqu’elle s’est alliée aux pétromonarchies arabes féodales, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, cette alliance contre nature pouvait passer parce qu’elle était justifiée par la lutte contre le totalitarisme sino-soviétique. L’endiguement faisait passer la pilule idéologique de la lutte pour le monde libre, malgré les couacs dans certaines régions géographiques. Mais quand l’Amérique installe des régimes islamiques extrémistes comme les talibans en Afghanistan, rien ne va plus. Elle devient le pays qui encourage l’extrémisme islamiste. Certes tant qu’elle utilisait les moudjahidines afghan pour libérer l’Afghanistan contre l’occupation soviétique, cela pouvait passer. Mais armer et lancer des islamistes radicaux qui n’utilisent l’Islam que pour dominer les peuples comme l’Amérique elle-même le fait mais à l’échelle planétaire, comment espèrerait-elle que les peuples accepteraient telle ignominie de la première puissance du monde.

Au point que le 11 septembre 2001 surgissent des airs 4 avions de lignes attaquant les symboles du pouvoir financier mondial dont l’Amérique se targue d’en être le dépositaire. Alors que ce centre financier mondial a tissé une toile malsaine sur le monde, dont l’objectif est d’asservir les peuples, y compris le peuple américain. C’est de nouveau l’occasion pour l’Amérique de défaire le régime islamiste des talibans et installer un autre en Afghanistan, plus soumis à sa puissance. Puis elle s’en prend au régime progressiste laïc irakien, le défait, et installe un régime chiite. Son plan de dominer l’Irak ne fonctionne pas. L’Iran qui était dans le collimateur a au contraire contribué à son échec. Les deux mandats de Bush junior se terminent en catastrophe. D’abord en 2005, avec l’ouragan Katrina, qui a poussé les eaux à submerger la Louisiane. La Nouvelle-Orléans était sous les eaux au point que des évangélistes américains ont annoncé que c’est une punition de Dieu.

Toujours est-il le deuxième mandat de Bush se termine en apothéose du déclin. Non seulement c’est un fiasco dans la guerre menée en Irak, mais l’économie américaine s’arrête de fonctionner, à l’été 2008. C’est une formidable crise financière qui frappe l’économie américaine et s’étend au monde. Des millions d’Américains perdent leurs logements et leurs emplois. De nouveau le pouvoir financier mondial dont l’Amérique dispose entre en jeu et inonde le monde de masses de dollars. Plus d’une dizaine de milliers de milliards de dollars, en sept ans. On fait état de l’équivalent du tiers du PIB mondial, en dollars. L’économie américaine et mondiale remonte lentement, mais remonte. Les Américains cherchent toujours une issue à la débâcle de leurs plans de guerre de domination, au Moyen-Orient. Celui-ci est intimement lié au plan de domination du pouvoir financier américain qui lui aussi vise, via le pétrole arabe libellé en dollar, une domination monétaire à l’échelle planétaire.

 

Le « Printemps arabe » venu que la superpuissance a provoqué offre de nouveau une voie de sortie. De 2011 à 2016, tous les régimes politiques arabes sont déstabilisés. Si ce printemps comme on dit « à quelque chose malheur est bon » va permettre de « dégager » des despotes arabes alliés de l’establishment américain, que celui-ci a sacrifié intentionnellement parce qu’ils ont cessé d’être rentables pour domination du monde. De nouveau, l’Amérique est engluée dans un conflit sans fin dans le monde arabo-musulman.

L’Irak est terrassé par la guerre. On lui crée un Etat islamique (EI) qui sortit du néant en 2014, et qu’une année après, devenant réfractaire et insoumis, l’Amérique le punit. A la tête d’une coalition, elle le bombarde. Mais la Syrie est dévastée. L’Amérique arme et on rétribue des extrémistes islamiques pour détruire la Syrie, le seul Etat qui fait face à Israël et est encore debout. Face à l’impérialisme israélien, qui est un sous-produit de l’impérialisme américain.

Une autre guerre est déclenchée au Yémen par les pétromonarchies arabes, alliés aux Américains, contre le peuple houtie du Yémen. Mais cette voie de sortie pour l’Amérique ne va pas tenir. Tout va basculer lorsque la Russie entre dans le conflit syrien, le 30 septembre 2015. C’est une débâcle pour les plans américains, l’issue est bloquée d’autant plus que la Russie enregistre succès sur succès. En Ossétie du Sud, en Crimée et Sébastopol, et enfin en Syrie et au Moyen-Orient, avec pour base l’Iran qui lui ouvre les portes, et la Syrie où elle se renforce, en créant de nouvelles bases permanentes en plus de Tartous.

Telle est la situation de déclin de l’Amérique qui entraîne avec elle ses alliés. L’Europe qui n’est toujours pas sortie de la crise financière de 2008, le Japon toujours englué dans une déflation depuis les années 1990, et enfin les pétromonarchies du Golfe qui se trouvent plongés dans une double crise pétrolière et de guerre au Yémen. On comprend dès lors pourquoi les Américains doutent de leur système politique bipartisan, qui, à chaque élection présidentielle, leur fait des promesses des promesses qu’il ne tient pas. De plus, vu les guerres qui n’en finissent depuis 26 ans, qui a commencé avec la fin du bloc Est en 1990, des échecs répétés dans la lutte anti-terroriste, et plus grave elle utilise des terroristes islamistes à des fins de domination au Moyen-Orient, l’Amérique ne fait que donner une image négative d’elle aux peuples du reste du monde. Et le peuple américain qui prend conscience n’arrive pas à renverser les donnes.

C’est la raison pour laquelle Donald Trump qui a qualifié l’Amérique de « pays estropié » a trouvé un grand répondant dans l’aspiration et l’opinion du peuple américain. Parce qu’il a su dire la vérité au peuple américain, et c’est par cet esprit de franchise qu’il en a capté une grande partie. Surtout souvent sans qu’il dise comment, il ne veut pas mentir comment il compte arriver à rendre la grandeur de l’Amérique. Il ne veut pas faire de fausses promesses qu’il ne pourrait tenir. Comme le fait Hillary Clinton qui, par exemple, propose un salaire minimum de 12 dollars l’heure au lieu de 7,25 dollars actuellement. Elle sait pourtant que cette promesse n’est pas jouable, eu égard à la crise mondiale.

« Car si cela eut été vrai, un salaire minimum de 12 dollars l’heure, et conjugué à une baisse d’impôts comme elle le promet, AURAIT FAIT LA JOIE A LA CHINE, A l’EUROPE, AUX PAYS EXPORTATEURS DE PETROLE, A LA RUSSIE, AU PAYS DU RESTE DU MONDE. Parce que ces 12 dollars l’heure auraient dopé la consommation américaine et augmenté les déficits jumeaux américains. Une situation qui se traduira forcément par une financiarisation de l’économie mondiale et boostera les exportations de la Chine, de la Russie, des pays émergents, des pays exportateurs de pétrole et le double effet en Europe, en consommation et exportation. Or, aujourd’hui c’est le contraire qui se produit. L’Amérique serre le robinet monétaire. Et tous les économistes du monde qui suivent l’actualité financière et monétaire de l’Amérique et de l’économie mondiale le savent. »

 

Aussi peut-on dire avec une très grande probabilité que c’est Donald Trump qui sera élu, et donc sera le 45ème président des États-Unis. Mais il faut avertir qu’après son élection, son mandat sera extrêmement difficile. Il aura tout l’establishment américain contre lui, y compris dans le camp républicain. Les poids lourds de son camp ont déjà signifié qu’ils ne le soutiendraient pas dans les élections et ils feront de même après les élections. Il est évident que républicains et démocrates ont partie liée avec le pouvoir financier américain qui a une très grande emprise sur le monde. Aussi peut-on pronostiquer que Donald Trump aura certainement contre lui ce pouvoir financier secret, souterrain. Qui bien qu’il est au service de la nation, et donc au service des politiques qui dirigent la nation, en réalité, ce sont les politiques qui sont à son service. C’est ce pouvoir qui dicte l’orientation de la politique de l’establishment (Maison Blanche, Pentagone, CIA) tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Et ces deux plans sont liés, ils sont interdépendants.

Précisément, en cherchant à mettre au pas le pouvoir financier, ou à s’imposer à lui, que Donald Trump provoquera une riposte qui le contraindra à changer de politique. Et la riposte, il ne faut pas aller trop loin pour la comprendre, le conflit va forcément déteindre négativement sur l’économie américaine. D’autant plus que la Réserve fédérale américaine a aujourd’hui toutes les difficultés du monde pour trouver la meilleure voie pour stabiliser l’économie américaine dans la croissance. Mois après mois, en cette année 2016, elle reporte la hausse du taux d’intérêt de crainte d’étouffer la reprise.

D’autre part, Donald élu, une crise économique va commencer à poindre dès 2017, qui impactera négativement l’économie mondiale. Donc une crise encore plus grave qu’elle ne l’est aujourd’hui pour les pays émergents, les pays exportateurs de pétrole et du reste du monde. Le premier pays qui sera visé est certainement la Russie qui, depuis 2014, et surtout aujourd’hui, est réfractaire à la domination occidentale. La Russie poutinienne veut partager la responsabilité de gestion du monde. Et on peut penser qu’elle ne veut pas dominer, mais veut avoir sa propre voie, sur un partage équitable de responsabilité Ce que ne veut pas l’Occident. Si la Russie a été acceptée de faire partie du G7, c’est qu’elle devait accepter les règles de la majorité des pays riches. Ce qui n’a pas été le cas lorsque ce consortium de pays riches a voulu toucher le proche immédiat de la Russie, et on comprend la visée occidentale que réprouve la Russie et sa réaction naturelle de se défendre.

Cette crise économique mondiale vise aussi la Chine pour qui un yuan internationalisé mais dirigé par la Banque de Chine est inacceptable pour l’Occident. Le Japon s’est soumis en 1985, la Chine non. Et bien que le yuan fasse partie du panier de monnaies du FMI, la méfiance est là. Et la Chine aspire à être dans quelques années la première puissance du monde. Et c’est dans cet imbroglio des grandes puissances, dans ces défis, à l’échelle planétaire, que ces élections surviennent.

Enfin, au cas où notre pronostic s’avère faux, que c’est Hillary Clinton qui est élue, la situation économique mondiale va aussi se déliter. Plus grave encore, un conflit armé d’envergure peut se déclencher entre les forces américaines et les forces russes au-dessus de la Syrie. Les Américains ne reculeront pas s’ils vont comprendre qu’il n’y a pas de solution avec leurs djihadistes islamiques. Et qu’à la fin, ils doivent accepter les propositions de paix russes. Une situation d’échec qui poussera la présidente, probablement avec l’accord tacite de l’establishment (Congrès et les autres centres de décision), à donner son aval à une guerre conventionnelle entre la Russie et les États-Unis. Une façon de tester ses forces armées face aux armées adverses, et les fameux systèmes d’armes anti-aériens russes S-300 et S-400. Il est certain que ces escarmouches n’aboutiront pas à une guerre nucléaire. Cependant, le risque est le Moyen-Orient restera longtemps déstabilisé, et la guerre maintenue.

Et c’est la raison pour laquelle que même s’il n’existe aucun conflit entre la présidente et le pouvoir financier américain, il demeure qu’une crise économique, à l’échelle mondiale, est probablement nécessaire. Moins accentuée que ne l’aurait été si Trump était élu. D’autre part, conjugué à la crise économique et au prolongement de la guerre au Moyen-Orient, rien n’interdit de penser que c’est par ce double impact que les États-Unis veulent arriver à la victoire, par l’usure de la puissance russe – comme cela s’est produit avec l’Armée rouge, durant la guerre en Afghanistan, de 1979 à 1989. 

Telle est la situation du monde à venir. L’auteur espère se tromper, mais les événements qui se jouent dans le monde sont trop graves pour penser que les années à venir vont dans le bon sens, i.e. que les grands conflits vont se résoudre. A voir seulement le peuple syrien dont une grande partie a fui la guerre et se trouve à errer à travers le monde. Et les migrants qui envahissent l’Europe depuis la débâcle des régimes autoritaires arabes.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
www.sens-du-monde.com

 

Notes :

 

1. « Donald Trump accusé d'attouchements et d'agressions physiques », par L’OBS. 13 octobre 2016

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/elections-americaines/20161013.OBS9760/donald-trump-accuse-d-attouchements-sexuels-le-candidat-dement.html

2. « Etats-Unis : les républicains anticipent une défaite de Trump, veulent garder le Congrès », par la voix du Nord 9 octobre 2016

http://www.lavoixdunord.fr/57440/article/2016-10-09/etats-unis-les-republicains-anticipent-une-defaite-de-trump-veulent-garder-le

3. « Donald Trump lance un livre de campagne », Agence France Presse – New York,  

 3 novembre 2016
http://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201511/03/01-4916833-donald-trump-lance-un-livre-de-campagne.php

4.  « Trump fustige le système corrompu qui serait incarné par Hillary Clinton », Le Figaro. 23 juin 2016

http://www.lefigaro.fr/international/2016/06/23/01003-20160623ARTFIG00005-trump-fustige-le-systeme-corrompu-qui-serait-incarne-par-hillary-clinton.php

5. « Convention républicaine : premiers extraits du discours de Donald Trump », Le Journal de Montréal. 21 juillet 2016
http://www.journaldemontreal.com/2016/07/21/convention-republicaine-premiers-extraits-du-discours-de-donald-trump

6. « Le discours d'investiture de Donald Trump », en 42 secondes », par Libération.fr

www.liberation.fr/.../le-discours-d-investiture-de-donald-trump-en-42-secondes_1467...

 7. « La convention démocrate se réunit à Philadelphie pour investir Hillary Clinton » par Europe 1. Le 25 juillet 2016
http://www.europe1.fr/international/la-convention-democrate-se-reunit-a-philadelphie-pour-investir-hillary-clinton-2807140

8. « Commerce : l'Europe veut soutenir l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce », Les Echos. Le 30/05/1994
http://www.lesechos.fr/30/05/1994/LesEchos/16654-007-ECH_commerce—l-europe-veut-soutenir-l-adhesion-de-la-chine-a-l-organisation-mondiale-du-commerce.

9. « Conversion de devises » par fxtop
 http://fxtop.com/fr/conversion-devises-date-passee.php

10. « G7 : la Russie exclue du club des puissants après l'annexion de la Crimée », par le Figaro.fr. Le 24 mars 2014
http://www.lefigaro.fr/international/2014/03/24/01003-20140324ARTFIG00370-g7-la-russie-exclue-du-club-des-puissants-apres-l-annexion-de-la-crimee.php

11.  « Cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner  », par Michael Moore. Huffingtonpost. Le 26 juillet 2016. Actualisé le 5 octobre 2016
http://www.huffingtonpost.fr/michael-moore/cinq-raisons-pour-lesquelles-trump-va-gagner/

 



6 réactions


  • Alren Alren 29 octobre 2016 19:30

    Dans le G5, l’inflation monétaire est le fait des USA. Eux seuls pouvaient se le permettre car eux seuls avaient la monnaie qui payait tout à l’échelon international : le dollar.
    Si les quatre autres monnaies s’étaient risquées à gonfler leur volume de liquidité de la même façon, elles auraient immédiatement connu une dépréciation proportionnelle.

    Il n’y aura pas de guerre conventionnelle entre la Russie, forcément attaquée sur son territoire car elle n’a nulle intention d’agression, ce n’est pas son intérêt, et un pays de monde quel qu’il soit ; tout simplement parce que l’agresseur serait vaincu y compris les USA malgré les discours hitlériens de son chef d’état-major.

    Si le dollar s’effondre, ce qui est inévitable, la Chine n’acceptera pas d’échanger des biens tangibles contre une monnaie sans valeur, contre une fausse monnaie. Les commerçants occidentaux qui voudront continuer d’approvisionner leurs chaînes de distribution en produits chinois seront bien obligés de trouver un accord monétaire avec la Chine, hors dollar.

    Quel sera-t-il ? Sans doute une monnaie scripturale composée avec plusieurs monnaies nationales qui n’existera que pour ce commerce et qui sera utilisé pour les échanges avec les autres membres des BRICS avant de de devenir la référence mondiale en lieu et place du dollar, au point que les producteurs de pétrole du Moyen-Orient l’accepteront, bien forcés, pour leurs importations et leurs investissements à l’étranger.
     


    • Le421... Refuznik !! Le421 30 octobre 2016 18:04

      @Alren
      Je dis une connerie ou il me semble que les russes et les chinois se constituent actuellement une réserve d’or ...


    • Alren Alren 1er novembre 2016 12:57

      @Le421

       les russes et les chinois se constituent actuellement une réserve d’or ...

      C’est exact. De plus les Chinois se débarrassent en douce et progressivement des Bons du Trésor US qui ne vaudraient plus rien en cas de dévaluation drastique du dollar.


  • popov 30 octobre 2016 02:40

    @Hamed

     
    Bravo. Vous avez réalisé un formidable travail de synthèse comme on en voit peu sur AV.

  • popov 31 octobre 2016 03:55

    @Hamed

    Un élément à ajouter au dossier : urnes électroniques et Soros


    • Hamed 31 octobre 2016 14:26

      @popov

      Bonjour,

      Les enjeux se sont dramatiquement amplifiés au fur et à mesure qu l’on se rapproche de la ligne d’arrivée. Mais je pense que la situation est extrêmement grave aux Etats-Unis, et que les lobbies qui s’agitent pour bloquer ne vont pas arriver à leurs fins. Et les machines de vote peuvent être testées à blanc. J’espère que ce 8 novembre 2016 passe normalement aux Etats-Unis et que le meilleur gagne pour l’Amérique et le monde.
      J’ajoute aussi que ces politiques ne doivent pas viser le pouvoir pour le pouvoir s’ils n’apportent pas des idées, qu’ils innovent. On ne fait du neuf avec du vieux. Et surtout qu’ils oublient qu’ils sont comptables de leurs actes vis-à-vis de l’histoire. Enfin, on espère que les passions s’apaisent.
      Cordialement


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