mardi 3 octobre 2017 - par Robin Guilloux

Raoul Peck, Le jeune Marx

 Raoul Peck, Le jeune Karl Marx, avec August Diehl, Stefan Konarsk, Vicky Krieps, Olivier Gourmet, Alexander Scheer, 15/07/2017

Raoul Peck, né le 9 septembre 1953 à Port-au-Prince, est un réalisateur, scenariste et producteur de cinéma haïtien. Nominé en janvier 2017 pour l'Oscar du meilleur documentaire pour I Am Not Your Negro, il a notamment réalisé Lumumba, un film inspiré de l'histoire de Patrice Lumuba et son rôle dans l'indépendance du Congo. Il a également été Ministre de la Culture de la république d'Haïti de 1995 à 1997. Le cinéaste est l'actuel président de la Frémis depuis janvier 2010.

"1844. De toute part, dans une Europe en ébullition, les ouvriers, premières victimes de la “Révolution industrielle”, cherchent à s'organiser devant un “capital” effréné qui dévore tout sur son passage. 

Karl Marx, journaliste et jeune philosophe de 26 ans, victime de la censure d’une Allemagne répressive, s’exile à Paris avec sa femme Jenny où ils vont faire une rencontre décisive : Friedrich Engels, fils révolté d’un riche industriel Allemand. 

Intelligents, audacieux et téméraires, ces trois jeunes gens décident que “les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, alors que le but est de le changer". Entre parties d'échecs endiablées, nuits d'ivresse et débats passionnés, ils rédigent fiévreusement ce qui deviendra la “bible” des révoltes ouvrières en Europe : Le manifeste du Parti Communiste, publié en 1848, une œuvre révolutionnaire sans précédent."

Mon avis sur le film (ou pourquoi on ne prend pas mes articles à Télérama ;-))

Un film caricatural, d'un classicisme étriqué et au didactisme pénible (nous allons vous apprendre ce qu'il convient de penser) qui passe sous silence certains aspects vaudevillesques de la vie privée de Marx que le réalisateur a fait semblant d'ignorer : le contempteur de la bourgeoisie trompait on ne peut plus bourgeoisement sa femme, Jenny von Westphalen, avec leur bonne Helen Demuth (Lenchen), dont il eut un fils naturel, Frederick Demuth. 

On sait par ailleurs que Marx n'eut aucun scrupule à vivre des largesses de son ami Engels (représentant des intérêts de son père dans ses filatures de Manchester) , qu'il estimait indigne de lui de travailler et qu'il a laissé ses enfants mourir de faim.

Le réalisateur s'est donné beaucoup de mal pour gommer les aspects déplaisants de ce personnage faussement généreux, narcissique, infatué de lui-même et de son prétendu "génie" (le mot revient sans cesse dans le film pour que nous en soyons bien persuadés) qui considérait le monde comme le laboratoire de ses idées fixes et pour lequel l'humanité se répartissait en deux catégories : la bourgeoisie (l'ennemi à éliminer par tous les moyens) et le prolétariat (la classe messianique), les "réactionnaires" et les vrais communistes, selon qu'ils "croyaient" ou non à la "cause" et ne connaissait que deux moyens alternés, selon l'état du rapport de force : la ruse et la violence.

On ne comprend d'ailleurs pas la raison pour laquelle le réalisateur se croit obligé de faire appel aux sentiments de compassion et d'indignation du spectateur (et comment ne pas en éprouver étant donné la misère qu'il nous montre ?) pour ensuite nous expliquer par le truchement de son héros que ce qui compte vraiment, ce ne sont pas les individus concrets, mais le "concept", comme s'il y avait deux Marx, sûrs de gagner à tous les coups : un Marx "humaniste" reprochant aux bourgeois de manquer de cœur ("les eaux glacées du calcul égoïste") et un Marx "scientifique" reprochant à tout le monde de manquer de tête et entre les deux la fameuse "coupure épistémologique" chère à Althusser à partir de laquelle la tête a fini par prendre la place du cœur (la plus-value comme objectivation de l'aliénation).

Les "adversaires" de Marx, William Weitling et Joseph Proudhon dont il s'est prévalu de l'amitié pour réussir son hold-up sur la "Ligue des Justes" sont caricaturés et présentés comme des sentimentaux larmoyants ou des exaltés sans cervelle et le film passe sous silence le fait que les marxistes n'ont joué absolument aucun rôle ni dans l' amélioration de la condition ouvrière, notamment l'abrogation du travail des enfants, ni dans la révolution de 48.

L'amélioration de la condition ouvrière, en France, en Allemagne et ailleurs, s'est faite par des réformes, des grèves, des combats parfois rudes, jamais par des révolutions et ce n'est pas un hasard si l'un des premiers soucis de Lénine a été de supprimer les syndicats considérés comme "réformistes".

Note : Pendant la Belle Époque, Minsk était un haut lieu du mouvement de la défense des ouvriers. Le premier congrès fondateur (clandestin) du Parti ouvrier social-démocrate de Russie se tint à Minsk en 1898. L'Union des ouvriers juifs de Pologne, de Lituanie et de Russie, (Algemeyner Yidisher Arbeter Bund in Lite, Poyln un Rusland) plus souvent connue sous l'abréviation Bund (« lien » en yiddish), fondé en 1897 à Vilna (Lituanie) fut très actif à Minsk. Il fut fondé dans le but d’unifier tous les ouvriers juifs au sein d’un Parti socialiste dans tout l’Empire russe, alors foyer de la majorité des Juifs dans le monde. Les bundistes espéraient que les Juifs fussent reconnus en tant que nation avec un statut légal de minorité au sein d’une Russie socialiste et démocratique. Le Bund participa à la fondation du Parti Ouvrier Social-démocrate russe en 1898, puis le rejoignit en 1906. Ironie de l'Histoire : le Bund sera interdit par le nouveau régime communiste en 1920.

Si les mises en garde de Proudhon sont évoquées à travers un court dialogue où l'auteur de la Philosophie de la misère évoque Luther et le nihilisme de la "critique de la critique", celles de Bakounine ("Monsieur, j'ai bien peur que votre doctrine ne fasse mauvais ménage avec la liberté") est passé sous silence.

La fin du film m'a paru particulièrement malhonnête ; elle présente une suite d'images d'actualité sur une chanson de Bob Dylan et laisse le soin au spectateur d'établir le lien avec ce qu'il vient de voir, à savoir que Marx avait tout prévu. Ce procédé repris par la propagande stalinienne, appelé "effet Kouletchov" est bien connu des spécialistes des biais cognitifs et de la manipulation mentale.

On n'arrive pas à croire qu'après tout ce qui s'est passé, après l'échec du "socialisme réel" partout où il a été appliqué et où il s'est toujours soldé par la misère et l'oppression : en Russie, en Europe de l'Est, en Chine, au Vietnam, à Cuba, en Corée du Nord, au Cambodge, il y ait encore des gens pour admirer aveuglément l'auteur du Kapital et chercher des solutions aux problèmes de notre époque chez l'inventeur d'un système qui a mis le monde à feu et à sang et détruit la vie de centaines de millions de gens sous prétexte qu'ils n'étaient pas dans la "logique de l'histoire"

 



32 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 3 octobre 2017 08:33

    « On sait par ailleurs que Marx n’eut aucun scrupule à vivre des largesses de son ami Engels (représentant des intérêts de son père dans ses filatures de Manchester) , qu’il estimait indigne de lui de travailler et qu’il a laissé ses enfants mourir de faim. »


    Tiens, je croyais que ce genre d’ineptie était démodée...
    Mais après tout, il y a peut-être toujours preneurs ?
    En prétendant présenter et commenter un film, on glisse comme ça, subrepticement quelques saloperies qui ne sont pas du tout dans le fim en question en espérant que ça va passer.

    • CN46400 CN46400 3 octobre 2017 09:29

      @Jeussey de Sourcesûre

      Les sous fifres de la bourgeoisie n’aiment ni Marx, ni Engels. Quand les arguments sérieux sont absents, ils ont recours à des arguties...

      Mais quel film, à voir absolument ! C’est sans doute pour tenter de torpiller sa sortie en salle que cet article a fait son apparition sur AV...


    • JP94 3 octobre 2017 21:59

      @CN46400

      OK, je préfère un avis plus sûr que celui d’un amateur de presse people plutôt que de celle de Marx...
      C’est vrai que si dans sa copie de bac, il a traité le sujet comme un article de Voici, ... il en a gardé quelque rancune envers Hodja pardon Marx.

  • J’ai vu ce film aux « 9 Parnassiens » à Paris. Un film soigné, aux décors et costumes impeccables (le Manchester ouvrier de 1840 est bien reconstitué). Hélas, les défauts du cinéma français sont là : longueurs, dialogues inutiles, interprétations historiques (La prétendue amitié entre Marx et Proudhon...). Et il y a l’inutilité du « gadget » des trois langues utilisées, il est peu probable que Marx et Engels les maitrisaient...
    Avec plus de rythme ce film aurait été excellent...


    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 08:03

      @Jean-Pierre Llabrés

      « Pour Marx : « la bourgeoisie (l’ennemi à éliminer par tous les moyens) » »

      SVP vous devriez nous dire d’où vous avez sorti votre citation
      . Du reste le mot « ennemi » mis à part, il faut évidemment éliminer la classe bourgeoise, ne serait-ce que pour récupérer la force de travail qui se perd là (les bourgeois ne travaillent pas), et qui pourrait, comme celle qui se perd dans le chômage, être utile à la société...... Et, accessoirement, récupérer les signes extérieurs de richesse qui indisposent jusqu’à quelques macronistes qui envisagent, tenez-vous bien, de les taxer symboliquement....


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 4 octobre 2017 12:10

      @CN46400
       Tout dépend de la définition que vous donnez du « bourgeois » ; dire que le « bourgeois ne travaille pas » me semble erronné. La bourgeoisie a érigé le travail en valeur suprême, contrairement à l’aristocratie. Un médecin, un professeur, un ingénieur ne sont pas des « prolétaires » au sens de Marx (proles = qui n’a que sa force de travail et ses enfants), mais on ne peut pas dire qu’ils ne travaillent pas. La position de Marx a évolué surtout à partir de 1871, après l’écrasement de la Commune de Paris, vers l’idée qu’il ne fallait pas s’emparer de l’appareil d’Etat, mais le détruire. je ne crois pas, mais je peux me tromper que Marx et les marxistes veulent simplement mieux répartir les richesses produites. Il m’a semblé plutôt qu’ils voulaient détruire l’ordre établi pour le reconstruire de fond et comble. Ce ne sont pas des « réformistes », mais des révolutionnaires. Le problème, c’est que Marx veut conserver (provisoirement) l’Etat et instaurer la « dictature du prolétariat » qui est en fait celle d’un Parti unique censé incarner ledit prolétariat (le Parti communiste). Marc Ferro explique très bien le processus totalitaire qui a commencé dès le début avec les « soviets » dans son dernier livre. 


    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 13:07

      @Robin Guilloux

      La définition des mots évolue en même temps que la société et la lutte de classe qui s’y développe. Chez Marx le mot « bourgeois » désigne, d’abord, le propriétaire des moyens de production, puis le propriétaire du capital et enfin le financier qui ne connaît même plus les entreprises, ni parfois leur directeur, qu’il finance pourtant, et qu’il n’estime qu’en fonction du taux des intérêts qui reviennent dans son portefeuille d’actions. Le bourgeois n’est pas obligé de travailler, il travaille pour son plaisir uniquement, d’ailleurs le travail n’est jamais la cause d’un suicide de bourgeois.

       Le prolétaire est celui qui doit, impérativement travailler pour vivre, qu’il soit professeur ou toubid ou paysan ou artisan ou commerçant etc. Si la classe ouvrière est très souvent nommée, c’est d’abord parce que son exploitation est la plus évidente qui soit et ensuite parce qu’elle est concentrée, ce qui lui confère une puissance révolutionnaire potentielle que les autres n’ont pas.

       Mais le prolétariat est l’ensemble de ceux qui doivent travailler pour vivre (ouvriers compris) qui devient irrésistible quand il parvient à s’unir autour d’intérêts communs (Prolétaires,unissez-vous...)


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 4 octobre 2017 15:16

      @CN46400


      Bon j’ai appris une bonnne nouvelle aujourd’hui : je ne suis pas un bourgeois au sens où vous le définissez, mais avouez que le mot a été employé à toutes les sauces. ceci dit, ça n’a pas empêché les communistes de s’en prendre à des catégories sociales qui ne correspondent pas à la définition que vous donnez du mot « bourgeois » (les paysans libres par exemple)... et toutes sortes de gens qualifiés de « petits bourgeois ».

    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 16:27

      @Robin Guilloux

      Paysans libres ? petits bourgeois ?

      L’appartenance a une classe sociale ne dépend pas que de la situation sociale objective de l’individu, elle dépend aussi de sa conscience d’appartenance à cette classe. Nombre d’ouvriers, même smicards, et bien qu’ils ne refusent jamais une augmentation de leur salaire obtenu par la lutte des autres ouvriers, ne se considèrent pas comme appartenant à la classe ouvrière et votent systématiquement pour la droite. Il en est de même pour beaucoup de prolos qui ne se reconnaissent pas comme tel, même s’ils sont obligés de travailler, parfois durement, pour vivre.


    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 17:12

      @Robin Guilloux

      La destruction de l’état dépend évidemment de l’état dont les révolutionnaires héritent. L’état de Louis 16 n’avait pas grand chose de commun avec celui de Napoléon et encore moins avec ceux de Napoléon3 ou Nicolas2. Deux question se posent : 1° est-il disposé à collaborer avec les nouvelles autorités. 2° Est-t-il capable de gèrer les intérêts de la classe qui arrive au pouvoir : le prolétariat. Ce qui n’est pas compatible est a jeter, le reste est à conserver. C’est ainsi que Lénine a traité le pb en 17

      Enfin vous posez le pb de la « dictature du prolétariat » qui est yper simple à comprendre. A la « dictature de la bourgeoisie » (Ex Macron qui ne prend que des mesures favorables aux bourgeois) succède un gouvernement qui priorise les intérêts prolétariens, c’est la « dictature du prolétariat », C’est donc une phase nouvelle de la lutte de classe qui commence !


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 5 octobre 2017 14:58

      @CN46400

      Bon alors si j’ai bien compris mon grand-père qui a été gazé à Verdun, blessé aux Dardanelles, qui a fait les grèves de 36, qui a été viré des usines Citroën quai de Javelle pour faits de grève, qui était à la SFIO en 1920 et n’a pas accepté la prise de pouvoir du PCF au congès de Tours, qui n’a jamais gagné assez d’argent pour acheter son appartement HLM à Paris dans le quartier des Halles, qui est probablement occupé maintenant par un bobo quelconque qui, lui, a peut-être la bonne conscience de classe, mais qui correspondra jusqu’à pour moi jusqu’à ma mort à l’idée que je me fais d’un être humain digne de ce nom n’avait pas de conscience de classe et pouvait être assimilé à un bourgeois et moi qui ai terminé ma carrière en ZEP avec une retraite de 1300 euros parce que je n’ai pas assez pensé à ma carrière et que j’ai été syndiqué au mauvais syndicat (le SNALC) parce que je pensais que la priorité pour les enfants des milieux défavorisés était de leur apprendre à lire, à compter et à écrire,qui ai travaillé comme bénévole dans des organisations culturelles (pas de droits à la retraite) ,qui continue à travailler à 67 ans dans une association et à donner des cours de Français bénévolement à des réfugiés politiques de Syrie et d’Afrique, je suis un petit bourgeois réactionnaire, comme mon grand-père ? Laissez-moi vous dire que vous avez une drôle de manière de classer les gens et que je suis bien content de ne pas être votre « camarade, pas plus que le voisin de palier du PC qui m’a dit dans les années 70 que »les gens comme moi quand on aura le pouvoir on les mettra dans des camps".

    • CN46400 CN46400 6 octobre 2017 10:10

      @Robin Guilloux

      Pour en rester à vos infos, votre grand père, qui était ouvrier, avait, plus que son petit-fils, conscience d’appartenir au prolétariat puisqu’il cotisait à la SFIO. C’est pour rallier des gens de son gabarit que M Thorez, en 34, a lancé le mot d’ordre du « Front Populaire » (= union avec la SFIO et les radicaux) qui a débouché en 36 sur la victoire électorale et le mouvement social, très important, qui a suivi.

       Rassurez-vous, je sais ce que travailler veux dire. Mes cinq enfants sont des prolos de divers niveaux de conscience, deux sont profs dans des collèges du 93 qui ont fait parler d’eux dans les gazettes (Aulnay et Clichy/bois)


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 7 octobre 2017 23:05

      @CN46400


      Contrairement à ce que vous pensez, j’ai parfaitement conscience d’appartenir au prolétariat.

    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 8 octobre 2017 09:52

      @CN46400
      « SVP vous devriez nous dire d’où vous avez sorti votre citation. »

      N’avez-vous pas lu l’article ?


  • Robin Guilloux Robin Guilloux 3 octobre 2017 09:48

    Bon, je savais que mon article ferait sur certains l’effet d’un seau d’eau glacé sur un homme étendu au soleil (les eaux glacées du calcul égoïste ?) et je veux bien reconnaître que j’ai fait un peu de provocation, mais si vous aviez été l’université de Nanterre juste après 68 et qu’un « camarade » du PC vous explique, après le coup de Prague, que « quand on aura le pouvoir, les gens comme toi on les mettra dans des camps » et si vous vous étiez tapé les cours des disciples d’Althusser, vous comprendriez ce que j’ai voulu dire. Je rassure Jeussey, je n’ai pas été payé pour « torpiller » le film qui est encensé par toute la Presse bien pensante (Le Monde, Télérama...) et qui a un bel avenir devant lui. La salle du cinéma d’Art et d’Essai de Bourges où je l’ai vu était pleine. Je n’ai pas dit que le film était inintéressant et mal fait, mais je n’ai pas le même rapport à l’histoire que le réalisateur et le mien est passé par Prague, les pays de l’Est, Ploutch, Soljénitsine, Solidarnosc, etc. 


    • CN46400 CN46400 3 octobre 2017 10:20

      @Robin Guilloux

      Ouais et chez Jésus de Nazareth, pour vous, il n’y a pas que le monothéisme, il y a aussi, Torquémada, les Borgia etc...etc. N’est-ce pas ?


    • amiaplacidus amiaplacidus 3 octobre 2017 10:37

      @CN46400
      Pas besoin de remonter très loin, il suffit de se pencher sur l’histoire récente. Même si c’est Torquémada qui m’y fait penser, le soutien du catholicisme au régime franquiste en Espagne, le fait que cette église acceptait est justifiait la peine de mort par étranglement, c’est tout à fait récent.


  • Robin Guilloux Robin Guilloux 3 octobre 2017 10:03

    Errata : Pliouchtch (Léonide de son prénom)


  • Robin Guilloux Robin Guilloux 3 octobre 2017 11:52

    Mais il y avait du Torquemada chez Marx. A partir du moment où vous pensez détenir la « vérité » avec un grand V (le sens de l’histoire), il y a obligatoirement ceux qui adhèrent (les croyants) et les autres : les déviants, les hérétiques, les gens de mauvaise volonté qu’il faut « rééduquer » ou supprimer. Evidemment, cette tendance est amplifiée chez Staline, mais elle est déjà présente au début, chez Marx et Lénine. Le marxisme est une théologie dans laquelle le prolétariat remplace la figure du Messie. Les marxistes ne sont ni méchants, ni gentils, ils sont terriblement « logiques ». Marx était logique. Il n’y a rien de plus terrifiant que cette logique. Comme dit Pascal, on ne fait jamais le mal de si bon cœur que quand on le fait par conviction politique ou religieuse (j’arrange un peu la citation, mais c’est le sens).


    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 08:47

      @Robin Guilloux

      « Mais il y avait du Torquemada chez Marx. »

       Donc Staline et Polpot ne sont pas complètement responsables de leurs actes, fous comme Hitler qui en 3 semaines a plié la meilleure armée du monde commandée par des généraux géniaux comme Gamelin et les autres...

      Bien sûr, on peut être anti-marxiste convaincu, encore faut-il argumenter. Marx prétend, et démontre, qu’une minorité vit, plutôt bien, du travail de l’immense majorité. Essayez de démolir cette constatation et on vous prendra au sérieux !


    • L'enfoiré L’enfoiré 4 octobre 2017 12:34

      « @CN46400,

       Perso, je ne suis pas du tout anti-Marxiste ou anti-droite.
       Les logiques initiales sont toujours louables au départ, mais ce sont les réalisations qui le sont moins.
        »ne minorité vit, plutôt bien, du travail de l’immense majorité"
      Je n’essayerai même pas de contredire cette constatation...
      Demandez-vous pourquoi ce n’est pas l’inverse ?
      Est-ce par arrivisme d’un côté et manque de compétences demandées par l’actualité dans l’autre ?
       


    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 13:12

      @L’enfoiré

      La plupart des bourgeois le sont par héritage (ex Bétancourt..), c’est d’ailleurs pour cela que Marx préconise sa suppression


    • L'enfoiré L’enfoiré 4 octobre 2017 14:02

      @CN46400

      La plupart ?
      A lire cela n’a rien à voir avec Bettencourt-Schueller (je suppose que c’est d’elle qui s’agit... Bétancourt, c’est une autre)
      Mais je n’ai pas la folie du prestige des titres comme Professor, Doctor, Maître... comme je l’ai écrit.


  • Attilax Attilax 3 octobre 2017 18:55

    Je suis d’accord avec vous sur le fait que l’application du marxisme n’a pas été une franche réussite, mais je crois que vous sous-estimez un aspect important des choses : si le marxisme est toujours d’actualité (alors qu’il devrait être mort et enterré), c’est parce qu’il est avant tout un formidable outil de compréhension de ce qu’est le capitalisme. En tant que tel, je ne crois pas qu’on ait fait mieux depuis. Par contre, qu’est-ce que c’est chiant à lire !


    • CN46400 CN46400 4 octobre 2017 09:19

      @Attilax

      « Je suis d’accord avec vous sur le fait que l’application du marxisme n’a pas été une franche réussite, »

       Le marxisme n’est pas un remède à « appliquer », c’est un moyen pour expliquer le fonctionnement des sociétés humaines. Parce Marx pense, et démontre, que l’homme est un animal qui vit en société mais qu’il a cette particularité, qui le distingue de l’animal, d’être capable de produire, par le travail, plus de richesses qu’il n’en a besoin pour vivre. Et que ces richesses, produites par tous, ne sont pas équitablement réparties.

       Mais çà ne fait pas des adeptes du marxisme des individus supérieurs, ou inférieurs, dans la conduite des affaires publiques. Ils sont sujets à tous les défauts courants chez les humains, vanité et orgueil compris, mais ils doivent tendre, contrairement aux bourgeois, à prioriser, en politique, l’égalité sociale.


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 4 octobre 2017 17:57

      @CN46400

      Le marxisme a plusieurs dimensions : philosophique (le matérialisme dialectique, la notion « d’aliénation »), économique (par exemple la définition de la plus-value dans le Capital), peut-être éthique (le souci du pauvre dans la Torah que Marx tenait peut-être de son grand-père rabbin), politique (la révolution), prophétique (la fin du Manifeste communiste par exemple et l’annonce de la victoire inéluctable du prolétariat). On ne peut pas savoir la place que ces dimensions respectives ont occupé dans la conscience de Marx et à quel moment il a modifié son point de vue, ou s’il y a cohérence entre eux, bien que la radicalisation de sa pensée semble dater de l’écrasement de la Commune de Paris (1871). Il me semble toutefois que la révolution socialiste, la collectivisation de l’industrie et des terres, la dictature du prolétariat et la société sans classes constituent pour Marx et lesmarxistes autant de « remèdes » aux maux du capitalisme. Je partage ce que vous dites sur la nécessité de mieux répartir les richesses, mais je ne crois pas que la « justice sociale » soit la préoccupation principale de Marx et des marxistes. C’est précisément ce qu’ils dénoncent comme « réformisme ». Les marxistes n’avaient pas du tout envie que les choses s’arrangent (des réformes), ce qu’ils voulaient, c’est la victoire à n’importe quel prix pour mettre enplace un système, autrement dit le pouvoir. Mon grand-père, décédé dans les années 60, qui avait fait les grèves de 36 en tant qu’ouvrier chez Citroën et était à la SFIO (tendance Blum) et avait participé au congrès de Tours en 1922 me l’avait expliqué dans les années 60. Je me souviens qu’il employait l’expression « totalitaires ».

    • CN46400 CN46400 5 octobre 2017 08:24

      @Robin Guilloux

      « Les marxistes n’avaient pas du tout envie que les choses s’arrangent (des réformes), »

      Pouvez-vous citer une réforme positive pour le prolétariat que les marxistes auraient refusé ? Ce que Marx pensait et disait sur le sujet, c’est qu’aucune réforme ne pourrait remplacer la prise du pouvoir politique par les intérêts du prolétariat. Mais que toutes les concessions abandonnées par la bourgeoisie étaient bonnes à prendre, tout en sachant qu’elle n’abandonnerait jamais de bonne grâce, sans réaction, même violente, la totalité de ses pouvoirs. La suprématie du prolétariat (immense majorité) est au bout de la lutte de classe, sous toutes ses formes.

       Ce fût effectivement un des enjeux du congrès SFIO de Tours (1920 pas 1922)


    • CN46400 CN46400 5 octobre 2017 09:02

      @CN46400
      Quand à l’évolution de la pensée de Marx et Engels, personne ne peut nier l’influence de la Commune et de son échec. Cependant, il est remarquable que le meilleur résumé de l’oeuvre de Marx, qui représente, dans ce siècle (19°), un immense travail intellectuel, soit finalement le Manifeste du Parti communiste qui est, pourtant, une de ses premières publications (1847). Par exemple le concept de « dictature du prolétariat », énoncé en 1875 (Critique du programme de Gotha), est déjà contenu dans une phrase du Manifeste qui décrit les pouvoirs de la bourgeoisie qu’il désignera plus tard comme une « dictature » : « Le gouvernement moderne est un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie toute entière »


  • Robin Guilloux Robin Guilloux 3 octobre 2017 21:04

    Oui, je suis d’accord. Il y a des choses très intéressantes chez Marx, je ne le nie pas. J’ai travaillé son oeuvre à Nanterre, notamment le lien avec Hegel, c’est-à-dire en fait le Marx philosophe avant la fameuse « coupure épistémologique » dont parle Althusser (que je ne suis pas le seul à trouver contestable) ; et puis j’ai enseigné la philosophie pendant quelques années et on ne peut pas ne pas parler de Marx. J’ai essayé de le faire le plus honnêtement possible. Avec ce film, je me suis retrouvé brutalement reporté des années en arrière dans un climat d’intransigeance doctrinaire de violence verbale et parfois physique et tous mes souvenirs de voyages dans les pays de l’Est et de membre d’associations d’aide aux dissidents et de Solidarnosc me sont revenus (même Sartre a fini par comprendre au moment des boat people). Je n’aurais peut-être pas dû réagir aussi violemment, mais il faut comprendre, quand on a un ami poète en Roumanie dont on n’a plus de nouvelles du jour au lendemain. Je ne sais pas si les jeunes générations ont vraiment conscience de l’horreur qu’a été le « communisme appliqué » et ce, depuis le début. 


    • L'enfoiré L’enfoiré 4 octobre 2017 12:39

      « @Robin Guilloux,

        »l’horreur qu’a été le « communisme appliqué » et ce, depuis le début. « 

      En fait, une seule chose n’est pas exact »depuis le début".
      Il n’y a aucun régime extrémiste de ce type qui n’arrive pas à la démocrature, d’abord à la dictature ensuite.


  • JP94 3 octobre 2017 22:03

    Au fait pour vraiment connaître Marx, allez aux conférences du samedi après midi à l’amphi Cordelier : là ce sont des Marxistes, il y a parfois 250 personnes, des militants, des profs etc .. et on n’y parlera pas jupon/



    c’est le CUEM qui organise ça et ces conférences passionnantes ( avec Jean Salem) sont diplômantes !!

    moteur de recherche CUEM ( Centre Universitaire d’Etudes Marxistes.

    ça c’est du bon, du sérieux ...

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