mercredi 5 décembre 2018 - par carnac

Recrédibiliser l’Assemblée Nationale

Lors des élections présidentielles j’avais dans un article très contreversé développé l’idée que Monsieur Macron ne pouvait appliquer son programme sans amendements puisque nombre de citoyens avaient voté pour lui afin de faire barrage au Front National et que les votes blancs ou les abstentionistes n'étaient à l'évidence pas décidés à lui apporter leur appui.

Le mouvement des gilets jaunes vient de rappeler au Président de la République qu’il n’a jamais eu de mandat clair pour l’application de son programme.

On m’avait ensuite reproché lors des élections législatives de ne pas prendre en compte l’écrasante majorité LREM qui selon les détracteurs de mon point de vue venait légitimer l’application sans aucune négociation de toutes les facettes d’un programme annoncé au moins pour partie.

Or il apparait évident aujourd’hui qu’un certain nombre de gilets jaunes s’attendaient à un fonctionnement « NORMAL » de l’Assemblée Nationale c’est-à-dire à de vrais débats avec la prise en compte d’un certain nombre d’amendements dont certains pouvaient être votés contre l'avis de l'exécutif.

Cette attente allait d'autant plus de soi que l’on faisait crédit à cette société civile LREM d’être pragmatique.

La large diffusion sur les médias du Sénat et de l’Assemblée nationale du vote manichéen des représentants LREM qui ne parviennent même pas à faire passer leurs propres amendements a TOTALEMENT décrédibilisé les députés LREM précisément parce que ce comportement n'a strictement rien de "républicain".

Il y a bien eu des « concertations » organisées par le Gouvernement essentiellement dans un but pédagogique et de communication mais pas de réelles « négociations » aboutissant à un projet consensuel transpartisan si bien que la violence étatique à l’origine du mouvement des gilets jaunes est apparue dans toute sa crudité.

Certains, pour dissimuler cette réalité, vont choisir de se focaliser sur les franges actives de l’opposition d’extrême droite ou de gauche anarchiste bien présentes dans le mouvement des gilets jaunes ou sur les soi-disant récupération partisanes.

Permettez-moi de leur demander à quoi sert un parti s'il ne peut émettre le moindre avis sur l'actualité sans que cet avis soit taxé de manoeuvre de "récupération"  ? 

Permettez-moi de leur demander s'il est plausible que les extrêmes aient pu mobiliser autant de personnes que ce qui a pu être vu à travers la France entière ?

 Le fait est que les médias de toutes sensibilités ont rapporté que nombre de "gilets jaunes" sont venus simplement témoigner du résultat concret d’une politique fiscale inique et n’ont jamais eu d’engagements activistes antérieurs.

C’est donc le processus décisionnel qui est malade dans notre V ième République.

S’il parait difficile aujourd’hui d’engager les travaux d’une « Constituante » puisqu’il y a urgence à répondre d’ABORD aux difficultés sociales générées par l’aveuglement dogmatique de notre gouvernement, il est cependant nécessaire pour le retour à une PAIX CIVILE que les députés LREM évoluent dans leur comportement, soutiennent leurs propres amendements et recherchent un consensus pour ces amendements avec d’autres bords politiques que le leur rétablissant ainsi une certaine indépendance du législatif par rapport à l’exécutif, car, en ce moment c’est surtout l’image bloquée du « vieux monde » et de ses « vieilles ficelles » qu’ils mettent en plein jour.

Pour donner du retentissement à cette volonté de préserver l'équilibre de nos institutions, les députés LREM pourraient, PAR EXEMPLE, rétablir l’ISF dans le cadre des équilibres budgétaires 2018 qu’ils défendent puis travailler à la remise à plat de notre fiscalité pour la fin 2019.

Ce n’est qu’ à cette condition que l’on pourra rétablir la confiance de la population vis-à-vis de ses représentants momentanés et générer une transition fiscale écologique ET EN MEME TEMPS sociale sans faire perdre la face à l’exécutif.

Si les députés LREM ne réforment pas leur fonctionnement et continuent à ne faire acte de présence à l’Assemblée que pour répondre aux injonctions de l’éxécutif, il faudra bien se poser la question de savoir si nous n’assistons pas en réalité à un « coup d’Etat ».

Par « coup d’Etat » j’entends, dans la situation actuelle, « l’acte autoritaire d’un homme ou de ses partisans consistant en une atteinte réfléchie aux règles de fonctionnement des institutions, atteinte dirigée selon un plan préconçu dans le but de s'emparer du pouvoir pour entrainer une modification non souhaitée par la population de l'orientation politique du pays »




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