Renaud Camus candidat en 2017 pour porter sa théorie du « grand remplacement »
Nul doute, l'annonce de la candidature de Renaud Camus créera quelques frictions dans la galaxie Front National d'autant plus que Renaud Camus est adhérent du SIEL, un petit parti de droite identitaire satellite du FN, une des composantes principales du Rassemblement Bleu Marine (RBM). Son président Karim Ouchikh (?) commente la candidature de Camus comme suit : « Camus cherche à faire comprendre au FN que le phénomène du changement de peuple est un sujet essentiel. Et nous partageons cette conviction. Mais il a comme nous conscience que Marine Le Pen reste la seule candidate crédible et il se retirera. Il s'agit d'une stratégie d'influence pour pondérer la ligne majoritaire du FN ».
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Immigration incontrôlée, abolition des frontières, espace Schengen, « On n’est jamais assez protégé chez soi ! », la théorie selon laquelle un processus de substitution de la population française serait en cours sur le territoire - comprenez : les Musulmans seraient appelés au fil des ans à remplacer le Français de souche européenne -, a son théoricien et porte-drapeau, barbu de surcroît, et ses adeptes rasés de près : aucune nuance, aucun compromis possible, tout ce bon monde refuse l’idée d’une nécessité migratoire même contrôlée et choisie ; non contents de rejeter l’argument démographique, études à l’appui, ils font aussi superbement l’impasse sur cette vérité-ci : il y a fort à parier qu’aucun d’entre eux ne serait disposé à demander à leurs enfants d’oublier les études supérieures pour mieux s’empresser d’embrasser d’une étreinte amoureuse et d’un pas alerte et volontariste, les carrières suivantes : conduire des bus, ramasser les poubelles, récurer les toilettes des touristes des hôtels parisiens, fournir de la main d’œuvre aux réseaux de prostitution, « toiletter » les pensionnaires dépendants de nos maisons de retraite et de nos hôpitaux, balayer les rues, occuper un emploi de nounou chez la petite et grande bourgeoisie de nos centres villes, et enfin : manœuvres dans le bâtiment et les travaux publics en été comme en hiver.
Que l’on se rassure : la question n’est pas de savoir si ces emplois sont dégradants mais bien plutôt, si… encore une fois, ces identitaires adeptes de la lutte contre le « grand remplacement » à venir, seront disposés à sacrifier leurs propres enfants en leur refusant des études supérieures avant d’exiger d’eux qu’ils se portent candidats à tous ces emplois, aujourd’hui majoritairement occupés par une population immigrée même si ces identitaires ont la fâcheuse habitude d’oublier de mettre au monde ces fameux chérubins tant prisés, de souche européenne incontestable, car ces identitaires sont plus souvent qu’à leur tour, célibataires et sans enfants – voyez Renaud Camus : 70 ans et sans descendance.
Aussi, ne cherchez pas plus loin… avec cette lutte contre le "Grand remplacement", il s’agit bel et bien d’une anxiété compensatrice à l’origine de laquelle on trouvera la bonne vieille culpabilité de celui qui n’est pas à la hauteur de ses convictions : il pense une chose ; il en vit une autre faute de courage, de détermination et de cohérence, à charge pour les sans-grades, les petits, les humbles, les trimeurs... de porter le fardeau d'une conviction vécue par procuration par ces mêmes identitaires alors que toute conviction appelle pourtant quelques sacrifices : et quand on sait que rien de grand ne peut être accompli sans renoncements, il semblerait que ces identitaires tiennent plus à leur confort personnel qu'au confort d'une Nation dont ils nous rebattent pourtant les oreilles et dont l'évocation peut être aussi, comme pour le patriotisme, le refuge des crapules.
Une fois encore, force est de constater qu’au fond, tout au fond, là où tout nous est révélé sur et à soi-même, tout n’est que compensation et diversion : le « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! » de tous ces identitaires, nous promet une société d’un autoritarisme dans lequel les anciens-nouveaux « gueux », en partie... pas très catholiques eux non plus - on peut en être sûrs ! -, auront été désignés pour occuper les emplois laissés vacants, une fois que... on ne sait quels immigrés auront été raccompagnés jusqu'à... on ne sait quelle frontière ; ce que les identitaires nomment "la remigration".
C'est la bonne vieille politique de la schlague (1). Faut dire qu'avec ces gens-là, l'Allemagne n'est jamais très loin !
Après les immigrés, les européens récalcitrants donc face à des emplois dont tous avaient oublié l'impérieuse nécessité... dans des entreprises sans syndicats de salariés dignes de ce nom pour bien faire (comme quoi, ces identitaires pensent à tout ! Anti-immigré, anti-syndicaliste...), puis, plus tard, sans aucun doute, les camps car l'Histoire repasse toujours le même plat : le poison d'une vision d'un monde propre sur lui mais tellement dégueulasse à l'intérieur car si l'enfer est pavé de bonnes intentions, cet enfer porte plus souvent encore la marque d'une hargne dévastatrice, tous crocs dehors, là où tout doit pourrir et mourir ; n'oublions jamais que les projets les plus bêtes et les plus fous finissent tous à la porte d'entrée d'un bunker : bidon d'essence et allumettes car rien ne doit demeurer ; et sûrement pas la honte.
En attendant, les sans-formations, les sans-diplômes ou les mal-diplômés et les chômeurs ont du souci à se faire : la nouvelle société numérique avec ses emplois tout aussi numérisés, propres et ludiques... faudra pas compter dessus : "Désolés folks !"
Il y a des politiques de "plein emploi" qui glacent.
Et c’est alors que le lycée Henri IV ne désemplira pas ; la bourgeoisie, identitaire ou pas, pleinement ou mesurément, n’aura pas à s’inquiéter car elle n’aura pas à sacrifier aucun de ses fils et filles ; les classes populaires veillent au grain contraintes et forcées en assumant le principe d’une réalité têtue qui peut en laisser plus d’un sans illusion.
Comme quoi, plus ça change, plus…
1 - Peine disciplinaire dans les armées allemandes et autrichiennes d'autrefois qui consistait en des coups de baguette que l’on donnait à l’homme puni.