mardi 12 janvier 2016 - par Dimitri Jacques

Retrouver la paix dans un monde violent

« Gardons à l'esprit que tout est relié, chaque personne qui va mieux est une partie du monde qui va mieux. Faisons grandir ce que nous avons en commun de positif. L'extraordinaire plasticité de l’esprit humain permet d’imaginer n’importe quel autre monde. »

Nous voici en plein centenaire de la terrible guerre de 1914-1918. Les énergies sombres qui ont permis de tels évènements sont toujours présentes, prêtes à nouveau à accoucher du pire. Nous aimons répéter « plus jamais ça » mais quels choix de changement avons-nous fait individuellement ? Notre planète est ces temps-ci traversée par des énergies de changement qu'il faudra savoir saisir en ouvrant nos cœurs. Nous devons cesser de rendre les autres responsables de notre mal-être et d'entretenir cette colère source de tous les conflits et de toutes les guerres. Rester suffisamment forts et conscients pour ne pas céder à la facilité de nos instincts. Nous avons les outils pour construire notre bonheur à tous.

Commencer par changer intérieurement

Face à la souffrance, tandis que nous pourrions mettre en commun les bonnes volontés, nous nous regroupons en courants de pensée qui s’opposent, comme les religions ou les partis politiques. Or, les points de vue de chacun de nous ne sont-ils pas différents justement parce qu'ils sont complémentaires et permettraient de déboucher sur une solution plus profonde ? Aux dernières élections en France, c’est l'abstention qui est arrivée en tête. C'est peut-être le début de quelque chose, mais cesser toute participation à cette mascarade implique de savoir ce que l'on veut faire après. Se défaire de ses maîtres implique d'être devenu maître de soi. Tant qu'on est dans la revendication, c'est qu'on attend toujours que d’autres – à qui on a donné un pouvoir ou une importance particulière – nous rendent un peu moins malheureux. Comme disait Krishnamurti, nous devons cesser de décorer l'intérieur de la prison. Bien que beaucoup s'éveillent, la majorité n'est pas encore prête à faire le grand saut, en dépit des douleurs infligées par ce monde finissant.

Pour le moment, il n'existe aucun consensus sur les alternatives, les conceptions du monde se télescopent violemment, révélant la peur et l'attachement dans lesquels nous sommes encore enlisés. Nous voulons vivre ensemble mais nous ne savons toujours pas vivre avec nous-même. La manipulation, les promesses non tenues cesseront lorsque nous cesseront d’attendre d’autrui ce qui ne relève que d’une démarche intérieure. Autrement dit, lorsque nous cesserons d’attendre le changement sans vouloir changer.

La chose la plus concrète que nous pouvons tous faire, dès maintenant et en permanence, est d'élever notre niveau d'amour, non pas seulement en méditant ou en priant, mais dans nos relations de tous les jours. Ceux qui œuvrent au mal sur cette planète se nourrissent de la souffrance et de l'ignorance. Lorsque nous seront suffisamment nombreux à élever notre niveau de conscience – et c'est notre vocation – elles seront emportées par l'évolution. Le 21 septembre 2015, pour célébrer la journée internationale de la paix, un million d’enfants étaient réunis au temple Phra Shammakaya en Thailande pour méditer. Ce genre d’initiative a un impact considérable et devrait essaimer partout dans le monde.

On ne met pas fin au mal en tuant tous ceux qui font du mal, mais en faisant le bien encore plus fort qu’eux. Dans cet ordre d’idée, pouvons-nous espérer mettre fin à l’intolérance en appelant à ne pas tolérer ceux qui s’en rendent coupables ? Haïr ceux qui manquent d’amour n’a jamais apporté d’amour ni aux autres ni à nous-même. L’intolérance est tout à fait subjective et le plus souvent issue d’un processus inconscient. Nous pensons que notre vision du monde, de ce qui est juste, est la bonne et être confronté à celle de l’autre nous choque. Nous voyons l’autre qui juge sans réaliser que nous faisons la même chose. Tant que nous serons persuadés que la disharmonie de la société provient du comportement, des pensées de l’autre, nous nous dispenserons de travailler sur nous-même et rien ne changera véritablement. L’homme est intolérant tant qu’il ignore sa véritable nature.

Echapper à la manipulation

C’est par le plan émotionnel que l’homme est le plus manipulable. Il court-circuite la raison, empêche d’accéder à toute compréhension d’ensemble et de réagir de manière adaptée. Sous le coup de l’émotion, on peut accepter de faire des choses que notre conscience réprouverait en temps normal. Par exemple, accepter qu’un gouvernement vote des lois inacceptables et utilise un drame pour restreindre les libertés, ou justifier une guerre. Si l'intelligence ne nous permet pas de remettre en question ce qui nous est présenté, d'aller au-delà des apparences, elle ne nous sert à rien. Quiconque connaît bien l’hypnose sait qu'un choc émotionnel puissant ouvre une fenêtre anesthésique pendant laquelle la personne est perméable à toute suggestion. Cela est applicable à toute échelle, y compris à un peuple entier, lire à ce propos l'ouvrage exhaustif Neuro-esclaves.

Nous devons y être particulièrement attentifs, en ces temps où certains groupes occultes cherchent à monter les peuples les uns contre les autres. Veillons à conserver tant notre lucidité que notre cœur. Là où nous avons pour habitude de chercher à nous venger ou de réagir par la violence, apprenons à prendre du recul pour mieux saisir les enjeux. Il y a même un impact sur la santé individuelle. La peur obsessionnelle de l’agression – distillée dans les médias – n’est pas la meilleure conseillère et instaure un climat de doute sur nos capacités de défense naturelles, affaiblissant notre immunité.

Entendons-nous bien, œuvrer à la paix n'implique pas de se laisser faire lorsqu'on nous agresse. Aucune sagesse ne demande ce sacrifice qui n'aurait aucun sens. La paix n'est pas laisser l'autre nous agresser, c'est d'abord ne pas agresser l'autre, le respecter puis chercher à renforcer ce qui est commun pour progresser. Celui qui veut nous tuer, dans l'instant il n'y a pas de question à se poser, on se défend. Là où se situe la sagesse, c'est de ne pas se précipiter dans un énième conflit généralisé qui est voulu par ces forces occultes. Nous devons le plus possible contribuer à créer un climat d'harmonie qui fasse que leurs tentatives n'aient plus aucune prise.

Recontacter notre nature créatrice

La violence n’est pas nécessaire pour quitter un système. Cela commence par apprendre à faire autrement. Le plus triste est peut-être la résignation présente chez beaucoup de gens. On leur dit qu'il n'est pas possible de faire autrement et ils ne cherchent pas à vérifier si c'est vrai. En psychologie, c’est ce qu’on appelle une croyance limitante. Vu les messages subliminaux qui passent en boucle à la télévision, cela n'est pas très surprenant.

Pour autant, subissons-nous les manipulations avec autant de force que d’impuissance, où bien avons-nous notre part de responsabilité ? Sommes-nous victimes d’autrui ou de nous-mêmes ? Cela nous renvoie à la responsabilité individuelle et au choix conscient. Peu importe l’agitation du monde, c’est toujours notre expérience propre que nous avons à vivre. La société reflète notre souffrance et celle-ci provient avant tout d'une perte de connexion avec les dimensions supérieures de la Vie. La rétablir ne peut être qu'un travail personnel, prélude à toute véritable coopération entre les hommes. Par la loi de rétribution ou de cause à effet, nous récoltons ce que nous semons. Quand on y pense, il faut être fou pour persister dans un comportement inadapté et s’attendre à un résultat différent.

De la sagesse bouddhiste aux sciences cognitives, nous savons aujourd’hui que notre perception du monde est essentiellement subjective. L'extraordinaire plasticité de l’esprit humain laisse imaginer à quel point il nous est possible de redessiner le monde. En tant que psychothérapeute et comme tant d’autres confrères, j’accompagne des gens en grande souffrance existentielle et je suis toujours émerveillé de voir à quel point nombre d’entre eux parviennent à sortir d’une situation délicate en changeant simplement de regard sur ce qu’ils vivent. Nous ne sommes pas séparés les uns des autres et chaque personne qui va mieux est une partie du monde qui va mieux.

Même si nous réagissons par la colère à une situation dans un premier temps, nous pouvons rapidement réévaluer la situation et adopter une réponse plus écologique et surtout plus efficace. Cela active le cortex préfrontal qui stimule les circuits neuronaux de l’empathie. Travailler à l’empathie et la compassion entraîne le cerveau à remodeler ces circuits dans le sens d’une meilleure conscience de l’environnement. Nous réagirons ainsi de manière plus juste et nous serons plus à même de reconnaître en chacun de nous ce qui nous unit. Nous cesserons de succomber aux sirènes de ceux qui s’attachent à diviser pour mieux régner, y compris – souvent – au nom de l’unité. Même si ce que dit l'autre nous blesse ou nous irrite, voyons au-delà ce que nous avons en commun de positif et qui peut grandir.

Nos réactions émotionnelles ne sont pas une fatalité, il nous est possible de nous corriger. Tout comme la boue n’est pas la nature de l’eau, l’agitation mentale n’est pas la nature de l’esprit. Nous ne sommes pas nos émotions violentes, si nous pensons le contraire, nous n’aurons pas vraiment envie de progresser. Il reste toujours dans l’esprit un potentiel de pureté inaltérable qui est notre substance. Savoir que nous pouvons devenir une personne avec un amour illimité nous procure une immense confiance en soi. Les conflits qui opposent les gens nous offrent en réalité une occasion de dépasser nos vieux schémas et de travailler nos vertus. Vient le moment où nous devons choisir notre destination : tendre vers la paix et nous élever, ou bien perpétuer les mêmes erreurs, les mêmes errements qui produisent cette société injuste et violente.

Lectures conseillées :

  • Comment résoudre nos problèmes humains – Guéshé Kelsang Gyatso
  • Conversations avec Dieu (T1, 2 et 3) – Neale Donald Walsh
  • Vivre dans un monde en crise – Jiddu Krishnamurti


7 réactions


  • Sozenz 12 janvier 2016 11:55

    Merci pour votre magnifique article qui est d ’une très grande justesse et qui me réjouit
    Bienvenue


  • Simple citoyenne Simple citoyenne 12 janvier 2016 22:26

    Bonjour, je vous cite « Nous devons y être particulièrement attentifs, en ces temps où certains groupes occultes cherchent à monter les peuples les uns contre les autres. » Lorsque vous parlez de groupe occulte, pourriez-vous préciser votre pensée s’il vous plaît, cela évitera aux lecteurs de faire des interprétations ?

    Dans votre article, il y a, des, il faut veiller à faire ceci ; il faut faire cela ; etc. comme un maître qui voudrait de bons petits disciples à ses pieds ; vous donner des directions sans aucune modestie ; votre article est écrit avec beaucoup de certitudes qui ne sont que les vôtres.

    Je vous repose donc la question Dimitri Jacques ; lorsque vous parlez de groupe occulte, pourriez-vous préciser votre pensée s’il vous plaît, cela évitera aux lecteurs de faire des interprétations ? Auquel cas, « on » se demande qui manipule qui ? j’espère avoir une réponse !


  • bakerstreet bakerstreet 13 janvier 2016 00:25

    De bonnes vibrations et un message d’amour et de paix. Déjà faire la paix en soit est un exploit remarquable, mais je sais en disant cela que le mot « exploit » est contre-performant, et le mot « contre-performant », tout autant. 

    C’est que notre culture est c’est vrai bâtie sur l’agressivité et la consommation de bière.
    Il y en a de bonnes, et d’autres détestables. .
     Mais avouez qu’il y en qui cherchent des crosses quand même !....
    L’humour étant une autre possibilité de dédramatiser, de prendre la tangente, à condition de ne pas se moquer de la gueule de l’autre. Enfin, pas trop.
    Enfin, l’important est de la jouer cool, si vous voyez ce que je veux dire. 
    Reste le vélo, qui est mon objet zen par excellence. 
    A condition que je retire le compteur, que je me mette pas à tirer des bourres. 
    Et puis la lecture qui me permet de monter toujours sur les ailes de la grande oie sauvage, qui gravite là haut. 

    • Philippe Stephan Philippe Stefan 13 janvier 2016 21:52

      @bakerstreet
      que des bonnes vibrations ,les mauvaises ils faut les éliminées avec l’aide de la modération..
      manque la maturité et le sens de l’humour..


  • Sozenz 13 janvier 2016 12:52

    Actuellement , il devient de plus en plus difficile de ce recentrer sur son Soi pour ceux qui n ont pas conscience de ce qui se passe dans l ensemble.
    Les interpellations extérieures sont d’une telle force et diffuses à tous les niveaux , que l attention sur ce qui se passe à l extérieur attire l attention en continue et ne permet pas de s arrêter .
    Pourtant s arrêter sur ce qui se passe en Soi et sa relation avec l extérieur est primordiale pour comprendre les causes et les effets que nous produisons . comment notre esprit recommence des shémas destructeurs ou totalement décalés ,
    j ai pu voir dans certains commentaires que ce type de discours n etait fait que par des intellos et pour des intellos
    personnellement , je vois surtout des personnes lors de leurs commentaires qui cherchent toujours des causes extérieurs et qui ne veulent pas voir leur propre responsabilité . leur complicité , leur propre haine , leur propre fiel etc ....
    il y a des gens très gentils avec beaucoup de sincérité, de bonne foi inconsciente . mais qui ne veulent pas voir , pas écouter , pas entendre ... 
    bon ben , on ne peut rien faire ... chacun sa route !!
    Je vous souhaite seulement d’ avoir l idée de vous y mettre un jour .
    Bon courage à tous !!


  • Simple citoyenne Simple citoyenne 13 janvier 2016 23:07

    @ Dimitri Jacques, je précise qu’en aucun cas je ne voulais être blessante avec vous ; je me rends compte que j’ai été sans aucun doute très dure avec votre article ; je voulais donner mon avis ; mon avis, qui lui aussi, manque vraiment de modestie et hélas, un avis avec pas mal d’ego.

    Bien à vous.


    • Simple citoyenne Simple citoyenne 14 janvier 2016 09:24

      @Ziziledur, Hello à vous ; non ce n’est pas l’auteur qui peut modérer les commentaires, car l’auteur n’a pas prise sur les commentaires. Et comme quelques-uns j’ai été également modérée par la modération et suis-je vexée pour autant ? Non ; c’est très bien comme cela. Qui suis-je pour avoir été si dure dans le fond avec l’article. Personne.

      Un message de paix quel qu’il soit, est dans le fond, en effet, très bien en ces temps difficiles. Et quand je parlais « disciples », c’était un petit trait d’humour. Rien de plus.

      Amicalement.


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