Ségolène Royal - La revanche de l’ancien monde
66 ans et toujours jeune dans sa tête notre Ségolène, avec en prime une ambition débordante, voire mordante. L'ancien monde méprisé par Emmanuel Macron ne semble pas vraiment la concerner. L'ancien monde c'est plutôt Alain Juppé et d'autres qui n'ont fait que de la politique pendant toute leur vie, comme elle d'ailleurs, ce qui ferait de Ségolène une exception.
Une exception pour qui il n'est pas question de se laisser refroidir dans le frigo d'ambassadrice bénévole des pôles Arctique et Antarctique, ni de renoncer à sa chère "liberté de parole". Faut dire aussi que l'habit d'ambassadrice des pôles était bien trop étroit pour elle qui vient de lancer sa nouvelle association "Désirs de France, avenir de la planète", qui n'est rien d'autre qu'une réplique de "Désirs d'avenir" créé en 2006 pour l'aider à conquérir l'Elysée.
Donc, Madame Royal s'est fait virer de son poste diplomatique d'ambassadrice des pôles. En fait, l'ex de François Hollande a fait tout ce qu'il fallait pour se faire démissionner. Elle a donc gagné la première manche en faisant passer Macron pour un président autoritaire et méprisant qui ne supporte pas la liberté d'expression de ceux qui ne sont pas d'accords avec lui. Et là elle marque encore facilement un point tellement la cote du président est dans le rouge. L'explication officielle étant que l'ex "ministre de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer" aurait "oublié" son devoir de réserve.
Mais, on pourrait également citer d'autres reproches, comme son absentéisme aux réunions du Conseil de l'Arctique. Sans oublier l'ouverture d'une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF) pour déterminer si "Ségo" a fait une utilisation irréprochable des 100 000 euros de frais de mission qui lui étaient attribués dans l’exercice de son ex fonction.
En réalité, Ségolène voulait mieux que jouer un second rôle à la Hibernatus. Une place de ministre de l'Ecologie dans le gouvernement Philippe aurait pu lui convenir et surtout la faire taire. Seulement voilà, Le jupitérien n'a rien voulu savoir de ses appels du pied énamourés. Le jeune et inexpérimenté président Macron n'a pas tout de suite compris que l'ancien monde possédait encore un certain pouvoir. Pour Ségolène c'est même un pouvoir de nuisance certain. Il suffit de l'écouter déclarer...
"Macron et sa bande de gros machos pensaient que j’allais rester dans mon coin et me taire. Ils croyaient que la gauche était morte et que j’étais finie. Mais je suis très déterminée !"
Pour comprendre que la guerre est déclarée et que Ségolène Royal ne fera pas de cadeaux.
Mais, qui peut croire raisonnablement que celle que ses adversaires politiques appelaient autrefois la "folle du Poitou", possède encore suffisamment d'influence pour brouiller les cartes en 2022 ?
Malgré tout, Ségolène est typiquement le genre de personne qu'il vaut mieux avoir de son côté que contre soi. Car, voilà une femme politique de l'ancien monde qui sait comment attirer les médias toujours avides de petites déclarations vachardes d'une personnalité présente au second tour de la présidentielle en 2007.
Ségolène Royal s'imagine déjà comme une troisième voie entre Macron et Marine Le Pen. Mais personne ne veut et ne voudra d'elle pour représenter son parti. Même pas le maladif PS d'Olivier Faure qui n'arrive pas à se remettre de 5 ans de présidence Hollande. Quant à penser que réaliser une union des gauches serait du domaine du possible en 2022, contrairement à 2017. Il ne faut pas y compter. Car, le chacun pour soi de tous ces partis qui se disent de gauche et ont tous la prétention représenter le peuple, ne fait aucun doute. Que pourrait-il donc se passer avec une gauche aussi minable et hypocrite. Sans doute est-il encore trop tôt pour l'affirmer, même si 69% des Français pensent déjà que Macron ne sera pas réélu.
Photo - CAPUCINE GRANIER-DEFERRE / PARISMATCH / SCOOP