mercredi 31 août 2005 - par ÇaDérange

Sernam : un peu de pudeur, Monsieur Gallois !

On entend Monsieur Gallois, Directeur général de la SNCF, se féliciter régulièrement dans les médias de son action à la tête de la SNCF et nous expliquer comment, cet HEC, énarque, ex-directeur de cabinet de Chevènement, se sentait à l’aise dans la conduite de cette entreprise.

Je souhaiterais mettre un bémol à ces manifestations d’autosatisfaction qui ne me paraissent pas totalement justifiées et la vente de Sernam m’en donne justement l’occasion.

Tout d’abord, Monsieur Gallois oublie de nous dire que si la SNCF a retrouvé un équilibre financier précaire, c’est parce que l’Etat en a extrait le réseau ferré, réseau qui est passé (avec ses dettes monumentales) dans le giron d’une société créée pour l’occasion et présentant l’avantage d’être beaucoup moins voyante que la SNCF : RFF pour Réseaux Ferrés de France. Or c’est l’Etat qui finance tous les ans, aux frais des contribuables et ce, pour des montants considérables, les dettes de RFF et les créations de lignes nouvelles. La SNCF, qui est donc devenue une société d’exploitation du réseau ferré, paye un droit d’utilisation de ce réseau à RFF pour une somme que l’on peut estimer assez dérisoire et qui correspond justement assez bien à la somme que ladite SNCF facture elle-même à RFF pour l’entretien de ce même réseau !!! Moyennant quoi, il ressort que Monsieur Gallois a simplement réussi à équilibrer les comptes de la SNCF : pas de quoi se glorifier tous les jours en public !

Incidemment, ces éléments sont connus du monde médiatique. Comment se fait-il que les journalistes qui l’interrogent ne lui posent jamais ce type de questions ? Mystère.

Dans les autres non réussites financières annoncées, je vous ai déjà parlé de la faillite annoncée du fret ferroviaire. Pas de nouvelles récentes pour l’instant. Donnons le crédit à Monsieur Gallois d’un redressement éventuel de cette branche d’activité, même si pour cela, le soutien des subventions du contribuable sera sans doute nécessaire.

La SNCF vient par ailleurs de se débarrasser de sa messagerie, le bien connu Sernam , déficitaire depuis sa création en 2000. La Sernam (qui , contrairement à la SNCF, a l’inconvénient d’exercer en secteur concurrentiel) a perdu 79 Millions d’euros en 2002, 85 en 2003 et 43 en 2004 tout en voyant son chiffre d’affaire diminuer d’un tiers entre 2001 et 2004. Il n’y a eu qu’une seule offre ferme à l’appel d’offre de la SNCF pour le vendre, celui de l’équipe actuelle de direction. Toutes les offres préliminaires ainsi que les experts commis pour évaluer la valeur réelle de l’entreprise ont jugé que cette valeur était NEGATIVE, ce qui veut dire que pour vendre le Sernam, la SNCF sera dans l’obligation initiale de le recapitaliser (aux frais du contribuable) pour un montant de 95.5 millions d’Euros.

L’alternative aurait sans doute été de procéder à une liquidation. Mais une telle décision aurait fait "mauvais genre" et, paraît-il, coûté encore plus cher. D’où le choix final pour le céder. La Commission des Participations qui doit donner son avis sur cette proposition de cession a exprimé le fait que "la cession aurait dû, de toute évidence, être faite depuis longtemps" et que ce retard "avait été très coûteux pour la SNCF".

Sans doute Monsieur Gallois, plutôt que de s’intéresser aux intérêts des contribuables dans cette affaire, était-il occupé à des activités beaucoup plus porteuses comme la mise au point de l’accord syndical sur la prévention des conflits à la SNCF qui nous a déjà permis de mieux rassurer les victimes des quatre conflits syndicaux subis depuis le début de l’année...

Une question subsidiaire : Quelles sont les recettes que la direction actuelle - qui reprend donc l’entreprise - entend appliquer pour la redresser ? recettes qu’elle n’a pas été capable de mettre en place à la SNCF ? A moins que Monsieur Gallois n’ait pas voulu les appliquer pour le plus grand bien des contribuables...



1 réactions


  • Sylvain (---.---.44.212) 2 septembre 2005 16:42

    Quand est ce que tous les Français (contribuables et autres même si ils sont moins impactés) prendront note et conscience que la SNCF et ses satellites (RFF, Sernam et autres) nous coutent les yeux de la tête ? Vous ne parlez pas de la contribution d’équilibre (+de 2,2 milliards d’euros) qui permet aux cheminots de partir à la retraite bien avant tout le monde. La dernière réforme les a bien sur épargné, dans un grand élan de courage politique dont nos responsables savent faire preuve si souvent. Et en plus, leur chef fait de l’auto-satisfaction, c’est vraiment que l’on marche sur la tête ...


Réagir