Sexe et Pouvoir
La sexualité chez le mâle humain, de moyen pour assurer la survie de l’espèce, est devenue, pour la plupart, une fin en soi. Sa force physique, sa raison, sa ruse, sa créativité, n’ont, le plus souvent, été mis qu’au service de ses pulsions sexuelles.
Hormis le marquis de Sade, Schopenhauer et Nietzsche, peu de penseurs, depuis l’origine de la philosophie ont révélé que l’origine des malheurs de l’humanité se situait dans l’importance totalement démesurée, que l’homme octroie au sexe.
Un organe comme les autres, permettant chez l’animal, par instinct et de façon intermittente, de perpétuer son espèce.
Chez le mâle humain, le sexe, cet accessoire ridicule selon Erasme (Éloge de la folie), est le seul sens qu’il donne véritablement à sa vie, tout en le niant et en s’en inventant de sublimes qu’il n’assume jamais. Ainsi l’humanité est l’empire du mensonge.
Le libre cours aux instincts les plus bas sont amplifiés par un cerveau porté à la démesure.
Alors, la « raison » justifie la domination de quelques-uns sur la masse ignorante et conditionnée par les croyances et les idéologies. L’instinct animal de la reproduction, le plus ancré dans le mâle est alors porté à son paroxysme chez l’homme, jusqu’à l’obsession sexuelle.
Il s’agit de soumettre tout obstacle : la femme, l’homme, la nature. L’autre n’est qu’un instrument.
« … Le sexe est une des formes primaires du pouvoir. » Sabato Ernesto (1911- 2011).
Comme n’importe quel animal les hommes sont enfermés dans la programmation sexuelle.
Ils font de vains efforts pour se convaincre du contraire, par la politique, la religion, l’idéologie. Et ainsi ils construisent des empires que d’autres détruiront.
Cet aveuglement on le retrouve partout, dans la peinture, la sculpture, la poésie, la littérature, la philosophie, le cinéma, les séries télévisées, et la chanson populaire.
Une illusion que l’on métamorphose avec prétention en « Culture », l’un des dérisoires sens que l’on cherche avec tant d’acharnement à donner à sa vaine existence.
Mais la passion amoureuse est un fantasme destructeur, une malédiction.
Si l’"Éternel féminin" a inspiré presque tous les auteurs les plus célèbres, bien peu ont dévoilé l’irrémédiable arnaque de la nature, qui, pour la perpétuation de cette espèce si prédatrice, plonge encore aujourd’hui, l’homo prétendument sapiens dans les abîmes de la servitude. La passion dévastatrice de ce prétendu "Amour", cachant amour propre et instinct de domination du mâle, est la trame de presque tous les romans.
Du vicomte de Valmont (Les liaisons dangereuses) à Julien Sorel (Le Rouge et le Noir) ou Georges Duroy (Bel-Ami) en passant par Gatsby (Gatsby le magnifique) ou Solal (Belle du Seigneur), l’épilogue ne peut être que tragique.
Le nœud de l’intrigue est toujours une "histoire d’amour", avec tous ses dénouements révélant le dévouement des uns et les turpitudes des autres.
Et toutes ces chansons de par le monde, qui n’ont que l’"amour" pour seul sujet, répété sans cesse. Excepté Les Rita Mitsouko pour qui « Les histoires d’Amour finissent mal… en général ».
« On ne saurait être sage quand on aime, ni aimer quand on est sage ». Publilius Syrus, poète latin.
Les faits divers nous révèlent également que les relations sexuelles passionnelles entraînent la confusion entre amour et amour propre, avec des conséquences le plus souvent délétères.
La sexualité ordinaire crée des tensions physiques et psychiques dont les conséquences perturbent la vie sociale et professionnelle de nombreuses personnes.
Pourtant, il n’y a rien de plus relatif que "l’amour". Hector Berlioz, apprenant, en Italie, que sa fiancée s’est éprise d’un autre, est effondré et n’a plus qu’une idée : rentrer à Paris, la tuer et se suicider. Mais pour des raisons administratives, il est bloqué quelques jours à Nice. Il est subjugué par la beauté de la ville et de ses environs. Il revit et oublie son chagrin, son mal-être. Il y reviendra, comme en pèlerinage, et composera Le Corsaire rouge ! Pas de quoi en faire un roman. Si l’amour était vraiment ce que l’on croit qu’il est, il ne serait que paix !
L’homo véritablement sapiens devrait utiliser sa sexualité, comme toute autre chose, avec mesure. Mais répétons que l’homme n’a qu’une raison de vivre : se placer en position dominante par rapport à ses concurrents, pour séduire la femme.
« La conquête des femmes est la seule aventure exaltante dans la vie d’un homme » Guy de Maupassant.
Et chaque espèce animale a ses propres stratagèmes pour permettre au mâle de dominer.
Chez l’homme, tous les moyens sont bons, de la richesse à la puissance politique en passant par la célébrité médiatique. Et en désespoir de cause par la violence. Où se situe le total consentement ?
La richesse est toujours liée à la domination sexuelle.
S’afficher avec un top-modèle est la première chose que fait celui qui a fait fortune, quelle que soit la façon dont il a accumulé sa richesse.
Notons que la plus grande partie de notre Produit intérieur brut résulte des spoliations, de l’exploitation des humains comme des ressources non renouvelables, des mensonges de la publicité, des vols qui obligent à racheter, des primes d’assurances liées aux accidents, à la délinquance et à la violence. Sans compter la prostitution et les trafics de drogues qui distribuent un pouvoir d’achat, développent le commerce et notamment celui du luxe.
Déjà, le passe-temps favori des dieux et des demi-dieux des mythologies sumérienne, grecque et romaine, se résout à l’activité sexuelle.
Nous avons déjà mentionné qu’ils ne cessent de recourir à des artifices pour « s’offrir » des déesses, des filles de déesses, et même des mortelles.
L’amour n’est pas un sentiment sublime, puisque même les dieux ne sont que des obsédés sexuels qui mettent leur pouvoir au service de leurs pulsions. Dans ces mythes, c’est peu à peu le symbole de la supériorité du mâle qui s’exprime, tout au long de l’avènement du patriarcat.
Zeus viole sa mère Réa, puis sa sœur Héra, qui honteuse, se marie avec lui. Ensuite il séduit d’innombrables mortelles et même des déesses Léto (qui donnera naissance à Apollon et Artémis), Io, Sémélé (qui donna naissance à Dionysos), Europe, Perséphone (en se métamorphosant en serpent), etc.
Apollon séduit des nymphes (Coronis, Clylia…). Daphné dut se transformer en laurier pour échapper à Apollon qui la poursuivait pour la violer (Robert Graves, Mythologie grecque).
Cette obsession sexuelle des dieux de l’Olympe, à l’évidence exagérée, a pour objectif d’exprimer avec force et en priorité, la soumission sexuelle de la femme par l’homme. Ce sera le fondement du bouleversement des valeurs entre la société matrilinéaire et la société patriarcale. La violence de ce combat fit, des héros mâles de cette longue histoire, des dieux bien trop humains pour être pris au sérieux.
Les hommes, jaloux de la capacité de jouissance de la femme, se sont sentis frustrés dans leur volonté de domination. Dans « L’épopée de Gilgamesh », le héros refuse les avances de la déesse Inanna, qui en a épuisé plus d’un. Il préfère son "droit de cuissage" qu’il exerce sur des jeunes filles à qui il ne demande pas leur consentement.
Ainsi le plaisir de la femme fut empêché, surveillé, puni. La femme adultère est lapidée, les petites filles sont excisées etc.
Et cette progressive aliénation de la dimension féminine par le patriarcat, a exercé une influence énorme sur l’avenir des civilisations et leur enfermement dans le pouvoir exclusif du mâle, c’est-à-dire du yang.
« Malheur à vous qui croyez que la femme est faite pour votre plaisir. » Éliphas Lévi (1810-1875).
C’est ainsi également que depuis dix mille ans les peuples sont dirigés par de cyniques dominateurs sans scrupules et tyranniques.
Et depuis cette époque les humains auraient dû comprendre qu’ils devaient se méfier d’eux-mêmes bien plus que des animaux sauvages, des serpents ou des catastrophes naturelles.
En fait, il n’existe que deux types de civilisations : celle où la femme est soumise à l’homme… et l’autre.
Si toutes les civilisations se valent, elles doivent toutes tendre vers un seul modèle : des sociétés où certes la femme bénéficie des mêmes droits que l’homme, mais surtout, où sa différence est reconnue, respectée et écoutée.
La différence est une merveilleuse occasion de s’enrichir.
La différence n’est pas une inégalité, mais une complémentarité nécessaire, fondamentale au sein de la coévolution du vivant.
En fait, une telle civilisation n’existe pas encore.
Même certaines féministes s’acharnent à devenir aussi stupides, veules, obsédées, dominatrices et prédatrices que les hommes.
La complémentarité entre le yin et le yang leur échappe totalement.
De prétendue féministes, militantes contre l’islamophobie semblent plutôt manipulées par le patriarcat pour sa propre défense. Á l’écoute des islamistes, elles proclament que le féminisme universel est une "obsession de femmes blanches occidentales, impérialistes".
Rappelons leurs qu’avant le patriarcat, et même avant l’époque des colonisations, existaient des sociétés "matrilinéaires".
L’islamisme, comme les deux autres monothéismes en leur temps, est ainsi devenu le dernier rempart contre le véritable féminisme, le dernier sursaut d’un patriarcat contesté après huit millénaires de règne absolu.
Selon Mona Ozouf, la base du féminisme, c’est déjà de pas dépendre d’un homme. Et les premiers pas furent possibles grâce à l’éducation et à la contraception.
Chez les animaux dénaturés, la force de l’instinct l’emporte sur le bon sens, l’intellect et le sens des responsabilités.
Le drame du mâle : lorsqu’il ne peut plus séduire, que lui reste-t-il ? Tuer le temps, pour le raccourcir, puisqu’il n’a plus de raison d’être.
Or, à certains, insatisfaits dans leurs exploits sexuels, il reste « le pouvoir ». Ils dirigent alors leurs pulsions vers l’exploitation des autres et de la nature.
L’agressivité naturelle du mâle humain est devenue permanente, à l’instar de son obsession sexuelle, entraînant un besoin inconsidéré de puissance.
Mais la satisfaction du désir ne l’éteint pas, il demande toujours à se renouveler, sans cesse.
Malgré les limites physiques, malgré l’âge. Alors tous les moyens sont bons. L’âge de séduire étant passé, le mâle humain réalise enfin son inutilité fondamentale. Mais l’argent et le pouvoir permettent aux prétentieux de se sentir supérieurs aux autres, de les commander, de les stipendier, de les « séduire ». Ils se défoulent en dominant leurs congénères et tout ce qui tombe sous leur regard avide, de l’inerte au vivant : raser des montagnes, dévier les fleuves, ériger des ziggourats ou de démesurés gratte-ciel, incendier d’immenses forêts au napalm.
« L’impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d’autrui ». Georges Bernanos, Sous le soleil de Satan.
Rien ne doit résister au sexe frustré.
« Les culottes des femmes où le monde se mire. » Léo Ferré, À toi.
« L’océan de ton cul déferle dans ma loge. » Léo Ferré, Night and day.
Comme tout mammifère mâle, attiré d’abord par la croupe de la femelle, l’homme est également troublé en premier lieu par la suggestivité d’une cambrure parfaite.
L’homme qui est sincère avec lui-même, qui accepte de s’observer avec lucidité, perçoit totalement les atouts de chacune des jeunes femmes qu’il voit. Tout y est séduction ; regard lumineux, bouche pulpeuse, poitrine pneumatique, fesses rondes, galbe des jambes, cambrure des reins… « Á damner tous les saints ! ».
Tout ce qui doit attirer le mâle dans le seul but de la perpétuation de l’espèce.
C’est la pin-up Red rendant fou Le Loup de Tex Avery, génial réalisateur de cartoons hollywoodiens.
C’est le mythe d’Actéon qui surprit Artémis-Diane dans son bain, et qui fut sur-le-champ métamorphosé en cerf et dévoré par ses chiens.
N’étant plus capable de maîtriser ses passions sexuelles, elles le dévorent.
Une poitrine fière et haut perchée excite la plupart des hommes. Mais le mental, qui guide la main qui caresse, devrait prendre du recul. Ces seins sont faits pour allaiter.
Chez l’animal dénaturé qu’est le mâle humain, cet attrait est totalement culturel, il n’est qu’une illusion de plus.
Or la réelle beauté de la femme se révèle plutôt dans son regard.
Répétons que tout le reste n’est que littérature ; certes nécessaire pour vaincre l’ennui, de peur qu’en se regardant dans la glace, « le fils de Dieu » se retrouve face au cerf qui brame au fond des bois !
Tel le cerf, il ne peut résister à l’appel irrésistible de la reproduction.
« L’esprit est ardent mais la chair est faible » Marc 14, 37-38.
« Il faut bien que le corps exulte » jacques Brel.
Le détournement de l’acte de procréation par l’animal dénaturé, révèle son côté sombre, obscur, marécageux qui s’étale sans vergogne, sans joie, sans décence, sur de multiples sites pornographiques, où la femme doit vendre, alors, le plus profond d’elle-même.
La pornographie se caractérise par le seul plaisir de l’homme, par la violence et l’asservissement.
Chaque jour dans le monde, cent milliards de pages pornographiques sont vues sur l’Internet ! Également par des enfants et de jeunes adolescents.
Comment peut-on passer tant de temps d’une vie si éphémère, hypnotisé par des fantasmes, symboles de la plus stupide des illusions dans lesquelles se complait l’humain ?
Ces vidéos pornographiques rappellent les descriptions les plus outrées des sévices infligés aux jeunes femmes dans Les cent-vingt journées de Sodome du marquis de Sade.
Pour s’en convaincre il suffit de lire les procès-verbaux de l’enquête policière rapportée par Le Monde des 10,17 et 19 décembre 2021 : « L’enquête qui fait trembler le porno français ». Elle vise cinq cents suspects et concerne cinquante-trois victimes : traite d’êtres humains, viols en réunion, proxénétisme, avec le recours aux réseaux sociaux pour mieux abuser de jeunes filles vulnérables ou naïves.
Cette licence inconcevable provoque chez les adolescents une frustration qui travaille le mental et le corps, générant angoisse, culpabilité, déséquilibre émotionnel.
On peut s’inquiéter sur les conséquences de cet apprentissage de l’exacerbation de l’obsession sexuelle : harcèlements, banalisation de la violence, comportements pervers, possession de l’autre, viols etc. À quatorze ou quinze ans, certains se croient tout permis et des jeunes filles perturbées n’osent se rebeller ou se plaindre. Elles sont harcelées jusqu’à ce qu’elles acceptent de se mettre nues ; elles sont photographiées, puis menacées d’exposer les photos sur le Net si elles n’acceptent pas de subir leurs phantasmes.
« Les jeunes sont imprégnés de l’idée que l’amour doit être une passion folle, presque destructrice » Louise Delavier, co-fondatrice d’"En avant toute(s)" », Le Monde du 22 novembre 2021.
Le Parisien du 3 janvier 2023 relate l’horreur vécue par une jeune fille de 19 ans « vendue aux violeurs par ses amis ». Tombée dans leur piège elle sera plusieurs fois violée, à tour de rôle, par huit hommes, la plupart « défavorablement connus des services de police pour des vols aggravés, violences et trafic de stupéfiants ».
Le même journal relate une enquête qui révèle l’enfer des prostituées à la suite de la loi de 2016 s’attaquant à leur clientèle. Les proxénètes les enferment de nouveau dans des maisons ou appartements difficiles à repérer. Des dizaines de sites Internet, qui ne sont jamais inquiétés se sont multipliés. « En un clic le consommateur dispose d’un choix infini sur des catalogues numériques. Hommes ou femmes, les prostitué(e)s se retrouvent beaucoup plus vulnérables sous la coupe de réseaux internationaux ».
Depuis le développement du numérique, la perversité est mise à la portée du vulgum pecus et des cours de récréations !
Tout individu sain de corps et d’esprit ne peut être que scandalisé par la brutalité et la violence de ces images en libre accès également sur les "Smartphones" et autres tablettes.
Les frustrations sexuelles se transforment en rancœur et en haine ; en détestation d’un monde où l’on tombe de piège en piège comme de Charybde en Scylla.
Et les élites étalant leur cynisme et un luxe aussi ostentatoire que démesuré, offrent un sinistre exemple. Une phrase, prononcée quelque temps avant sa mort, par un membre très influent de l’Establishment, résume le non-sens de ce si présomptueux patriarcat en fin de cycle : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? »
Une mentalité totalement en phase avec le transhumanisme qui s’installe partout dans le monde, et qui, de plus en plus, se fout du monde.
De plus en plus d’adolescentes et de jeunes femmes, dont les bras sont devenus inutiles aux emplois délocalisés au bout du monde, voient aujourd’hui, peu d’inconvénient à louer leur sexe !
Pour l’être humain, le pire est à venir, alors qu’il fonce dans l’impasse du délire transhumanisme, idéologie imaginée par une super élite aveuglée par sa propre suffisance.
Dans "Soleil vert" déjà, une belle femme fait partie des meubles d’un luxueux appartement. Son "compagnon" étant mort, le prochain locataire pourra en disposer comme de tout le reste du mobilier.
Dans quel triste monde naissent les enfants aujourd’hui !
Le sexe artificiellement magnifié mais toujours insatisfait, est bien le moteur central de la cruauté continuelle de l’homme, la principale cause des malheurs qu’il sème partout.
« Pourquoi le sexe occupe-t-il tant notre esprit ? Parce qu’il est l’échappatoire suprême. C’est la voie ultime vers l’oubli de soi absolu. » Jiddu Krishnamurti, De l’amour et de la solitude.