samedi 28 juillet 2018 - par Mkoute

Soumaïla Cissé et IBK : les deux facettes d’une même pièce

L’un est président du Mali depuis cinq ans, l’autre son opposant officiel. Pourtant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et Soumaïla Cissé ont plus de points communs que de différences : même génération, mêmes parcours de privilégiés au sein de l’appareil d’état malien, même volonté de préserver un système corrompu et clientéliste.

A écouter certains médias français influents en Afrique, l’élection présidentielle malienne se jouera entre le président sortant, IBK, et le candidat malheureux du dernier scrutin, Soumaïla Cissé, qualifié un peu hâtivement « d’opposant » par les plumitifs hexagonaux.

Une dualité factice et manichéenne entre deux dinosaures de la vie politique malienne, âgés respectivement de 69 et de 71 ans, qui monopolisent depuis près de trente ans tous les postes-clés du pouvoir malien.

On ne présente plus IBK, l’actuel président malien. La chronique des scandales de son mandat a déjà été faite. Celle de son bilan serait trop maigre pour en faire ne serait-ce qu’un article. Depuis cinq ans, IBK n’a qu’une priorité : profiter de son passage à la présidence pour le bénéfice de son clan.

Face à lui Soumaïla Cissé bénéficie d’avantage d’indulgence de la part des médias. Il a l’insigne avantage de ne pas être aux affaires depuis quelques années. Et pourtant… Depuis les années 1990, il a passé beaucoup plus de temps dans les palais de la République que dans son joli costume d’opposant.

Ministre à d’innombrables reprises et pendant de très nombreuses années. Ancien président de l’Assemblée nationale. Soumaïla Cissé est l’incarnation de l’élite politicienne malienne qui foule aux pieds depuis des décennies les aspirations de la jeunesse du pays.

Des groupes terroristes aux portes de Bamako ? Des services sociaux (hôpitaux, école, électricité, eau) qui se dégradent d’année en année ? Un chômage de masse qui brise l’âme et les espoirs des Maliens ? Ils n’ont cure de tout ça tant qu’ils peuvent profiter d’un système corrompu et clanique.

L’alternance dont rêvent pourtant tant de Maliens pourra attendre encore longtemps si on se fie aux vieux caciques d’un système politique à bout de souffle. IBK comme Soumaïla Cissé offrent la garantie que rien ne va changer au Mali. Les mêmes combines. Les mêmes élites qui se gavent pendant que le peuple tire la langue.

C’est cette fausse alternative qui diffuse comme un poison dans le cœur des Maliens l’idée que rien ne changera. Que la politique ne sert à rien. Que les élections sont jouées d’avance et ne se font pas au bénéfice des populations.




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