samedi 1er décembre 2018 - par Nicolas Kirkitadze

Suavelos : voyage au bout de l’extrême-droite

(De gauche à droite : Arnaud Lespingal, Daniel Conversano et Yann Merkado, fondateurs du mouvement d'extrême-droite Suavelos)

 

Le terme générique de "fachosphère" désigne l'ensemble de l'internet d'extrême-droite français. Il comprend aussi bien les médias dits alternatifs (Boulevard Voltaire, Démocratie Participative) que des mouvements politiques opérant in real life mais ayant pour base principale l'activisme virtuel. Ce terme englobe donc le ban et l'arrière-ban de l'extrême-droite 2.0 : blogueurs, journalistes dits indépendants, vidéastes, activistes politiques ou simples animateurs de page facebook. Parmi cette pléthore de "dissidents", un groupe sort du lot tant par la radicalité de ses idées que par l'effort déployé pour les banaliser. Le présent article, fruit de plusieurs semaines de recherches, sera consacré à ce groupuscule dont la capacité de nuisance a débordé du monde virtuel des octets et des pixels.

Il s'agit du groupe Suavelos, à la fois média alternatif, mouvement politique et courant de pensée dont la stratégie communicationnelle consiste à combiner le militantisme politique stricto sensu avec des digressions sur l'art, des conseils alimentaires et même du coaching en séduction quand ce ne sont pas des bootcamps et des excursions en Europe Centrale sur fond de tourisme sexuel. Mais qui sont ces jeunes trentenaires aux barbes de hipsters, au vocabulaire volontairement désinvolte et à l'hédonisme décomplexé ? L'extrême-droite tente-t-elle de faire peau neuve ou s'agit-il d'une arnaque géante ?

L'histoire commence à l'été 2016 avec la création d'un énième site fachosphérique nommé Suavelos par trois blogueurs d'extrême-droite ambitieux et célibataires. Le récit fondateur du groupe veut que les trois compères se soient rencontrés à une conférence de Renaud Camus (le chantre de la théorie complotiste du "Grand Remplacement") et se soient immédiatement plus, décidant de s'allier et de créer un média "français de corps et d'esprit". Les trois fondateurs sont Daniel Conversano, Yann Merkado et Arnaud Lespingal. Tous trois présentent des profils atypiques, bien loin des vieux nervis de l'OAS fantasmant sur une reconquête de l'Algérie. Daniel Conversano, le plus connu des trois est alors un jeune blogueur de 28 ans, possédant la double nationalité franco-italienne et diplômé de philosophie. Véritable cerveau du groupe, il en prend la présidence et en détermine l'idéologie, se distinguant par la médiatisation de ses prises de position radicales. Yann Merkado, obscur blogueur jusqu'alors, devient le véritable DRH du mouvement et s'emploie (discrètement mais efficacement) à tisser un véritable réseau tant virtuel que réel autour du groupe qu'il fera d'ailleurs passer de l'antisémitisme à la défense d'Israël. Arnaud Lespingal est, quant à lui, un jeune hédoniste agnostique qui s'est retrouvé totalement par hasard dans les rangs du nationalisme : féru d'économie et s'imaginant être un entrepreneur dans l'âme, il sert de trésorier (et de rabatteur) au mouvement avant d'en être exclu en avril 2018 suite à des litiges financiers.

Le nom du groupe, Suavelos, a été trouvé par Conversano qui souhaitait faire référence aux "racines gauloises" de la France. Ce mot à la sonorité musicale veut effectivement dire "bienvenue" dans la langue gauloise, ce qui, pour un site anti-immigrationniste, est un comble. Une fois le groupe constitué et le site créé, le trio s'est vite attelé à un véritable travail de réseautage (notamment par le truchement de Merkado) en racolant littéralement les jeunes nationalistes de tous partis pour les amener à rejoindre leur groupe et à contribuer sur leur site. Un site d'information au fond d'écran sobre, loin des coqs et des verres de vin affichés ailleurs par la fachosphère. Place à un cadre épuré, des illustrations dignes d'un média classique et un compteur de visites augmentant inexorablement. Les articles sont également catégorisés, comme sur tout site d'information qui se respecte : on y trouve ainsi des catégories classiques comme "Politique", "Société", "International", mais aussi des plus atypiques comme "Lifestyle", "Séduction" ou "Spiritualité". La lecture des articles ne prête cependant à aucune confusion : on est bien dans un énième média d'extrême-droite. "L'antipape François veut livrer l'Europe chrétienne aux hordes d'envahisseurs", "Black M : ennemi de la France", "Un bon islamiste est un islamiste mort", "Français, n'ayez pas peur de vous armer", peut-on, entre autres, lire comme titres.

De fait, le scandale de Black M à Verdu et l'affaire Théo ont été les premiers coups d'éclat des suavelistes qui ont été à l'avant-garde de la cabale subie par le jeune rappeur pour des chansons datant de 2007 dans lesquelles il avait employé le terme "kouffar" (mécréant). Quant au jeune Théo, il a été ouvertement moqué et accusé de mensonge par le site Suavelos où l'on pouvait lire en une, au lendemain de son agression médiatisée : "Affaire Théo : dans les anales de la Raie-Publique". Des prises de position radicales qui ont vite attiré l'attention du jeune site dans le réseau nationaliste et lui ont valu l'arrivée massive de nouveaux contributeurs : le fanatique pro-armes Code-RNO, les youtubeurs Saint-Claude et Kim Noisette (journaliste expatrié au Brésil d'où il clame la "remigration des métèques") ainsi que la blogueuse franco-israélienne Solveig qui devient par la suite la compagne de Yann Merkado et le fait passer d'un antisémitisme abject à un sionisme outrancier, l'emmenant même en vacances en Israël pour y assister à des conférences données par des rabbins sionistes et des figures de l'aile droite du Likoud. Comme quoi, l'amour donne des ailes. Il faut aussi y ajouter l'athlète suisse Pascal Mancini, suspendu à deux reprises pour dopage et appel à la haine raciale ainsi que plusieurs anciens des FNJ en rupture avec la ligne politique "trop molle" de Marine Le Pen à laquelle ils ont préféré la nouvelle mouvance. Il convient de rappeler que Suavelos n'étant pas un parti politique, plusieurs de ses membres sont encartés au FN, à DLF et dans moult autres partis d'extrême-droite. A l'époque conseiller en communication chez Debout La France et auteur sur Boulevard Voltaire, j'avais décliné l'invitation pressante qui m'était faite de rejoindre ce mouvement ; bien qu'encore nationaliste et pas encore sorti des marécages brunâtres de la fachosphère, j'avais une impérieuse intuition que quelque chose clochait avec ces individus : comme nous allons le voir plus loin, les développements futurs des évènements ont confirmé mes craintes.

La communication agressive de Suavelos, le dynamisme de ses membres et le vernis rebelle de sa désinvolture ont tôt fait de ringardiser la vieille presse d'extrême-droite et de faire de Suavelos un des sites phares de la fachosphère. L'un des points forts du site était (du moins à ses débuts) la pluralité de la ligne éditoriale : royalistes, identitaires, lepénistes et antisionistes se côtoyant dans un pacte tacite d'entente mutuelle autour de quelques principes fédérateurs : l'obéissance à Conversano, l'atlantisme, le culte des armes à feu et du corps masculin, le rejet de la gauche et des valeurs républicaines ainsi que l'obsession antiféministe.

L'apparition de ce jeune pousse de la fachosphère n'a pas été du goût de tous. Les rivalités avec E&R (le site d'Alain Soral) ont débuté dès l'automne 2016 et se sont conclues par ces images d'un Conversano ensanglanté après deux uppercuts reçus dans la figure, qui ont fait le tour de l'internet. Cette altercation, loin d'être un coup de sang soudain, était en fait l'acmé de plusieurs mois de provocations mutuelles et de profondes mésententes. L'une des principales raisons du confit était la double-appartenance de certains contributeurs qui écrivaient pour les deux sites et dont Soral et Conversano se disputaient l'exclusivité. Une amie royaliste en a fait les frais, les deux ténors du nationalisme lui intimant de choisir, ce qui l'a poussé (comme beaucoup d'autres par la suite) à quitter ce groupe. L'autre cause de la détestation a été le crowdfunding. La fachosphère a pour principal vivier économique les dons et les fonds participatifs comme Litchee ou Tipee où des groupies crédules déboursent une partie de leur maigre salaire pour "aider la cause" (cf. enrichir des dissidents autoproclamés qui se contentent de poster leurs psittacismes quotidiens sur internet). Or, le niveau d'un électeur nationaliste de base excédant rarement le SMIC, il peut rarement faire plus d'un don par mois, ce qui crée d'inévitables frictions au sein de l'extrême-droite, chaque groupe voulant, à l'instar de cartels rivaux, avoir le plus de clients.

Défaite sur un plan physique, le clash Soral-Conversano a constitué une victoire médiatique pour Suavelos, l'occasion pour cette nouvelle mouvance de se faire connaître auprès de l'électorat nationaliste : pour preuve, les visites et les dons ont grimpé en flèche après ces évènements. L'incident a également permis une première standardisation de la ligne politique durant les mois suivants. Exit les antisionistes, les musulmans, les national-bolcheviks et toute personne ayant de la sympathie pour Soral ou Dieudonné – ainsi que les royalistes et les eurosceptiques, poussés vers la sortie car trop ringards aux yeux du triumvirat dirigeant. Suavelos s'est dès lors placé à la droite de l'extrême-droite, endossant ouvertement l'habit identitaire.

Les années 2017 et 2018 ont vu considérablement s'accroître l'influence de Suavelos. Le groupuscule fondé par trois trentenaires smicards compterait aujourd'hui entre 500 et 2000 membres dans toute la France, auxquels il faut ajouter les 2 millions de visiteurs annuels de leur site et les milliers d'euros de dons qu'engrange le mouvement chaque mois. L'influence médiatique est également prégnante sur l'ensemble de la fachosphère où les palabres antisémites sur fond conspi d'un Dieudonné ou d'un Soral ne sont plus en vogue : on leur préfère désormais l'islamophobie décomplexée d'un Conversano et le racisme d'un Pascal Mancini qui compare l'équipe de France à des bonobos. Le discours racial, historiquement assez absent de l'extrême-droite française (qui met plutôt l'accent sur la francité des valeurs et du mode de vie que de la génétique) a ainsi fait une entrée fracassante au sein du nationalisme par la banalisation de concepts tels que la "solidarité blanche" ou l' "unité de race". Suavelos avait défrayé la chronique en juin 2017 après l'organisation d'un "camp réservé aux blancs" d'une durée d'une semaine durant laquelle étaient enseignées pêle-mêle, le combat au corps à corps, l'histoire de France version nationaliste, les sempiternels versets sur le "Grand Remplacement" et même un cours d'initiation au droit (comprenez : comment insulter Noirs et Musulmans sans être inquiété par la justice). Plusieurs centaines de jeunes hommes auraient participé à ce camp selon le communiqué officiel, chaque participant devant débourser 150 euros. Toutes ces frasques ont valu à Suavelos une solide réputation dans la fachosphère dont il est devenu un site clé. Le nombre d'abonnés et de visites quotidiennes sont en moyenne dix fois plus élevées sur Suvalos qu'au sein de Boulevard Voltaire et de Riposte Laïque.

Mais, Suavelos a aussi fait la une de l'actualité pour d'autres raisons encore plus scabreuses. Ainsi, la journaliste de l'Obs, Nolwenn Le Blevennec, a été harcelée et publiquement menacée de viol en mars 2017 par des suavelistes. Malgré le communiqué de Conversano niant toute responsabilité et promettant de diligenter une "enquête interne", il s'est avéré que les coordonnées de la jeune femme avaient été communiquées par ce dernier à des compères qui ont posté des messages aussi évocateurs que : "il faut la b***er au son de chants nazis", "une fournée de b*tes nationalistes pour cette gauchiasse bretonne" et autres gentillesses… Aucun harceleur n'a été exclu de Suavelos. Rappelons que dans son émission Vive l'Europe, Daniel Conversano avait affirmé quelques semaines plus tôt, avec sa morgue caractéristique : "La courtoisie est le propre de l'homme français".

Suite à cet incident, de nombreuses femmes, même dans la fachosphère, se sont désolidarisées de Suavelos. Beaucoup d'entre elles reprochant au mouvement son machisme et sa haine de la femme française. En effet, dans le fameux "camp réservé aux Blancs" évoqué ci-dessus, l'un des ateliers (animé par Conversano lui-même) avait pour thème la "nécessité" pour les Français de procéder à un "exode sexuel" en fondant des familles avec les femmes de l'Est réputées "plus soumises et moins chiantes" (sic) que les Françaises. L'hostilité de Conversano envers les Françaises n'est pas récente. Il reproche à ces dernières de s'être émancipées à travers le féminisme et de "se donner" (sic) aux étrangers. Pour les punir, l'homme français devrait donc, selon lui, les délaisser au profit de femmes non-occidentales… ou d'autres hommes français. Vous avez bien lu. Dès 2015, Conversano avait réalisé une vidéo dans laquelle il était apparu affublé d'une robe et clamait ses fantasmes gays. La vidéo a été par la suite supprimée et l'auteur s'est fendu d'un communiqué arguant qu'il s'agissait d'une "parodie" avec pour objectif de moquer les "mœurs dégénérées" de l'homme moderne. D'autres éléments (témoignages, photos dénudées etc…) viennent cependant accréditer la propension à l'homosexualité de certains suavelistes. L'histoire montre à travers les exemples du Bataillon Sacré thébain, des Templiers et des SA nazis qu'un groupe d'hommes prônant une virilité exacerbée et vivant en communauté peut éventuellement développer une pratique homosexuelle tant par rejet de la féminité (associée, dans l'esprit du groupe, à une perte de virilité) que pour sceller l'unité grégaire. En l'occurrence, de nombreux suavelistes ont un véritable problème avec les femmes.

J'ai évoqué plus haut une amie royaliste qui avait brièvement été membre du mouvement Suavelos et qui constitue l'une des principales sources de cet article, ce qui me contraint à modifier son identité. Jeune et jolie trentenaire, Pénélope a été recrutée en 2016 par la mouvance naissante pour en devenir "l'égérie" et participer à "des castings nationalistes". Mais, à force de les côtoyer, la jeune fille dit avoir cerné leurs véritables objectifs : "se taper des meufs et se faire un max de thunes", confie-t-elle, amère. Elle en a fait les frais. Elle raconte notamment une entrevue avec l'un des fondateurs de Suavelos qui aurait ainsi tenté de lui faire consommer des substances stupéfiantes pour abuser d'elle et aurait persisté durant plusieurs mois à lui envoyer par téléphone des photos de son membre turgescent accompagnées de messages salaces. Informés de ces agissements, les autres membres du bureau politique n'ont rien fait pour aider Pénélope qui a par la suite quitté le mouvement. Petite anecdote : elle rapporte également une soirée lors de laquelle un des leaders a publiquement baissé son pantalon pour s'introduire une bouteille de bière (de petit calibre) dans le rectum en entonnant la Marseillaise. Ces faits ont été confirmés par plusieurs autres personnalités nationalistes.

Ces agissements porcins ne constituent toutefois pas la seule raison du départ de la jeune fille qui a également été choquée par le projet politique des chefs du groupe : fonder une mafia nationaliste. Pénélope a ainsi été témoin de conversations écrites et orales énonçant l'idée d'ouvrir des maisons closes en Hongrie et d'importer des armes depuis la Pologne. Suavelos a en effet des liens proches avec le parti ultranationaliste hongrois Jobbik et le groupe paramilitaire des Hussards, fondé en Pologne par un Français expatrié qui y enseigne le maniement des armes et sert de supplétif à la police locale pour traquer clandestins et homosexuels. L'objectif suprême de ce trafic devait être, selon les mots d'Arnaud Lespingal, le financement d'une "armée patriote pour libérer la France", soit, commencer une guerre civile. Une fois les fonds réunis et les armes opérationnelles, ils auraient planifié de s'inspirer de Charles Manson : faire monter la violence et l'insécurité. Ils auraient ainsi projeté de "tirer sur des commerçants" et de "cramer des bagnoles" ainsi que des "actions ciblées contrer les islamistes" (?) afin d'encourager d'une part la montée de l'islamophobie et d'autre part la radicalisation des Musulmans – le tout, dans le but de provoquer une guerre civile à l'issue de laquelle ils espéraient rebâtir une nouvelle société (blanche, patriarcale, nationaliste et totalitaire) sur les cendres de la démocratie. Alerté de ces projets mafieux par Pénélope (qui, bien que nationaliste, répugnait à la violence gratuite et à la débauche charnelle prônées par ses anciens amis) j'ai naturellement fait mon devoir de journaliste et de citoyen. Cela a-t-il eu un effet ? Je l'ignore, ayant par la suite totalement rompu avec la mouvance nationaliste. Il m'a cependant été rapporté par P. que plusieurs suavelistes avaient été entendus par la justice. D'après les dernières révélations, certains d'entre eux seraient même fichés S, ce que dément fermement le président du mouvement, Daniel Conversano.

Ces outrances ne semblent toutefois pas affecter l'ascension du mouvement qui revendique "500 membres rien qu'à Paris", selon son président. Le groupuscule semble avoir délaissé (du moins publiquement) ses rêves de mafia et de guerre civile. Leur objectif à moyen terme semble le leadership sur la fachosphère et la banalisation de leurs idées dans la société. Exit, donc, les photos de Pétain et la langue châtiée. Place à des articles courts, trashs et putassiers. L'antisémitisme a également été remisé au placard sous l'impulsion de la vidéaste Solveig, compagne du numéro deux du mouvement qui a fait de Suavelos un groupe ouvertement sioniste n'hésitant plus à s'afficher avec des drapeaux israéliens et à s'associer… avec le CRIF. Sur le plan sociétal, les suavelistes prônent le progrès technique et ont pris position pour les vaccins et la PMA, suscitant un certain remous dans la fachosphère où de nombreuses pages facebook ont décidé de boycotter Suavelos pour relayer d'autres personnalités nationalistes. Mais, le groupuscule possède de solides alliés : la LDJ, Elisabeth Levy et Renaud Camus soutiennent Conversano, qui bénéficie également du soutien de Raptor Dissident, un youtubeur qui engrange des dizaines de milliers d'euros échappant au fisc et qui se trouve sur la même ligne que le bretteur franco-italien : antiféminisme, xénophobie, défense d'Israël, identitarisme. Suavelos a ainsi soutenu le Raptor Dissident dans la querelle qui l'opposait à Alain Soral. Daniel Conversano ou Yann Merkado pourraient d'ailleurs devenir des associés du Raptor et coanimer la fameuse émission du Rendez-vous dissident où ce dernier et sa bande déversent hebdomadairement leur flot de grivoiseries, d'insultes et de désinformation. Le duo ne fait cependant pas l'unanimité : ils sont taxés de sionisme par la mouvance soralo-dieudonniste et de républicanisme par la branche tradi de l'extrême-droite qui leur reproche tout autant leur propension au tourisme sexuel.

Par une stratégie essentiellement basée sur la communication et la radicalité, ainsi que par le ciblage d'un public masculin et jeune, Suavelos a réussi en deux ans à devenir un média de premier plan au sein de la fachosphère et un groupe de plusieurs centaines de membres actifs sur l'ensemble du territoire français. Bootcamps, conseils alimentaires, coaching sportif, développement personnel, Suavelos tente à travers ces thèmes atypiques de prendre une certaine distance avec le nationalisme à l'ancienne et d'élargir son domaine d'action au champ socioculturel, dans un élan de gramscisme de droite (prendre le pouvoir par la culture). Une stratégie gagnante, parfaitement taillée pour les jeunes de notre époque qui, même à droite, ne supportent plus les longs sermons sur la vertu et le Jugement Dernier, préférant du court, de l'intense et du fun. Mais cette image de "natios light" ne saurait nous faire oublier que derrière le vernis de la modernité se terre un mouvement sectaire et d'extrême-droite, hostile aux femmes, à l'immigration et aux droits de l'homme, ayant pour but de transformer la France en "phare de la civilisation blanche", selon les mots de son président.




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