lundi 27 janvier 2020 - par Valentin Lagorio

Synutra-Sodiaal : c’est bel et bien un mirage chinois

Synutra-Sodiaal : c’est bel et bien un mirage chinois.

Avant de dénoncer et alerter encore sur cet eldorado chinois en trompe-l’œil, rappelons les faits pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit :

L'entreprise chinoise Synutra a bâti une usine de lait en poudre qui a été inaugurée en septembre 2016, à Carhaix, dans un bassin de production laitière important.
Été 2017, la production de lait (280 millions de tonne de lait par an par 800 éleveurs) est ralentie car le marché de la poudre de lait était saturé...il y avait également des problèmes de règlements de factures...

En mars 2019, alors que Synutra n’a pas réglé la somme de 30 millions d’euros à la coopérative Sodiaal, cette dernière avait annoncé reprendre “l’ensemble des activités de réception et de production de l’unité de séchage ainsi que le laboratoire du site, les contrats de travail des 180 salariés." elle avait donc en sa possession la production de la poudre de lait, sous sa marque Nutri’Babig.

Cette semaine, le 21 janvier 2020, nous apprenons que les activités de mélange et de conditionnement qui étaient pour l’instant sous la propriété de Synutra allaient être rachetées par le géant laitier français Sodiaal et que Synutra « aurait une dette de 13,5 millions d’euros envers son voisin Nutri’Babig, filiale de la coopérative Sodiaal. »*

Et avec tous ces aléas, la direction de Sodiaal et son pharamineux président Damien Lacombe ne donne aucune garantie aux producteurs de lait, qui sont les coopérateurs et actionnaires de Sodiaal.

Aucune consultation, opacité la plus totale, la volonté étant le tout à l’export.

En effet, Sodiaal va donc devoir remettre d’aplomb le matériel. Comment va-t-il financer ce rachat ?

Se posent alors plusieurs questions :

Quelle est la viabilité du site ?

Quelles retombées pour les éleveurs et les salariés ?

La poudre de lait étant normalement fortement valorisée, où ira la captation de la valeur ajoutée ?

Y a-t-il des alternatives à la reprise de l’usine ?

Prévenons qu’il est hors de question que les parts sociales des éleveurs augmentent et que le prix du lait baisse pour permettre ce rachat. D’autant plus que nombre d’entre eux ont investi fortement pour alimenter cette usine.

Un tel investissement financier pour cette usine gigantesque, contrastant avec le type d’élevage au niveau local, qui se retrouve en un véritable gaspillage de par les différents dysfonctionnements antérieurs, ne peut pas rester inexpliqué et noirci.

La direction de Sodiaal semble être plus préoccupée du sauvetage des volumes de production plutôt que celui de ses adhérents qui restent tout de même fidèles à l’outil de travail.

De manière générale, les principes d'une coopérative est d'être au plus proche de ses adhérents, en les soutenant, accompagnant et en se concertant avec ses adhérents pour les décisions importantes, de contribuer au développement du territoire où elle est ancrée.

Du égard à ces principes fondamentaux, la direction de Sodiaal doit donner des garanties à ses adhérents et ne pas les laisser sans information... et même... sur le carreau.

( * https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/lait-en-poudre-le-chinois-synutra-de-nouveau-en-difficulte-6700494 )

 



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