Terrorisme : quelle politique pour se défendre ?
Rien de plus vain que d’essayer de savoir qui a armé la main des assassins, certains secrets sont trop lourdement gardés.
Les experts ne savent pas grand-chose et les partisans du Grand Complot encore moins, alors on nous sert des fables, parce qu’il faut bien dire quelque chose.
Pourtant, sans scoop, sans révélations fracassantes, il y a quand même deux ou trois choses que l’on peut savoir.
En premier lieu, pour frapper ainsi New York, Madrid ou Alger, il faut au minimum une logistique puissante, la circulation des hommes, des armes, des capitaux, de l’information, tout ceci demande beaucoup d’appuis, de soutiens et de complicités à un niveau très élevé de responsabilité.
Lesquels, qui, pourquoi, comment, ici commence le domaine de la spéculation, où toute hypothèse, par ses implications et ses conséquences, est hasardeuse et terrifiante.
Il faut aussi, tout le monde peut le deviner, certains moyens et soutiens financiers plus du genre Fonds d’investissement que Livret A à la Caisse d’Epargne de Tournan…, beaucoup de monde, beaucoup de pistes, mais bien peu de transparence, un monde opaque et silencieux, certains noms circulent, d’autres sont chuchotés, mais dans ce domaine aussi la vérité est ailleurs et il est inutile de la chercher.
Enfin, il faudrait cesser de nous bercer avec le choc des civilisations. Nous sommes ici dans le domaine de la politique, sous sa forme la plus cynique et brutale, où il n’y a ni Dieu ni scrupules ni morale…, les victimes sont de tous les peuples et de toutes les communautés.
Nous vivons dans un monde incertain et dangereux, les routes du pétrole sont vraiment bien sanglantes, les luttes d’influence sont sans merci et sans pitié, les nations sont menacées et pas seulement dans notre vieille Europe…
Alors, que faire ? Pas grand-chose malheureusement, juste défendre et élargir notre démocratie, nos remparts sont les droits de l’homme, ça n’a l’air de rien, juste des mots contre des bombes, mais ça sauvegarde l’essentiel, un peuple rassemblé qui ne veut pas se laisser déchirer…
Un mot d’espoir pour finir, regardons vers l’Algérie, toutes les épreuves qu’elle a traversées, toutes les souffrances qu’elle a subies.
Quand un peuple sous les bombes est toujours debout et vivant, c’est une grande leçon, qui vaut pour tous sur la capacité des nations à survivre, à maintenir leur unité.
Non vraiment, ni ici ni ailleurs, le chaos, la dislocation, la guerre civile, toutes ces variantes du pire… non vraiment, rien de tout cela n’est certain…
Je refuse d’entrer dans le grand jeu qui fait fureur et qui consiste à échafauder des hypothèses sur je ne sais quel complot…
En dehors du caractère fantaisiste ou douteux des variantes des théories du complot, je crois que ces discussions nous éloignent de l’essentiel.
Pour parler de façon claire et précise, il me paraît évident que, dans le Caucase au Moyen-Orient ou en Afrique, une lutte à mort est engagée pour le contrôle des immenses richesses d’hydrocarbures ; cette lutte met en cause des Etats, des groupes pétroliers, des clans mafieux, des militaires, des barbouzes… et je pense que ces gens ont intégré le terrorisme comme l’un des instruments de leur politique.
Dans ce cadre, mettre fin partout aux privatisations, remettre sous la responsabilité des Etats la gestion des ressources naturelles me semble l’une des solutions au problème.
Un autre aspect important de la question, est l’abandon par les Etats, dans beaucoup de pays, de ses missions naturelles dans le domaine de la santé et de l’éducation.
Quand la santé, les hôpitaux, les écoles, l’aide aux démunis, la simple distribution de l’eau et des vivres... sont laissés aux mains des fanatiques, ceci ouvre les plus terribles conséquences que tout le monde peut deviner.
Encore une fois, rétablir l’Etat dans ses missions, étendre ou rétablir le réseau des écoles et des centres de soins publics, voici l’une des missions prioritaires si l’on veut lutter vraiment contre le terrorisme… et l’isoler de ses foyers de recrutement
Dernier point, puisque l’Occident paraît concentrer toutes les haines et toutes les attaques, il serait temps que, pour sa défense, il se mette à croire à nouveau en ses valeurs.
Il est clair que l’abandon en cours du modèle républicain de la nation, au profit du communautarisme, est porteur des plus lourdes conséquences et des plus graves menaces.
Les jeunes de nos quartiers, comme ceux du monde entier, ont le droit et la vocation à trouver un métier, fonder une famille ; c’est cela l’intégration, et c’est comme cela que nous leur ferons aimer cette République à laquelle nos politiques ont cessé de croire et qu’ils ont renoncé à défendre.
Nous sommes en apparence bien loin du terrorisme, mais pour moi nous sommes au cœur des problèmes, en tout cas ceux sur lesquels nous pouvons agir.