samedi 29 novembre 2014 - par Hannibal GENSERIC

Tunisie : BCE, un suffète moderne

La fonction qu’a occupée BCE (Béji Caïd Essebsi), durant la période pré-électorale, peut se comparer aux fonctions de ces suffètes puniques, qui, lorsque la patrie est en danger, assurent la conduite de l’État et la sauvegarde des biens et des personnes. Nous lui reconnaissons le titre de sauveur de la patrie, durant la période incertaine que nous avons vécue après le 14 janvier et jusqu’aux élections d’octobre 2011.

A l’origine, suffète est le titre sémitique d’un magistrat qui prononçait souverainement une sentence, dans un différend ou une situation indécise, c'est-à-dire c’était souvent un « juge », et quelquefois un « gouvernant ».

Chez les Hébreux, un shopet (même racine sémitique que suffète) était la plus haute autorité civile de la fédération des tribus juives. Dans les textes mythologiques d’Ougarit, région syro-libanaise, c’était un titre de « souverain ». L’institution existait en Phénicie au premier millénaire avant J.C. Ainsi des suffètes gouvernèrent Tyr pendant 8 ans, après le siège de la ville par Nabuchonosor II, au 6eme siècle av.J.C. 

Le suffétat phénicien apparaît donc comme une magistrature municipale, qui peut coexister avec un pouvoir royal, mais dont les compétences doivent alors se limiter à l’administration locale et à l’exercice de la justice. Mais dans des cas exceptionnels, on confie aux suffètes d’autres fonctions, comme la direction de l’Etat.

Comme à Tyr, les suffètes de l’empire carthaginois étaient des magistrats suprêmes, qui devaient leur autorité exceptionnelle à la puissance de Carthage, d’une part, et à leur droiture d’autre part. Les Grecs, faute d’un terme approprié, les appelaient généralement basileis. Les auteurs gréco-romains, à commencer par Aristote, attribuent aux suffètes le droit de convoquer le Sénat et de lui soumettre les questions à débattre, sans oublier l’exercice de la justice, dans lequel ils devaient être assistés par de simples juges. Après la chute de Carthage, les suffètes continuèrent à administrer les cités africaines de tradition punique jusqu’au 2 eme siècle après J.C. Après cette date, les suffètes furent remplacés par des duumvirs, qui avaient presqu’à l’identique les mêmes prérogatives.

Rappelons au passage ce que disait Aristote dans sa « Politique » : Carthage possédait la meilleure constitution « renfermant de nombreuses dispositions sortant de l’ordinaire … une preuve de la sage ordonnance du gouvernement carthaginois, c’est le fait que l’élément populaire demeure de son plein gré fidèle au système constitutionnel établi, et qu’il n’y a jamais eu, ce qui en vaut la peine d’être signalé, ni sédition ni tyrannie » (Aristote, trad. J. Tricot)

La fonction qu’a occupée BCE (Béji Caïd Essebsi), durant la période pré-électorale, peut se comparer aux fonctions de ces suffètes puniques, qui, lorsque la patrie est en danger, assurent la conduite de l’État et la sauvegarde des biens et des personnes. Nous lui reconnaissons le titre de sauveur de la patrie, durant la période incertaine que nous avons vécue après le 14 janvier et jusqu’aux élections d’octobre 2011.

Après son départ, tout le monde a constaté la dégringolade vertigineuse de l’autorité de l’Etat, le retour du népotisme et du favoritisme, la montée en flèche de l’insécurité et du chômage, le sommeil profond, quasi comateux, de la police et de la justice face aux exactions des milices islamistes et de leurs « fils »salafistes.

En particulier, avec ces apprentis-sorciers, dont le représentant le plus caricatural s’appelle Moncef Marzouki, président aussi provisoire que néfaste, la Tunisie est devenue la championne du monde [1], pour l’envoi en Syrie et en Irak, de djihadistes masculins (assassins libellés halal) et féminins (prostituées libellées halal).

Avec BCE, nous avions retrouvé un suffète exceptionnel qui a perpétué une tradition tunisienne vieille de plus de deux mille ans. Les élections du 23 octobre 2011 ont sonné le glas de tous ses efforts. Nous avions voté pour des gens qui devaient rédiger une constitution dans un délai maximal d’un an, ils ont mis trois ans.

Comment est-ce possible, s’étonnent certains, que la Tunisie ait enfanté ces énergumènes vociférant, insultant et menaçant de mort ? D'où sortent ces talibans nazis ? Comment est-ce possible que Tunis soit devenue la nouvelle Kaboul méditerranéenne et la Tunisie un Tunistan ? C’est quoi, ces ministres ignares et incompétents, alors que la Tunisie foisonne de compétences mondialement appréciées ? C'est quoi, cet enseignement religieux qui se proposait de former des médecins islamiques (c'est à dire des rebouteux et des guérisseurs , voire des exorcistes ?). Pour des islamistes ignares et xénophobes, l’enseignement prodigué en français est haram par définition ! Mais ce qui paraît curieux, c’est que le fait que des blessés djihadistes en Syrie soient soignés en Israël par des médecins juifs est parfaitement halal, alors même qu’Israël martyrise les Gazaouis sous des tapis de bombes au phosphore. Ce qui montre bien que les islamistes manipulent la religion grâce à une baguette magique qui s’appelle fatwa. Une situation scabreuse ? fatwa ! Un opposant politique coriace ? fatwa ! Un opposant politique dangereux ? fatwa recommandant son assassinat. N’importe quoi peut être libellé halal ou haram selon leurs intérêts du moment. Elle est bien pratique, leur relogion.

Rompant le silence qu’il observait depuis des mois, Béji Caïd Essebsi, fondateur du parti « Appel de Tunisie », dans une interview en septembre 2012, au journal Assarih, a mis en garde les Tunisiens contre les tentatives des Frères Musulmans de pulvériser les acquis modernistes et progressistes réalisés par le peuple tunisien, 50 ans durant.

«  Les islamistes d’Ennahdha rêvent d’un contre-projet pour la Tunisie, avec des hommes portant le qamis , la calotte et la barbe, et la femme le niqab », a-t-il dit ajoutant que "l’islam est le bien de tous et nul n’est autorisé à en avoir le monopole ou en être le porte-parole , ni exercer sa tutelle sur les gens , à l’instar des prêtres qui mettent sous leur coupe les comportements des gens par la démagogie et l’imposture".« Nous leur disons : nous ne voulons pas de prêtres pour guider et gouverner notre comportement  », a-t-il asséné.

Il avait alors mille fois raison. Que sont devenues les régions irakiennes et syriennes sous la domination des hordes islamistes de Daesh ? un État islamique dont la stratégie est basée sur l’Horreur la plus abjecte. Les djihadistes de l'Etat islamique enchaînent mise en ligne sur mise en ligne de vidéos glorifiant leur mouvement et montrant qu'aucune horreur ne les arrêtera. C’est cela, l’idéal islamiste des Frères Musulmans et de leur poulain Moncef Marzouki, dont la première décision dès sa prise de fonction en 2011, a été la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie et l’envoi en masse de djihadistes criminels vers ce pays.

Il est temps de revenir à la raison, il est temps de rappeler aux commandes des gens civilisés, des responsables qui puissent nous sauver de ce marasme économico-social, de cette dérive islamo-salafiste qui nous entraîne vers les abîmes du sous-développement, de l'obscurantisme, de la sauvagerie et de l’horreur et de la soumission à l’étranger, fût-il qatari ou saoudien. Il est temps que les suffètes carthaginois reviennent, il y va de notre survie en tant que nation civilisée.

http://numidia-liberum.blogspot.com/2011/09/beji-caid-essebsi-un-suffete-moderne.html



2 réactions


  • cedricx cedricx 29 novembre 2014 19:44

    Vous avez mille fois raison, mais BCE fera-t-il le poids face à un adversaire soutenu par les courants les plus rétrogrades de la société ? N’oubliez pas aussi qu’à l’extérieur Moncef Merzouki bénéficie des faveurs de certains états que vous connaissez bien, sans compter qu’il est le protégé du Roi du Maroc qui en plus abhorre BCE et entend bien peser de tout son poids dans ces élections (il n’est pas resté une dizaine de jours en Tunisie pour les beaux yeux des tunisiens !)


  • Hannibal GENSERIC Hannibal GENSERIC 30 novembre 2014 07:56

    @ cedricx

    Bourguiba disait de BCE : si vous voulez obtenir l’impossible (on dit en tunisien « le lait de la gorgone »), demandez-le à Béji. car il a été de toujours l’homme des situations inextricables !

    Naturellement, tout le monde sait qui est le chef d’orchestre de Marzouki et des islamistes : la Qatar, et par amitié intéressée : la France et les US.

    dans .MARZOUKI, Super Menteur et agent du Qatar, j’écris :

    CONCLUSION : Je te tiens, Tu me tiens par la barbichette Marzouki et Ennahdha sont des époux infidèles  : chacun tient l’autre par le chantage.
    - Marzouki oblige Ennahdha à le soutenir, car il détient un dossier compromettant sur l’achat des blindés israéliens pour l’armée tunisienne par le gouvernement islamiste, à des coûts prohibitifs (commissions occultes), alors qu’ils sont techniquement inefficaces ;
    - Ennahdha contrôle Marzouki grâce à son dossier médical dans lequel il est spécifié que le Tartour (surnom tunisien de Marzouki, signifiant le farfelu dangereux) est scientifiquement zinzin, donc inapte à gérer même une équipe de deux personnes. Comment pourrait-il gérer un pays ?
    - Ennahdha et Marzouki obéissent à un même maître : l’émir du Qatar, qui les tient par le fric, c’est à dire par la corruption.


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