vendredi 14 janvier 2011 - par rakosky

Tunisie, la place centrale de l’UGTT

Les commentateurs avisés qui suivent avec beaucoup d’attention les développements de la crise sociale en Tunisie oublient trop souvent de parler de la place centrale qu’occupe l’UGTT (union générale des travailleurs tunisiens) dans l’épreuve de force ouverte et dont nul aujourd’hui ne peut prédire l’issue.

Pourtant la place qu'occupe et que va occuper l'UGTT sera sans doute l'élément déterminant pour la survie ou l'effondrement du régime de Ben Ali.
 
Il n'est pas anodin que les unes après les autres, dans toutes les villes ouvrières, les unions de l’UGTT entrent dans le mouvement, que les bâtiments de l'UGTT deviennent le point central de ralliement des manifestants, que des meetings de masse se tiennent devant les locaux de l'UGTT, les seuls que la police n'ose pas disperser, parce que ce régime derrière sa force apparente a une peur panique de la classe ouvrière.
 
Le peuple tunisien a la réputation justifiée d'un peuple doux et pacifique, surement pas d'un peuple qui laissera massacrer ses enfants.
 
Il est temps que l’UGTT prenne la tête de la mobilisation, qu'elle organise et encadre les manifestations, qu'elle appelle enfin à la grève générale, qu'elle se prononce pour le rétablissement de toutes les libertés démocratiques, qu'elle se prononce pour des élections libres à une Assemblée Constituante souveraine.
 
Il est temps de ne plus laisser la jeunesse affronter seule les tueurs à gages d'un régime aux abois, que la résistance s'organise dans les usines, les dépôts, que partout soient appelées les assemblées générales, que se réunissent les sections syndicales, pour décider, agir, mettre enfin un terme à la répression sanglante.
 
L’UGTT est pour le peuple tunisien et dans l'histoire de ce pays beaucoup plus qu'un syndicat, elle est l'héritière de la Cgtt de Mohamed Ali qui en 1924 rompit pour la première fois le pacte colonial en permettant aux travailleurs tunisiens de disposer d'une organisation de classe indépendante.
 
Elle est l'organisation fondée en 1946 par Farhat Hached pour que les travailleurs sur leur propre plan participent à la lutte anticolonialiste, ce fut elle qui mena le combat pour l'indépendance nationale pendant ces années sombres où la violence coloniale se déchainait contre le peuple et les militants.
 
Elle est l'organisation qui osa tenir tête même à Bourguiba pour défendre les intèrêts des travailleurs et qui le paya plusieurs fois par l'arrestation et l'exil de des dirigeants.
 
C'est une menace terrible pour la dictature de Ben Ali et un espoir pour les travailleurs que l'UGTT soit toujours vivante, qu'elle se soit maintenue comme organisation indépendante.
 
C'est dans ses rang que dès maintenant doit avancer la discussion pour la constitution d'un Parti ouvrier indépendant, un Parti des travailleurs, pour qu'enfin le peuple puisse poser sa candidature au pouvoir.
 



3 réactions


  • jaja jaja 14 janvier 2011 10:54

    Je suis presque d’accord avec votre article. Même si l’UGTT n’a pas toujours évité certaines compromissions avec le régime elle est la seule vraie force organisée des travailleurs tunisiens.

    L’issue de la crise dépend en grande partie de son attitude et c’est pourquoi ceux qui veulent réellement faire tomber Ben Ali et ses sbires ont tout intérêt à la rejoindre si ce n’est déja fait et à s’y battre pour une réelle démocratie ouvrière garante de l’expression majoritaire du peuple.


  • asterix asterix 14 janvier 2011 18:14

    UGTT parce qu’elle représente syndicalement les forces de la nation tunisienne et qu’elle n’a jamais plié. En cours de route, qu’elle n’oublie pas de créer la démocratie. On ne sait jamais...
    Entre parenthèses, des Ben Ali, y’en a plein l’Afrique. On en découvre toutes les semaines un autre.
    L’histoire s’accélère.


  • zelectron zelectron 15 janvier 2011 10:39

    Effectivement l’UGTT n’a jamais plié devant le régime, elle n’était pas noyautée, ni compromise et aucun de ses membres n’étaient ni achetés ou ni corrompus et mieux encore ils viennent de s’acheter une virginité à l’occasion des évènements, pour être sûr d’être pris pour des bisounours. Comme ça elle va pouvoir voler aux travailleurs, travailleuses la révolution payée au prix du sang que cette organisation s’est bien gardée de verser en évitant de s’immoler par le feu !


Réagir