Un cadeau à Israël et surtout à l’Iran
Le Proche-Orient est une région truffée de problémes politiques et sécuritaires.
Il y a le dossier du terrorisme qui ne cesse de se répandre ci et là. Il y a toujours la question palestinienne, qui alimente davantage de crises, surtout depuis la décision de l’administration du président Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël.
A côté, l’expansion et l’ingérence iranienne dans les affaires régionales continue en Syrie où elle déploie des troupes et au Yémen où elle fournit armes, équipements et missiles aux milices de Houthi et les incite à rejeter les efforts internationaux pour la solution politique à la crise Yéménite.
Il en ressort que si une nouvelle crise s’y ajoute, elle constituera une lourde charge géopolitique pour les pays de la région qui tentent de dénouer les crises existantes.
Certes, le président américain Donald Trump est pleinement conscient des détails du paysage stratégique au Moyen-Orient. Mais il ne s’intéresse qu’à son alliance avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Trump continue à offrir des cadeaux politiques aux Israéliens au détriment des droits légitimes des Arabes, que ce soit dans les territoires palestiniens occupés ou dans le Golan syrien occupé.
Après des mois de sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et de y transférer l’ambassade des États-Unis, le président Trump a surpris le monde en disant que le moment était venu de soutenir “la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien.”
Sa position est en contradiction avec toutes les résolutions de légitimité internationale qui reconnaissent le Golan comme territoire syrien occupé depuis 1967. De plus, la décision de la force d’occupation d’annoncer la décision de Trump à ce temps vise à augmenter les chances de Netanyahu de gagner les élections israéliennes prévues le 9 avril prochain.
Trump a déclaré que “le temps est venu pour les États-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui revêt une importance stratégique et sécuritaire vitale pour l’État d’Israël et la stabilité régionale.”
Il est donc clair que Trump a eu l’intention préalable d’adopter cette position depuis que Netanyahou lui a demandé de le faire lors de leur première réunion à la Maison blanche en février 2017. Mais il a finalement pris sa décision pour apaiser le lobby pro-israélien aux États-Unis. Netanyahou va visiter les États-Unis la semaine prochaine, où il prononcera un discours de célébration.
La décision de Trump est un facteur important dans la course électorale israélienne. Malgré les accusations de corruption qui l’entourent, Nétanyahou a repris de la confiance dans la victoire après la déclaration de Trump.
Il a aussi affirmé que Trump était en train de “faire l’histoire,” ajoutant qu’“Alors que I’Iran utilise la Syrie comme plate-forme pour la destruction d’Israël, le Président Trump a courageusement proclamé la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan. Merci, Président Trump.”
Le decision de Trump n’est pas seulement un cadeau pour Nétanyahou, mais aussi pour l’Iran. Elle va s’en servir pour justifier sa présence en Syrie. Après la défaite de Daech, les regards ont trouvé sur la présence de l’Iran en Syrie.
Il est étrange que l’administration américaine a agit ainsi alors que les efforts se concentrent pour construire une alliance arabo-américaine afin de contrer l’influence et l’expansion de l’Iran et du Moyen-Orient.
Les réactions arabes et internationales exprimées jusqu’à présent sont toutes des réactions de condamnation et de dénonciation, qui insistent sur le fait que le Golan est une terre syrienne et demandent à Trump de renoncer à sa décision.
Le président américain a réagi en insinuant qu’il a pris beaucoup de temps pour réfléchir à sa décision. Il ne va donc pas faire marche arrière. Dans un communiqué de presse, un haut fonctionnaire a déclaré que Trump avait débattu cette idée avec le secrétaire américain Mike Pompey et son conseiller en sécurité John Bolton, son conseiller Jared Kouchner, son envoyé spécial au Moyen-Orient Jason Greenblatt, et David Friedman, son ambassadeur en Israël, et qu’il était tous “favorables.”
Au milieu de toutes les réactions internationales, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s’est abstenu de commenter la décision de Trump.
Trump a probablement offert à Nétanyahou un cadeau politique et un cadeau gratuit pour l’Iran. D’un autre côté, il a complètement détruit toute possibilité pour les États-Unis d’aller de l’avant dans le processus de paix au Moyen-Orient, que ce soit dans le cadre du soi-disant accord du siècle ou autrement, et a mis dans l’embarras tous les alliés arabes des États-Unis et affaibli leur capacité à répondre à tout rôle américain dans ce processus dans un avenir prévisible.
Trump n’a pas seulement donné un coup de pouce à Nétanyahou, mais a aussi cherché à s’aider lui-même. Il a voulu affermir sa position politique interne en gagnant davantage le soutien des chrétiens évangéliques, ainsi que de l’AIPAC, le plus important lobby pro-Israël aux Etats-Unis.
La nouvelle crise au Moyen-Orient est un cadeau à Israël et à l’Iran, au détriment du droit arabe légitime. Il semble que les États-Unis n’ont fait qu’offrir à l’Iran, au cours des deux dernières décennies, des cadeaux qui ont renforcé son influence régionale, en commettant des faux-pas stratégiques qui sont le résultat d’une évaluation unilatérale.