Il ne manquait que la cerise sur
le
gâteau
aux
débats
qui
depuis
plus
d’une
dizaine
d’années
agitent
la
société
française
et
voilà,
le
film
« Indigènes »
est
sorti.
Porté
aux
nues
par
les
médias,
la
critique
et
certains
de
ses
acteurs
pour
le
moins
contestables
sur
le
sujet,
il
rassemble
en
vrac
tout
ce
qui
se
dit
depuis
plus
d’une
dizaine
d’années
dans
un aggloméré
nébuleux
mélangeant
racisme,
immigration,
colonisation,
passé
de
la
France
et
d’autres
termes
ou
périphrases
souvent
aussi
creux
que
ceux
qui
en
parlent. Et
si
tout
cela
n’était
qu’un
faux
problème
masquant
une
perte
de
confiance
générale
de
beaucoup
de
personnes
en
elles-mêmes, parfois aggravé par une certaines forme de communautarisme ?
Il
fut
un
temps
pas
si
lointain
où
personne
à
l’école
primaire
ou
au
collège
ne
se
posait
la
question
de
savoir
si
tel
ou
tel
était Arabe,
juif
ou
céfran...
Un
crétin
était
un
crétin,
quelqu’un
qui
ne
se
lavait
pas
sentait
mauvais,
un
gros
qui
transpirait
puait,
un
qui
avait
des
cheveux
bouclés
était
frisé,
etc. Dans
la
logique
naturelle
et
brute
de
l’école
et des enfants, lorsque
des
insultes
étaient
échangées
et
pour
humilier
l’autre
ou
pour
déclencher les
rires,
on
cherchait
les
bons
coups,
et
éclataient
autant
les
"T’es
noir
comme
ton
caca"
que
"T’as
un
nez
comme
une
banane"
ou
que
"Tu
pues",
etc.
Tout ça ne gênait pas les adultes, et personne ne s’en portait plus mal.
Puis,
conséquence
d’une
refonte
du
langage
dont
on
a
du
mal
à
se rappeler
la
cause,
on
s’est
mis
à
appeler
les
pauvres
des
économiquement
faibles,
les
femmes
de
ménage
des
techniciennes
de
surface.
En
même
temps,
on
a
séparé les
considérations
sur
le
poids,
sur
l’odeur,
sur
la
connerie
des
considérations
sur
le
sexe
ou
sur
la
race,
heuuu,
l’origine.
Les sujets intouchables ont dominé les autres et à présent on
peut maintenant
parfaitement
dire
à
quelqu’un
de "gaulois" qu’il
est
un
gros
qui
pue
sans
craindre
l’opprobre
de
la
censure
qui,
elle,
agit
à
tour
de
bras
et
d’associations
dès
que
la
moindre
critique,
le
moindre
sarcasme
est
exercé
à
l’encontre
de
quelqu’un
d’"origine"
différente...
Conséquence
logique : il
ne
saurait
être
question
d’exister
dans
la
société
en 2006 sans
se
déclarer
d’une
communauté,
et, au
nom
d’une
logique
jamais
démontrée,
de
demander
le
"respect"
et
la
"dignité"
dont
quasiment
personne
ne
connaît
la
définition
puisque
ces deux mots
sont
utilisés
comme
une
sorte
de
RMI
de
la
parole
pour
ne
rien
dire
mais pour demander...
A
une
époque
où
on
parle
de
l’égoïsme
grandissant,
tout
semble
au
contraire
ici
effacer
la
personne
derrière
la
communauté,
qui
agit
dans
un
jeu
à
somme
nulle
et
réclame,
réclame.
Le
battage autour du film Indigènes
nous
amène
à
la
limite
de
cette
logique
puisqu’on
a
d’un
côté
des
acteurs
engagés
dans
ce
type
de
discours,
et
de
l’autre
côté
des
témoins
de l’époque qui
n’ont
pas
du
tout
la
même
approche,
le
même
jugement
et
la
même
considération
de
faits
et de
comportements que
les
premiers
et
la
mouvance
qu’ils
représentent. A lire les interviews des survivants "indigènes" de l’époque, un
tas de questions que les gens à la mode posent en ce moment sur le passé
colonial de la France n’avaient visiblement pas cours à l’époque où ce passé
était le présent.
Alors, pourquoi toutes ces interrogations et cette condamnation quasi par avance du rôle et des agissements de la France dans son ex-empire colonial
?
Est-ce le précédent de reconnaissance par Jacques Chirac des crimes du
régime de Vichy qui a ouvert la boîte à Pandore du "on rase gratis dans les
excuses" ?
Je penche plutôt pour expliquer cette mode par le manque de confiance des
individus en eux et en leurs possibilités. L’humain, en période de doute, retrouve
ses instincts grégaires et se regroupe, pensant optimiser son gain personnel par
l’action du groupe et réduire sa peine par la diffusion de celle-ci dans le
groupe. Ce dernier principe est utilisé d’ailleurs avec profit chez les
alcooliques anonymes ou autres rassemblements du même genre.
Le problème ici est que des études psycho-sociologiques ont montré (voir un
numéro récent de Cerveau et psychologie qui en parle plus en détail) que la
constitution de groupes communautaristes revendicatifs n’arrangeait pas le
problème mais l’amplifiait. Logiquement, la revendication à être traité comme
les "autres" peut de moins en moins se faire au fur et à mesure que le groupe
communautariste grandit, donc érige des règles d’admission et de séparation avec
les autres.
Au niveau personnel, l’adhésion à un groupe n’est pas nécessaire si la
personne n’est pas en quête de repères ou ne subit pas le clientélisme du groupe
qui, pour grandir et donc exister (rares sont les groupes qui continuent
d’exister sans grandir), cherche à recruter de plus en plus de membres.
De plus et pour "aggraver" cette spirale infernale, les fondateurs et les
relais de la mode du reproche à la France sur son passé colonial fondent leur
propre réussite sur ce sujet et sur son exploitation, que ce soit notamment pour
continuer d’exister médiatiquement ou (c’est souvent lié maintenant)
politiquement.
Les "blancs", eux, pour ne pas s’attirer les foudres du politiquement correct
(et quand ils ne sont pas plus royalistes que le roi et parlent du racisme
qu’ils ne connaissent qu’à travers ce qu’on en dit...) font bien attention à ne
pas trop se mêler du sujet tout en affichant un "background" : "Bien sûr que je
suis de l’avis de ceux qui pensent comme on doit penser"...
Toute personne de race non blanche a donc à présent toujours le choix
d’utiliser le racisme pour se plaindre, réclamer et attribuer ses propres
difficultés aux autres, et dans le cas standard, à la France, à son système, à son
histoire, à ses élites.
Sans qu’on en parle, les personnes d’origine asiatique (qui n’ont pas moins
ni plus de difficultés que les Africains ou les Maghrébins) n’ont que très
rarement ce type de revendication, alors que leurs pays d’origine ont été aussi
colonisés, ont aussi fait l’objet d’une guerre qui a fait beaucoup de victimes.
Eux aussi ont une communauté puissante mais qui est beaucoup plus tournée vers
ses membres que vers l’extérieur. L’aide apportée par la communauté à ses
membres est orientée vers et pour le développement personnel de ceux-ci.
Cette différence entre communautés d’origines étrangères n’est bien sûr
jamais remarquée dans les médias, puisque la communauté asiatique ne s’occupe que
très peu de "réclamer".
En retour on dénombre peu de racisme à l’égard des Asiatiques (on a tous un
ou plusieurs restaurants chinois près de chez soi sans que cela soit ressenti
comme gênant).
Cela montre clairement que quand la personne est considérée en mettant
toutes ses caractéristiques sur le même plan, l’origine devient un aspect parmi
d’autres et occupe la place qu’elle doit occuper.
Tant que certaines personnes qui manquent de confiance en soi choisiront ou seront poussées, par un certain type de communautarisme, (le communautarisme à revendication
externe et non le communautarisme vocation interne) à la solution de facilité en mettant en avant d’abord leur origine, le racisme sera un problème car il se développera plus
qu’il n’existe à son état naturel... (hé oui, les amis, le racisme est
naturellement présent dans tout groupe, comme les bactéries sont présentes dans
votre assiette, même si vous la lavez en permanence)... ne serait-ce que parce que que la "réclamation" entraînera une classification à part.
Donc une séparation des autres par la caractéristique cause de la revendication... Arrêtons aussi de considérer ce "problème" de manière médiatique ou comme s’il était nouveau, et revenons à ce que pensaient les anciens. Quand quelqu’un
fait mention de son origine, quelle qu’elle soit, la meilleure réponse
est :
tu es ... ? Et alors ? Ou comme disent les Anglais... : So what ?
(et c’est un "beur" qui vous écrit
ça...)
Si dans la lutte politique qui a déjà commencé et qui s’annonce âpre, les politiques faisaient moins attention aux différentes communautés ethniques et classifiaient leurs "clients" selon d’autres critères, ils contribueraient sûrement à éliminer les extrêmes du débat.