Un Grand Bravo à François Fillon pour son anglais
Ce n’est pas pour son action politique que chacun est à même de juger directement que j’adresse ce Grand Bravo à notre Premier Ministre François Fillon mais pour un élément de son action que vous pouvez juger futile mais qui me parait, moi, très important. Je veux parler du fait qu’il ait fait un discours en anglais lors de son récent voyage à Washington.
Si vous me lisez régulièrement, vous savez que je suis un adepte du principe de réalité et que je préfère, autant que faire se peut, me conformer à la réalité de notre monde d’aujourd’hui, qui est qu’il parle anglais, plutôt que de pratiquer des incantations permanentes à la résurgence du français. On aime ou on aime pas, je vous laisse juge de votre opinion sur le sujet.
Vous savez ou ne savez pas,- nos médias sont peu diserts sur le sujet -, que nos hommes politiques parlent peu ou mal l’anglais. La faute au fait que leur profession d’origine, fonction publique, avocats ou autre est très centrée sur la France hexagonale et que leur profession suivante, élus, représentants du peuple, ou homme politique ne necessite pas la connaissance de l’anglais. Par ailleurs, en auraient ils besoin qu’ils préfèreraient bénéficier du confort de l’interprétariat que leur offre la République.
Tout ceci fait qu’ils ne percoivent le monde extérieur qu’en des occasions infiniment moins fréquentes que le monde franco français et qu’il le font par l’intermédiaire du filtre de l’interprète dont on sait qu’il ne transcrit pas nécessairement toutes les finesses du sujet qu’il traduit. De la même manière quand il s’agit d’exprimer ses opinions ou ses suggestions, on est forcément infiniment moins compréhensible et donc moins convaincant dans sa langue natale traduite que si l’on est capable de conduire la conversation dans la langue anglaise.
Une anecdote à ce sujet. J’ai été à une époque Président d’un Comité Européen et à ce titre je devais faire le discours d’ouverture d’une des sessions. Je souhaitais, non pas faire un discours convenu sans grand intéret, mais passer un message fort à l’intention des constructeurs allemands présent dans la salle. J’ai choisi, après réflexion, de le faire en Français, langue officielle de la conférence soumise à traduction simultanée, plutôt qu’en anglais. J’ai eu la surprise de m’apercevoir que dans la salle, les participants ne firent même pas l’effort de mettre les écouteurs. Je me suis aperçu ce jour là que j’avais sacrifié la communication du "message" que je souhaitais passer à mon amour propre de français, le contenu au contenant.
Tout ceci pour dire que j’ai apprécié l’effort fait par François Fillon de s’addresser à son auditoire américain dans sa langue et que j’ai trouvé qu’il semblait la maitriser assez bien, même si effectivement son accent reste très français. Je suis sur que ses interlocuteurs lui ont su gré d’avoir fait cet effort pour eux.
A l’époque où les ingénieurs et dirigeants français sont devenus des pratiquants habituels de la langue anglaise, il ne serait pas normal que notre corps politique continue à apparaitre comme retardataire dans ce domaine par rapport à ses homologues européens et mondiaux.
Si l’on veut influer sur le cours du monde, il faut en parler la langue...