Un Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale qui sentait la poudre
Depuis la chute de la monarchie en France (1789), la question des guerres à mener a été directement réglée par la grande bourgeoisie au gré de ses intérêts financiers.
L’élection du président de la république au suffrage universel, appuyé comme elle l’est sur la Constitution de 1958, a permis de mettre en place un État qui s’est rendu complètement autonome par rapport à l’ensemble de la population, et qui détermine les contenus de ce que les deux Assemblées - Sénat et Assemblée nationale - devront transformer en lois.
Quant aux guerres elles-mêmes - telles que nous les avons vues en Libye et en Syrie -, elles sont mises en œuvre par la haute fonction publique qui rassemble en son sein les représentants des grands intérêts impérialistes français et internationaux.
Regardons cela de plus près à l’occasion de la mise en œuvre du document qui nous a déjà engagé(e)s par deux fois dans des conflits dont les conséquences menacent maintenant l’équilibre du monde…
Rétrospectivement, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de juin 2008… nous saute au visage tant son contenu et les circonstances de son élaboration apparaissent comme très inquiétants.
Il est dû au travail d’une Commission désignée par le décret n° 2007-1144 du 30 juillet 2007 pris sous la signature du président de la république en fonction, Nicolas Sarkozy, et contresigné par son premier ministre, François Fillon.
Le tout début de ce décret nous apprend que cette Commission est constituée de deux catégories de personnes : celles qui sont présentes sur titre (18) et celles qui le sont pour leur compétence personnelle (18).
Sur ce total de trente-six membres, il y a quatre parlementaires (Assemblée nationale : 2 ; Sénat : 2), c’est-à-dire quatre personnes issues du suffrage universel, qui ne vaut donc que pour un peu plus de 10 %, dans une affaire – la guerre – qui n’est tout de même pas peu de chose…
Mais c’est encore trop sans doute.
En effet, le 7 avril 2008 madame Patricia Adam, députée socialiste, et monsieur Didier Boulaud, sénateur socialiste se fâchent tout rouge et donnent leur démission au motif que : « En sept mois de travaux, nous avons constaté que cette commission ne servait que de chambre d’enregistrement des décisions du président de la République.«
Comment pourrait-il en être autrement, puisque, hormis nos quatre parlementaires, si les personnalités choisies pour leur compétence le sont du seul avis du président de la république, celles qui le sont pour leur titre se trouvent être des hauts fonctionnaires civils ou militaires qui, pour leur quasi-totalité, doivent justement ce titre à une nomination décidée par ce même président de la république (conseiller d’Etat, secrétaire général de la défense nationale, directeur général de la police nationale, directeur général de la gendarmerie nationale, directeur général des affaires politiques et de sécurité, directeur général du trésor et de la politique économique, directeur de la stratégie à la direction générale de la recherche et de l’innovation, chef d’état-major des armées, délégué général pour l’armement, secrétaire général pour l’administration, directeur général de la sécurité extérieure, directeur chargé des affaires stratégiques, etc.).
Nous voici donc sous l’Empire… Qui pourrait croire que cela ait changé depuis deux siècles ?…
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