vendredi 29 mars 2019 - par rosemar

Une tragédie grecque censurée à la Sorbonne...

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Eschyle, auteur grec du 5ème siècle avant JC, censuré à la Sorbonne... on peine à le croire ! Et pourtant, c'est ce qui s'est passé ce lundi 25 mars : la tragédie Les Suppliantes d'Eschyle n'a pu être jouée, à la Sorbonne, où des groupuscules antiracistes ont bloqué la représentation.

 

Comment une pièce antique peut-elle ainsi susciter la controverse ? 

 

Trois associations antiracistes, la Ligue de défense noire africaine (LDNA), la Brigade anti-négrophobie et le conseil représentatif des associations noires de France (Cran) ont mis fin à la représentation de la plus ancienne tragédie d’Eschyle, Les Suppliantes. Ayant recours à la force, à des injures, des étudiants et les associations ont forcé les comédiens à quitter la scène.

 

Un tel déchaînement de violences a été déclenché par le recours aux "black faces", c’est-à-dire le fait que des individus blancs se griment en individus noirs. Ces derniers y voient là une appropriation culturelle, descendant directement de la colonisation.

Dans la tragédie d'Eschyle, les Suppliantes ou Danaïdes sont des exilées qui ont fui l’Égypte et le mariage que veut leur imposer leur oncle Egyptos. Accompagnées de Danaos, elles demandent asile dans la cité d’Argos. Après quelques hésitations, le roi accepte de les protéger. Ces jeunes femmes luttent pour leur liberté.

Un beau message, donc, une leçon de courage, une volonté d'émancipation : comment peut-on ne pas voir la valeur de cet héritage antique ?

 

Si la mise en scène de Philippe Brunet fait intervenir des masques noirs, c'est bien sûr une façon d'évoquer l'origine égyptienne des Danaïdes.

Aucune référence raciste dans cette utilisation...

 

Eschyle dénonce dans la plupart de ses tragédies l'hybris, la démesure dont se rendent coupables les hommes.

Et c'est précisément cette hybris qui a emporté les associations responsables de cette interdiction et de cette censure...

Une hybris intolérable qui passe par la violence, les insultes, l'aveuglement : on s'en tient là à la mise en scène de la pièce, refusant de comprendre et d'analyser le message contenu dans l'oeuvre.

 

On s'attache aux apparences : et c'est précisément ce contre quoi doivent lutter nos sociétés.

On voit bien que l'action de ces organisations anti-racistes risque dans ce cas précis d'être contre-productive et dangereuse.

Censurer la culture, refuser d'entendre la signification d'une oeuvre, héritage de l'antiquité, c'est très grave et intolérable.

"Au nom de l'antiracisme, une forme de racisme est en train de s'installer", s'est contenté de déplorer Jean-Michel Blanquer.

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2019/03/une-tragedie-grecque-censuree-a-la-sorbonne.html

 



23 réactions


  • Rantanplan Pink Marilyn 29 mars 2019 14:30

    h là là, ils sont aussi bêtes que les gens qui disent que ceux qui critiquent Israël sont antisémites...


  • Rantanplan Pink Marilyn 29 mars 2019 14:45

    La censure étant le contrôle officiel autorisant ou non la publication ou la diffusion d’œuvres diverses, en totalité ou partie, ou encore l’ensemble des personnes officielles qui autorisent, après contrôle, la publication ou la diffusion d’œuvres diverses, il ne s’agit pas là de « censure » à proprement parler, mais d’entrave à la liberté d’expression, de sanction inappropriée et illégitime ou encore de violence assimilable à un « autodafé », au sens étymologique : un acte de foi reposant sur des croyances.


  • bedeau bedeau 29 mars 2019 15:03

    bienvenue dans le XXIme siècle progressiste 


    • mmbbb 30 mars 2019 10:09

      @bedeau le « progressiste » de ce XXI nous amenera a une libanisation de l Europe. Nous en avons les prémices . Il est étrange que l histoire ne serve jamais . 


  • L'Astronome L’Astronome 29 mars 2019 16:53

     

    L’on a affaire à la parano des gros nez et de leurs thuriféraires.

     


  • ZenZoe ZenZoe 29 mars 2019 17:43

    A vrai dire, je pense que ces associations s’en fichent un peu d’Eschyle, de la culture antique et du roi d’Argos. Elles recherchent avant tout des moyens d’exister en nous gonflant tous les jours que Dieu fait. Si on pouvait leur couper les vivres, la société toute entière s’en porterait mieux.

    Sinon, comme il a été dit plus haut, il ne s’agit pas de censure. Merci d’utiliser les bons mots.


  • waymel bernard waymel bernard 29 mars 2019 18:33

    Combien d’étudiants à la Sorbonne ? Combien d’activistes de ces trois organisations racistes (anti-blanches) présents pour bloquer la représentation ?


  • Fergus Fergus 29 mars 2019 18:51

    Bonsoir, Rosemar

    Excellent article qui eût peut-être gagné à être rédigé sur un ton plus virulent tant est consternante l’attitude d’associations  en premier lieu le CRAN — qui, avec ce type d’action débile, desservent la cause qu’elles prétendent servir !


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 29 mars 2019 19:03

    Et moi qui ai pas mal de fois pris des descendantes d’Afrique en levrette...Elles la tête dans l’oreiller , et moi mâle blanc les lutinant fièrement . Mea culpa , je ne savais pas montrer ainsi ma nature raciste et colonisatrice.


  • Olivier 29 mars 2019 22:15

    En réalité c’est la culture occidentale dans son ensemble qui est attaquée et délégitimée par ses groupuscules qui bénéficient toujours d’une complaisance des plus suspectes. 


  • pierrot pierrot 30 mars 2019 10:37

    Bonjour, bien évidemment, je désapprouve cet acte de censure.

    Mais je n’ai pas compris pourquoi dans cette pièce « les Suppléantes » d’Eschyle il y avait un quelconque intérêt à grimer des acteurs en noirs !


    • Fergus Fergus 30 mars 2019 11:44

      Bonjour, pierrot

      Danaos, le père des Danaïdes, gouvernait la Libye et avait eu ses 50 filles de différents mariages avec des femmes libyennes dont certaines étaient noires, le territoire comprenant les actuels Niger et Tchad.


    • baldis30 30 mars 2019 13:44

      @pierrot

      de la même façon qu’il y avait ( et qui existe encore) de représenter Agamemnon de La belle Hélène par un grimage rappelant Napoléon III ! Et Hélène elle-même n’aurait pas été la représentation d’une personnalité qui paya de sa personne .... 
       il faut aller au théâtre ... Godin l’avait bien compris en créant le familistère : le théâtre à la sortie de l’école ... il parait que des socialistes, éléments d’une peuplade aujourd’hui disparue, s’en seraient aperçus ! Mais c’est vieux !
       Par principe personnel celui qui s’attaque au théâtre est un con qui n’accepte pas le miroir de la société dans laquelle il vit !
      Après on apprécie ou pas la pièce, l’auteur, les acteurs, c’est autre chose ... APRES seulement !


    • pierrot pierrot 30 mars 2019 15:41

      @Fergus
      Bonjour Fergus, merci pour cette explication.


    • Robespierre 30 mars 2019 15:44

      Peut-être fallait -il s’abstenir de grimer des acteurs en noirs , tout simplement.


    • Fergus Fergus 30 mars 2019 17:04

      Bonjour, Robespierre

      Certainement pas !
      D’autant moins qu’un spectacle de ce genre ne vise en aucune manière à se moquer des Noirs fut-ce sur un ton paternaliste  comme dans la tradition du « blackface » américain.


    • Robespierre 30 mars 2019 18:29

      Bonjour Fergus

      L’intention des auteurs n’est pas la question, ce n’est pas ce qui est reproché ici , peu importent les intentions. De plus le black face a aussi été pratiqué en France sauf qu’on ne lui a pas donné de nom.


  • paulau 30 mars 2019 13:04

    Élément de réponse aux associations noires :

    On lira avec intérêt le paragraphe traitant de la [b]traite intra-africaine [/b].

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Traites_n%C3%A9gri%C3%A8res


  • Pale Rider Pale Rider 1er avril 2019 09:53

    Le politiquement correct atteint des proportions ridicules. Ainsi, Jean Lassalle s’est fait conspuer à l’Assemblée Nationale parce qu’il ne comprenait pas qu’une « ministre femme » puisse être favorable à la fermeture de certaines maternités. O horreur ! il s’était rendu coupable de sexisme alors que, n’en déplaise à certains LGBTI (liste d’initiales en constance expansion), ce sont toujours les femmes qui mettent les enfants au monde et qui, donc, sont les premières concernées par les paternités... euh, par les maternités. On est en plein délire.

    C’est comme ces panneaux interminables : « Terrain destiné à la communauté des gens du voyage ». Avant, on disait : les « nomades », ce qui n’était et n’est toujours pas une insulte.


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