vendredi 30 octobre 2020 - par Dr. salem alketbi

Une victoire sans gloire des mollahs d’Iran

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Les écarts persistants entre les positions des grandes puissances, notamment celles qui ont signé l’accord nucléaire en 2015 avec les mollahs iraniens, mettent très certainement la sécurité et la stabilité du Proche-Orient et surtout du Golfe en pâture. On sait déjà que les mollahs se repaissent de cette dissension.

Cette division est le seul espoir de survie de leur régime à travers des victoires fantômes face à un blocus économique américain musclé. Une conséquence, voire un désastre, de cette division : la récente levée des restrictions sur les armes imposées à l’Iran par le Conseil de sécurité des Nations unies il y a 10 ans.

Les mollahs se réjouissent de pouvoir désormais «  se procurer toutes les armes et équipements nécessaires, de quelque source que ce soit, sans aucune restriction légale,  » ainsi que d’exporter des armes dont la destination est connue de tous.

C’est en fait les zones où sont stationnées les milices, les organisations et les armes sectaires inféodées aux mollahs. Inutile cependant de régulariser la situation, puisque toutes ces activités se déroulent en toute illégalité et sont secrètement introduites en contrebande dans ces zones.

Toutefois, lorsqu’on parle d’exportation d’armes, on comprend que les mollahs peuvent coopérer avec d’autres parties régionales ou internationales pour vendre leurs missiles et leur technologie militaire. Ce faisant, le risque de prolifération des missiles et éventuellement des armes nucléaires se multiplie.

Le retrait des restrictions onusiennes est vu par les mollahs comme une «  victoire diplomatique  » sur les États-Unis. Dans le but de se relever le moral, les chefs du régime ont pris le temps de féliciter officiellement le peuple iranien.

Beaucoup savent que l’administration Trump a déposé une demande il y a quelques semaines pour activer le «  snapback,  » mécanisme autorisant tout signataire de l’accord nucléaire à réactiver les sanctions, y compris une prolongation de l’embargo sur les armes récemment expiré, si Téhéran ne se conforme pas à l’accord.

Cependant, cette demande n’a pas été soutenue par le reste du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Conseil a jugé que les Etats-Unis n’avaient pas le droit de réactiver un mécanisme en accord dont ils se sont retirés unilatéralement en 2018.

Pour être réaliste, il est peu probable que l’embargo sur les armes imposé au régime iranien sera surmonté de manière significative, en particulier par les pays occidentaux. Un allié des Etats-Unis n’aura pas de quoi s’impliquer dans les ventes d’armes aux mollahs, car cela pourrait entraîner de fortes divergences avec l’administration américaine.

En termes de détermination de la nature de la menace posée par le régime des mollahs, les autres pays occidentaux ont la même opinion que les Américains. En revanche, les différences entre les deux parties demeurent non pas dans la stratégie, mais dans les tactiques proposées pour traiter avec ce régime.

Quant à la Chine et la Russie, Il est également difficile d’accepter de vendre des armes «  qualitatives  » aux mollahs. La Chine n’a pas caché son intention de vendre des armes à l’Iran après le 18 octobre. Mais je pense que ces armes n’affecteront pas l’équilibre du pouvoir régional ou ne feront pas accroître la capacité des mollahs à menacer la paix et la stabilité régionales.

Une telle décision énerverait les Etats-Unis. En plus, elle rendrait plus complexes leurs relations déjà compliquées, surtout après que le secrétaire d’Etat Mike Pompeo ait promis que «  toute vente d’armes à l’Iran entraînerait des sanctions,  » et mettrait en colère les alliés de deux pays au CCG et Israël.

Mais tous ces scénarios dépendront de calculs précis des intérêts stratégiques, des gains et des pertes vis-à-vis de l’Iran et d’autres pays. C’est ces calculs qui feront pencher la balance chez les grandes puissances qui ont évoqué les possibilités de développer la coopération militaire avec l’Iran dans un avenir proche.

Lever l’embargo des Nations-Unies cinq ans après la signature de l’accord nucléaire entre l’Iran et le groupe P5+1 (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne), dont le cadre juridique est défini par la résolution 2231 du CSNU, confirme sans l’ombre d’un doute les graves lacunes et faiblesses de cet accord.

Cinq années stipulées dans l’accord sont révolues. Mais la menace iranienne plane toujours. Elle ne s’est même pas un peu assagie.

En effet, grâce à ce terrible accord, les mollahs ont acquis la technologie nécessaire pour obtenir l’uranium enrichi requis pour fabriquer des armes nucléaires. La décision d’entrer en phase de fabrication d’une bombe nucléaire, si elle n’avait pas été déjà prise en secret, reste maintenant à la discrétion du chef du régime.

Et ce, alors que les facteurs de risque persistent toujours : les mesures de sécurité sont faibles dans les installations nucléaires iraniennes ; le secret entourant le programme nucléaire iranien car l’AIEA ne peut pas accéder à toutes ses activités, car la plupart d’entre elles se trouvent dans des sites secrets supervisés par le CGRI ; Et les mollahs ont une opportunité sans précédent de se propager stratégiquement et de mener des projets expansionnistes sectaires sapant la souveraineté des pays voisins grâce à l’intervention militaire iranienne directe et indirecte dans des pays arabes.

Autrement dit, la fin des restrictions sur les armes de cette manière met effectivement en évidence les lacunes de l’accord nucléaire. Des signataires doivent faire une pause pour l’étudier, au lieu de se montrer défiants et obstinés dans leurs relations avec d’autres signataires.

Cet accord n’a pratiquement rien apporté au monde. Tout ce qu’il a fait, c’est de donner au danger iranien un délai.

Cette remise à plus tard a permis aux mollahs d’atteindre leurs objectifs et ne cadre pas avec les stratégies du collectif mondial, qui entend maintenir la sécurité, la stabilité et la paix, en particulier dans une partie du monde aussi névralgique pour l’économie mondiale que la région du Golfe.



2 réactions


  • pierrot pierrot 30 octobre 2020 14:03

    Il est patent que la non application du traité nucléaire de juillet 2015 à cause de la stupide diplomatie américaine est un handicap pour préserver la paix dans le monde et la limitation des possesseurs de l’arme nucléaire.

    Espérons que Joe Biden aura un diplomatie plus réaliste.


  • Jonas 31 octobre 2020 14:57

    Il est curieux que la première préoccupation du régime criminel des mollahs est d’acheter des armes , alors que le peuple souffre d’une situation économique désastreuse , une inflation galopante, un chômage important et le rial qui poursuit sa dégringolade. 

     Le souhait des dirigeants de l’Iran est de voir Joe Biden , président , ce qui démontre que contrairement aux fanfaronnades de la clique au pouvoir, la politique de Trump a handicapé lourdement le régime. 

    Ils se font beaucoup d’illusions , s’ils pensent , que les Etats-unis , changeront de politique à leur encontre. Joe Biden, s’il est président sera certes moins brutal et plus diplomate , mais ne variera pas sur l’essentiel parce que la géopolitique de la région le commande. . 


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