mercredi 12 décembre 2007 - par R-sistons

Vers quelle société allons-nous ? Monstrueuse, non ?

Avons-nous un jour réfléchi à la société dans laquelle nous vivons, et aussi dans laquelle vont vivre nos descendants ? Non ? Alors, voici quelques éléments pour vous aider. Tout, bien sûr, n’est pas esquissé. Comme la façon dont nous traitons l’environnement naturel...

Nous allons tous droit dans le mur.

En me levant ce matin, j’avais en moi des mots qui jaillissaient, et que j’ai aussitôt notés comme ils venaient. Ils sortaient des tripes, sans doute étais-je en train de penser inconsciemment à mon prochain article sur la déshumanisation de notre société, et que j’écrirai bientôt dans mon blog http://r-sistons.over-blog.com.

Aujourd’hui, je veux tendre un miroir à mes contemporains. Ne comptez pas sur moi, dans cet article, pour analyser tous les mots qui me sont venus à l’esprit, ce n’est pas l’objet de ce billet prophétique. Je me contenterai de partager avec vous les expressions qui ont jailli spontanément pour définir cette société que nous sommes en train d’édifier, tels des Pandore irresponsables.

Je plains nos enfants ; la société que nous allons leur léguer est absolument monstrueuse !

En matière de politique, ce sont les mots totalitarisme et fascisme qui se sont d’abord imposés à moi. Et c’est vrai qu’imperceptiblement, sournoisement, lentement, mais sûrement, nous sommes en train de bâtir une société totalitaire, qui concentre tout entre peu de mains et contrôle chaque aspect de nos vies. D’un côté, le "fascisme" - aux Etats-Unis, en Israël, dans tant de pays africains ou arabes, maintenant en France ou en Russie, entre autres - se banalise, avec ses maîtres tout-puissants, omnipotents et présents, son parti unique ou ses partis identiques, sa presse aux ordres, ses conseillers très spéciaux. Et puis, Big Brother est là, et bien là, les grandes oreilles aussi, comme les satellites espions ou, tout simplement, les caméras de surveillance quadrillant de plus en plus notre horizon. Bientôt, en un clic, on saura absolument de tout de nous en un instant. Nous sommes observés, surveillés, embrigadés, contrôlés. Et dans un tout autre domaine, nous subissons l’emprise étouffante, et déstructurante, des conglomérats ou des organismes internationaux comme la Banque mondiale ou le FMI. Et pour l’instant nous avons échappé au pire, des accords comme l’AMI nous privant totalement de la liberté - mais jusqu’à quand ?

Totalitaire, la « politique » l’est aussi quand elle soumet sans leur consentement les citoyens à des directives contraignantes, économiques ou financières, favorisant les actionnaires au détriment des salariés, le capital par rapport au travail. En fait, la liberté et l’individu sont sacrifiés à l’économie, elle-même sacrifiée à la finance. Avec des objectifs précis : la rentabilité, la compression des coûts - donc en instaurant le blocage des salaires, la flexibilité, les délocalisations, la réduction du personnel, ou la précarisation de l’emploi. A terme, l’idéal étant évidemment de se passer du travail humain et de le mécaniser, de l’automatiser, de le robotiser. Un robot ne fait pas grève, ne se syndique pas, ne revendique pas, accepte d’être taillable et corvéable à merci, gratuitement, sans charges sociales. En attendant, les salariés vont faire des heures supplémentaires, travailler le week-end, et partir à la retraite plus tard pour des montants réduits qu’ils n’auront pas à toucher longtemps, épuisés qu’ils seront par les rythmes imposés - les vampires pourront se frotter les mains. Les caisses de retraite aussi.

Le politique est un mot qui sera bientôt dépassé ; déjà, aujourd’hui, les dirigeants soi-disant démocratiquement élus ne représentent plus les peuples, mais des intérêts « supérieurs » - économiques ou financiers - qui les dépassent, et qui ont un très lointain rapport avec le bien public. Et d’ailleurs, le mot « dépassent » devrait être remplacé par celui de « étouffent », « écrasent ». Les intérêts des oligarchies n’ont rien à voir avec ceux des peuples. Et les dirigeants sont les jouets de groupes de pression ou de lobbies partisans qui remplacent les partis, et en même temps les marionnettes des multinationales. De toute façon, la politique se décide de moins en moins localement et même dans les frontières nationales, mais ailleurs, souvent par Washington qui se fout éperdument, en dépit de ses références chrétiennes, du sort des êtres humains, à partir du moment où « ses » citoyens peuvent maintenir et même améliorer leur niveau de vie déjà élevé par rapport au reste de l’humanité. Et ce sont des technocrates, complètement indifférents aux réalités du terrain et au bien-être des populations, qui choisissent sur le papier les mesures qui dessineront le monde de demain et façonneront l’avenir de chacun.

Naturellement, les « politiques » sont opaques et ont un but non avoué, mais consciencieusement mises en pratique par les serviteurs zélés de l’ultra-libéralisme : répartir autrement les richesses, dans le sens... du bas vers le haut, des pauvres en faveur des riches. Et, par exemple, la Direction des impôts va « offrir » une moyenne de cinquante mille euros de ristourne aux plus nantis, tandis que les ménages les plus défavorisés vont devoir s’acquitter à nouveau d’une partie de la redevance, de franchises médicales et, bientôt, des hausses liées à la prochaine augmentation de la TVA dite avec beaucoup d’humour « sociale », qui élèvera le coût de tous les produits, même de première nécessité. Les effets d’annonce ont peu à voir avec la réalité ! Il faut abuser les futures victimes ; par exemple, en leur présentant la TVA anti-sociale comme sociale ! Ou le paiement d’heures supplémentaires comme le remède-miracle et la solution au chômage !!! La nouvelle société n’a pas peur du ridicule...

Pour permettre aux plus riches de l’être davantage, les politiques de demain casseront toutes les protections des travailleurs, les retraites par répartition, les services publics, les avantages sociaux et, déjà, aujourd’hui, des gouvernements comme celui de Sarkozy encouragent l’abandon de la cinquième semaine de congé payé. L’heure est d’ailleurs à l’austérité pour les salariés, les chômeurs et les retraités, tandis que les milliardaires peuvent s’offrir des fêtes encore plus fastueuses. Naturellement, les mots de solidarité, de communauté, sont bannis, on leur préfère ceux d’individualisme et d’assistance. Il n’y aura plus de solidarité entre les membres d’une collectivité, mais une assistance ponctuelle et condescendante de certains, et la recherche exacerbée de l’affirmation de soi pour d’autres, même si elle doit se faire au détriment du voisin, du collègue ou de l’éthique. Vive la méritocratie, les Tapie en tous genres, et haro sur les médiocres, les faibles, les pauvres ! Le film Soleil vert ne s’était pas trompé. Dans la société d’aujourd’hui, les petits, les sans-grade, les peu doués, les pas de chance, n’ont plus leur place. Vive l’eugénisme social ! La jungle érigée en modèle, le plus fort dévorant le plus faible. A bas la solidarité ! On la décourage, on la piétine. La civilisation est en marche, le rouleau compresseur aussi. Tant mieux pour les gagnants, les jeunes loups ou les vampires de la finance, et tant pis pour les perdants, les exclus. Chacun se retrouvera dans son ghetto, de riches avec des cerbères protecteurs et grassement payés à l’entrée, de pauvres avec des contrôles d’identité et des descentes musclées de la police.


Le sort que nous réservons aux animaux est révélateur de la violence et du cynisme de notre société. Ils sont sacrifiés à notre appétit de profit : porcs ne pouvant pas bouger, poules astreintes à vivre à la lumière artificielle et, faute de place, écrasées par leurs congénères parfois même avant d’avoir pu pondre l’oeuf d’or pour les entrepreneurs. Pour ne citer que ces exemples !

Et la démocratie ? Pfff ! C’est une imposture. D’abord, elle est orchestrée par les puissants, uniquement soucieux d’augmenter « leurs » privilèges. Ensuite, elle concerne seulement les élections. Mais celles-ci sont truquées, car les médias sont de vulgaires outils de propagande au service des maîtres du monde ; le choix est faussé à la base. De surcroît, comme je l’ai déjà dit, les élus ne défendent pas les intérêts des électeurs. Un exemple ? Les peuples ont dit non à la guerre contre l’Irak, pas les députés. Et en Occident, on prêche partout la démocratie, mais au nom de celle-ci, censée incarner la liberté, on veut l’imposer partout, quel paradoxe ! Ou plus exactement, quelle duperie ! Bref, en réalité, les citoyens du monde entier sont manipulés, bernés, asservis, écrasés par la Pensée Unique libérale - le plus souvent à leur insu. Et le pire, c’est que ceux qui ont réellement le pouvoir, c’est-à-dire les vrais maîtres du monde, ont droit de vie et de mort sur les peuples ; ils peuvent, dans l’insouciance et la bonne conscience, - voire en enrôlant Dieu pour la circonstance, et ce n’est pas une plaisanterie -, d’un coup de plume, sceller le sort des hommes et des femmes de notre planète, en décrétant un nettoyage ethnique, une guerre préventive ou de conquête, le bombardement des infrastructures ou des zones ennemies... et même s’emparer des ressources des autres, en toute impunité. Est-ce cela, une vraie démocratie, où le peuple est souverain ?

Quant à l’idéal républicain de laïcité comme celui de liberté, d’égalité et de fraternité, ils sont toujours de jolis mots, très mobilisateurs, mais restent des mots - et deviennent de plus en plus des pièces de musée. Bons pour le Musée Grévin, aux côtés de B.-H. Lévy et de sa sémillante épouse, nouveaux héros des temps modernes, plaidant pour le droit et le devoir d’ingérence pour le Darfour, riche de pétrole, mais pas pour les Palestiniens, démunis de pétrole comme du reste. Jolie tarte à la crème humanitaire, dévoyée via les Kouchner, Glucksmann et autres B.-H. Lévy, en abominable prétexte à entreprendre le nettoyage du Proche et du Moyen-Orient ! Aujourd’hui, les plus belles idées sont instrumentalisées pour de funestes desseins. C’est le progrès, sans doute. Gageons que les peuples victimes de ces bons samaritains modernes, apprécient beaucoup moins les initiatives hyper médiatisées de nos dandies néo-cons et néo-sionistes, ayant de l’humanitaire une conception à géométrie variable et agressive !

La laïcité se dilue en de multiples communautarismes, crispés sur leur identité, la peur de l’autre, l’instinct de conservation, le désir de domination et même d’écrasement, les uns prêts à commettre des attentats, les autres à impulser des guerres d’extermination, de bien charmants projets pour ceux qui n’ont pas le bonheur d’être leurs congénères. Une société-voyou, lourde de menaces pour la paix !

Et quelles sont les valeurs au goût du jour ? A votre avis ? Pour moi, ce sont de fausses valeurs, assurément - artificielles, matérialistes... Je vous les cite, en vrac : le culte de l’argent, du profit, du pouvoir, de la notoriété, du vedettariat, des paillettes, de la consommation maximum, de l’individu, de la compétition, et puis on prône la guerre économique, la loi du plus fort, le chacun pour soi, toujours plus de répression et de contrôle... Chacun est sur sa petite île, isolé de son prochain, animé par le désir de posséder et de consommer toujours plus, d’épater son voisin ; l’être est sacrifié à l’avoir, la qualité à la quantité, le sens des responsabilités au chacun pour soi, l’esprit de solidarité à la cupidité, la sincérité aux paillettes, la simplicité à l’esbroufe, le réel au paraître, le spirituel au matériel... Ne nous étonnons pas, ensuite, si certains troquent l’idéal de justice pour la place ministérielle, le combat politique pour la soupe quatre étoiles... C’est dans l’air de notre joli temps ! Cynique, égoïste, boulimique, prédateur... Impitoyable pour l’autre, surtout s’il ne réussit pas ! Le lavage des cerveaux fonctionne à plein... Devenir des Tapie, ou crever !

Et le mode de vie, aujourd’hui ? Chacun chez soi, et en relation avec le monde entier. Virtuellement. Dans un isolement magnifique. Et tant pis pour les nuits écourtées, la fatigue, le manque d’exercice, l’obésité, le repli. On multiplie les contacts... virtuels, on consomme tranquillement, de préférence des plats tout prêts, on se complaît dans la passivité, on s’abêtit, on se laisse embrigader par la publicité, on se coupe du réel et de la vraie culture, on tombe dans la drogue (du net, par exemple), la compulsion, la déprime..., mais nous allons tous droit dans le mur !

Regardons en face la société-voyou que les maîtres du monde préparent sur le dos des peuples et derrière leur dos - matérialiste, antagoniste, prédatrice, violente ! Voyons-la telle qu’elle est ! Ne nous résignons pas à l’intolérable, comme dans mon blog ! Il est temps de retrouver le sens de la mesure, de l’humain, de la fraternité, du partage, du réel, de l’authentique, de l’ouverture, du collectif, de la solidarité, du spirituel ! Cessons de subir, prenons en main nos vies, librement ! Secouons les chaînes que l’on veut nous imposer, de la consommation ou de la soumission aveugle ! Réagissons ! Et pour cela, retrouvons la capacité de nous indigner afin, ensuite, de pouvoir nous engager pour d’autres valeurs ! Pour nous, pour les autres, pour la France, pour les générations futures, dont nous sommes responsables dans la grande chaîne humaine



20 réactions


  • Pinpin 12 décembre 2007 12:12

    Moi j’attends l’extraplanétarisation pour me casser de cette planète.


  • isa93 12 décembre 2007 13:33

    Article très juste. Qu’attendons nous pour nous unir et faire la révolution !


  • dup 12 décembre 2007 16:35

    c’est bien pour vous reveiller que la providence a mis des punaises sur vos fauteuils . Un texte interessant à lire sans modération :

    http://www.onnouscachetout.com/themes/nom/qui-est%20sous-controle-du-nom.php

    que faire ? délégitimer (dans la tête,pour commencer), tout ce que ce monde nous fait croire comme inévitable . vous vous rappelez du T.I.N.A Thats no alternative .. belle blague qui a si bien marché

    http://www.fileane.com/quitter_systeme/tina.htm

    http://www.fileane.com/eleusgate/atelier3/global_soumission_autorite.htm

    http://futurquantique.org/index.php?view=article&id=254%3Ale-discours-de-la-servitude-volontaire-un-texte-dactualite&option=com_content&Itemid=52

    tant que l’on croira au crédo matérialiste rien changera :

    - L’univers physique est tout ce qui existe
    - Comme toute vie , je suis le produit du hasard
    - Je ne suis qu’un assemblage biologique et chimique
    - Lutter pour ma survie est ma raison d’ être

    - Avant la vie, il n’y a rien
    - Après la mort, il n’y a rien
    - La conscience n’est qu’un ensemble de processus enzymatiques
    - Le véritable dieu est le dieu Hasard, aidé de son adjoint le dieu Chaos qui, comme avait un jour titré Science et Vie en couverture « gouverne la pensée ».


  • Vincent Frédéric Stéphane 12 décembre 2007 17:14

    Nous n’avons plus les moyens de ne pas être intelligents

    Aimer c’est aussi choisir de toujours mieux comprendre et mieux je comprends, mieux j’aime. Voila un bel exemple de cercle vertueux. La matrice des cercles vertueux c’est la prise de conscience que « faire le bien » c’est le plus efficace. Plus nombreux nous serons à avoir vraiment bien compris, à avoir pris conscience, à avoir expérimenté avec plus de succès que d’échec, que l’intelligence, la véritable intelligence, celle dont on n’a pas honte, c’est la capacité à être heureux et rien d’autre ; plus nombreux nous saurons que notre intérêt personnel c’est de favoriser l’intérêt de chacun plutôt que de s’en protéger, plus cela sera vrai.

    Il arrive à chacun d’entre nous de rêver d’un monde plus juste, plus harmonieux, plus paisible, d’un monde meilleur. Il arrive à chacun d’entre nous de cesser d’y croire. La tâche est bien trop énorme pour qu’un être raisonnable ne se résigne à simplement tenter de survivre au mieux. Et pourtant, il arrive à chacun d’entre nous de rêver. Et au moment où l’on rêve, on sent bien que si tous rêvaient au même moment, si tous étaient capables du même élan que soi-même en ce même instant, si l’on abandonnait l’armure en un même mouvement, cette armure qui nous coûtait tant, au nom de laquelle on s’était contraint si souvent, elle deviendrait parfaitement inutile, immédiatement.

    Mais c’est un rêve. Que tout puisse changer immédiatement, en mieux, c’est un rêve.

    Sauf si.

    Sauf si ça a été préparé de longue date, avec persévérance et pas forcément minutieusement. Mais cet immédiat hypothétique là n’est ni ici ni maintenant. Et pourtant. Si je sais que de ce monde ci peut émerger un monde que j’aime, j’aime déjà beaucoup mieux ce monde d’ici et de maintenant. Et j’y puise la force de l’intelligence, la puissance de l’amour, pour prendre conscience que faire au mieux des intérêts de chacun relève de l’efficacité et non seulement de l’altruisme.

    « Moi c’est moi et lui c’est lui », c’est vrai mais ce n’est pas la seule vérité possible. Une autre est beaucoup plus puissante désormais : « moi c’est lui et lui c’est moi ». Car, mais pas seulement loin de là, si donc moi c’est moi et lui c’est lui, ce ne sera bientôt plus que lui ou moi et moi ou lui. Cela a toujours été plus ou moins vrai mais nous vivons une époque où tout porte à croire que si cela doit à jamais ne rester qu’un rêve, il ne sera très bientôt même plus possible de rêver. En l’espace de quelques générations, dans un temps que nos enfants pourront connaître, ou bien nous aurons radicalement changé de manière d’être ou bien nous serons contraints à renoncer à tout ce qui fondait notre humanité pour simplement éviter de mourir en tuant. Et d’ici au temps de notre inhumanitude, les chaos actuels iront grandissant. Si tu n’aimes pas ton prochain et qu’il n’y en a plus assez pour deux, vous ne trouverez pas d’autre fausse solution que de vous combattre, à mort, et férocement.

    Sauf si.

    Sauf si l’amour et l’intelligence se liguent de mieux en mieux en de plus en plus d’entre nous. Si je suis heureux, je fais tout pour que les autres le soient aussi. Seul celui qui n’a jamais été heureux ne peut le comprendre. Et si donc je ne fais pas tout pour que les autres soient heureux, c’est que je ne suis pas heureux moi-même, et rien d’autre. En vertu de ce que si a implique b alors non b implique non a. C’est aussi con que cela ! Aussi simple à comprendre que cela.

    Si quelqu’un contribue sciemment à mon malheur, c’est qu’il n’est pas heureux lui-même.

    Un moyen pour qu’il cesse de contribuer sciemment à mon malheur est qu’il devienne heureux. Tous les autres moyens ont déjà été essayés avec les succès que l’on sait. Je fais le choix de tout faire pour que les autres soient heureux. Comme c’est plus facile quand je suis moi-même heureux, je fais aussi tout pour être plus souvent heureux plutôt que malheureux.

    Et même quand je suis malheureux, je m’abstiens d’en faire souffrir autrui. Car je sais que moins les autres sont heureux, plus faibles sont mes chances de ne plus être malheureux.

    Et aussi parce que je ne suis pas un rat ou mieux, parce que j’ai vu les rats à l’œuvre et que je suis apte à en tirer des conclusions. Voyez le film « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais. Voyez ces rats qui tentent d’échapper à leur sort de souffrance en se combattant, en ajoutant de la souffrance à leur propre souffrance le temps que dure la décharge électrique dans leur plancher métallique. Cela leur réussit plutôt bien, aux rats. Cela nous a réussi plutôt bien, à nous aussi. Car faire souffrir autrui procure un plaisir immédiat qui diminue, certes, mais qui ne diminue que provisoirement sa propre souffrance. En devenir conscient c’est déjà y renoncer. La proportion des inconscients a jusqu’à présent été trop importante pour que la logique s’inverse. Mais quand chacun a les moyens de faire souffrir autrui, la recette n’est tout simplement plus efficiente. Quand celui que tu fais souffrir te fais souffrir en retour, c’est l’intelligence qui dicte l’altruisme. Or le monde devient de plus en plus interactif et le temps se raccourcit, les effets sont de plus en plus immédiats. J’ai donc confiance. De plus en plus de mes congénères prendront conscience que faire souffrir autrui n’est pas une solution à leur propre souffrance. Non seulement parce qu’elle n’est que provisoire mais aussi parce que ce provisoire durera de moins en moins.

    Et pour tout dire, si l’être humain devait se révéler incapable d’en prendre collectivement conscience, je ne vois pas ce qui pourrait m’amener à regretter sa disparition. Mais je n’y crois pas.

    Je n’y crois pas car, notamment, je sais le caractère exponentiel de la contagion de la prise de conscience. Si tu prends conscience, tu restes conscient, quoi qu’il arrive. Et tu sais comment agir, humblement, pour donner aux autres avec lesquels tu interagis, de quelque manière que ce soit y compris en n’étant que vu agissant d’une certaine manière voire simplement en n’étant que lu, un germe de prise de conscience. Ce germe peut tomber sur un sol stérile. Il peut aussi être reçu au moment opportun et devenir un déclencheur. Il peut encore n’être que nécessaire à celui qui sera le déclencheur. Quoi qu’il en soit, celui qui a pris conscience contribue à ce que d’autres prennent conscience qui sauront eux-mêmes faire prendre conscience. On sent bien qu’en deçà d’un certain seuil, la descendance n’est pas assurée ou peine à le rester. Mais on sent tout aussi aisément qu’au delà, tout devient possible en un certain temps de plus en plus court.

    Donc je crois que notre aventure n’est pas une impasse. Je crois que des épreuves à venir, sur lesquelles il n’est pas nécessaire de s’étendre ici, nous sortirons grandis. J’aimerais contribuer à ce que l’on n’ait pas à tomber plus bas que nous ne sommes déjà avant que ne survienne le nouveau rebond salutaire, le prochain saut de civilisation.

    Une civilisation de la conscience est à venir. Elle sourd de partout. Les contradictions prennent des amplitudes inimaginées et leur résolution globale est proche. Nous ne sortirons des impasses actuelles qu’en inventant une nouvelle conception de la réalité.


    • Alpo47 Alpo47 12 décembre 2007 18:01

      Je me rappelle un proverbe kabyle :

      « A l’indépendance, l’Algérie était au bord du gouffre, depuis, elle a fait un grand pas en avant ». Nous ne sommes plus au bord du gouffre, mais de nous y enfoncer ...

      Sombre est l’avenir .


    • Alpo47 Alpo47 12 décembre 2007 18:01

      J’oubliais, superbe article, bravo .


  • ernst 12 décembre 2007 18:10

    Les pleurs du Paradis perdu !... Vous avez fait en sorte de tuer Dieu au siècle passé, de bafouer les calotins, les talas, . Non que je regrette les bigots, mais la disparition de la Force supérieure et aimante qui donnait forme à notre monde.À tort ou à raison. Et vous voilà avec votre feuille de vigne sur le bas ventre à pleurnicher que c’est pas juste et que c’est la faute aux autres. Non, mes bons messieurs, c’est de VOTRE faute. Alors , puiqu’il vous reste, à défaut de claivoyance, un zeste de nostalgie, faites en sorte de reprendre la barre de vos destins. La solution ?...la Démocratie directe. Dans le pire des cas, si vos idées ne séduisent pas la majorité, vous conserverez l’honneur de ne pas avoir adhéré à un projet politique.Mais au moins, battez vous !...


  • Marc P 12 décembre 2007 18:57

    Bravo pour votre passion communicative... ! En effet ce n’est pas intello même si c’est un peu foisonnant, et cela suscite l’adhésion, pour peu qu’on croit qu’un autre monde est possible dans lequel pour chacun l’autre compte autant que soi-même...

    Quel air souffle donc sur Perpignan ? Est ce un effet de la Tramontane ?

    Une telle énergie, c’est impressionant, émouvant, même si on se demande combien cela pourrait mobiliser... le blog mérite le détour...

    On est abruti et la vie qu’on mène altère notre lucidité... ce « trop plein » de passion nous réveille...

    C’est vrai, on peut craindre un avenir très dur !

    On a le sentiment que vous oeuvrez pour que cela n’arrive pas et on vous en est reconnaissants...

    Cordialement.

    Marc P


  • aye 12 décembre 2007 20:08

    Une bonne partie des articles d’aujourd’hui ont un sérieux parfum de colère, et seulement 7 mois après la prise de pouvoir de sarko-phage.Vivement qu’on le mette dedans !!!!!


  • aye 12 décembre 2007 20:11

    Une bonne partie des articles d’aujourd’hui ont un sérieux parfum de colère, et seulement 7 mois après la prise de pouvoir de sarko-phage.Vivement qu’on le mette dedans !!!!!


  • Marsupilami Marsupilami 12 décembre 2007 20:19

    @ L’auteur

    Ton billet d’humeur est un sain coup de gueule idéaliste, très bienvenu mais qui ne casse pas trois pattes à un canard boiteux et unijambiste. Propositions pour sortir du merdier ? Rien. Bon, tu t’es lâchée en public, ça fait du bien. Et à par ça ?


  • karquen karquen 12 décembre 2007 21:08

    Toutes mes félicitations pour cet article ! Effectivement, la Démocratie n’existe plus ! Ce sont des grands groupes, clubs, ou des organismes (GATT, OCDE, Bildeberg, BCE...) - où les responsables se nomment entre eux - qui prennent les décision et l’orientation de l’économie mondiale. Un produit représente le « temps » mis pour le fabriquer et est vendu entre 10 et 100 fois ce même « temps » identique, pour un salaire au SMIC. On Tient les individus par le ventre, par le crédit, le stress, le conditionnement infantilisant et culpabilisant des médias (sauf agoravox). On donne au individus des informations contradictoires : éteignez les lumières chez vous, mais on éclaire les campagnes la nuit ! On parle de réchauffement planétaire, mais le pétrole est encore utilisé ; pire, on s’apprête à utiliser des bio-carburants aussi polluant en oubliant les moteurs à Hydrogènes... La volonté de ces Maîtres du Monde est de créer le chao, pour vendre les remèdes... et cela au détriment de toutes liberté individuelle. Bientôt, un implant sous la peau pour surveiller les individus, des télé interactives avec caméras incorporée (1984 de Georges Orwell ?) ; déjà on commence à habituer les gens à être surveillés en diffusant des loft Story... La seule solution est le Boycotte... Mais - je fait référence à un article lu il y a quelques semaines - sommes nous devenus des moutons ? C’est la peur qui paralyse le monde. Et cela, les Maitres du mondes sont passés prodigieusement à l’Art, ciselant les réactions des foules et la psycho-attitude. J’ai 36 ans. Et je sais déjà que les années avenir - 10 ans peut être - seront décisives quand au changement définitif de notre rapport à la liberté relative, à la vie d’homme face à la nouvelle vie d’esclave.


  • Philou017 Philou017 13 décembre 2007 01:37

    La solution, c’est de sortir du système pour ne plus en dépendre. Arrêtons les crédits, le travail abrutissant et bâtissons autre chose, à coté du système qui est irréformable. Ne plus en faire partie est le meilleur moyen de l’affaiblir.

    http://www.onpeutlefaire.com/38


  • Orion71 13 décembre 2007 04:39

    @ l’auteur

    Génial ! C’est très réconfortant de lire cet article, dans le sens qu’il y a enfin des gens qui osent parler, qui osent dénoncer, même si on dénonce ce que tous (enfin pas tous quand même mais beaucoup de gens) savent déjà, nous le dénonçons dans le but de les faire réagir.

    Même si on sait ce qui se passe, si on ne fait rien contre, ça ne sert à rien de le savoir.. Et grâce à des articles comme celui-ci, peut-être que le vent du changement des mentalités deviendra rafales ! C’est à souhaiter car oui nous nous dirigeons vers l’esclavage radical, nous sommes déjà des esclaves mais c’est parce que nous le voulons bien. Mais ce qui nous attend, je pense, est encore pire..

    L’odeur du purin social dans lequel on vit aujourd’hui commence à se faire sentir, oui ça sent la ’marde’ partout maintenant dans les journaux, la télé, les institutions, les gouvernements, dans nos rues, nos cours et nos demeures. Et comme la majorité des gens n’aiment pas vivre dans la merde et sentir la merde, je me dis qu’il y a malgré tout de l’espoir. Enfin j’ose l’espérer.. Bravo à l’auteur !

    Salutations, Orion71


  • max963 13 décembre 2007 08:26

    Le constat tout le monde le fait avec plus ou moins de pertinence mais il est fait.

    Alors retroussons nous les manches et agissons !! Je pense à l’effet papillon quand j’affirme que nos actions locales auront d’une manière ou d’une autre un effet global.

    Pour ma part, c’est un engagement associatif, collectif, et peut-être la création d’une « entreprise » d’un statut nouveau ...

    Ainsi je suis en accord avec moi même et mes révoltes ne seront pas stériles.

    Il est plus que temps d’être à la fois auto-discipliné c.a.d de mettre en accord ses pensées et ses actes, et faire preuve d’une certaine légèreté car si le « malheur » est contagieux, la joie de vivre l’est aussi et elle peut changer beaucoup de chose...

    Alors actions ! smiley


  • xray 13 décembre 2007 19:49

    Un intellectuel, c’est un mec. ... Il est capable d’expliquer en long, en large, en haut et en travers, comment la machine elle marche ! ... Y-a pas de machine. Le mec !

    - « Dis papa ! C’est bien payé, le métier d’intellectuel ? Assurément, mon fils ! Dans un monde en pleine accélération face à un mur, un travail de menteur, c’est ce qui gagne le mieux ! »

    CONQUISTADOR SPACE http://conquistador-space.over-blog.fr/

    Youri Gagarine (Le premier doute) http://gagarine.over-blog.fr/

    Un Français dans l’espace http://un-francais-dans-l-espace.over-blog.com/

    L’homme sur la Lune http://l-homme-sur-le-lune.over-blog.com/


  • R-sistons R-sistons 16 décembre 2007 19:27

    Bonjour 4e essai, je ne sais ce qui se passe ! oui Vincent, union amour et intelligence, paix fraternelle et progrès Dans mon article sur http://r-sistons.over-blog.com, j’ai ajouté : Nous dérivons lentement mais sûrement, vers une société à deux vitesses, comme l’aiment un Bush ou un Sarkozy, où tous les services publics sont privatisés, et le secteur social démantelé. Ceux qui auront les moyens pourront s’offrir une retraite par capitalisation, l’école, l’université, des soins, tandis que les autres seront au mieux bénéficiaires de l’école jusqu’à 14 ou 16 ans, au pire seulement alphabétisés, mais aussi privés de soins, de protection sur le plan professionnel et de retraite. Délicieuse société ! Et que dire du sort réservé aux animaux ? Le degré de civilisation se juge aussi à la manière dont on les traite. Un cochon qui passe sa vie enfermé dans un m2, ou des poules condamnées à se mouvoir à la lumière artificielle dans un espace si réduit que certaines sont écrasées par leurs congénères, simples objets de profit, poules aux oeufs d’or, quelle honte ! Mon tableau préféré, chez moi, représente le poulailler de mes parents : on y voit les poules en liberté, dans un espace préservé et non réservé - concentrationnaire !

    je suis nostalgique d’une société où les enfants jouent à la marelle, au ballon, pas scotchés devant TV ou jeux horribles ou Internet, où les maîtresses peuvent être sévères pour leur bien, où les familles cohabitent toutes générations confondues, où les poules vivent libres, pas sacrifiées à l’intérêt de quelques-uns, bref d’ une société humaine où l’individu n’est pas sacrifié, j’aime Bayrou, pas le libéralisme inique amicalement, débattez bien entre vous Eva Merci de débattre fraternellement, en exposant chacun votre point de vue dans le respect de l’autre comme vous le faites


  • chabou (---.---.229.103) 2 janvier 2008 17:35

    bien d’accord avec toi, monstrueux pas d’autre mot, peut etre les electro chocs successifs seront salvateurs


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