lundi 2 décembre 2019 - par Alain Roumestand

Victor Meutelet comédien, le « Victor » du « Bazar de la Charité » sur TF1 : interview

Si l'on saisit le nom de Victor Meutelet sur les moteurs de recherches on apprend : Victor Meutelet comédien de 22 ans, études d'économie et études cinématographiques à l'université Paris Diderot. Un film sous la direction de Claude Lelouch "Salaud on t'aime" avec Johnny Hallyday et Sandrine Bonnaire, un autre film de Lola Doillon "Le voyage de Fanny". Des séries télé "Section de recherches", "Joséphine ange gardien", "Les innocents", "Alex Hugo", et il est l'un des personnages principaux du "Bazar de la charité" qui cartonne actuellement sur TF1. Bientôt aux côtés de Daniel Auteuil pour la série "Le mensonge".

A.R. :" Victor Meutelet, quid de vos études commencées en Eure-et Loir" ?

Victor Meutelet :" Mes études ont commencé à Mainvilliers et à Chartres jusqu'à mon bac ; ensuite une fac de cinéma à l'université Paris Diderot. J'aimais bien ; mes études me plaisaient et en plus j'étais libre de partir en tournage. J'avais des potes qui m'envoyaient par mails les leçons du jour et j'apprenais tous les soirs, en quittant le plateau de tournage. J'ai fait cela jusqu'à ma licence en 3 ans et en parallèle de cette licence de cinéma, j'avais commencé une licence d'économie et gestion que je poursuis actuellement. Celle-là, je l'ai faite à distance parce que cela commençait à être un peu compliqué avec les tournages et d'ailleurs je suis toujours dedans, parce que l'an dernier j'étais en tournage au moment des examens. Et là j'avoue que le mois de janvier je suis encore en tournage et c'est encore la période des examens et je ne sais pas comment je vais m'en sortir. J'essaie de ne pas lâcher et dès que je peux passer les examens, je les passe."

A.R. :"Cinéma et gestion, le rapport ?"

Victor Meutelet :"Quand on prend les 2 cursus c'est vrai qu'il n'y a pas trop de rapport. Un truc très artistique avec de l'analyse de films, de l'histoire du cinéma et en économie- gestion des cours très théoriques, macro-économie, micro-économie et puis les cours qui me plaisent le plus, économie internationale, économie d'entreprise. Mais il y a moyen de les lier : il suffit de discuter avec un producteur de cinéma qui sait lier ces 2 mondes. Et moi aussi cela m'intéresse."

A.R. :" Dans le cinéma il y a énormément de métiers. C'est la comédie qui vous intéresse le plus ou vous auriez envie d'entrer dans d'autres activités cinématographiques ?"

Victor Meutelet :"La comédie m'intéresse beaucoup. C'était la plus accessible d'une certaine manière quand j'ai commencé à 15 ans. J'en avais envie et après, en étant sur les plateaux, en découvrant tous les métiers, en discutant avec les techniciens, mais aussi les producteurs, les régisseurs, je me suis rendu compte qu'il y avait d'autres choses qui m'intéressaient, comme la production, amorcer des projets, chercher des réalisateurs, des scénaristes, la réunion d'une équipe pour mener finalement un scénario, 100 pages abstraites, 100 pages reliées, pour faire un film de 2 heures. Et du coup la production çà me titille un peu aussi."

A.R. :"Le cinéma mais aussi la publicité, d'où vous est venu ce goût ? Avez- vous dans votre famille des personnes qui ont une fibre artistique qui vous a amené à partir dans cette direction là ?"

Victor Meutelet :" Mes soeurs sont , danseuse, pianiste, ma mère peint. La fibre artistique était présente. J'avoue que j'ai pris plus la fibre sportive du côté de mon père au début, en faisant beaucoup de triathlon ; il m'a donné le goût de ce sport là. Au début j'étais vraiment branché sport. Finalement ma mère a vu une annonce pour une pub sur internet ; ils cherchaient des petits blondinets de 12-13 ans ; elle m'a demandé si cela m'intéressait ; j'ai dit "oui, pourquoi pas, cela peut faire une expérience !" Pour cette pub là, cela n'a pas marché, mais j'avais trouvé l'exercice du casting assez sympa ; donc j'en ai passé plusieurs jusqu'à ce que cela prenne. Et après je n'ai pas lâché le sport et je menais les 2 en parallèle."

A.R. : "Vous avez pu, quand je vois votre filmographie, utiliser vos capacités sportives dans un certain nombre de films ?"

Victor Meutelet :" C'est vrai que j'aime bien quand il y a des rôles un peu physique, des scènes où l'on peut jouer avec son corps. Dans 'Les innocents" le personnage faisait du VTT. Je ne vais pas mentir, il y avait aussi une doublure, ancien champion du monde de VTT trial, à un autre niveau que moi. Mais dès que je pouvais faire de belles descentes en VTT, j'essayais de négocier pour pouvoir le faire. Je dis "négocier" parce que les producteurs et surtout les assureurs ne sont pas toujours très friands des cascades pour les acteurs."

A.R. :" Le cinéma et la télévision, comment se sont agencées les 2 activités, car vous donnez dans les 2. Téléfilms, séries, films, comment arrivez-vous à gérer la totalité des propositions qui vous sont faites ?"

Victor Meutelet :" Au début, au tout début, c'était "Salaud on t'aime" de Claude Lelouch à 15 ans. A ce moment-là pour être tout à fait honnête, je ne gérais pas, je ne choisissais pas, j'allais là où on voulait bien de moi, parce que, quand on commence, c'est compliqué d'avoir des projets. Donc je passais des castings pour un peu tout, que ce soit la télé, le cinéma. Dès que le projet me plaisait, j'y allais, je ne faisais pas forcément attention. Séries, téléfilms, films, si le réalisateur a quelque chose d'intéressant à dire et que moi, je lui conviens, c'est avec plaisir que je bosse avec lui. Donc au début je prenais un peu tout comme cela. C'est vrai que maintenant j'ai la chance de pouvoir sélectionner un peu plus et je vais sur les projets qui me plaisent. Si c'est du cinéma tant mieux, si c'est de la télé tant mieux. Et après il y a des périodes où il faut faire des choix ; certains projets arrivent en même temps. Mais j'essaie, dès qu'un projet me plait, de le faire quoiqu'il arrive."

A.R. :" Quant à vos rôles, vous avez des lignes directrices pour les choisir ? Parce que, ce qui est étonnant dans votre filmographie, c'est que vous avez des rôles extrêmement différents les uns des autres. On ne vous retrouve jamais à l'identique du film précédent. A chaque fois on a un Victor Meutelet différent."

Victor Meutelet :" C'est çà qui me plait : ne pas faire plusieurs fois la même chose. Surtout que sur des séries, le tournage peut prendre 4 mois. On a le temps de connaitre son personnage, de le travailler pendant un moment. Je n'ai pas forcément envie de retrouver un personnage équivalent à celui que j'ai incarné pendant 4 mois. Au début, c'était un hasard : dans la période pendant laquelle je prenais les films qu'on me proposait,j'ai eu la chance de tomber sur des rôles différents. Tant mieux, parce que ce n'était pas moi qui choisissait J'avoue que si on m'avait proposé le même rôle que le film d'avant, je l'aurais fait. Maintenant c'est un choix plus délibéré. Récemment par exemple, on m'a proposé un casting pour un rôle qui ressemblait à un rôle que j'avais déjà fait. J'ai trouvé que ce n'était pas vraiment intéressant de partir là-dessus. Mais partir sur un projet différent c'est plus sympa."

A.R. :" Vous avez une palette de jeux très vaste et à chaque fois on vous découvre de manière différente.Vous avez tourné avec beaucoup de comédiens, de réalisateurs. Votre rapport avec les autres jeunes comédiens, jeunes femmes et jeunes hommes qui essaient de faire leur place, comment cela se passe avec eux ? "

Victor Meutelet :" Il y a une concurrence, parce que c'est un milieu où il y a beaucoup de candidats, sans forcément beaucoup de places. On sait très bien qu'on va se retrouver en concurrence sur certains projets. Par exemple Jules Houplain qui est un très bon ami à moi, qui jouait dans "Les innocents" avec moi. On était trop content de tourner ensemble. Mais maintenant on sait, dès qu'il y a un casting, je l'appelle pour lui dire "tu passes à quelle heure ; à 16 heures ok, moi à 14 heures".On est en concurrence dans presque tous les castings et les acteurs avec lesquels je tourne, généralement on s'entend très bien. Après il y a beaucoup de jeunes, je les connais juste de nom, parce que je sais qu'ils ont fait tel ou tel film. Je sais que je suis en concurrence avec certains, mais cela fait partie du job. C'est la même concurrence qu'il pouvait avoir quand je faisais du triathlon. On est sur la même ligne de départ,que le meilleur gagne ! A nous de rendre cette concurrence viable et que cela soit sain."

A.R. : "Vous parlez de castings, comment se passent les castings, comment vous les préparez et de la même manière comment vous préparez vos rôles ?"

Victor Meutelet :" Pour les castings, tout dépend du projet. La forme la plus classique : on reçoit un mail avec 1 ou 2 scènes à préparer, en général une semaine avant le casting. Et une fois au casting on discute avec la directrice de casting ; le réalisateur est rarement là lors des premiers tours.Quand on rencontre le réalisateur c'est souvent dans ce que l'on appelle le "call back", au 2 ème ou 3ème tour, quand l'étau se resserre. Quand on discute avec la directrice de casting, elle explique sa vision du rôle ; après on essaie de s'adapter, c'est vrai que c'est un exercice pas facile. On sait pourquoi on est là, on a 10 minutes, un quart d'heure, parfois un peu plus, pour faire ses preuves. On sait qu'il y en a 30 qui sont passés avant nous, 50 qui passeront après. On est un peu noyé dans la masse et le but du jeu c'est de ne pas prendre cela trop à coeur. Parce que, si on mise tout sur tel casting, c'est tellement compliqué, parce qu'on ne les décroche pas tous. Il faut prendre un minimum de recul. C'est vrai qu'au début j'étais très investi dans les castings que je faisais.Quelquefois cela pouvait me miner de ne pas avoir tel ou tel rôle. Maintenant si je l'ai, tant mieux ; si je ne l'ai pas tant pis, ce sera pour la prochaine fois. Cela ne va pas me perturber plus que cela."

A.R. :" Les rôles vous les travaillez comment ?"

Victor Meutelet :" Cela dépend. Sur certains films le scénario nous arrive très tard. Pour "Le bazar de la charité", par exemple, j'avais les 4 premiers épisodes très tôt, presque 3 ou 4 mois avant le tournage et finalement les 3, 4 derniers, on les a eus seulement quelques semaines avant. Donc on ne bosse pas de la même manière. Pour moi de toutes façons, c'est beaucoup de discussions avec le réalisateur ; je parle beaucoup avec lui, généralement au début du tournage, dans les premières semaines. J'ai besoin de relire beaucoup le scénario, de lire les notes que je me suis faites sur le personnage, pour essayer d'être le plus crédible , le plus cohérent possible, notamment dans les séries, parce qu'on ne tourne pas du tout dans l'ordre chronologique. Ce qui est compliqué, c'est quand le matin on tourne une scène de l'épisode 8 et après la pause déjeuner on commence à tourner la scène de l'épisode 2. Donc il faut essayer de se remémorer ce qui s'est passé avant et juste après la scène. Par contre après 3,4 semaines de tournage, je n'ai pas besoin de lire les passages du scénario, de relire mes notes. J'ai réussi à bien comprendre le personnage, je n'ai plus besoin de vérifier tout çà."

A.R. :" Dans les films à connotation historique comme "Le voyage de Fanny" ou comme "Le Bazar de la charité", vous donne-t-on des notes pour mieux comprendre la période, l'esprit du temps ?"

Victor Meutelet :" Pour "Le voyage de Fanny", j'avais longtemps parlé avec la réalisatrice. Mon personnage prenait sous son aile une bande d'une dizaine d'enfants juifs, qui devaient quitter la France occupée pour passer en zone libre et elle avait bien conceptualisé mon personnage, quelles étaient ses convictions politiques. J'avais pu lire plusieurs documents et surtout m'entretenir avec la réalisatrice. Et sur "Le bazar de la charité", je n'en avais pas forcément besoin, mais c'est vrai que c'est toujours plus intéressant de connaitre l'état du pays. Comme je joue un anarchiste, j'avais lu plusieurs documents sur les anarchistes de l'époque, c'est quelques années après l'assassinat du président Carnot."

A.R. :"Cela donne plus de dimension historique au personnage, cela l'intègre mieux dans son époque, cela évite les fautes historiques, qui ne sont pas le fait des comédiens mais des scénaristes qui sont là aussi pour respecter une certaine vérité historique."

Victor Meutelet : "On est aussi toute une équipe de film à oeuvrer dans le même sens, pour que le film soit le mieux possible. Donc il faut aussi qu'on s'investisse. Moi par exemple dans les essayages costumes, quand je ne suis pas d'accord, quand je trouve quelque chose de bien, je propose pour faire au mieux, parce que la costumière a 80 rôles à habiller ; elle ne peut pas penser à tout, même si en l'occurence Valérie Adda pour "Le bazar de la charité" a fait un travail de dingue !"

A.R. :" Dans un film il ya une équipe avec des personnalités extrêmement différentes les unes des autres. Comment se passe l'osmose, est-ce que c'est le réalisateur qui a le pouvoir de faire que l'équipe soit soudée, ou bien est-ce le comédien lui-même qui va vers les autres ?"

Victor Meutelet :" Pour moi, avec mes observations, je trouve que ce sont le réalisateur et le comédien principal qui donnent le "la" sur un tournage. Quand les 2 sont détendus et que tout se passe bien, généralement il y a une bonne ambiance pour le film. Quand le réalisateur ou le comédien principal commencent à se tendre, on sent tout de suite que l'ambiance n'est pas la même. Cela fait partie du jeu dans n'importe quel métier. A nous de faire en sorte que la tension n'impacte pas les scènes et ce qu'elles doivent être."

A.R. :" Dans le premier film que vous avez fait avec Claude Lelouch, qui a marqué les spectateurs parce que le film regroupait Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et Sandrine Bonnaire, comment avez-vous perçu ce premier réalisateur de renommée internationale."

Victor Meutelet :" Finalement, je regrette maintenant de ne pas travailler avec lui aujourd'hui. Quand j'ai tourné avec lui, c'était mon premier film. Et on me disait" Claude Lelouch", on m'aurait dit Pierre, Paul ,Jacques, c'était la même chose. Je connaissais le nom. Je l'avais peut-être vu 1 ou 2 fois à la télé, mais je ne me rendais pas compte que c'était quelqu'un qui avait eu une palme d'or, qui avait eu des oscars ; çà je n'avais pas compris. Finalement tant mieux, parce que çà m'a permis de ne pas être intimidé plus que çà, d'être naturel. Mais aujourd'hui, maintenant, j'ai une très jeune carrière ; cela fait 6 ou7 ans ; je me rends compte que sur tous les tournages que je fais, on me parle de Claude Lelouch et je me dis que je ne me suis pas rendu compte sur le moment de la chance extrême que j'avais de tourner avec lui."

A.R. :" Il dirige comment ?"

Victor Meutelet :"Il dirigeait très peu. On n'a pas le scénario, à quel moment cela se passe, est- ce que c'est avant ou après certaines scènes. Il a une idée ; il dit alors "appelez les comédiens, on va tourner" ; son assistant lui dit"mais Claude on est dimanche" ; il dit "c'est pas grave, j'ai une idée". Tout le monde est rapatrié sur le plateau, enfin... sur le plateau qui est chez lui, parce qu'on tournait dans sa maison. Il nous explique, alors, "il y a un repas, il se passe çà, il se passe çà," "Action, faites votre vie"... et c'est génial. Ou alors il a une scène qui est écrite ; il nous donne juste la scène indépendamment du scénario ; il nous demande de l'apprendre en 1/2 heure ou 1 heure et puis on la joue. Notamment j'ai appris après coup, pourquoi il m'avait fait travailler le casting comme cela. Lors du casting, j'étais arrivé ; il m'avait posé quelques questions, puis, après, il m'avait donné une scène ; il m'avait dit "tiens, on se revoit dans 1/4 d'heure". J'avais pensé "c'est bizarre de travailler une scène 1/4 d'heure avant, mais pourquoi pas".En fait, ce qu'il voulait , c'était voir si on pouvait apprendre une scène rapidement, parce que c'est comme cela qu'il travaille. Il n'avait pas envie de se retrouver avec des comédiens qui ont besoin de beaucoup de temps de travail. On sort de sa zone de confort."

A.R. :" Premier film, également rencontre avec une star musicale, Johnny Hallyday. Quelles ont été les relations avec lui ?" De temps à autre on apprend que des artistes fort connus sont imbuvables sur les tournages."

Victor Meutelet :" Ce qui n'est pas du tout le cas de Johnny Hallyday. Je me souviens bien ; il est venu, je crois que cela faisait 1 semaine ou 2 que l'on avait commencé le tournage, et il n'avait pas encore commencé, alors qu'il avait le rôle principal. C'est rare qu'un rôle principal arrive si tard dans le tournage, mais je me rappelle bien la première fois que je l'ai vu. Et même si je n'avais jamais rencontré de star avant, j'avais un peu cet a-priori ; je me disais" il a peu de temps pour moi, on ne va pas pouvoir discuter". Et puis finalement, après un mois à se côtoyer sur le plateau, où finalement on est maxi 30 personnes, il y a forcément des moments où l'on discute. J'ai pu bien discuter avec lui et là aussi, je ne me rendais pas forcément compte de la chance que j'avais. C'est vraiment une belle personne."

A.R. :"Parmi les comédiens que vous avez rencontrés quels sont ceux qui vous ont le plus marqué ?"

Victor Meutelet :" En ce moment je tourne avec Daniel Auteuil. On a terminé une série qui s'appelle "Le mensonge" sur l'affaire Iacono. Lui il joue Christian Iacono. Et c'est pareil, un monstre sacré du cinéma français, un honneur de pouvoir bosser avec lui et l'observer sur un plateau. Dans un autre style, mais tout aussi bon comédien, j'avais tourné avec José Garcia dans une comédie qui s'appelait "Tout schuss". Et avec lui c'était difficile de tourner, mais pas pour les raisons que l'on peut imaginer. Tout simplement parce que, lui, il a envie de faire rire la personne en face de lui.Il est comme çà, qu'on tourne ou qu'on ne tourne pas, il veut te faire marrer. En l'occurrence il y avait une scène qui avait été très compliquée à tourner, parce que ,moi, je partais en fou rire, lors de la première prise, de la deuxième prise, de la troisième prise. José Garcia arrivait à être impassible. Au début c'est rigolo, les fous-rires, sur un tournage, mais au bout d'un moment, çà freine. Quand tu fais attendre une équipe de 40 personnes qui n'a qu'une envie c'est de rentrer à l'hôtel pour aller dormir, parce qu'ils sont morts, en fait on ne profite même pas de son fou-rire."

A.R. :" Et parmi les comédiennes, y-a-t-il eu des comédiennes qui vous ont particulièrement surpris dans leur jeu, l'approche du travail avec vous ?"

Victor Meutelet :" Virginie Ledoyen, c'est aussi intéressant de bosser avec elle.J'avais fait le film "MILF" avec elle, grande comédienne elle aussi. Tout le monde se rend compte que les grands du cinéma sont grands pour une raison, c'est qu'ils sont bons tout le temps.On pourrait se dire "tiens il ou elle est arrivé(e) là mais cela aurait pu être le voisin ou la voisine" ; mais non ! si c'est lui ou elle c'est que c'est un bosseur, une bosseuse, c'est qu'il ou elle a du talent. Virginie Ledoyen elle en fait partie. Et même sans parler de stars qui sont à ce niveau là, j'ai tourné avec Camille Lou dans "Le bazar de la charité", étoile montante même si elle a déjà une belle carrière. Camille Lou qui est jeune, je n'ai pas de doute quant à la suite de sa carrière, j'ai confiance dans ce qui va lui arriver. "Le bazar de la charité" va lui permettre de passer de belles étapes et d'avoir de belles propositions."

A.R. : "Marthe Villalonga : j'ai lu son interview parlant de vous. Quel rapport avez-vous eu dans ce film, où vous étiez un jeune homme atteint de la mucoviscidose ?"

Victor Meutelet :" C'est un court métrage réalisé par Jérôme Roumagne :"Respire".Court métrage de fin d'études et régulièrement c'est vrai que l'on m'en propose. C'est vrai que pour celui-ci j'ai dit "oui" tout de suite, car le rôle était incroyable. Je ne savais pas à la base que Marthe Villalonga serait ma partenaire de jeu.Quand je l'ai vu j'ai été ravi.A 80 ans passés elle fait un court métrage de fin d'études ! Cela prouve encore une fois toute son humilité, car elle a une carrière incroyable. Il n'y a personne qui fait çà. Il n'y a qu'elle. Le court métrage de fin d'études, c'est impossible qu'une comédienne de son calibre accepte.Ce qu'elle me disait sur le tournage, c'est que, quand elle aimait le rôle elle disait "oui" ; quand elle n'aimait pas, elle disait "non". Si elle n'aime pas le rôle du prochain film de Guillaume Canet elle dira "non" parce que cela ne l'intéresse pas. J'espère que jamais je ne dévierai de cette voie-là, c'est de pouvoir donner la même chose quelque soit le plateau sur lequel on se trouve. Et elle, il s'avère que sur "Respire", elle redemandait des prises, elle disait "là on peut faire mieux".Elle cherchait à donner le meilleur. C'est très louable et très noble."

A.R. :"Les comédiens, à l'heure actuelle, sont tous mobilisés sur la question du harcèlement. Des comédiennes, Adèle Haenel, Lucie Lucas, s'expriment sur le harcèlement, soit dans le métier, soit en dehors du métier. Comment réagissez-vous par rapport à votre jeune carrière et aux comédiennes que vous avez pu cotoyer ?"

Victor Meutelet :"C'est vrai qu'en ce moment, on en parle beaucoup dans le cinéma, même si le problème est plus global et malheureusement ne se limite pas à ce milieu-là. Il suffit de voir le monde qui a défilé il y a quelques jours avec la marche "NousToutes". On se rend compte que toutes les femmes sont confrontées de près , de loin ,une mère, une amie, à ce type de problème.Ce qui est triste là-dedans, c'est que les circonstances sociétales font que certaines femmes mettent beaucoup de temps à parler, et donc c'est génial que des actrices, des personnalités s'expriment et font en sorte que que les femmes parlent ; c'est ce qu'il faut, c'est qu'elles parlent le plus rapidement possible. C'est très compliqué mais justement grâce à des prises de parole de Lucie Lucas, d'Adèle Haenel, j'espère que d'autres s'exprimeront et qu'on pourra éradiquer ce problème plus rapidement."

A.R. :" Dans l'actualité quels sont les domaines qui vous passionnent ?"

Victor Meutelet :"Je m'intéresse à pas mal de choses, l'actualité culturelle et notamment cinématographique évidemment. Evidemment, quoique non ! Il y a beaucoup d'acteurs qui adorent leur métier, qui font leurs films et qui ne s'intéressent pas au reste, et c'est tout à leur honneur aussi.En l'occurrence çà m'intéresse. J'aime beaucoup le sport, notamment j'aime bien la période hivernale parce qu'il y a la saison du biathlon qui reprend. Et après les sujets de société ; j'ai suivi avec beaucoup d'attention les prises de paroles de certaines actrices et surtout les réactions de ceux qui acquiescent, ceux qui ferment les yeux, ceux qui râlent de cette libération de la parole. Et puis après j'aime bien la politique. Et puis pour mes études d'économie, c'est vrai que c'est toujours intéressant de rester au fait de ce qui se passe, çà fait toujours bien dans une dissertation de montrer qu'on suit, d'être au courant des grandes affaires de ce monde !"

A.R." Votre play-list musicale montre un grand éclectisme : Saint John, Jorja Smith, Ari Lennox J. Cole, The Blaze, Kanye West, Georgio,Johnny Hallyday, Michel Berger... Johann Pachelbel. Vos lectures ?

Victor Meutelet :" En ce moment je suis en train de lire un livre de Jack Kerouac "The town and the city".C'était mon anniversaire il n'y a pas très longtemps ; j'ai de la lecture. Ma soeur m'a offert le prix Goncourt et récemment mon gros coup de coeur c'est le prix Goncourt de l'an dernier Nicolas Mathieu "Leurs enfants après eux". Je n'ai jamais lu quelque chose qui m'a autant bouleversé. Et du coup à mon anniversaire, j'ai eu son premier livre qui s'appelle "Aux animaux la guerre". Ce sont mes prochaines lectures."

A.R. :" Dans ces livres est-qu'il y aurait des personnages que vous aimeriez incarner au cinéma ou à la télévision ?"

Victor Meutelet :" Typiquement dans "Leurs enfants après eux". J'ai lu aussi "Martin Eden". J'ai adoré ce livre (de Jack London). Et je m'étais dit "jouer Martin Eden c'est incroyable !" Et finalement j'ai vu un film italien qui s'appelle "Martin Eden", adapté du livre.L 'adaptation a été très bien faite et ils n'ont pas besoin de moi pour jouer le rôle ! Il y a le comédien italien, dont j'ai oublié le nom, je suis désolé, qui l'a très bien fait."

A.R. :"C'est le type de personnage qui vous intéresse ?"

Victor Meutelet :"Là, du coup, trop tard. Il a mis la barre trop haut. Prix d'interprétation au festival de Venise ! On ne peut plus passer après cela !"

 

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Victor Meutelet au Press Club Paris



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