Vote blanc : fausse alternative au vote FN
Les députés examinent aujourd'hui 28 novembre, la proposition de loi de l'UDI pour distinguer le vote blanc du vote nul, sans toutefois demander à l'inclure dans les suffrages exprimés. Une fausse bonne idée censée faire reculer le vote FN.
- Les principaux partis politiques ne veulent pas inclure les votes blancs dans les suffrages exprimés par crainte d’invalidation des scrutins. (Photo : licence Wikimedia Commons)
L’inoffensive proposition de l’UDI examinée jeudi 28 novembre 2013 pour reconnaître les votes blancs lors des prochains scrutins va encore trop loin pour le PS. La commission des lois de l’Assemblée nationale, sous l’impulsion des socialistes majoritaires veut retarder la date d’entrée en vigueur du texte au 1er avril. Soit après les municipales du 23 et 30 mars 2014. Pourtant, la proposition de l’UDI, exclut la prise en compte des votes blancs dans les suffrages exprimés. Le but est de proposer un exutoire au électeurs du FN qui pourraient ainsi montrer leur désaccord avec les autres partis sans se compromettre dans un vote jugé sulfureux.
L’enjeu est de taille car au second tour de l’élection présidentielle de 2012, ni Hollande, ni Sarkozy, n’auraient sans doute été élus si le vote blanc avait été inclus dans les suffrages exprimés. Selon la Constitution et le code électoral, le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. En mai 2012, Hollande a obtenu 18.000.668 de voix, or, la majorité absolue, si on inclut les votes blanc et nuls, était dans ce cas de 18.508.155 voix. Il s’agit ici d’un calcul théorique en l’absence de pourcentage précis de votes blancs et de l’incertitude sur le vote réel des électeurs, s’ils avaient étés informés que le vote blanc était inclus dans les suffrages exprimés.
On comprend l’inquiétude des politiques face à un vote blanc de sanction qui bloquerait le processus électoral et ouvrirait la porte à une contestation légale des pouvoirs en place. Concrètement, la prise en compte du vote blanc dans les suffrages exprimés, revient à proposer une élection triangulaire aux électeurs avec deux candidats et le vote blanc. Une situation à risques dont ne veulent surtout pas les grands partis.
Les électeurs FN constituent un nombre important des votes blancs lors du 2ème tour de l’élection présidentielle de 2012. Mais il est vain de croire que si le vote blanc est reconnu dans les suffrages exprimés, cela permettra au brebis égarées dans un vote FN de revenir dans un vote blanc vertueux.L’analyse faite par la majorité des observateurs sur le vote FN, suppose un vote contestataire et non d’adhésion aux idées de Marine Le Pen. C’est ignorer d’une part, que les idées d’exclusion de l’étranger et la mise en cause de l’Europe trouvent un écho parmi les électeurs du FN. D’autre part, que le marketing politique du FN qui butine dans le programme du Front de Gauche, séduit des électeurs abusés par une communication habile.
Ces réactions du monde politique à la prise en compte du bulletin blanc dans les suffrages exprimés, montrent bien la difficulté de changer, ne serait-ce qu’à la marge, les conditions de la représentation démocratique en France.
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