vendredi 20 septembre 2013 - par Taverne

Y’a qu’des honnêtes gens dans l’gouvernement !

A la Belle Epoque (1895 - 1914), il y avait des chansonniers politiques dont un, Montéhus, gagnerait à être mieux connu. Certains de ses textes, s'ils étaient adaptés, pourraient tout-à-fait correspondre à l'époque actuelle. Cent ans après, on retrouve les mêmes maux : la retraite, le pouvoir d'achat, la corruption, les privilèges, les affaires...Pour ce qui est de l'imposition grandissante, Paul Lack, un autre chansonnier, s'en fait l'écho en 1910 avec "La polka des pauvres contribuables".

Montéhus se présentait comme le chansonnier du peuple. C'était un socialiste. Un vrai celui-là ! Il fut l'ami de Lénine lors de son exil en France, et chantait en première partie de ses conférences. Montéhus entonnait volontiers l'Internationale et il était pacifiste : sa chanson de 1905 "La Grève des Mères" illustre bien ses convictions :

Refuse de peupler la terre !
Arrête la fécondité !
Déclare la grève des mères !
Aux bourreaux crie ta volonté !
Défends ta chair, défends ton sang !
A bas la guerre et les tyrans !

On ne saurait être plus clair. Cette grève des mères vaudra à son auteur-interprète d'être condamné pour "incitation à l'avortement."

En 1912, le chanteur invoque l'esprit de la révolution prolétaire : "Le chant des jeunes gardes". Il croit voir monter les premiers signes de la puissance des idéaux révolutionnaires et, en 1907, soit deux ans après la mutinerie sur le cuirassé Potemkine, Montéhus rend hommage à une mutinerie bien française, celle des vignerons du Midi de la France qui s'étaient révoltés contre le vin chimique, qui leur faisait concurrence. Quand ils manifestèrent à Béziers, on voulut envoyer contre eux les soldats du 17e régiment d'infanterie de ligne. Ceux-ci, originaires de la région, étaient de proches parents des manifestants. Ils se mutinèrent. Ecouter "Gloire au dix-septième" (1907) de Montéhus.

Mais pendant la guerre 14-18, Montéhus met entre parenthèses ses idées pacifistes pour soutenir les troupes français. Il reste socialiste quand même : sa chanson "Lettre d'un socialo" en témoigne. Il ne déviera pas. Dans les années 1930, il adhère à la SFIO, et soutient Léon Blum avec sa chanson au titre évocateur : "Vas-y Léon".

Les chansons de Montéhus frappent sans complexe les élus et les élites de son époque.

On est en République ! - 1908 - (extrait) par Montéhus

Enfin, ça y est ! On est en République !
Tout marche bien, tout le monde est content !
Les députés, ça c'est magnifique !
Ne gagnent plus que quinze mille francs par an
Aussi on peut augmenter les salaires
Des cantonniers et des pauvres facteurs :
Cinquante sous par jour, j'crois qu'ça peut leur plaire ;

La chanson évoque les retraites ouvrières dont les premières lois furent votées en 1910. Elle dénonce un mal de la république : ses élus se servent les premiers et défendent leurs privilèges au détriment du peuple. On le voit encore aujourd'hui avec les députés qui refusent de justifier l'usage très personnel qu'ils font de l'indemnité spéciale qu'ils perçoivent, et avec ces sénateurs qui ne cèdent pas sur le cumul des mandats pour ce qui les concerne.

D'autres sujets sont évoqués dans la chanson : la peine de mort (le 4ème couplet évoque la "machine Deibler" qui désignait alors familièrement la guillotine). Quant au nom de Mme Steinheil, il est associé à un scandale politique : elle fut la maîtresse du président Félix Faure et c'est avec elle qu'il mourut en 1899 au cours d'un de leurs rendez-vous ! Cette histoire est loin d'être anodine ; elle fit le lit du nationalisme. Le député nationaliste Paul Déroulède, auteur de la chanson "Le clairon", tenta de faire marcher la troupe contre l'Elysée, là où le président Félix Faure avait été retrouvé mort dans les bras d'une femme.

Texte intégral / Ecouter sur YouTube la version récente de Marc Robine.

Y' qu'des honnêtes gens dans l'gouvernement - 1910 - (extrait), par Montéhus

Y' qu'des honnêtes gens dans l'gouvernement
Ah vraiment c'qu'on d'la veine en France
Aussi l'travailleur est très content
Voyez donc les r'traites qu'on vient d'voter
Trente sous par jour, quelle fraternité
Et 5000 pour les anciens députés
Y' qu'des honnêtes gens dans l'gouvernement !

Y' qu'des honnêtes gens dans l'gouvernement
Ah vraiment c'qu'on d'la veine en France
Y' qu'des honnêtes gens dans l'gouvernement
Ici tout se fait très loyalement
Voyez donc pour les élections
Jamais de vol, jamais de corruption
Il n'y a qu'les urnes qui sont à double fond
Y' qu'des honnêtes gens dans l'gouvernement !

Texte intégral / Ecouter sur YouTube la version originale de Montéhus.

Avec "Les mains blanches", Montéhus va plus loin (peut-être trop loin ?) en fustigeant tous ceux qui ne se salissent pas les mains par le travail. "Les mains blanches : écouter sur YouTube la version moderne par Marc Ogeret.

La polka des pauvres contribuables par Paul Lack

Pauvre con, pauvr'contribuable
Taillables et corvéables
Nous courbons le dos
Sous les impôts
C'est cu c'est curieux sans cesse
Nous gueulons qu'on nous oppresse
Pour changer quoiqu' pas content
Nous lâchons not' pez tout l'temps

Texte (presque) intégral / Ecouter sur MusicMe la version originale de Paul Lack.

D'autres chansons politiques émaillèrent cette période dite de la "Belle Epoque", coincée entre la Grande Dépression et la Grande guerre. On voit naître des chansons nationalistes comme "Le fils de l'Allemand" ou "La terre nationale" en 1909, de Théodore Botrel qui l'aurait composée en réponse à l'Internationale. Le nationalisme est renforcé par la question de la revanche et de l'Alsace-Lorraine. Eugène Pottier continue de croire en la Commune : "Elle n'est pas morte" (1898). Jules Jouy, défend toujours le petit peuple avec sa rage coutumière : "Filles d'Ouvriers" est composée en 1898. Il reste encore quelques anarchistes : "Le Triomphe de l'Anarchie", 1901, de Charles d'Avray. Mais aucun auteur ne décrit avec autant de justesse et avec autant d'humour la vie politique de son temps que Montéhus, le chansonnier du peuple.

 

 



30 réactions


  • Gasty Gasty 20 septembre 2013 09:21

    Merci Taverne pour ces personnages et périodes quelques peu oublié.

    Dans 100 ans, quel acteur ou auteur engagé pourrait sortir du lot ?

    Balasko, Anémone, lalanne, Renaud....


    • Kern Kern 20 septembre 2013 09:57

      @ Gasty


      Renaud ?

      Auteur engagé ?

      Là , j’ai mon paquet pour la journée  smiley  smiley  smiley  smiley

      Amusez-vous bien

      A +   smiley

    • LE CHAT LE CHAT 20 septembre 2013 11:03

      salut Gasty ,

      Trust , avec bosser 8 heures , comme un damné , préfabriqué ça c’est de l’engagement !


    • Kern Kern 20 septembre 2013 11:49

      Bonjour Mr Escartefigue 


      Comment va si bon matin ?

      J’viens d’aller faire mes courses : moins j’en met dans le caddy : plus c’est cher

      Comment vous expliquez ça cher Cap’taine ?

      C’est l’effet Porcinet ?

      Dans 100 ans de quelles saloperies de gauche , d’aujourd’hui , ils se rappelleront ?

      Le gros Flamby est déjà oublié ; qui se rappelle encore de Mitterrand ?

      Dans les poubelles de l’Histoire à mettre ces pourris là



    • Kern Kern 20 septembre 2013 12:03

      Par contre du regretté Coluche (dont personne n’a parlé)


      Lui ; on est pas prêts de l’oublier

      Faut dire que c’était un bon

      Aujourd’hui il aurait tellement à dire

      L’en aurait pris plein leurs tronches le Teinté et ses bras cassés

      Aujourd’hui faut fuir les Dahan, Alévéque, fils Bedos ..ect.. : aussi ringards que ceux qu’ils soutiennent 

    • Kern Kern 20 septembre 2013 12:53

      Cap’taine


      J’viens de faire un réfléchissement ( tout arrive)

      Je sais pourquoi Flamby est en train de virer obèse

      C’est de la faute à Fauchon

      A Tulles il n’y a pas de magasin Fauchon, à Paris oui

      Parait que depuis que Gras du bide est aux manettes : le chiffre de d’affaire de Fauchon a fait un bond de 20 % ... !!!!!

      Au magasin de la place de la Bourse : on y voit des queues de socialistes aux z’ affaires

      Ils savent pas qu’ils peuvent se faire livrer ces cons là

      C’que c’est d’être un nouveau riche 

      Pas sympa de la part de Sarko : il aurait pu le dire avant de partir

  • Buddha 20 septembre 2013 09:49

    dieudonné.................


  • Buddha 20 septembre 2013 09:50

    coluche................


  • devphil30 devphil30 20 septembre 2013 10:10

    Merci pour cette découverte de personnes oubliées ou peu connues.


    Je vois que rien n’a changé au niveau des comportements humains depuis 100 ans et même plus mais cela n’est pas étonnant ...

    On peux juste essayer d’arranger et donner plus de justice

    Philippe 

    • Taverne Taverne 20 septembre 2013 10:20

      Les comportements humains des politiques n’ont pas changé, en effet : l’affaire DSK rappelle le scandale du président Félix Faure. Scandale que nous aurions sans aucun doute vécu à nouveau (en multiplié !) avec DSK comme président. Les élus roulent pour les lobbys et ceux avec lesquels ils travaillent dans le cadre du cumul de leurs mandats et activités diverses. Quant à la malhonnêteté, l’affaire Cahuzac est là pour nous la rappeler.

      D’une façon générale, le gouvernement et le président font preuve de malhonnêteté en ne disant jamais que la part de vérité qui les arrange. Par exemple, il n’y aura aucune « pause fiscale », aucun « choc de compétitivité, aucune »économie structurelle". La loi sur la retraite et une non réforme (maintien des avantages spéciaux et grignotage supplémentaire des droits de l’ensemble des assurés). Tous ces mensonges montrent qu’ils prennent encore les gens pour des cons.


  • Taverne Taverne 20 septembre 2013 10:12

    En cent ans, la répartition de patrimoines en France n’a pas changé. C’est ce que j’ai entendu au JT l’autre jour. Sur la même période, les revenus se sont améliorés et ont été redistribués grâce aux retraites (qu’évoque Montéhus dans « On est en république »), au salaire minimum, à la Sécurité sociale, aux lois de 1975 et de 2005 pour les handicapés, aux minimas sociaux, etc.

    Mais la répartition du patrimoine est encore plus inégalitaire qu’avant. Il est nécessaire de remédier à cette situation qui perdure et qui reproduit les injustices. C’est pourquoi j’avais émis sur ce site, un jour dans un commentaire, l’idée d’un capital disponible à tout citoyen à l’âge de sa majorité. Ce capital serait utilisé d’une façon efficiente. Il peut permettre à un jeune de quartier difficile de quitter son ghetto pour un appartement ailleurs et pour se payer le permis afin de trouver un emploi. Cela peut servir à créer une PME, à financer un plan-logement pour d’autres. Ainsi on fera en sorte qu’il y ait moins de gens endettés tout au long de leur existence, moins de personnes âgées tributaires d’un loyer jusqu’à leur mort. Moins d’assistés et plus de citoyens en capacité de créer de la richesse tout en s’épanouissant. Je vous dis pas comme mon commentaire avait été enseveli sous les votes négatifs. Pourtant cette étude récente sur le patrimoine en France ne fait que confirmer les inégalités persistantes et l’inanité du marché régulateur et des réformes de l’Etat pour y remédier.


    • Taverne Taverne 20 septembre 2013 10:54

      Ah ben non, l’utilisation devrait être « efficiente », ce qui suppose un peu de contrôle. Cela réduirait aussi l’économie souterraine...


    • Salade75 20 septembre 2013 13:26

      Bonjour,
      Et pour financer celà, suppression de l’héritage !
      Le fric qu’on gagne, on le dépense ou on le redonne à la communauté.
      Les enfants en auront bénéficié tant qu’on est là, cela suffit bien comme inégalité.

      Votre idée est intéressante.


    • Taverne Taverne 20 septembre 2013 13:50

      « suppression de l’héritage ! » Houla ! Non, moi, je n’irais pas jusque là. La taxation des donations et successions (sauf moyens productifs) suffirait. De façon graduelle selon la grosseur du patrimoine transféré.


    • Taverne Taverne 20 septembre 2013 13:52

      Enfin, quand je dis « sauf moyens productifs », je ne parle pas des très gros comme Bettencourt et autres grandes fortunes qui devraient contribuer au patrimoine commun. Le gros capital dormant serait taxé aussi.


    • Salade75 23 septembre 2013 14:23

      Et bien je trouve cela dommage.
      L’héritage est une des causes majeures de l’inertie sociale en Europe.
      La suppression de l’héritage permettrait de casser la spirale du toujours plus riche / pauvre.


  • Buddha 20 septembre 2013 10:55

    il y a des gens qui travaillent ensemble...ceci est ce qui a permis de survivre, car personnellement à tort ou a raison je n’appelle pas cela vivre....l’appât du gain, le vol de ce travail collectif vient seulement après que des choses aient été fabriqué.

    arrive en premier le collectif, ou tout le monde participe d’une maniére au collectif de survie...on aurait du en rester là pour ce qui est besoin vitaux..c’était sans compter sur certains qui ne veulent pas du tout participer au collectif mais veulent en retirer tous les bénéfices.. ils s’auto proclament comme de droit divin et donc devant avoir plus quand ce n’est pas tout si possible comme dans l’esclavage..l’esclavage est une des formes de la société marchande de profit......de notre société...

    Ou alors on décide que le collectif est mauvais et dans ce cas alors organisons réellement le chacun pour soi uniquement, ce qui a très court terme amène la disparition des humains...ce qui à l’échelle de l’univer serait probablement ni un événement, ni un non événement....

    Le seul travail du voleur du collectif est de faire croire à sa victime que sans lui le voleur, les autres ne survivrait pas,ce qui est totalement faux....car c’est exactement le contraire, les humains ont la fâcheuse tendance a bien s’organiser des qu’il n’y a pas un chef mais un collectif soudé.......le même principe d’inversion « shatanique »

    le collectif partageur est totalement incontournable..point barre...


    • Taverne Taverne 20 septembre 2013 15:11

      C’est bien vrai Achéron. Qui l’eut cru que l’vieux Montéhus allait faire un carton ? Comme on dit, c’est dans les vieux pots qu’on fait la bonne soupe. smiley


  • alinea Alinea 20 septembre 2013 13:16

    Taverne :
    C’est peut-être aussi pour ça que c’était mieux avant ! On se lasse au bout d’un siècle, ou deux, de vivre les mêmes choses ! de subir les mêmes pouvoirs ! d’assister aux mêmes spectacles... !!
    très bien votre série sur les chansons du temps passé ; beaucoup de choses inutiles ont été faites depuis !


  • Vipère Vipère 20 septembre 2013 13:17

    Bonjour à tous

    Un révolutionnaire, ce Gaston, très décomplexé de prendre résolument le parti des ouvriers.
     
     Aujourd’hui, on a Mélenchon qui a repris le flambeau, le créneau était vacant. A son actif quelques beaux succès : « prenez le pouvoir », « le capitaine du pédalo » , « la retraite pour tous » !

    On imaginerait pas un chanteur contemporain écrire sur l’insuffisance du salaire minimum et plaider pour une augmentation de salaire des moins nantis.

    Mais, au fait qu’est-ce qui a changé pour la classe populaire depuis 1910 ? Rien, on leur raconte toujours les mêmes salades, d’élection en élection, les seuls qui tirent les marrons du feu, sont les élus ! smiley


  • Kern Kern 20 septembre 2013 13:37

    @ Vipère


    Faut reconnaitre qu’avec ses « Prenez le pouvoir » et son « La retraite pour tous » il a fait fort Mélenchon

    On sent la bête politique , que dis-je ? le Guide en devenir

    La relève est là

    Sacrée Vipère ; vous me faites bien rire smiley  smiley  smiley

    • Vipère Vipère 20 septembre 2013 13:41

      Kern

      Vous n’avez pas remarqué que c’était du second degré  ?

      Faire rire était précisément l’objectif ! mais dommage que cela a été à l’insu de votre plein gré. smiley


  • Yohan Yohan 20 septembre 2013 13:50
    - Le capitaine du pédalo ho ho ho
    - loua fort cher son équipage ah ah ahage
    - confondant mousse et matelot ho ho ho
    - s’en débarassa vit’ de sitôt ho ho ho

    - Le capitaine du pédalo ho ho ho
    - tira des bords dans tous les coins hein hein hein
    - ne sachant plus où il allait hai hai hai
    -Tant et si bien qu’il se noya ha ha ha





  • Yohan Yohan 20 septembre 2013 13:52

    Tarverne n’a plus qu’à nous mettre ça en musique et hop...sur Jamendo ho ho ho smiley


  • foufouille foufouille 20 septembre 2013 14:04

    ce serait pas mal des reprises dans le style de trust
    la ploutocratie a toujours exister, même a son époque


  • bakerstreet bakerstreet 20 septembre 2013 15:27

    Intéressant, taverne


    Ca me rapp
    elle les paroles de Trenet, dans la Java du diable
    Extrait : 

    ......« Vers la fin du mois de décembre
    Un député pris de court
    A la tribune de la Chambre
    Dit dans son discours
     »Un, deux, trois, quatre,
    Un, deux, trois, quatre,
    C’est mon programme est-ce qu’il vous plaît ?« 
    A coup de fusil on dut l’abattre
    Il expira au deuxième couplet

    La salle Pleyel n’écoutait plus
    Des grands concerts, un seul lui plut
    Celui où le chef d’orchestre mêla
    Sebastien Bach et la java
    Ronde folle, ronde folle
    Brusquement un grand acteur
    Au beau milieu de son rôle
    Trahit son auteur...
     »Un, deux, trois, quatre« 
    Ah quelle pagaille dans le théâtre
    Les spectateurs montèrent sur scène
    L’oeil en fureur et le geste obscène

    Au-delà des mers ce fut bien pire
    Le mal gagna, c’est trop affreux
    Il lui fallait pour son empire
    Jusqu’au pôle Nord et la Terre du Feu
    Mais le plus terrible ravage
    Fut dans le monde des banquiers
    Où la grande java sauvage
    Fit des victimes par milliers
     »Un, deux, trois, quatre
    Un, deux, trois, quatre"
    Hurlaient New York et Chicago
    L’or se vendit au prix du plâtre
    Et le cigare au prix du mégot

    Puis un jour tout devint tranquille
    On n’entendit plus de java
    Dans les champs et dans les villes
    Savez-vous pourquoi ?
    Parce que le Diable s’aperçut
    Qu’il ne touchait pas de droits d’auteur
    Tout ça c’était de l’argent de foutu
    Puisqu’il n’était même pas éditeur
    Tout ça c’était de l’argent de foutu
    Puisqu’il n’était même pas éditeur


  • baldis30 20 septembre 2013 22:32

    retrouver le patrimoine , et surtout celui-ci est un devoir mais ce patrimoine est génant pour ceux qui doivent en financer l’exhumation .

    le grand moment des chansonniers cités fut tout de même précédé de comportements musicaux importants dans le domaine de la contestation et l’expression . Un p)remier exemple est celui direct des couplets de Clairette dans « La fille de madame Angot » ( Ch. Lecoq) typiquement de la 3éme république

    Jadis les rois race proscrite
    Enrichissaient leurs partisans,
    ils avaient maintes favorites,
    cent flatteurs, milles courtisans,
    Barras est roi, Lange est sa reine,
    c’était pas la peine, c’était pas la peine
    non pas la peine assurément
    De changer de gouvernement.

    Sous Napoléon III, la forme est celle d’Offenbach, et des mises en scène intelligemment actualisées ( ce qui n’est pas toujours le cas) donnent des résultats époustouflants comme l’Orphée aux enfers mis en scène à Montpellier il y a cinq ou six ans . Et pour le cas d’Offendach bien d’autres opérettes sont des satires de meours ou de politique qui n’ont pas besoin de grandes transpositions.

    Dans « la belle Hélène » ménélas ne déclare-t-il pas « que l’on sacrifie 100 boeufs blancs et mon peuple paiera », sans oublier les couplets d’Oreste au premier acte « c’est la Grèce qui paiera »..... Scabreux n’est-ce pas ......

    On comprend bien pourquoi une ministre déclara à quelqu’un qui voulait reconstruire un théâtre « un théâtre, mais la perte de la moralité de nos enfants ».....

    ..............Et surtout la perte de crédibilité des ministres.... alors qu’un sénateur italien à vie s’intéressait à la chose ...... 

     En Italie aussi l’actualisation par une mise en scène INTELLIGENTE porte ses fruits, il faut avoir vu « Les vêpres siciliennes » à Turin pour célébrer le Risorgimento pour bien le comprendre : on déplace l’action du palais du gouverneur de Palerme au tribunal de la même ville. Il en résulta une satire antiberlussolinienne exceptionnelle plus qu’appréciée par le public.

    il y a peu de chance que le pouvoir , quel qu’il soit , favorise la reprise de trop d’oeuvres du XIXème siècle marquées par un sceau contestataire évident et surtout permanent : Carmen leur va très bien, Mireille est bien plus difficile à avaler, Fidélio oulalalalala ! , et Tosca ou Butterfly ( dans ce cas pas la peine de transposer : le symbole contestataire anti-raciste est bien dans le nom du bateau qui ramène Pinkerton ..... Abraham Lincoln ....)

    on peut encore tolèrer les chansonniers mais le théâtre ..... orresco referens






  • subliminette subliminette 21 septembre 2013 08:32

    Taverne, vous avez oublié « C’était pas la peine, c’était pas la peine c’était pas la peine assurément de changer de gouvernement ». Perso je la chantonne depuis un an et demi !

    (sauf erreur de ma part c’est dans "La Fille de Mme Angot)


    • Taverne Taverne 21 septembre 2013 12:32

      « C’était pas la peine c’était pas la peine assurément de changer de gouvernement » est une chanson qui s’appelle en fait « Jadis les rois, race proscrite » et elle est tirée de l’opérette « La Fille de Madame Angot ». Mais vous avez bien fait de signaler cette excellente chanson.
      On peut l’écouter ici.

      Mais elle n’est pas de la Belle Epoque. Elle a été composée un peu avant, en 1872. Ce refrain est très actuel ! 

      C’était pas la peine c’était pas la peine assurément de changer de gouvernement  !


  • Abou Antoun Abou Antoun 22 septembre 2013 19:51

    Bonjour Taverne,
    Et merci pour cette nouvelle évocation qui une fois de plus illustre le fameux principe :
    « Plus ça change et plus c’est pareil. »
    L’histoire est un éternel recommencement.


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