Commentaire de Muadib
sur Minarets suisses : un projet de « votation » qui fait du bruit !


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Muadib 21 mai 2007 10:27

« La méthode française , fondée sur une longue histoire de domination de la religion sur l’Etat et de guerres de religions . Ses principes de base sont simples : »plus jamais ça ! « , »on peut croire ce que l’on veut à condition de ne pas troubler l’ordre public ni demander des règlements spéciaux « et enfin » lorsque les lois de la République et les réglements religieux se contredisent , ce sont les lois de la République qui s’appliquent « . »

Je ne peux que remettre en avant ce passage qui doit constituer la base de l’attitude à adopter vis-à-vis des différentes religions.

Cependant, je tiens à faire quelques nuances notamment au sujet de la distinction entre notre ami Rael, la scientologie, et les « grandes » religions monothéistes.

Il existe bien une différence entre ces deux types de « religions ». Les grandes religions monothéistes ( à l’exception de certains courants extrémistes) peuvent se « fondre » dans la laicité et les fidèles ne subissent aucune « contrainte » ou conversion forcée.

Or, la grande majorité des autres courants type Témoins de Jehova, scientologie, ect ne répondent pas à des critères de « bases » et parfois même à des contraintes légales. D’ou leur statut de « sectes ». Ou en tout cas leur dangerosité potentielle plus importante que les grandes religions.

Du point de vue factuel/scientifique, il n’existe en effet aucune raison de privilégier l’une ou l’autre religion/courant. Mais d’un point de vue légal et sociétal, la différence existe. Les abus sont nombreux dans ces pseudo-religions dont le message est parfois dangereux en lui-même. Aussi, il est nécessaire que l’arsenal législatif leur soit appliqué à tous...et force est de constater qu’en terme de rapport abus/nombresdefidèles, ces courants largements minoritaires et qualifiés de sectaires dépassent les grandes religions.

Enfin, il est nécessaire de prendre en compte le contexte historique et le passé des différentes religions. Ainsi, en Belgique, le clergé est payé par l’Etat en réparation des biens spoliés durant la révolution française. Qui ?Que ?Quoi ? Mais ca fait 200 ans ce machin là !

Hé oui...Et 200 ans d’intérêts sur des domaines grands comme les ardennes, 200 ans de récoltes dans les abbayes, 200 ans d’intérêts immobiliers sur les demeures de l’Eglise, 200 ans d’augmentation de valeurs sur les oeuvres d’arts, ect ect Je peux vous assurer que l’Etat Belge fait, et fera toujours, une bonne affaire.

Concernant le cas Suisse, l’ambiance qui s’en dégage est assez...ambigue. Il ne s’agit pas seulement d’interdire les minarets mais bien d’un réflexe de repli sur soi depuis plusieurs années. On assiste en Suisse à une véritable envie d’être entouré de Montagnes ( ce qui est presque le cas) et de fermer les portes en jetant la clé. Aussi, il y a derrière ces initiatives de la basse politique politicienne. Il n’y a aucun désir de réaffirmer des lois communes pour toutes les religions et tous les courants. On vise une religion en particulier.

Il serait plus judicieux d’établir des lois communes comme en France où l’on interdit les signes extérieurs dans les lieux publics, ect ect...

Ce n’est pas en stigmatisant et en montrant du doigt une religion que l’on règlera les problèmes. Cela ne pourra que faire naitre un sentiment d’injustice parmi cette communauté et ne participera en rien ( bien au contraire) à leur intégration.

De plus, ces référendums restent un outil à double tranchant. S’ils permettent de connaitre un peu mieux les attentes de la population, ils sont sensibles aux effets d’annonces et aux vagues sentimentales qui traversent la société. Il est donc nécessaire de garder un certain recul et un délai de réflexion politique ( Le temps d’étudier le projet de loi,de le finaliser...) avant de demander un référendum.

Le référendum n’est pas LA solution, il est un outil parmi d’autres pour gérer au mieux la cité.


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