Commentaire de Philippe Vassé
sur En Asie, les crises s'aiguisent !


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Philippe Vassé Philippe Vassé 26 juin 2007 17:04

Baobab,

Vous avez parfaitement raison sur le manque de faits venant appuyer les arguments donnés dans l’article. Les produire aurait conduit à allonger l’article de manière excessive et dommageable pour les lecteurs.

Ceci dit, les échanges via les commentaires apportés peuvent un peu pallier cette carence que vous avez justement relevée à juste titre.

Je crois que nous parlons de choses totalement différentes. Personne ne met en cause le fait même, qu’au-delà des mensonges permanents et sur tous les sujets de la dictature de Pékin, la Chine dispose de réserves monétaires de change importantes et puisse présenter au monde, toujours en « apparence », des résultats économiques spectaculaires. Ceci dit, il convient de regarder en profondeur les faits et les processus en cours afin de les comprendre mieux et les apprécier en perspective.

Le déclin accéléré de la qualité des produits chinois aboutit au fait que, de plus en plus de ces produits sont interdits de vente et/ou retirés des marchés étrangers. De fait, une méfiance générale des consommateurs se fait jour quant à la qualité déficiente ou la non-dangerosité des produits « made in China », et ce malgré les réactions indignées des autorités chinoises. Pour l’heure, le phénomène est surtout « asiatique », mais il vient de gagner les Etats-Unis récemment avec une affaire de pate de dentifrice considérée comme nuisible à la santé publique.....

A l’origine de ce déclin de la qualité des produits et donc de la perte rapide de marchés étrangers, ou du moins, de méventes importantes, la corruption généralisée qui désorganise toujours plus les entreprises tant privées que publiques, et ce à tous les échelons. Autant dire que le mal va s’aggraver, avec ses conséquences prévisibles.

Il y a d’autres aspects qui étayent plus fortement mon argumentation : en 2006, on a dénombré, et ce n’est que la partie émergée de la réalité sociale du pays, plus de 400.000 « incidents sociaux », selon le langage officiel en cours. A côté de cela, les émeutes locales, urbaines comme rurales, se multiplient (une a eu lieu à Pékin cette semaine avec des milliers de participants), la criminalité et la violence ont envahi le pays et conduisent à des assassinats croissants d’hommes d’affaires, de cadres et d’investisseurs étrangers. L’insécutité gagne partout du terrain, ce qui concourt aussi à un processus en cours de désengagement de certaines entreprises et à des annonces de « délocalisations » vers le Vietnam ou la Thaïlande.

La presse quotidienne démontre, tek un film en négatif, la perte de contrôle croissante du pouvoir et la dislocation de l’Etat à travers ses annonces de dénonciations incessantes, d’arrestations, de procès, voire d’exécutions des fameux « éléments corrompus », et ce à tous les niveaux hiérarchiques, tant la corruption est devenue un fléau national qui détruit le pays et paralyse l’Etat et son fonctionnement stabilisateur potentiel.

Le mécontentement est général dans la majorité écrasante de la population, et il est visible et palpable pour peu que l’on aille chercher les informations à la source, sur le terrain. Et malgré les diverses formes de censure....

Cette situation est aussi attestée par les mouvements « aléatoires », formule polie pour dire en forme de yoyo, de la bourse et de la monnaie chinoise, qui reflètent les incertitudes croissantes des investisseurs face à une situation de plus en plus chaotique.

Bref, tous les ingédients majeurs d’une crise de dislocation de l’Etat chinois se mettent en place alors même que les indicateurs économiques commencent à donner des signes d’alerte pour l’avenir.

Si le krach économique reste effectivement une « option », pour reprendre votre mot, la dislocation de l’Etat chinois, elle, est un processus vivant dynamique que chaque jour accélère. Et rien ne semble devoir l’arrêter...

Bien cordialement vôtre,


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