Commentaire de Philippe Vassé
sur En Asie, les crises s'aiguisent !


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Philippe Vassé Philippe Vassé 27 juin 2007 03:02

Renard Argenté,

La Chine est un pays immense, mais aucun problème « ethnique » significatif n’est détectable pour le moment.

Le cas des pays africains ou moyen-orientaux est ici sans objet. D’autant plus que l’ethnie Han est plus que quasi-majoritaire (95% de la population), ce qui exclut le risque que vous citez et la crainte que vous exprimez derrière.

La désagrégation de l’Etat chinois s’exprime de la même façon, si on peut comparer les deux situations dans deux moments historiques bien différents, que l’effondrement progressif de l’Empire entre la fin du XIXème siècle et 1911. L’Etat chinois tend littéralement vers l’explosion et il ne tient encore en un seul morceau que par une répression impitoyable quotidienne contre les tendances qui le morcellent, répression qui ne peut durer bien longtemps tant les forces dislocatrices à l’oeuvre sont puissantes et sans cesse plus fortes.

Le Parti unique est lui-même totalement disloqué comme tel. Ce n’est plus, pour reprendre une image parlante, qu’un Conseil d’Administration de la corruption, qui tend plus ou moins à éviter que ce fléau porté par lui ne tarisse la source collective d’enrichissement indû. Le Parti reste uni, en apparence, par le seul « ciment » très friable de la corruption massive et parce que que le pouvoir central dictatorial qu’il soutient est le garant de cette corruption générale à tous les niveaux.

L’affaire du « dentifrice » dangereux a exprimé ce rôle « arbitral » du pouvoir central, comme la loi sur les medias et les informations avec son texte de compromis manifeste entre factions opposées.

L’Etat chinois affaibli et impuissant ne peut plus qu’agir ponctuellement et seulement sur tel ou tel plan tant il est incapable dorénavant de jouer son rôle d’Etat pleinement et de façon pérenne.

En résumé, pour répondre à votre interrogation fort légitime, l’explosion de l’Etat chinois risque bien de produire une situation « balkanique » où le pays éclaterait en zones livrées à de véritables maffias régionales issues du Parti et de l’Etat disloqués, des sortes de « Seigneurs de la Guerre », mais économique plus que militaire.

C’est là la pire des hypothèses, la meilleure étant un processus de dislocation -reconstruction de l’Etat autour de forces politiques nouvelles implantées au niveau de tout le pays.

Mais, justement, la répression féroce contre les forces démocratiques tend, entre autres buts, à empêcher physiquement cette solution de paix et de stabilité futures pour le pays. Dans ce sens, le refus externe de soutenir avec détermination une opposition politique unifiée au plan national met en péril l’avenir de la Chine, et donc de son économie.

Bien cordialement vôtre,


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