Commentaire de Voltaire
sur Les raisons du soutien des pays africains à Mugabe au Zimbabwe


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Voltaire Voltaire 23 août 2007 09:57

@l’auteur, quelques rappels factuels (basés sur des éléments Wikipedias et des articles du Monde, mais il est aisé de trouver d’autres sources)

En 1990, Robert Mugabe est réélu et fait part de son intention d’imposer institutionnellement la ZANU comme parti unique et de transformer l’état en régime marxiste. La chute du mur de Berlin et l’effondrement des régimes communistes en Europe empêchent cette mutation en droit mais elle demeure largement réelle en fait.

En 1996, Mugabe est réélu presque sans opposition réelle. Il décide alors de mettre en chantier une réforme agraire qui aboutira à l’expropriation des fermiers blancs lesquels assuraient 80% du revenu national. C’est par la violence que le processus se met en route au début des années 2000 alors qu’un fort mouvement de mécontentement se propage dans le pays dû au ralentissement économique et à la corruption des gouvernants.

En 1999 et 2000, Mugabe commence à faire procéder à une expropriation forcée en utilisant la violence des milices de pseudos anciens combattants dirigés par Chenjerai Hunzvi.

En 2000, il soumet à la population une nouvelle constitution incorporant notamment une réforme agraire avec des expropriations sans compensation et surtout une amnistie permanente aux militaires et aux membres du gouvernement. Le 11 février 2000, contre toute attente, ce projet de nouvelle constitution soumis à référendum, est rejeté par la population manifestant pour la première fois la défiance de la population envers le vieux dirigeant. Le 6 avril 2000, il passe outre ce vote pour imposer sa réforme agraire. Son parti manque de perdre les élections mais garde sa majorité grâce à des fraudes massives.

À l’élection présidentielle de mars 2002, Robert Mugabe doit recourir encore à la violence et aux fraudes électorales pour se faire réélire président de la république avec 56 % des voix contre Morgan Tsvangirai, le président du tout nouveau Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

Alors que le pays s’enfonce dans une crise sans précédent et que 70% de ses citoyens sont sans emploi, le pays autrefois prospère doit souscrire au programme alimentaire mondial tandis que les élites, blanches comme noires, émigrent. L’économie périclite suite à l’expropriation violente des blancs dont les terres désormais en jachère sont distribuées le plus souvent à des proches du régime. L’ancien pays exportateur de céréales doit dorénavant en importer.

Depuis 2005, dans le cadre de l’opération Murambatsvina (« chasser la saleté »), près de 700 000 personnes furent expulsées de la capitale sans avoir d’autres lieux ou se loger pour « assurer la sécurité » dans Harare. Ces destructions de bidonvilles visaient à frapper les quartiers qui avaient voté le plus pour l’opposition à Robert Mugabe.

On a pu voir récemment lors de divers reportages la façon dont les responsables de l’opposition avaient été violenté par les forces de sécurité après avoir été arbitrairement arrêtées.

L’une des raisons du soutien de certains chefs d’Etat africains à Mugabe est leur désir d’empêcher toute ingérance (par le biais de sanctions, poursuites etc...) des régimes occidentaux à l’égard des régimes africains. Il est évident que si l’« occident » parvient à renverser Mugabé par ses pressions, le risque deviendra d’autant plus important pour d’autres chefs d’Etat, qui n’ont donc pas envie d’ouvrir la porte à ce danger. IL s’agit donc d’autoprotection bien plus que de soutien.


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