Commentaire de Frédéric Alexandre
sur Commission Attali : la croissance selon Gribouille


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Frédéric Alexandroff Frédéric Alexandre 15 octobre 2007 20:48

- Sur les questions d’environnement.

Il est vrai qu’on peut s’interroger sur la justification de la constitutionnalisation du Principe de précaution, dans la mesure où elle le fait passer du seul champ politique au champ juridique, l’érigeant ainsi en norme contraignante, d’autant plus difficile à appréhender et à utiliser qu’il n’a pas de contenu très précis. Il aurait peut-être judicieux, comme l’ont fait remarquer certains, de le laisser sagement dans la sphère politique, où il peut être apprécier de manière pragmatique, au cas par cas.

De même, il serait désastreux de considérer le développement soutenable comme un corpus idéologique aux frontières bien arrêtées, en opposant ainsi les Modernes, estimant le progrès humain comme linéaire et irréversible, intrinsèquement porteur de beauté, de paix et de justice ; et les Anciens, assimilés au « objecteurs de croissance » les plus extrémistes, adeptes d’un chimérique retour à la nature, niant l’intérêt de toute forme de modernité, quelle qu’elle puisse être.

- Sur l’antilibéralisme.

Je sais que d’aucuns m’ont conseillé de ne pas répondre aux insanités de monsieur Frédéric Lyon, mais c’est tout simplement trop hilarant pour y résister. Moi qui disais plus haut que j’avais une collection de labels et d’AONC (Appelations d’Origine Non Contrôlée) à compléter, le voilà qui me liste avec Hitler, Staline, Pol Pot et Olivier Besancenot, qui serait sans doute tout aussi surpris que moi par ce soudain acoquinement idéologique. Que d’honneurs on me fait...

S’agissant de mon antilibéralisme si primaire, qui peut donc nier que le libéralisme moderne -et quel que soit la dénomination choisie- a trahi l’esprit du libéralisme originel. On le voit bien avec la proposition d’autoriser la vente à perte, qui conduit à fausser la concurrence, cette même concurrence pourtant élevée au statut de principe sacro-saint. Le libéralisme a donc évolué -pour ne pas dire qu’il a été perverti, à l’instar des États-Unis qui servent de modèles, aujourd’hui comme hier, à ses thuriféraires.

Et là encore, les idéologues du libéralisme omnipotent font mine de ne pas voir la réalité en face. Les États-Unis de 2007 ne sont pas ceux de la première moitié du XIXème que Tocqueville décrit dans De la démocratie en Amérique, notamment en ce qu’il pensait que le système américain, de par le maillage fédéral et la densité du tissu associatif, prémunirait la démocratie américaine contre le poison de l’individualisme. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur le sujet, notamment sur le développement du communautarisme -autre forme d’individualisme- et sur l’évolution de la démocratie américaine, à l’intérieur de laquelle le principe de liberté l’a largement emporté sur celui d’égalité.

En conséquence de quoi, le libéralisme de Tocqueville et des philosophes des Lumières, oui ; celui de Nicolas Sarkozy, de Jacques Attali et de Georges W. Bush... non, merci.

Une dernière petite remarque sur l’ouverture sarkozyenne et son instrumentalisation : dans le dernier paragraphe de mon article, j’ai -faute impardonnable- oublié de mentionner Fadela Amara, qui met tant de jovialité à charcuter la langue française qu’elle fait oublier les fautes de grammaire à répétition et le vocabulaire, pas toujours très fin, de notre président.

À ce sujet, que monsieur Frédéric Lyon commence par soigner son orthographe avant de me relancer sur mon style.


Voir ce commentaire dans son contexte