Commentaire de Johan
sur Première analyse de la loi Pécresse


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Johan Johan 22 novembre 2007 14:09

@ Michael Texier,

« Cet article, dont l’ambition est d’analyser les conséquences de la loi Pécresse, me laisse un peu sur ma faim. Ma déception ne provient pas de la condamnation de la loi annoncée dès les premières lignes mais plutôt de la confusion du discours et de l’absence d’une analyse objective et approfondie des différents volets fondamentaux de la loi LRU, à savoir : les nouvelles missions de l’université, la gouvernance et l’autonomie. »

C’est vrai. Ce n’est qu’une « première analyse ». En ce qui concerne les nouvelles missions de l’université, la gouvernance et l’autonomie, je n’ai à première vue pas de gros reproche à faire (à part le poids des représentants des étudiants et des employés dans la prise de décision). Que l’Université doive garder un objectif de formation en vue d’un emploi ne me pose pas de problème. Mais toutes les filières ne devraient pas nécessairement avoir cet impératif de productivité. Un pays est également riche de ses recherches littéraires ou artistiques. Et souvent c’est l’essentiel de ce qu’on en retient.

« Finalement, l’auteur ne semble trouver comme solution aux divers maux de l’université que la création massive de filières BTS, IUT, écoles d’ingénieur et écoles de commerce (voir le premier paragraphe de la conclusion). Ainsi, pour réformer convenablement l’université, il faudrait donc soutenir toutes les autres filières. Etrange stratégie... »

Toutes les filières dont je parle sont parties intégrantes de l’Université publique. Les BTS, les IUT, les écoles d’ingé type polytech et les IAE (proto écoles de commerce). Ne confondons pas Université, Filière et Faculté.

Je suis en effet persuadé que les filières « théoriques » des Facs s’engorgent par manque de place dans des filières professionnalisantes. Celles ci garantissent un suivi plus étroit, une formation plus intense, et un taux d’embauche en sortie très, très élevé. Il y a une demande des entreprises et une demande des étudiants, et il faut commencer par répondre à celles ci avant de chercher d’autres solution plus hasardeuses.

Je pense aussi qu’entre le R de recherche (universitaire) et le D de développement (souvent industriel) il y a la place pour un T technologique, hybride, qui serait le lien entre l’Université et l’Entreprise.

J’ai également appelé les entreprises à faire d’avantage confiance aux jeunes et à moins juger sur les titres. Deux fois trois mois de période d’essai sont largement suffisants pour ce faire.

« Ce seul paragraphe a réussi à me dissuader de relever les divers incohérences et raccourcis développés dans le texte. »

Pratique pour faire passer cette assertion sans argumenter smiley :

« A travers cet article, l’auteur nous laisse entrevoir sa méconnaissance manifeste du texte de loi et des besoins de notre système universitaire. »

Dommage. Il y a en effet certains points de la réforme dont je ne peux juger, c’est pourquoi je n’en ai abordé que certains. J’ai vécu la faculté comme un étudiant, et non un enseignant. Votre témoignage, vos attentes et vos propositions sont différents, ce n’est pas à moi d’en parler pour vous.

Je comprends les bénéfices attendus de cette réforme. Cet article étudie les effets collatéraux que ceux ci pourraient avoir et propose une autre approche.

Est-on sur que l’ouverture aux capitaux privés sera bénéfique à l’Université ? Attention, je parle du MOYEN de rapprocher l’Université de l’Entreprise, pas du PRINCIPE !

Sur le Marché, l’Université imposera t elle suffisamment ses conditions aux entreprises ? Il faut aussi se poser la question de la variable d’ajustement : en concurrence pour les financements des entreprises, sur quels leviers les Universités joueront t elles ? Sur des prestations annexes (faire payer les polycopiés, par exemple) ? sur le nombre de ses étudiants ? sur la docilité de ses chercheurs et thésards (ce qui serait préoccupant, par exemple en Droit, en Economie, en Chimie ou en Biologie) ?

Plus rassurant : ce pourrait être aussi sur la qualité de sa formation, l’excellence de son enseignement, ses projets de groupes, sa capacité d’innovation dans la recherche, etc...

Vu les puissances de marché réciproques et l’asymétrie dans l’expertise dans la négociation, il est plus que probable que les variables choisies soient imposées par les entreprises.

Pour conclure, je ne prétends pas exprimer TOUT ce dont l’Université à besoin. Par contre j’ai ma pierre à apporter au débat en ce qui concerne ce dont elle n’a absolument pas besoin.

 smiley


Voir ce commentaire dans son contexte