Commentaire de ddacoudre
sur La facilité nous tue


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

ddacoudre ddacoudre 29 décembre 2007 01:38

Bonjour liliane.

Je partage ton analyse sur l’information et les faiseurs d’opinion. Il n’y a pas si longtemps je répondais à un article qui posait la question de l’américanisation des esprits.

J’en disais que c’était moins l’américanisation qui me souciais que leur absence de culture « civisilationnelle » puisqu’ils sont issus du continent européen et ont supprimé la culture autochtone dans laquelle ils ne se reconnaissait pas. Il ne leur a resté que la culture économique qu’il développe à merveille et la défense de leur territoire.

Mais ce qui les caractérise le mieux c’est la connaissance des mécanisme qui conditionnent l’humain et qu’ils utilisent à merveille également, non pas pour élever l’homme, mais pour utiliser ses fondements qui sont toujours la recherche de la facilité (comportement inné, comme celui de l’aptitude a franchir la difficulté en cas de nécessité).

Nous retrouvons cela dans leurs connaissances culinaires les fats foods et autres, dans leur cinémathèque, et dans leur slogan publicitaire. Parfois je dis de manière imagée, sans « déconvenir » de leur capacité technologique et intellectuelle, qu’il réduisent l’homme à n’être qu’un boyau avec deux de trous qui évitent le cerveau cet organe complexe où se forme la pensée.

C’est ainsi que nous aussi nous évitons de plus en plus de faire appel à la pensée, en lui substituant le compte théâtral affectif et l’image « voyeuriste ».

Faire un tri suppose d’en disposer des moyens, et encore il faut pouvoir résister à 3h de télé en moyenne par jour en sachant que rien de ce qui est regardé n’est anodin, et façonne insidieusement la réflexion.

Car si les hommes croient encore qu’ils disposent du libre arbitre, il y a longtemps que d’autres savent que c’est en façonnant les évènements au quotidien que ceux ci génèrerons dans les esprits les actions attendus, bien qu’ils croiront que c’est d’eux seul qui les tiennent.

Ce glissement que tu appelles vers la facilité est apparu vers le début du consumérisme dans les années 1970.

Le slogan était « vous avez un problème l’on s’en occupe », nous sommes entré dans le développement du service qui ne distingue pas le service de l’infantilisation aliénante.

Aujourd’hui le slogan est « pour votre sécurité je vous mets sous surveillance », et tous applaudissent. Cela conduit à des aberrations qui vont finir par transformer le bonheur en souffrance, si l’on est plus capable de mesurer une souffrance qui est un indicateur de vie, sans que cela devienne un drame national, ceci conduirait La recherche de l’hédonisme à une négation de la vie.

L’obligation de se confronter à la vie et la solidarité intra humaine ne sont pas incompatible, et ce n’est pas une démarche à confondre avec l’abêtissement (appel au sens instinctif de tout animal) auquel de plus en plus il est fait appel.

Il n’y a rien de péjoratif en cela l’apprentissage culturel apprend d’autres paradigmes de nos sens pour sortir d’une situation de cloaque (au sens de Calhoun) illustré par Sodome et Gomorrhe, et déboucher sur ce que nous appelons la civilisation puisque produite par la pensée mise en action par les difficultés de l’environnement.

Nous sommes dans la situation du primitif qui lève le bras pour cueillir son fruit, tant qu’il y aura des fruit il ne fera aucun effort pour faire autre chose puisque la biologie n’est pas dispendieuse de l’énergie.

Tant que l’information mâchera la réflexion aux individus ils n’auront aucune raison d’aller la chercher ailleurs sauf s’il y a pluralité d’expression ce qui n’est pas le cas. Sauf si certains sont plus prompts à la transgression parce qu’ils sont des dominants bêtas. Jean Cottraux disait que cette société fabrique des compulsifs.

Ainsi, nous pouvons dire que chaque individu, guidé dans la vie par des injonctions de toutes natures, revient à être placé dans un rôle « d’acteur », au sens théâtral du terme.

C’est à dire qu’il se voit imposer ou doit apprendre un rôle qui n’est pas lui-même, alors que pour s’accomplir l’individu devrait être « l’auteur » de sa vie.

Nous retrouvons bien au travers de cette vie par injonction le rôle de « l’acteur social. » Pourtant, dans nos croyances « conditionnelles » nous avons esseulé la personnalité pour mieux la fondre dans la masse d’une culture « économico logique », et nous expliquons que cette manière d’être permet de développer l’individualité, pourvu que cette individualité soit faite d’un individualisme égoïste et consommateur.

D’où une tendance à la schizophrénie pour ceux qui y souscrivent et se construisent leur caractère (ou tempérament suivant l’option) sur cette base : « j’existe parce que je consomme ».

Si Descartes a écrit cogito ergo sum (je pense donc je suis), nous pourrions écrire aujourd’hui en ce qui concerne la société capitaliste : consumo ergo sum (je consomme donc je suis.) Dans les pays riches il y a une permanence de surconsommation qui repose sur des comportements pathologiques habilement induits et utilisés par tous les services commerciaux et la publicité.

La publicité n’a d’égale que les stimuli de la sonnerie du réflexe de Pavlov. Recherche de la nouveauté, du sensationnel, recherche du mimétisme, de l’adaptation pour être dans la norme. Dépendance à la récompense : dépendance à l’approbation sociale et à son attachement. Persistance : l’image du battant, recherche de la performance et de la réussite. Et tout ceci s’acquiert grâce à la consommation du produit approprié.

Mais le plus important demeure l’autodétermination dans une course à la croissance par la consommation de biens et de services marchands in fine, sans autre objectif que de vendre tout ce qui peut l’être dans une société boulimique.

Une boulimie identique à celle des animaux des zoos ou des personnes incarcérées, pour lesquels manger devient une finalité compensatoire des frustrations dans un environnement hostile et clos.

Ainsi chacun, autodéterminé par le conditionnement culturel d’une économie libérale, oublie dans son « obnubilation » induite par le dogme « économico logique » qu’il conduit l’espèce humaine à sa disparition, si le reste du monde doit suivre en tout point le seul modèle occidental.

Cordialement.


Voir ce commentaire dans son contexte