Commentaire de N. Balcon
sur Portrait robot du psychopathe


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

N. Balcon 3 janvier 2008 20:05

Votre commentaire est très juste. Beaucoup de gens peuvent manipuler, de manière ponctuelle, ou bien manifester l’un ou l’autre de ces traits psychologiques de manière isolée. Mais les psychopathes les accumulent. Le plus fascinant, dans ce trouble, c’est que malgré tout, cela ne saute pas aux yeux.

Pour éviter les erreurs de diagnostic et cet effet d’ubiquité que peut donner une première lecture du tableau, Robert Hare a mis au point une échelle psychologique qui permet d’évaluer toute la série de traits de manière très fine.

Le diagnostic de psychopathie est assez lourd à poser parce qu’il faut beaucoup d’informations sur la personne qu’on cherche à évaluer. Cela nécessite, de la part du psychologue ou du psychiatre, une véritable enquête.

Un entretien en tête à tête avec une personne porteuse d’un tel trouble ne suffit évidemment pas, car les psychopathes vont se décrire comme empathiques etc. Il faut donc recueuillir les témognages de personnes qui les fréquentent.

En fait, on ne doute absolument plus de la pertinence du concept que le jour où l’on a vécu intimement avec ce genre de personne (dans son environnement professionnel par exemple, ou sentimental car -je le répète- les psychopathes sont capables de se faire aimer s’ils le veulent).

Ce que vous dîtes sur le passage à l’acte est également très juste. Cela pose la question de tous les comportements limite. Parce certains psychopathes intelligents et suffisamment maitres d’eux même ont une notion très fine de la légalité (à défaut d’avoir un sens moral bien épanoui). Ils prendront soin de ne jamais franchir la ligne jaune de manière flagrante, mais abuseront de toutes les situations.

Le harcèlement moral, par exemple, est un processus qui se déroule dans une zone grise. C’est une multiplication d’agressions qui -chacune prise isolément- sont anodines.

Au final, dans la durée, la victime peut être victime d’une dépression ou perdre son emploi. Le dommage est très important sans que l’on puisse réellement parler de passage à l’acte sur le plan juridique.

Je crois qu’il est utile d’avoir ce tableau psychologique en tête, non pas pour diagnostiquer de manière sauvage tous les membres de son environnement et toutes nos personnalités médiatiques, mais simplement pour avoir la puce à l’oreille plus rapidement dans certaines situations « étranges ».

L’actualité abonde d’exemples de catastrophes survenues parce qu’on a donné trop de pouvoir à une personne porteuse d’un nombre important de ces traits psychologiques.

Lorsque je lis dans la presse qu’Eric Breteau est « charismatique », qu’il a du « bagout », qu’il est « manipulateur », « dominateur », qu’il a le goût du secret, qu’il possède un pouvoir de persuasion hors norme, qu’il est inconscient du danger, qu’il était très doué pour écarter ses rivaux pour accéder à la tête de la fédération 4x4, qu’il a trompé ses employés locaux, laissé entendre que Cecilia Sarkozy les soutenait, lorsque je vois la manière dont il rejette la responsabilité sur ses intermédiaires etc, je me pose des questions. On peut probablement parler de « tendances » psychopathiques. Je crois que la dimension psychologique a joué un rôle prépondérant dans ce fiasco humanitaire et il serait intéressant d’avoir un avis d’expert. Non pas pour stigmatiser tel ou tel, mais pour éduquer et aiguiser la vigilance.

Peut-être que si ses collègues avaient entendu parler du « charisme » des psychopathes, ils auraient cherché à en savoir plus sur les détails de l’opération « Children Rescue ».

L’adition est dramatiquement lourde pour des personnes qui étaient probablement bien intentionnées, et j’ai pitié d’eux.


Voir ce commentaire dans son contexte