Commentaire de Daniel R
sur Mort d'un symbole entre ombre et lumière, B. B., l'Incomparable du « pays des Purs »
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Ne tombons pas dans le piège de l’iconographie.
La presse et les politiques occidentaux ignorent ou font semblant d’ignorer que le Pakistan est un pays féodal tenu par des familles de grands propriétaires fonciers dont Bénasir Bhutto était une digne et fidèle représentante.
La vie politique pakistanaise n’a rien de démocratique. Elle est dirigée par le clanisme et le clientèlisme. Les familles occupant le pouvoir ne pensent qu’à s’enrichir encore davantage. Le meurtre d’un opposant ou d’un concurrent est pratique courante. Cette situation est la marque d’une société bloquée et conduit à de très faibles participations électorales.
BB était prête à tout pour revenir au pouvoir y compris à laisser les américains se conduire au Pakistan avec la même inscouciance criminelle qu’en Irak et en Afganistan.
L’icone que l’on nous fabrique et que l’on tente de nous vendre au-delà de toute réflexion politique était, surtout et seulement, une héritière. Une femme certe courageuse jusqu’à l’inconscience mais hautaine, politiquement maladroite et confuse, peu soucieuse du sort des femmes et des classes populaires.
Pourquoi créer une icône et faire de BB une marthyre de la démocratie ?
Parce que le Pakistan est un pays mulsulman et qu’il possède l’arme nucléaire. Cette situation est insupportable à ceux qui considèrent tous les musulmans comme des ennemis irréductibles.
Le but semble être de susciter, au moyen de campagnes médiatiques massives, un mouvement d’opinion mondial poussant la communauté internationale à exiger la destruction des capacités nucléaires de ce pays.
Des marchands d’angoisses habiles et intéressés agitent le spectre d’islamistes prenant le pouvoir et disposant du coup de vecteurs nucléaires, qu’évidemment ils utiliseraient aussitôt pour régler leurs comptes.
D’où les malheureuses déclarations à l’emporte pièce d’hommes politiques de premier plan (francais notamment) visent à décrire le Pakistan comme un pays au bord de l’anarchie avec des islamistes sanguinaires en embuscade.
Celà ne correspond pas à la réalité. Les partis religieux ne recueillent que 15% des voix et sont très divisés. De plus, là comme ailleurs, les chiites et sunnites se font une guerre acharnée et sanglante.
Mousharaf n’est pas un saint, lui non plus, mais il s’impose comme l’homme indispensable à tout le monde et il semble plutôt moins malhonnête que la moyenne des politiciens pakistanais. Les américains le savent bien mais comme ils ne le trouvaient pas assez docile, manoeuvraient pour l’écarter.
La communauté internationale sera finalement soulagée par l’élection d’un homme plus acceptable en Président élu qu’en dictateur.