Commentaire de Roland Verhille
sur La productivité au banc des accusés


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Roland Verhille Roland Verhille 9 janvier 2008 14:40

 

Tous mes compliments à l’auteur.
1°. La définition de la productivité : ne définit rien en introduisant « la production », pure abstraction. Production de quoi ? Mesurée comment ? Et le nombre d’heures, quelles heures ? La productivité est dite être mesurée par un rapport entre un nombre (« la production »), et un autre (nombre d’heures), les deux n’étant pas cohérents.
2°. Les exemples 1 à 3. Démonstrations par l’absurde, ce qui est effectivement un mode scientifique de démonstration.
Ces trois exemples révèlent qu’en fait, il y a qui pro quo. Ce qui est mesuré n’est pas une quelconque productivité. C’est tout simplement un niveau du coût du travail.
3°. Exemple 4 : Le cheminement du raisonnement n’est pas clair. L’emprunt donne le moyen de payer du travail, et ce travail ne produit pas inéluctablement du vent. Il a sa productivité, comme le travail payé au moyen de la monnaie obtenue en contrepartie d’un autre travail.
L’auteur a peut être, et pertinemment mais confusément, compris que cette production obtenue au moyen de fonds empruntés par l’état n’est en réalité pas une production nouvelle. Elle n’est que la transformation en biens et services de l’épargne en réalité détruite en contrepartie. Pour que cette épargne soit reconstituée, il faudra bien que l’état prélève sur les productions ultérieures de quoi reconstituer celle détruite.
4°. Exemple à ajouter : Comparaison entre un pays où tous les impôts sont des impôts directs sur les consommateurs, et pays où seuls existent des impôts sur les entreprises qui, par nécessité vitale, les répercutent dans les prix (les prix de marché). Le pays à la productivité la plus élevée sera celui où seuls existent des impôts sur les entreprises répercutés dans les prix de marché, ce qui élève le PIB qui est calculé en prix de marché.
5°. Pas de moyen de mesurer la productivité. Vrai et faux.
 
a) Vrai si la mesure est recherchée dans la comptabilité nationale d’où est extrait le calcul du PIB. Pourquoi ? Parce que le rapport est effectué entre un montant de monnaie (des euros) et un nombre d’heures. Ce montant de monnaie ne mesure pas des quantités de biens et services produites, mais celui de leur prix.
b) Faux, car le calcul de productivité du facteur travail ne peut s’opérer qu’en effectuant le rapport entre une quantité d’objets produits (services rendus à 100 usagers dans l’exemple 3) et un nombre d’heures utilisées pour produire ce service (rapport entre deux quantités). Le calcul ne peut être opéré que pour des objets homogènes au regard de leur mode de comptage (exemple : tant de tonnes de fontes de telle qualité produites au moyen de tant d’heures de travail). 
 
6°. Services publics : Ils sont bien mesurés en prix de revient (le montant de ce qu’ils ont coûté à produire), et non en prix de marché. Voir la méthodologie des comptabilités nationales, sites INSEE, Eurostat, OCDE.
7°. Opacité : Oui, pour l’économie souterraine, non pour l’immobilier car les plus values ne sont pas un élément du compte de production puisque les plus values pour les uns sont des moins values pour les autres. Ajouter à la liste : le production de services bancaires (SIFIM) dont le prix serait travesti dans le montant des intérêts, et la production non marchande des ménages pour eux-mêmes. Encore plus opaque : les prétendus services de logement que se rendent à eux-mêmes les propriétaires de leur habitation (environ la moitié des Français !).
Il y a là toutes les voies qui permettraient à l’INSEE de demander au chef du gouvernement quel est le taux de croissance qu’il désire pour l’année, et de lui fournir le montant qu’il désire !
8°. Le « purement comptable ». Le comptable n’a rien à voir dans cette affaire. Ce sont les statisticiens fabriquant ces comptes qui comprennent la comptabilité aussi bien que les rebouteux comprennent la médecine ; comme les économistes incapables de faire et lire des comptes. Quant aux politiques, ils sont seulement capables de vider nos porte-monnaie, et n’aiment donc vraiment pas les comptables qui gardent les caisses.
9°. Ecran de fumée. Vous semblez savoir calculer. Alors, vous devriez pouvoir repérer les trois doubles emplois commis dans l’addition des éléments constitutifs du PIB (production de capital fixe (biens d’investissement) à concurrence de leur consommation dont le montant est porté par les producteur dans le calcul de leur prix de marché ; impôts indirects compris dans les prix de marché ; services non marchands des administrations publiques payés avec ce qui est prélevé sur les rémunérations, lesquelles forment les coûts de production des biens et services.

Vous voyez, il y a bien plus d’un article à faire pour expliquer l’imposture du PIB et de tout ce qui en découle ! Mais je crains que cela n’intéresse pas les lecteurs d’Agora Vox.


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