Commentaire de Céline Ertalif
sur La démocratie participative, un label convoité par les maires français


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Céline Ertalif Céline Ertalif 19 mai 2008 23:42

Bonsoir,

Le problème essentiel est, me semble-t-il, de discerner l’objectif de la participation. Car non seulement on prévoit des textes législatifs pour organiser la participation des citoyens, non seulement une candidate si ce n’est de premier plan au moins du 2ème tour des présidentielles, mais quelques-uns s’inquiétent aussi du sens politique de tout cela.

Ce que mesure la participation d’après ce que montre cet article, qui semble s’appuyer sur une étude patiente et sérieuse, c’est le maire participatif est un maire moderne. Et après ? à quoi ça sert d’être moderne ?

Il se trouve que j’ai lu cet après-midi le blog du quotidien régional où il est question d’un projet sur ma commune. J’y ai surtout constaté à quel point nos concitoyens ont peu de repères. Ils ne comprennent rien, ils n’ont pas les clefs. Donc la participation promue par les élus responsables naviguent forcément entre effort démocratique et tentation publicitaire. La démocratie c’est bien, mais on préfère mettre des énarques au Conseil d’Etat et je doute que l’on soit vraiment prêt à changer sur ce point.

Le problème central en démocratie c’est de laisser le pouvoir à ceux qui n’ont pas de compétences, ni juridiques, ni économiques, ni informatiques, ni rien. Comment faire pour que le pouvoir ne soit pas confisqué par les techniciens compétents ? La méthode archaïque : je suis le père du peuple, obéissez-moi. Mai 68 est passé par là, ça ne marche plus. La méthode à la mode : flatter ceux qui n’y connaissent rien et qui ne sont pas concernés, par exemple obtenez 70% des voix sur le thème "travailler plus pour gagner plus" auprès des retraités, cela permet de gagner les élections, de s’agiter et pas forcément de réaliser grand chose. La méthode vertueuse de construire la démocratie dans l’effort de comprendre et de contrôler les techniciens. Moi qui suis verte, j’échangerais bien volontiers parti écologique contre parti technologique : ah le parti du contrôle des discours techniciens !  là, je baigne dans la joie , la béatitude.

Il ne faut pas nier la complexité du réel des affaires publiques, mais la démocratie consiste à faire l’effort de synthètiser avec pertinence le complexe pour en faire du simple. Il faut constamment se rappeler que la démocratie est faite autant pour les lectrices de Gala que pour les lecteurs du Monde. Il faut être honnête avec les lectrices de Gala. Et, à cet égard, je crains que la participation ne remplace pas la vertu.

 


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