Commentaire de Kabyle d’Espagne
sur Sylvain Gouguenheim ou le retour de l'historiographie « identitaire »


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del Toro Kabyle d’Espagne 16 juin 2008 20:11

Bonsoir Piffard,

"J’ai toujours cru ce qu’on me disait à ce sujet, à savoir que sans les Arabes nous ne saurions rien des Grecs, que c’est grâce à eux que l’Europe a eu accès aux textes grecs et donc , in fine, aux Lumières. Je suis donc surpris d’apprendre qu’il n’en est rien et de savoir grâce à Gouguenheim (et à votre article qui confirme, même indirectement, sa pertinence) qu’il existait au moyen âge, dans nos monastères, un vif intérêt pour cette chose étrange qu’est la philosophie grecque aux yeux des barbares occidentaux que nous sommes. "

Le problème est que ce "vif intérêt" a été filtré par les dogmes chrétiens. Il en est de même pour le monde musulman. Mais là, Gouguenheim fait dans le sophisme du "deux poids, deux mesures".

Le même sophisme est à l’oeuvre lorsqu’il diagnostique un hellénisme limité en Orient (ou encore de la maîtrise de la langue grecque). Rémi Brague (et là, je crois, c’était une critique voilée) rappelait que l’ "hellénisme" n’était pas un phénomène de masse, en Orient comme en Occident. Le changement commence avec la Renaissance où l’intérêt pour la philologie classique va grandissant (c’est là où Brague parle de "filet" pour le Mont Saint-Michel et d’"inondation" pour l’Italie puis l’Europe de la Renaissance).

Le problème avec le livre de Gouguenheim, se ne sont pas les erreurs factuels mais plutôt les sophismes et les traitements déséquilibrée qu’il applique aux aires qu’il est censé étudier. Sans doute qu’à force de vouloir tordre le cou aux clichés popularisés par les médias et certains manuels, il a versé dans le même manque de retenue.


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